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BELGICATHO - Page 266

  • EVRAS : et si l'on faisait fausse route ?

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    Une "contribution externe" publiée sur la Libre et reprise par didoc.be :

    Le guide EVRAS va à contresens du développement psychique d’un enfant

    Diane Drory, Jean-Yves Hayez, Jean-Pierre Lebrun

    .

    En voulant nous libérer des limites oppressantes, nous avons rejeté les limites structurantes. La boussole du ressenti ne peut pas prendre la main. L’enfant n’est ni autonome, ni d’emblée responsable. Le mettre à la même place que l’adulte, comme le fait le guide EVRAS [Education à la vie relationnelle, affective et sexuelle], est un non-sens.

    La question se pose : pourquoi les professionnels de la santé rencontrent-ils de plus en plus d’enfants et de jeunes manquant des repères dont ils ont besoin pour se construire psychiquement ? Pourquoi rencontrent-ils de plus en plus de parents en désarroi de ne plus trouver d’appui dans le discours social pour soutenir leur autorité ?

    Il faudra interroger la nouvelle conviction actuellement promue : « l’autodétermination de l’enfant ». L’individualité de l’enfant devrait trouver son épanouissement sans entrave, sans aucun appui sur une limite qui lui serait imposée et pour ce faire, il s’agirait seulement de l’entourer d’amour. Ceci est devenu l’axe éducatif qui devrait désormais s’imposer à tous, sans qu’il y ait eu débat pour en valider les fondements ! Si l’autonomie responsable est un programme tout à fait légitime et bienvenu pour les citoyens en démocratie, il n’est pourtant pas inscrit d’emblée dans la tête de l’enfant. Aucun enfant ne peut se construire seul, ni trouver en lui-même le sens de sa vie.

    Une fausse conviction

    Cette fausse conviction demande qu’en place d’un cadre clair et bien défini s’impose un cadre flou laissant à l’enfant tout le loisir du choix et de la décision ; « Penses-tu que c’est l’heure de ton repas ? », « D’accord d’aller se coucher ? »… Ce programme d’éducation demande des négociations sans fin comme par exemple dans cette famille où dès leur réveil les enfants rentrent en concurrence bruyante et parfois musclée pour avoir « la » bonne place à table. À peine levés, les enfants sont alors sous l’emprise de la loi de la jungle.

    Au nom de l’épanouissement, cette autodétermination sacralise les droits de l’enfant au point de délégitimer les parents. Les normes sont alors décrites comme un frein à la liberté de l’enfant. On le veut autonome alors qu’il n’a pas encore intégré ce qu’implique cette autonomie.

    S’il fallait tirer le fil rouge de ce changement, nous avancerions que, certes, une volonté d’égalité démocratique accrue nous guide depuis un demi-siècle, mais aussi qu’une grande méconnaissance s’est glissée dans ce programme : en voulant nous libérer des limites oppressantes, nous avons rejeté les limites structurantes. C’est alors la boussole du ressenti qui a pu prendre la main…

    Des parents emportés dans cette « idéologie »

    Nous entendons de plus en plus de parents emportés dans ce qu’il faut bien appeler cette « idéologie ». Ainsi, certains veillent à ne plus appeler leur enfant d’un prénom sexué, pour d’autant mieux le laisser choisir au cas où, plus tard, il voudrait changer de genre. Pourtant, à regarder les choses d’un peu plus près, il est étonnant que lesdits parents ne s’aperçoivent pas, non seulement qu’ils n’ont fait que substituer une exigence (ne pas nommer l’enfant comme sexué) à une autre (le nommer sexué) mais qu’en plus, cette nouvelle contrainte veut faire croire à l’enfant qu’il va pouvoir choisir son genre indépendamment de son sexe anatomique — ce qui est un mensonge parce que le sujet devra toujours faire avec son anatomie de départ même s’il change d’identité de sexe ou de genre.

    Le dogmatisme du guide EVRAS

    Que penser alors du guide EVRAS qui explique avec une certitude parfois dogmatique que la théorie du genre devrait primer sur les caractéristiques sexuelles biologiques. Qui promeut explicitement de nous dégager de toute « hétéronormativité » et annonce l’effacement du sexe biologique au profit du genre qui vise à faire primer le ressenti. Ou lorsqu’il soutient des façons de dire comme « la notion de genre assigné à la naissance ». Ou qu’il propose « le droit à l’autodétermination indépendamment de l’âge de l’enfant comme droit humain fondamental ». Tout ceci allant à contresens du développement psychique d’un enfant.

    Groupes de pression infiltrés dans les cabinets ministériels

    D’où vient que les responsables politiques se soient laissés ainsi quasi unanimement convaincre au point d’adopter un décret (7 septembre 2023) qui permet d’entériner un guide dans lequel on trouve un ensemble de considérations favorables à l’autodétermination par l’enfant de son identité de genre ? Pour avoir sans coup férir la permission pour un enfant de changer de prénom dès l’âge de 12 ans (loi du 25 mai 2017) ? Pour se faire tellement prier pour interdire avant la majorité légale les médicaments bloqueurs de puberté, et ce malgré toutes les recommandations scientifiques ? Ce n’est pas parce que d’aucuns se sont organisés en groupes de pression et infiltrés dans les cabinets ministériels que nous avons à acquiescer à cette volonté de mainmise.

    Manière de concevoir la sexualité plutôt que d’être d’abord à l’écoute des jeunes

    Cela fait depuis plusieurs années que de nombreux cliniciens interviennent, efficacement et utilement, en faisant de l’EVRAS dans les écoles pour permettre que les questions qui se posent aux jeunes soient entendues. Travail indispensable et fructueux. Mais aujourd’hui c’est un renversement qui est à l’œuvre : le dernier-né « guide EVRAS » soutient, décrit en détail pour chaque tranche d’âge, les pré-acquis et nouveaux acquis à construire. L’ensemble des 300 pages ressemble à un enseignement demandant d’appliquer une manière de concevoir la sexualité plutôt que d’être d’abord à l’écoute des jeunes. C’est une orientation que nous ne pouvons que refuser, celle de penser devoir apporter des réponses avant que de pouvoir poser ses questions ; celle de penser que l’on doit ne plus imposer une hétéronormativité sans s’apercevoir que c’est une autre normativité qu’alors on impose, celle qui exclut les termes « hommes » et « femmes » et contraint de parler de « personnes ayant un utérus » et de « personnes ayant un pénis ».

    Si d’aucuns ont des doutes à ce sujet, qu’ils interrogent simplement pourquoi le guide est écrit en écriture inclusive ? Pourquoi l’enfant doit-il être informé de la pertinence de son ressenti à un âge où il ne se pose pas ces questions ? Quel intérêt à faire entendre à l’enfant qu’il pourra choisir son genre indépendamment de son anatomie ? Qu’un ado éprouvant un malaise par rapport à son sexe biologique devrait d’emblée être soutenu dans son désir de transgenrer ? Avons-nous vraiment la liberté de tout choisir, et même si nous l’avions, ceci nous dispenserait-il d’aider l’enfant à accepter de renoncer à ce qu’il n’a pas choisi ?

    Fausse route

    À croire pouvoir mener toujours plus loin et plus jeune l’émancipation de l’individu, ne faisons-nous pas fausse route ? Cette autodétermination trop précoce fait perdre à l’enfant le sens de la transmission entre générations. Grandir demande de rencontrer des adultes qui n’obligent pas l’enfant à prendre des responsabilités qui ne sont pas les siennes en lui demandant son « D’accord ! » pour tous les faits et gestes de son quotidien.

