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Religions - Page 47

  • Louis IX (saint Louis) était-il antisémite ?

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    Du site de l'hebdomadaire "la Vie" :

    Saint Louis était-il antisémite ?

    Encore récemment, Saint Louis a été désigné comme une figure controversée, notamment du fait de sa politique au XIIIe siècle envers les juifs. Explications avec Juliette Sibon, maître de conférences d'histoire médiévale à l'université d'Albi, spécialiste d’histoire économique et socioculturelle des juifs en Provence et en Péninsule ibérique au bas Moyen Âge.

    Interview Sixtine Chartier

    29/09/2020

    Peut-on dire que Saint Louis était antisémite ?

    L’antisémitisme est un concept récent qui ne s’applique pas forcément à Saint Louis. On peut le qualifier plutôt d’anti-juif, c’est-à-dire développant une forme d’hostilité envers les juifs essentiellement fondée sur des motifs religieux. Comme tout chrétien, il a été élevé dans l’anti-judaïsme, qui participait de sa foi et de sa piété de « roi très chrétien ». Il a reçu une éducation assez rudimentaire de ce point de vue. Ce n’était pas un intellectuel ou un monarque éclairé, contrairement à d’autres rois de son temps. À plusieurs moments de son règne, Louis IX a effectivement pris des mesures en direction des juifs. De ce point de vue, il n’est pas en rupture avec ses prédécesseurs. Avant lui, Philippe Auguste avait expulsé les juifs de son domaine royal. Ce n’est pas le cas de Louis IX qui a pris des mesures qui peuvent pour certaines d’entre elles paraître « intégratrices », même si ce terme n’a pas de sens au Moyen Âge puisqu’on est dans une société par nature discriminante. Il s’agissait d’essayer de contrôler leurs activés économiques, de les détourner du commerce, du prêt d’argent. Ces mesures s’inscrivaient dans une politique de roi chrétien, dans un contexte de centralisation du royaume de France au XIIIe siècle.

    « Comment se fait-il que dans l'hémicycle au Sénat on ait une statue du prétendu Saint Louis, que nous appelons Louis IX, lui qui a inventé le port d'un signe distinctif  pour les juifs et brûlé des Torah ? Déboulonnons ! », s’est insurgé Jean-Luc Mélenchon le 21 septembre dernier lors du lancement de l’institut La Boétie. Est-ce juste d’un point de vue historique ?

    Ce que dit Jean-Luc Mélenchon est faux. Ce sont des contrevérités historiques. Louis IX n’a pas inventé le signe distinctif pour les juifs, la rouelle. C’est une création de la papauté. En 1215, sous le pape Innocent III, le canon 68 du concile de Latran IV instaure l’obligation pour « les juifs et les sarrasins » de porter un signe distinctif, le signum en latin, sans précision sur la forme de ce signe. La finalité de cette mesure est d’éviter les unions mixtes. Après le concile, Innocent III indique dans des lettres envoyées aux évêques que cette mesure ne doit pas mettre les juifs en danger. Dans les décennies suivantes, la mesure est reprise dans les conciles provinciaux un peu partout en Occident en précisant un peu la forme que devra prendre ce signum : un chapeau pointu ici, une pièce de tissu circulaire (la rouelle) là... En 1258, le pape Alexandre III envoie une lettre à Louis IX pour lui demander pourquoi cette mesure n’est pas appliquée dans le royaume de France. Ce n’est qu’en 1269, à la fin de son règne, que la mesure est instaurée dans le