    Quand allons-nous nous apercevoir qu’inviter, voire inciter au libertarisme de l’autodétermination des enfants a des conséquences délétères sur la vie collective ? Cette dernière a apparemment perdu sa prévalence au profit de la particularité de chacun mais s’ensuit que ce sont alors l’autorité, l’altérité et l’antériorité qui ne sont plus au programme. Ce dont d’ailleurs tout le monde se plaint !

    L’enfant n’est ni autonome, ni d’emblée responsable ; alors le mettre à la même place que l’adulte est un non-sens. Son trajet est d’avoir à « grandir », c’est-à-dire de renoncer à sa toute-puissance d’enfant.

    Diane Drory est psychologue et psychanalyste, spécialiste de l’enfance ; Jean-Yves Hayez est pédopsychiatre ; Jean-Pierre Lebrun est psychiatre et psychanalyste.

  • Le synode transmettra-t-il la foi ou l'incrédulité ? Entretien avec le chef de la Conférence épiscopale polonaise

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    Du Catholic World Report :

    Le synode transmettra-t-il la foi ou l'incrédulité ? Entretien avec l'archevêque Stanisław Gądecki

    Aujourd'hui, dit le chef de la Conférence épiscopale polonaise, nous avons "une rencontre entre les Églises de l'excès et les Églises de la pénurie". ... "La menace de dilapider les acquis de deux millénaires de christianisme nous concerne directement, nous, représentants de l'Occident."

    13 novembre 2023

    Mgr Stanisław Gądecki a été nommé archevêque de Poznań, en Pologne, en mars 2002 par le pape Jean-Paul II. En mars 2014, il a été élu président de la Conférence épiscopale polonaise pour le premier mandat, et en mars 2019, il a été élu pour le second mandat. Il effectue actuellement un second mandat en tant que membre du Dicastère pour la doctrine de la foi.

    Mgr Gądecki a participé au Synode des évêques à Rome consacré à la proclamation de la Parole de Dieu (2008), à la nouvelle évangélisation (2012), à la famille (2014 et 2015) et à la jeunesse (2018), ainsi qu'à l'Assemblée synodale qui s'est tenue à Rome en octobre.

    Il s'est récemment entretenu avec Catholic World Report au sujet de la récente Assemblée synodale, des aspects positifs et négatifs de l'Assemblée, de la pression actuelle en faveur de la bénédiction des couples homosexuels et de l'extrémisme du Synodale Weg allemand.

    CWR : Excellence, c'est le cinquième Synode auquel vous participez. Qu'est-ce qui vous a surpris lors de l'Assemblée synodale à Rome le mois dernier ?

    Mgr Stanisław Gądecki : Le processus de consultation lancé par le pape François aux niveaux paroissial, diocésain, national et enfin continental a été une expérience nouvelle et intéressante. Tout le monde a été invité à participer, quelle que soit son attitude à l'égard de la foi et de l'Église catholique. En conséquence de cette approche, la voix "non-catholique" était parfois plus audible que la voix "catholique". Cependant, ce n'est pas ce que signifie la recherche de la volonté de Dieu. Nous avons vu une grande variété de points de vue, les plus extrêmes étant exprimés en Allemagne, où le Synodale Weg s'est déroulé parallèlement au processus synodal.

    La diversité des opinions et l'équilibre à la limite de l'orthodoxie ont également été entendus à Rome, ce qui s'est en partie reflété dans le document final. En outre, la clause de confidentialité pour tous concernant ce qui s'est passé dans la salle du Synode était une nouveauté. En effet, à l'exception de James Martin, qui a enfreint cette règle lors d'une réunion avec les ambassadeurs de l'Union européenne, tous les autres l'ont respectée.

    Le synode a offert beaucoup de temps pour la prière et la méditation. Nous avons passé beaucoup de temps en petits groupes, mais il n'y avait pas de possibilité de conversation authentique. L'exigence était d'"écouter sans préjugés" l'interlocuteur et de ne pas entrer dans la polémique. C'est une expérience intéressante, mais qui ne sert pas le dialogue, c'est-à-dire la recherche rationnelle de la vérité, même si dans mon groupe, tout le monde était très sympathique. En outre, des thèmes spécifiques étaient assignés à chaque table à l'avance, de sorte que le fait d'être assigné à un groupe particulier équivalait à être exclu de la conversation sur d'autres sujets. Il y avait également des sessions plénières où l'on pouvait faire entendre sa voix. Trois puis deux minutes étaient allouées pour les déclarations. Certains participants ont réussi à parler trois ou quatre fois. Curieusement, je n'ai pas eu cette chance. Nous avons été encouragés à envoyer des positions au secrétariat, mais personne ne semble les avoir lues jusqu'à présent.

    CWR : La participation des laïcs au Synode sur la synodalité a-t-elle donné un style différent aux travaux ?

    Mgr Gądecki : La participation des fidèles laïcs au processus de consultation était naturelle. C'est une pratique courante dans les Églises locales.

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  • Le Congrès péruvien adopte une loi renforçant le droit constitutionnel à la vie des enfants à naître

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    De Diego Lopez Marina sur CNA :

    Le Congrès péruvien adopte une loi renforçant le droit constitutionnel à la vie des enfants à naître

    13 novembre 2023

    Par 72 voix contre 26 et 6 abstentions, le Congrès péruvien a adopté le 9 novembre un projet de loi qui reconnaît expressément les droits accordés par la Constitution aux enfants à naître.

    Le 12 novembre, le député Alejandro Muñante, l'un des porte-parole du groupe parlementaire pour la vie et la famille au Pérou, a déclaré à ACI Prensa, le partenaire d'information en langue espagnole de CNA, que l'objectif fondamental de la loi était de "consolider le droit à la vie dès la conception, qui est déjà établi dans notre constitution et dans le code civil et le code de l'enfance et de l'adolescence".

    Le législateur a expliqué que pour l'élaboration de cette loi, "il a été jugé nécessaire de pouvoir développer et détailler une liste de droits que notre constitution cherche précisément à protéger dès la conception". Selon l'article 2 de la Grande Charte du pays, au Pérou, "l'enfant conçu est un sujet de droit dans tout ce qui le favorise".

    Quels sont les changements apportés par la nouvelle loi ?

    Le premier article de la "loi qui reconnaît les droits de l'enfant conçu", ou loi 785, récemment adoptée, fait de l'enfant à naître un sujet de droits ayant le statut de personne humaine à part entière. Le deuxième article garantit l'identité génétique distincte de l'enfant conçu, unique et non reproductible, indépendant de la mère et doté d'une personnalité propre.

    L'article 3 de la nouvelle loi reconnaît les droits à la vie, à la santé, à l'intégrité morale, mentale et physique, à l'identité, au libre développement, au bien-être et aux autres droits qui bénéficient à l'être humain à naître.

    Quant au code civil actuel, l'article 1 fait une distinction entre l'enfant conçu et la personne humaine en établissant que "la personne humaine est sujet de droit dès sa naissance" et laisse donc place à l'argument "mais pas dès sa conception".

    Tel qu'amendé, le code civil stipule : "La vie humaine commence avec la conception. La personne humaine est un sujet de droit dès sa conception. L'État péruvien reconnaît et garantit le respect de la dignité de l'enfant conçu, ainsi que son droit à la vie, à l'identité individuelle, à l'intégrité mentale et physique, ainsi qu'à se développer librement dans le ventre de sa mère [c'est-à-dire sans ingérence extérieure]".

    L'article 5 de la loi, qui fait référence aux "droits de la mère enceinte", établit que "l'État garantit l'accès de la mère enceinte à la santé, ainsi que l'information nécessaire aux soins de santé et à la nutrition de l'enfant conçu pendant le processus de gestation".

    L'article 6 final stipule que "dans les situations de risque médical élevé, dans lesquelles la vie de la mère et de l'enfant conçu est en danger, les professionnels de la santé sont tenus d'informer [le patient] du diagnostic, du traitement et de ses effets sur la santé et le développement de la femme enceinte et de l'enfant conçu".

    "Si le traitement met en danger la vie de l'un d'entre eux, poursuit l'article, c'est à la mère ou au conjoint, au partenaire cohabitant ou aux parents jusqu'au deuxième degré de consanguinité et au premier degré d'affinité qu'il appartient de décider des mesures médicales à prendre.

    Pour le député Muñante, cette loi "a permis de réaliser des progrès notables en termes de protection du droit à la vie" et, pour qu'elle entre en vigueur, "il suffit qu'elle soit publiée au Journal officiel péruvien et que le code civil soit modifié en conséquence".

    Diego Lopez Marina est diplômé en sciences de la communication avec une spécialisation en journalisme de l'Université de San Martín de Porres (Pérou). Il a commencé sa carrière professionnelle en 2015, en tant que rédacteur pour le secteur des archives journalistiques du Diario El Comercio. En 2016, il a commencé à travailler comme rédacteur pour ACI Prensa et depuis 2018, il travaille comme rédacteur web.

  • Que signifie éduquer? Une réflexion d’un spécialiste sur la tâche éducative dans le contexte actuel

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    De Gregorio Luri sur didoc.be :

    Que signifie éduquer?

    Une réflexion d’un spécialiste sur la tâche éducative dans le contexte actuel.

    (…)

    En février 2021, a été annoncée la création d’un « groupe d’experts de la Commission européenne » avec pour mission de trouver « une définition » de ce que l’on entend par « éducation et formation de qualité », étant donné que sans cette définition il ne semble pas possible « d’identifier les politiques d’éducation et de formation les plus efficaces ». La Commission européenne reconnaissait ainsi, de facto, qu’elle ne dispose pas d’une définition satisfaisante de ce qu’est une personne éduquée. C’est la raison pour laquelle il devient de plus en plus difficile de parvenir à un consensus sur l’éducation. Pour contourner cette difficulté, nous nous efforçons de trouver un terrain idéologiquement neutre sur lequel fonder notre action éducative de manière non controversée. Beaucoup pensent l’avoir trouvé dans la technologie et l’innovation.

    Il est facile de constater que ce sont les doutes sur ce qui est bon qui alimentent l’essor axiologique du nouveau. Le nouveau ne se réfère plus tant à une position dans le temps qu’à une valeur. Si une chose est présentée comme innovante, cela lui épargne de devoir justifier sa pertinence. Or, si le valable est le nouveau, on pourrait dire que le nouveau est la manifestation du relativisme moderne.

    Je ne nie pas que, dans le domaine de la technologie, l’évaluation positive de la nouveauté possède un fondement. La dernière automobile est sans doute la plus évoluée, mais ne serait-il pas stupide de croire que nous sommes de meilleurs écrivains que Proust simplement parce que nous écrivons après lui ? Qu’elle possède un fondement ne signifie pas qu’elle soit infaillible. La nouveauté d’un produit ne garantit pas son succès. Tout entrepreneur sait que l’innovation n’est pas sans risque. Le dernier produit ne supplante pas toujours le précédent, même s’il est technologiquement supérieur. L’échec n’est pas rare en matière d’innovation. L’investissement dans le domaine de l’innovation est nécessaire pour ne pas se laisser distancer, mais il ne garantit pas une position de pionnier. Si une entreprise échoue dans une innovation technologique, elle peut se retrouver en difficulté, mais l’école peut-elle se permettre un tel risque ? Ma réponse serait oui s’il n’y avait pas de permanences anthropologiques.

    Nous nous sommes laissés influencer par la rumeur selon laquelle environ 65% des enfants qui commencent l’école aujourd’hui devront faire face dans leur vie professionnelle à des technologies qui, à ce jour, n’ont pas encore été inventées pour résoudre des problèmes qui sont inimaginables aujourd’hui. Si cela était vrai, nous devrions également nous occuper des 35 % qui, selon la même rumeur, devront faire face à la permanence des problèmes actuels. Mais on n’en parle pas, car ce qui sous-tend ces annonces, c’est la conviction que l’homme est un être saisonnier, un produit technologique de plus, sujet, comme tout autre, à l’obsolescence. Mais s’il y a des permanences anthropologiques, c’est qu’il y a quelque chose dans l’homme qui n’est pas soumis au passage du temps.

    Savez-vous pourquoi les permanences anthropologiques ont été occultées ? Parce que, pour les rendre visibles, il faut se tourner vers le passé et non pas exclusivement vers l’avenir. Et c’est précisément là qu’apparaît l’un des objectifs d’une éducation humaniste : l’acquisition d’une large perspective sur les choses humaines. Si nous pouvons nous émouvoir aujourd’hui des vers de Sappho, si la Vénus callipyge porte encore bien son nom, si Platon nous fait encore réfléchir, si nous écoutons encore Mozart, si nous sommes encore déterminés à chercher un travail qui nous rend heureux et un amour sûr, si notre position dans le cosmos nous pose encore des questions... c’est qu’il y a des permanences anthropologiques.

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  • Le verrouillage des églises en raison du Covid était "scandaleux"

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    De Simon Caldwell sur le Catholic Herald :

    Le verrouillage des églises en raison du Covid était "scandaleux", admet un ancien ministre du gouvernement

    13 novembre 2023

    Le confinement des églises pendant la pandémie de coronavirus de 2020 était "scandaleux", a admis un ancien ministre du gouvernement.

    Lord Greenhalgh of Fulham, un pair conservateur du gouvernement de Boris Johnson, a déclaré que les églises et autres lieux de culte avaient été fermés parce que "les gens au cœur du pouvoir ne comprenaient pas la foi".

    Il a tenu ces propos alors que la commission d'enquête Covid entendait les témoignages de hauts conseillers et de fonctionnaires sur les décisions prises pendant la pandémie. 

    Parmi eux, Helen MacNamara, secrétaire adjointe du cabinet, a déclaré à la commission d'enquête que les décideurs avaient souffert d'une "perspective étroite".

    Lord Greenhalgh a déclaré que les lieux de culte avaient fait un "travail phénoménal" pour contrôler la propagation du virus, comparé aux taux de transmission dans d'autres lieux qui n'étaient pas soumis aux mêmes restrictions.

    Les commentaires qu'il a adressés à l'Union catholique renforceront la pression exercée sur la baronne Hallett, présidente de l'enquête, pour qu'elle examine correctement les décisions relatives à la fermeture et à la réouverture des lieux de culte.

    Lord Greenhalgh a été ministre d'État au ministère de l'Égalité des chances, du Logement et des Communautés, puis au ministère de l'Intérieur, jusqu'à sa démission du gouvernement en juillet 2022.

    Il était responsable de la politique gouvernementale en matière de foi et de communautés entre 2020 et 2021, années des deux fermetures, et était donc au courant des raisons invoquées pour justifier le traitement sévère des lieux de culte.

    Les églises ont été fermées pour la première fois après que M. Johnson, le Premier ministre, a annoncé le premier lockdown le 23 mars 2020.

    Elles ont toutefois été parmi les derniers lieux à être libérés du confinement, car elles ont été placées dans la même catégorie de risque que les pubs, les cinémas, les salons de coiffure et les salons de beauté.

    Le gouvernement a fait valoir qu'il serait difficile d'instaurer une distance sociale au sein de ces établissements à un moment où le risque d'infection est élevé.

    Les jardineries, les chantiers de construction et d'autres entreprises ont toutefois pu ouvrir leurs portes sept semaines plus tôt.

    Nigel Parker, directeur de l'Union catholique, a déclaré : "Avant Covid, peu d'entre nous auraient pu imaginer que nos églises soient contraintes de fermer par la loi. 

    "C'est pourtant la situation à laquelle nous avons parfois été confrontés pendant les jours sombres de la pandémie. 

    "L'enquête sur la réponse du Royaume-Uni à la pandémie doit examiner les décisions relatives à la fermeture et à la réouverture des lieux de culte, qui ont eu un impact considérable sur tant de personnes. 

    "L'Union catholique a pris l'initiative de faire rouvrir nos églises et nous nous engageons maintenant à faire en sorte qu'elles ne soient plus jamais obligées de fermer.

    Il a ajouté : "J'encourage tout le monde à participer à notre enquête pour s'assurer que les voix des catholiques soient entendues dans le cadre de cette enquête".

    Au début de la pandémie, les évêques d'Angleterre et du Pays de Galles espéraient que les églises resteraient ouvertes pour la prière privée.

    Les confessions, même en plein air, ont également été interdites et, à partir d'avril 2020, les prêtres ont été invités à conseiller les patients atteints du coronavirus par téléphone plutôt que de leur donner le sacrement des malades en personne.

    Le nombre de personnes en deuil lors des funérailles a également été drastiquement limité.

    La plupart des diocèses ont diffusé en direct des liturgies depuis des cathédrales vides et certaines églises paroissiales, et ont invité les fidèles à regarder ces messes chaque dimanche et à faire une "communion spirituelle" chez eux.

    Les évêques ont obtenu que les églises ne soient pas complètement fermées lors de la deuxième vague de restrictions en 2021.

    La fréquentation des messes a toutefois diminué à la suite de la fermeture, et certains apostolats, comme la presse catholique, en ont gravement souffert.

    Outre l'interdiction de la messe publique pendant la Réforme protestante des XVIe et XVIIe siècles, les catholiques anglais n'ont eu accès aux sacrements qu'entre 1208 et 1214, lorsque le pape Innocent III a gelé le culte public pour punir le roi Jean d'avoir refusé d'accepter Stephen Langton en tant qu'archevêque de Canterbury.

  • Un film pour découvrir la sacralité de l’amour et de la sexualité à la lumière des enseignements de Jean-Paul II

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    Par des témoignages de couples et d'experts de la théologie du corps, le film-enquête « Une seule chair » propose de découvrir la sacralité de l’amour et de la sexualité à la lumière des enseignements de Jean-Paul II.

    De KTO sur youtube :

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    Aujourd'hui, la vie sexuelle d'un grand nombre de nos contemporains, et de bien des chrétiens, semble d'une grande tristesse et pauvreté : la fameuse « libération sexuelle » des années 60-80 a conduit bien souvent à un immense vide, beaucoup de souffrances et une absence de sens. La société, comme l'Église sont ébranlées et meurtries ces dernières années par de terribles scandales : #MeeToo, Pédophilie, #Balancetonporc, abus sexuels, ... Faut-il à ce point désespérer de l'amour et de la sexualité ? Pourtant, selon la Bible, Dieu s'est immensément réjoui de créer la sexualité et le couple. Il voulait pour chaque couple un brasier d'amour et de joie à l'image de l'amour intense qui circule entre les trois personnes divines. Si le péché originel est venu contrecarrer ce dessein de Dieu poussant l'homme et la femme vers des chemins sans issue, le Christ est venu les guérir en profondeur non seulement dans leur âme mais aussi dans leur sexualité. Comme jamais dans l'histoire, l'Église et l'Esprit Saint appellent les époux sauvés à témoigner combien le Christ vient guérir les coeurs et les corps sexués, malades et assoiffés d'amour. Couples engagés mais aussi experts viendront nous éclairer sur cette Révélation et le chemin de la vraie libération sexuelle qu'elle montre et que le Seigneur veut pour chacun de nous. Une coproduction KTO/Krea Film Makers 2023 - Réalisée par Sabrina et Steven J. Gunnell

    https://www.youtube.com/watch?v=HVHLUHDE7TA

  • Les dessous de la destitution d’un évêque américain par le pape François

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    Lu sur le site web il sismografo (13 novembre 2023) :

    Publié par Jean-Marie Guénois, dans Le Figaro :

    eveque-americain-revoque.jpg« Opposé à la ligne réformatrice de François, Mgr Strickland avait critiqué les évolutions envisagées par le synode sur l'avenir de l'Église. -- La réunion annuelle des 273 évêques américains à Baltimore (Maryland) s'ouvre ce lundi dans un contexte de crise inattendue: le pape François a «relevé», l'un d’eux, ce samedi 11 novembre. Il s’agit de Mgr Joseph Strickland, 65 ans, évêque de Tyler au Texas, connu pour être la voix épiscopale la plus critique du pontificat aux États-Unis. Un acte très rare. Il l'a remplacé, selon la procédure, par un administrateur apostolique provisoire, Mgr Joe Vasquez, l'évêque d'Austin. Mgr Strickland avait été nommé à ce poste il y a onze ans par Benoît XVI.

    Cette décision romaine est la conséquence d'une visite apostolique qui avait été décidée par Rome en raison de prises de position récurrentes de cet évêque opposé à la ligne réformatrice du pape François. Le prélat publiait habituellement sur les réseaux sociaux, dont son compte X (ex-twitter) aux 160 560 abonnés, ou sur son blog, mais aussi sur ses nombreuses lettres pastorales, toujours disponibles sur le site du diocèse. Il s'exprimait aussi sur une radio catholique très populaire, Virgin Most Powerful Radio, qui vend par exemple des T-shirts «I stand with Strikland», «je suis avec Strickland».

    Depuis longtemps sous la pression de Rome, Mgr Strickland avait dit refuser toute perspective de démission. Il a tenu parole. D'où le passage en force du pape François. La preuve tient dans le libellé du Vatican, samedi, de cette démission imposée. Il tenait en trois lignes, purement administratives, dans le bulletin quotidien de la salle de presse du Saint-Siège en évoquant un «relèvement de charge», ce qui est rarissime. Le terme habituel est celui d'une «acception par le pape de la renonciation» d'un évêque. L'usage veut que, même si ce dernier conteste la décision, et même si elle a été imposée de facto, il doit proposer sa démission au pape qui, alors, «l'accepte» formellement.

    Critique sur le synode

    Le Vatican n'a pas expliqué les raisons de cette mise hors course d'un évêque très classique, non traditionaliste, mais très rigoureux sur l'enseignement de l'Église tel qu'il est aujourd'hui. Des sources proches du dossier indiquent aussi des «problèmes de gestion» dans son diocèse, mais sans précision.

    Mgr Strickland s'est effectivement montré publiquement très critique, comme une majorité de ses confrères américains, sur «le synode de l'avenir de l'Église» dont la première session s'est déroulée au Vatican en octobre dernier, en attendant une seconde assemblée en octobre 2024. Il a critiqué une série de décisions qui pourraient instituer une forme de diaconat féminin, l'ordination à la prêtrise d'hommes mariés, le contrôle par des laïcs du pouvoir épiscopal et la bénédiction de couples homosexuels, même si ce dernier point a été plus contesté que prévu en octobre.

    Dans sa lettre du 22 août 2023 adressée aux catholiques de son diocèse du nord est du Texas, il récuse point par point ces évolutions en s'appuyant sur l'enseignement post-conciliaire de l'Église catholique, avec cette conclusion qui a dû lui coûter cher, puisqu'il a laissé entendre que le pape François serait schismatique: «Il est regrettable que ceux qui ne sont pas d'accord à ces changements [prévus par le synode, NDLR] soient étiquetés “schismatiques”. (…) Mais tenir ferme ne signifie pas que l'on cherche à quitter l'Église. Au contraire, ce sont ceux qui proposeraient des changements sur ce qui ne peut pas être changé selon les commandements du Christ, à son Église, ce sont eux qui sont les vrais schismatiques ». Sans doute l’évêque a-t-il signé son arrêt de mort le 31 octobre dernier, jour où il a cité publiquement une phrase extraite d'une lettre qu'il avait reçue, qualifiant le pape François «d'usurpateur» parce qu'il aurait «poussé le vrai pape dehors pour occuper sur un trône qui n'est pas le sien»…

    Durcissement du pontificat

    Sur son compte X, (ex Twitter ) Mgr Strikland a notamment commenté sa déposition par cette phrase : «Peu importe ce que le jour apporte, réjouissez-vous toujours. Jésus-Christ est la Voie, la Vérité et la Vie, hier, aujourd'hui, et toujours». Si beaucoup apprécient cette mise hors-jeu d'un évêque contestataire – recommandé par les membres de la visite apostolique, une sorte d'audit interne ecclésial - elle confirme un durcissement objectif du pontificat observé depuis la mort du pape émérite Benoit XVI. Son ancien secrétaire personnel, Mgr Georg Gänswein, n'a-t-il pas été renvoyé cet été en Allemagne, sans aucune affectation, après ses propos critiques contre le pontificat?

    Le 21 septembre dernier, le cardinal Gerhard Ludwig Müller, ancien Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi de Benoît XVI, avait pour sa part publiquement conseillé à Mgr Strickland, alors sous le coup de la visite apostolique dans son diocèse, de ne pas accepter la démission qu'on lui demanderait. Elle serait, selon lui, «une révocation arbitraire» qui finirait par porter «atteinte à l'autorité du pape». Car «un évêque ne peut être destitué par le pape, affirmait Müller, que s'il s'est rendu coupable de quelque chose de mauvais, hérésie, schisme, apostasie, crime ou comportement totalement non-sacerdotal».

    Pour ce théologien en effet «Le pape n'a aucune autorité du Christ pour intimider les bons évêques qui vivent à l'image du Christ Bon Pasteur et qui sanctifient, enseignent et conduisent le troupeau de Dieu au nom du Christ, conformément à l'idéal épiscopal de Vatican II».

    Un message aux évêques américains

    Il est certain que le pape ne reviendra pas sur cette décision. Elle est un message clair aux évêques américains considérés comme les plus récalcitrants à son pontificat, et qui commencent donc leur assemblée plénière ce lundi pour trois jours à Baltimore. Pour particulière qu'elle soit – 5340 évêques catholiques sont en fonction dans le monde - , la révocation de Mgr Strickland sera toutefois considérée par beaucoup comme un nouvel acte «autoritariste» de François. D'autant, remarque-t-on dans certains milieux du Vatican, qu'elle n'est fondée sur aucun article du code de droit canonique, donc hors du droit en vigueur.

    Un aspect indéniable de la gouvernance de François, où il est désormais ouvertement critiqué à sa droite comme à gauche. »

  • Indi Gregory est décédée

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    De Patricia Gooding-Williams sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Indi est morte : "Ils ont le corps, ils ne peuvent pas avoir l'âme".

    Indi Gregory est décédée dans la nuit à 1h45 (2h45 en Italie). Hier, son état semblait s'être stabilisé après les premières heures difficiles qui ont suivi l'extubation. Voici le récit des dernières heures d'Indi à l'hospice, dans les mots de son père donnés à La Bussola

    13_11_2023

    Indi Gregory est décédée, c'est le message avec lequel son père, Dean, a annoncé : 
    "La vie d'Indi s'est arrêtée à 1h45 (2h45 en Italie, ndlr). Claire et moi sommes en colère, le cœur brisé et honteux. Le NHS et les tribunaux ne l'ont pas seulement privée de toute chance de vivre, ils lui ont aussi refusé la dignité de mourir dans la maison de la famille à laquelle elle appartenait. Ils ont réussi à prendre le corps et la dignité d'Indi, mais ils n'ont jamais pu prendre son âme. Ils ont essayé de se débarrasser d'Indi pour que personne ne le sache, mais nous avons fait en sorte que l'on se souvienne d'elle pour toujours. Je savais qu'elle était particulière depuis le jour de sa naissance".

    ***

    Il n'y a pas de réelle différence entre un hospice et un hôpital lorsque l'objectif est de faire mourir Indi le plus rapidement possible. Dean Gregory et Claire Staniforth, les parents d'Indi, s'en sont rendu compte très rapidement après le transfert de la petite fille de 8 mois du Queen's Medical Centre de Nottingham, le samedi 11 novembre, vers un hospice dont le juge a interdit la publication du nom.

    Ce qui suit est un compte-rendu de première main du transfert d'Indi et de l'épreuve qu'elle et ses parents ont traversée derrière les portes closes de l'hospice.

    "Indi se débat", a déclaré Dean Gregory à la Bussola le samedi 11 novembre à 18 heures (heure britannique), peu après son extubation à l'hospice. La petite fille était cajolée par sa mère Claire, tandis que le masque à oxygène qui recouvrait tout son visage remplaçait la ventilation. Dès le début de la matinée de ce samedi, Dean n'a cessé de nous envoyer des messages via WhatsApp pour nous tenir au courant de ce qui se passait.

    Il explique que Claire Staniforth, la mère d'Indi, se trouvait au Queen's Medical Centre de Nottingham le samedi matin. Vendredi soir, la famille avait en effet été informée qu'Indi serait transférée à l'hospice entre 10 et 11 heures. Seule Claire accompagnerait Indi dans l'ambulance, tandis que Dean et l'autre fille iraient séparément dans la voiture, "mais sans suivre l'ambulance", avait-on ordonné. Le départ de Claire de l'hôpital ne s'est pas déroulé sans encombre : "Nous avons été escortés par la sécurité et quelques policiers jusqu'à l'étage A. Ils ont dû vérifier toute la zone à l'extérieur du bâtiment avant que nous puissions monter dans l'ambulance". Celle-ci est donc partie pour l'hospice avec deux heures de retard, à 13 heures.

    Le trajet de 40 minutes en ambulance jusqu'à l'hospice s'est déroulé étonnamment sans incident pour l'enfant gravement malade, dont les médecins avaient déclaré au tribunal qu'elle était "clairement angoissée, agitée et souffrante" en raison de son traitement. Dean a écrit : "Elle n'a même pas remarqué le voyage, elle était juste allongée là, détendue". "Le voyage ne lui a posé aucun problème, elle n'a même pas cligné des yeux." Dean commente : "Vous voyez, elle aurait facilement pu aller en Italie".

    Claire et Dean ont encore du mal à accepter la décision des tribunaux britanniques et européens de les empêcher d'accepter l'offre de l'Italie de soigner Indi à l'hôpital du Bambino Gesù du Vatican à Rome. Cela aurait répondu à leur souhait de donner à Indi toutes les chances de vivre en lui permettant de vivre jusqu'à sa fin naturelle. Regrettant ce qu'ils considéraient comme une occasion manquée d'aider Indi, Dean et Claire avaient décidé qu'Indi retournerait chez elle, soit un trajet de 20 minutes, exactement la moitié de celui pour aller à l'hospice.

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  • Saga de l'évêque Strickland : l'évêque évincé spécule sur les raisons pour lesquelles le Vatican l'a révoqué

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    De Jonathan Liedl sur le National Catholic Register :

    Saga de l'évêque Strickland : l'évêque évincé spécule sur les raisons pour lesquelles le Vatican l'a révoqué

    Cette rencontre de 30 minutes avec les médias n'a pas permis de répondre à plusieurs questions clés de la saga, telles que les raisons invoquées par le Vatican - si tant est qu'il y en ait eu - pour justifier sa destitution.

    12 novembre 2023

    Quelques heures seulement après que le pape François a démis Mgr Joseph Strickland de ses fonctions à la tête du diocèse de Tyler, le prélat texan s'est exprimé publiquement pour donner sa version des faits, comblant ainsi certaines lacunes dans la saga captivante qui a placé l'ancien ordinaire du petit diocèse du nord-est du Texas sous les feux de la rampe, mais laissant également d'autres questions cruciales sans réponse. 

    L'évêque Strickland a révélé, dans un entretien exclusif avec LifeSiteNews le 11 novembre, réalisé peu après l'annonce par le Vatican que le pape François l'avait relevé de la "gouvernance pastorale" de Tyler, pourquoi il pense qu'il a été démis de ses fonctions. 

    "Je ne vois vraiment aucune raison, si ce n'est que j'ai menacé certains des pouvoirs en place avec la vérité de l'Évangile", a déclaré Mgr Strickland, un prélat controversé qui s'élève régulièrement contre ce qu'il considère comme des attaques contre les enseignements de l'Église catholique, devant ses nombreux adeptes sur les médias sociaux. 

    Au cours de l'interview, Mgr Strickland a également souligné que le pape François avait le pouvoir de le démettre de ses fonctions diocésaines et a fréquemment encouragé les personnes contrariées ou troublées par cette évolution à prier pour le pape et à ne pas quitter l'Église.  

    Mais cette apparition médiatique de 30 minutes n'a pas répondu à plusieurs inconnues majeures dans la saga de l'évêque Strickland, telles que les raisons invoquées par le Vatican - si tant est qu'il y en ait eu - pour cette mesure dramatique, et aussi, concrètement, ce qui va suivre pour l'évêque désormais privé de diocèse. Voici ce que l'évêque Strickland avait à dire, et ce qui reste sans réponse. 

    Pourquoi a-t-il été démis de ses fonctions ?

    Mgr Strickland a déclaré qu'on lui avait demandé de démissionner le 9 novembre, mais qu'il "ne pouvait pas, de mon plein gré, abandonner le troupeau qui m'avait été confié". 

    Cette version des faits concorde avec une déclaration du 11 novembre du cardinal Daniel DiNardo, qui, en tant que chef de l'archidiocèse de Galveston-Houston, est le métropolite de la province ecclésiastique qui comprend le diocèse de Tyler.  

    Dans sa déclaration, le cardinal DiNardo a indiqué qu'à la suite d'une visite apostolique effectuée en juin par deux évêques américains à la retraite à la demande du Vatican, qui comprenait "une enquête exhaustive sur tous les aspects de la gouvernance et de la direction" de Tyler sous l'égide de l'évêque Strickland, une recommandation a été faite au pape François selon laquelle "le maintien en fonction de l'évêque Strickland n'était pas envisageable". 

    Après des mois de délibérations, l'évêque du Texas s'est vu présenter une demande de démission et "le Saint-Père a démis Mgr Strickland de ses fonctions d'évêque de Tyler" lorsque le prélat a décliné la demande, a écrit le cardinal DiNardo. 

    Les conclusions de la visite apostolique n'ont pas été publiées, et le Vatican n'a pas révélé les raisons pour lesquelles Mgr Strickland a été démis de ses fonctions. 

    Interrogé sur les raisons de la décision du pape François, Mgr Strickland a déclaré : "La seule réponse que j'ai à donner est que les forces en présence dans l'Église ne veulent pas de la vérité de l'Évangile".  Il a ajouté : "Elles veulent qu'elle soit changée, qu'elle soit ignorée. Ils veulent qu'elle soit ignorée. 

    Mgr Strickland n'a pas accusé le pape François de participer à cette tentative de saper l'enseignement de l'Église, mais il a déclaré que "de nombreuses forces travaillent sur lui et l'influencent pour qu'il prenne ce genre de décisions". Pour ces "forces", l'évêque a dit "je suis un problème", et elles ont donc poussé à la "destitution d'un évêque pour avoir défendu l'Évangile".  

    L'évêque Strickland n'a pas précisé en quoi consistait cette "défense de l'Évangile", mais il faisait probablement allusion à son franc-parler et à ses déclarations provocatrices sur les plateformes de médias sociaux et lors d'allocutions publiques. 

    Par exemple, Mgr Strickland a tweeté le 12 mai qu'il rejetait ce qu'il appelait le "programme de sape du dépôt de la foi" du pape François - une provocation qui, selon les médias, a dépassé les bornes selon des personnalités du Vatican, ce qui a provoqué la visite apostolique. 

    Il a également critiqué à plusieurs reprises le pape pour un manque de clarté "dangereux" dans ses déclarations, en particulier en ce qui concerne la sexualité, et a critiqué avec véhémence le synode du pape François sur la synodalité. 

    "Malheureusement, il se peut que certains qualifient de schismatiques ceux qui ne sont pas d'accord avec les changements proposés", a écrit Mgr Strickland dans une lettre publique en août. "Au contraire, ceux qui proposent des changements à ce qui ne peut être changé cherchent à réquisitionner l'Église du Christ, et ce sont eux les vrais schismatiques. 

    Les préoccupations en matière de gouvernance diocésaine ont-elles joué un rôle ?

    Mais selon de nombreux rapports des médias sur la visite apostolique de juin et les discussions qui ont suivi au sein du Dicastère des évêques du Vatican, les responsables de l'Église étaient également très préoccupés par des problèmes majeurs liés à la gouvernance du diocèse de Tyler par l'évêque Strickland. Ces inquiétudes concernaient notamment la rotation importante du personnel diocésain, l'embauche d'une ancienne religieuse controversée comme employée d'une école secondaire et le soutien d'un projet controversé de communauté catholique. 

    L'évêque Strickland a semblé répondre à ces préoccupations de manière indirecte dans son entretien avec LSN. 

    "Aucun endroit n'est parfait, aucune famille n'est parfaite", a-t-il déclaré. "Mais le diocèse est en bonne santé. 

    L'évêque a cité le nombre élevé de séminaristes dans le diocèse de Tyler - 21 pour un diocèse de moins de 120 000 catholiques - et a également noté que le diocèse est en position de force financière grâce à "l'immense générosité de la population". 

    "Je suis très fier des prêtres et du diocèse", a déclaré Mgr Strickland, ajoutant qu'étant donné ce qu'il considère comme le succès du diocèse sous sa direction, il ne pouvait identifier aucune autre raison pour sa destitution que la menace qu'il représente pour ceux qui tentent de modifier l'enseignement de l'Église.

    L'évêque Strickland a-t-il été informé des raisons de sa révocation ?

    Plus tôt dans la journée, cependant, Mgr Strickland a semblé indiquer qu'il y avait peut-être des raisons plus concrètes pour justifier la mesure prise à son encontre. 

    "Je maintiens toutes les choses qui ont fait l'objet de plaintes contre moi", a-t-il déclaré à LSN dans un bref article publié avant son entretien de 30 minutes. "Je sais que je n'ai pas mis en œuvre Traditiones Custodes" - la restriction de la messe traditionnelle en latin imposée par le pape en 2021 - "parce que je ne peux pas affamer une partie de mon troupeau". 

    Prises ensemble, les réponses de l'évêque ne permettent pas de comprendre non seulement pourquoi, exactement, le pape François a finalement décidé de le démettre de ses fonctions, mais aussi si Strickland lui-même a été informé des raisons de cette décision. 

    Que va-t-il faire maintenant ?

    L'évêque Strickland a reconnu qu'il devra "analyser honnêtement" ce que signifie le fait de ne plus être l'évêque de Tyler, et "se ressaisir" en ce qui concerne son rôle de "successeur des Apôtres sans diocèse local à prendre en charge". 

    "Je n'ai pas de réponses pour l'instant", a déclaré Mgr Strickland lorsqu'on lui a demandé ce que l'avenir lui réservait. "Beaucoup de questions, beaucoup de calendriers vides qui seront, j'en suis sûr, remplis de différentes manières. 

    L'une des possibilités est une augmentation de l'engagement bien au-delà du Texas - ce que l'évêque faisait déjà bien avant d'être démis de ses fonctions à Tyler, ce qui lui a valu le titre d'"évêque de l'Amérique" parmi ses fidèles.

    Par exemple, Mgr Strickland compte plus de 162 000 adeptes sur la plateforme de médias sociaux X (anciennement connue sous le nom de Twitter), soit 40 000 personnes de plus que le nombre total de catholiques dans son ancien diocèse. Il a supprimé toute référence au diocèse de Tyler sur son compte le 11 novembre et a pu continuer à y accéder bien qu'il n'ait plus de diocèse. 

    Par exemple, il s'est rendu en Californie l'été dernier pour participer à un rassemblement en réaction à l'hommage rendu par les Dodgers de Los Angeles à une organisation de travestis anticatholiques. L'archidiocèse de Los Angeles a condamné les actions des Dodgers, mais a également souligné que l'événement auquel Mgr Strickland a participé n'avait pas été "soutenu ou approuvé" par l'archidiocèse. 

    On ne sait pas non plus où l'ancien évêque de Tyler vivra, ni comment il recevra un soutien financier. 

    Sera-t-il présent à la réunion de l'USCCB (conférence des évêques des USA) ?

    Une question qui n'a pas été soulevée lors de son interview sur LSN, mais qui préoccupe au moins certains observateurs de l'Eglise : L'évêque Strickland, désormais sans diocèse, assistera-t-il à la réunion d'automne de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis, qui débutera le 14 novembre ? 

    Alors que Mgr Strickland est connu pour ses interventions publiques remarquées lors des précédentes assemblées de l'USCCB, sa présence à une réunion quelques jours seulement après sa destitution constituerait un sujet dominant - et potentiellement une distraction majeure. 

    Beaucoup d'incertitudes pèsent sur l'avenir de Mgr Strickland. Mais, du moins si l'on en croit les commentaires qu'il a faits à LSN, la prière en constituera une part importante. 

    "Je m'encourage et j'encourage les autres à prier plus profondément que jamais, à prier pour le pape François, à prier pour l'Église et à prier pour notre monde.

  • Quelle direction a pris le pontificat de François ?

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    D'Andrea Gagliarducci sur le Monday Vatican :

    Pape François, quel sera son pontificat ?

    13 novembre 2023

    Il y aura plus de théologiens et de canonistes parmi les membres de la deuxième étape du Synode des évêques, qui se tiendra en octobre prochain. C'est ce qu'a déclaré le cardinal Matteo Zuppi lors d'une rencontre à Bologne sur les quarante ans de la promulgation du Code de droit canonique, et c'est un fait intéressant. Après un synode qui a abouti à un texte particulièrement controversé, amendé 1215 fois, nous pensons à un synode où les experts seront appelés à donner forme et substance aux textes, qui seront ensuite publiés à l'issue de la réunion.

    Il fut un temps où la nouvelle d'avoir plus de canonistes et de théologiens aurait été accueillie avec optimisme, car il s'agit en définitive d'une excellente nouvelle. Il est nécessaire d'harmoniser les décisions de l'Église avec le corpus juridique et théologique pour que ces décisions aient un sens. Mais cette même nouvelle suscite aussi une certaine inquiétude. Et c'est dans cette inquiétude que l'on peut comprendre comment le pontificat de François est perçu.

    Au cours de ces dix années, le pape François a été un pape très législateur. Il a promulgué 48 motu proprio, diverses lettres apostoliques, divers appels, faisant et défaisant des lois dans ce qu'il a appelé la "réforme en cours". En même temps, à chaque changement de paradigme, le pape François a trouvé une justification théologique ou historique, extrapolant des phrases ou des décisions de contextes passés pour démontrer une continuité entre ses décisions et celles qui ont existé auparavant, pour signaler que sa théologie n'est pas une rupture avec le passé.

    C'est ce qui s'est passé, par exemple, dans la lettre aux prêtres du diocèse de Rome en août dernier, lorsqu'il a utilisé la pensée du grand théologien français de Lubac, en en reprenant certaines parties et en n'en considérant pas d'autres. Mais il y a d'autres exemples de ce genre, de la simplification du thème de la condamnation de l'esclavage par l'Église à celui de la réforme de la Curie, souvent écarté par une plaisanterie sur l'efficacité de la Curie elle-même.

    Cette simplification se retrouve aujourd'hui dans les réponses aux dubia envoyées par le cardinal Victor Manuel Fernandez, préfet du Dicastère pour la Doctrine de la Foi. L'idée est de transmettre les vérités de la foi dans un langage familier. Pourtant, le sentiment d'une certaine ambiguïté demeure, à tel point que le dubia a été envoyé deux fois, les premières réponses n'ayant pas été jugées satisfaisantes.

    La simplification répond à la nécessité de s'adresser directement au peuple. En dix ans de pontificat, le pape François a éliminé les "corps intermédiaires". Il n'y a plus d'élite de fonctionnaires, de managers, d'officiels du Vatican et de cardinaux prêts à aider le pape ou à agir comme un filtre dans les situations les plus difficiles.

    Il y a le pape, et puis il y a le peuple. La Curie est marginalisée, utilisée lorsqu'elle donne une idée de collégialité avec des réunions interdicastérielles et laissée quelque peu à son sort. Le pape a le peuple qu'il écoute, même s'il décide ensuite directement. À ses côtés, il veut un Conseil des cardinaux pour définir la réforme de la Curie et l'aider à gouverner l'Église. Mais au cours de ces dix années, la vie a souvent pris le pas sur les propositions du Conseil.

    Le pape François a donc déconstruit l'institution ecclésiale, en maintenant certaines structures vivantes tout en les affaiblissant. C'est par exemple le cas de la Secrétairerie d'État, qui a perdu des compétences et de l'autonomie financière au fil des ans, se transformant de plus en plus en "Secrétariat pontifical".

    Si le peuple est le premier interlocuteur du Pape, s'il n'y a pas d'élite, le Pape se retrouve seul à prendre toutes les décisions. Le Pape François est un Pape qui se retrouve à faire de la micro-gestion, qui veut toujours être informé, qui veut tout savoir. C'est un Pape qui préfère parler aux gens de la rue plutôt qu'aux cardinaux parce que, des premiers, il apprend la situation de l'Église et veut apporter des corrections.

    La question est toutefois plus large. Si les cardinaux et les fonctionnaires ne sont pas pris en compte, comment feront-ils partie d'un gouvernement et comment pourront-ils l'aider ? Un pontificat qui supprime les corps intermédiaires non seulement oblige le pape à un travail ardu de discernement constant et continu, même sur des questions qu'il ne connaît pas, mais met aussi en péril l'avenir même de l'institution ecclésiale.

    Surtout, un pape qui supprime les corps intermédiaires peut difficilement, en fin de compte, faire des choix qui ne soient pas dictés par des émotions personnelles. Cela fonctionne au niveau des gouvernements, et cela fonctionne au niveau des idées. C'est pourquoi l'annonce d'avoir plus de théologiens et de canonistes au prochain Synode inquiète. Le problème ne réside pas tant dans le profil des personnes qui seront choisies que dans leur approche idéologique.

    On pense immédiatement à ceux qui seront capables de porter les idées du Pape et de vaincre ce que le cardinal Jean-Claude Hollerich, orateur général du Synode, a appelé les "résistances".

    Le risque est de se retrouver non pas face à un débat mais à la recherche d'un cadre interprétatif qui justifie les décisions et les choix du Pape. La nomination de Victor Manuel Fernández comme préfet du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, puis sa création comme cardinal, ont constitué un premier "avertissement" à cet égard. Fernández s'est engagé, ces derniers mois, à donner un cadre théologique aux choix du pape, même les plus controversés, donnant ainsi le feu vert à la révolution culturelle, que le pape François a ensuite concrétisée avec la réforme de l'Académie pontificale de théologie, qui n'a fait que s'inspirer de la constitution pastorale Veritatis Gaudium sur les facultés pontificales.

    L'absence - ou la non-considération - d'une classe dirigeante conduit à des choix qui risquent parfois de suivre la longue vague de l'opinion publique (comme ce fut le cas lorsque le Pape changea d'avis sur la gestion de la question des abus au Chili). L'organisation institutionnelle est en danger car le pape François la réforme non pas de l'intérieur mais selon la méthode des commissions et commissaires inaugurée depuis le début de son pontificat.

    Le prochain synode des évêques devient donc un test essentiel pour comprendre quelle direction a pris le pontificat. Les choix du pape en diront long sur l'Église qu'il veut laisser en héritage à son successeur. Il aura deux choix : continuer à détruire les "corps intermédiaires" ou tout reconstruire.

  • Tout sauf synodale; telle est l’image que l’Église est en train de donner d’elle-même...

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    De Sandro Magister sur Diakonos.be :

    Niklas Luhmann, prophète inécouté

    (s.m.) Tout sauf synodale. Telle est l’image que l’Église est en train de donner d’elle-même, après quatre semaine de débats à huis clos entre 365 évêques et non-évêques, de « conversations dans l’Esprit » consignées dans un rapport final aussi encyclopédique qu’évasif, mais avec un Pape François qui a entretemps pris les devants, dans un absolutisme monarchique complet, et publié ses propres réponses à une série de questions qui relèvent plus de la comédie que du débat de fond, sur les cohabitants, les homosexuels, les transsexuels en prises avec les communions, les baptêmes, les mariages et autres parrainages.

    Mais surtout, on donne l’image d’une Église qui perd de vue l’essentiel, c’est-à-dire cette proximité avec Dieu qui est au cœur du « Credo » chrétien. Et tout cela alors que la foi s’étiole et s’éteint chez les hommes, et que Dieu disparaît, même là où l’on croyait la catholicité florissante.

    Ce qui est frappant, c’est que la voix de Joseph Ratzinger, théologien et pape, n’a pas été la seule à s’être élevée pour rappeler depuis longtemps à l’Église cette priorité absolue, il y a également eu – et de manière très originale – celle d’un non-croyant : son compatriote Niklas Luhmann (1927-1998), qui a été l’un des penseurs les plus importants et controversés de la seconde moitié du vingtième siècle.

    On commémore actuellement le vingt-cinquième anniversaire de la mort de Luhmann. Et à cette occasion, son portrait détaillé vient de sortir dans la collection « Classici contemporanei » des éditions IBL Libri, signé par l’un des chercheurs les plus averti, Sergio Belardinelli, professeur de sociologie des processus culturels à l’Université de Bologne et, de 2008 à 2013, coordinateur scientifique du Comité pour le projet culturel de la Conférence épiscopale italienne.

    Pour Luhmann, il faut considérer la politique, l’économie, l’art, la science, la religion, les médias de masse et bien d’autres domaines comme étant des systèmes sociaux autonomes, chacun spécialisé dans la résolution d’une catégorie bien déterminée de problèmes, dans une société toujours plus complexe comme celle d’aujourd’hui.

    Et la fonction spécifique de la religion est de communiquer une ouverture à la transcendance, à ce Dieu qui aide à comprendre que tout est contingent, et donc à s’opposer à toute forme de fondamentalisme, de moralisme et de politique qui mettrait la religion à son service. Une religion dans laquelle « tout dépend de la foi », et certainement pas une sorte de service social contre les dérives du marché capitaliste, telle que l’Église essaye de le devenir aujourd’hui.

    C’est ce que Luhmann écrit et défend dans l’un de ses essais lui aussi publié pour la première fois cette année en version italienne, aux éditions Franco Angeli : « La religion de la société ».

    Laissons la parole au professeur Belardinelli, pour illustrer la pensée de ce grand maître, d’une actualité étonnante pour l’Église d’aujourd’hui.

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  • 32e dimanche "ordinaire": Voici l'époux! Sortez à sa rencontre

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    "Evangile au Quotidien" propose cette méditation sur la parabole de ce dimanche :

    Sainte Gertrude d'Helfta (1256-1301), moniale bénédictine
    Les Exercices, n°5 ; SC 127 (trad. SC p. 175 rev.)

    « Voici l'époux ! Sortez à sa rencontre »

          Mon Dieu, mon très doux Soir, lorsque pour moi sera venu le soir de cette vie, fais-moi m'endormir doucement en toi, et expérimenter cet heureux repos que tu as préparé à ceux qui te sont chers. Que le regard si paisible et gracieux de ton amour ordonne et dispose avec bonté les préparatifs de mes noces. Par la richesse de ta bonté, couvre...la pauvreté de ma vie indigne ; que mon âme habite dans les délices de ta charité avec une confiance profonde.       

          Ô amour, sois alors pour moi un soir si beau, que mon âme dise avec joie et allégresse à mon corps un doux adieu et que mon esprit, retournant au Seigneur qui l'a donné, repose en paix sous ton ombre. Alors tu me diras clairement...: « Voici venir l'Époux : sors maintenant et unis-toi à lui plus intimement, afin qu'il te réjouisse par la gloire de son visage »...

          Quand, quand est-ce que tu te montreras à moi, afin que je te voie et que je puise avec délices à cette source vive que tu es, mon Dieu ? (Is 12,3) Alors je boirai, je m'enivrerai dans l'abondance de la douceur de cette source vive, qui sourd des délices de la face de celui que mon âme désire (Ps 41,3). Ô douce face, quand me combleras-tu de toi ? Alors j'entrerai dans le sanctuaire admirable, jusqu'à la vue de Dieu (Ps 41,5) ; je ne suis qu'à l'entrée, et mon cœur gémit de la longueur de mon exil. Quand me combleras-tu de joie par ta douce face ? (Ps 15,11) Alors je contemplerai et embrasserai le véritable Époux de mon âme, mon Jésus... Là je connaîtrai comme je suis connue (1Co 13,12), j'aimerai comme je suis aimée ; ainsi je te verrai, mon Dieu, tel que tu es (1Jn 3,2), en ta vision, ta jouissance et ta possession bienheureuse à jamais.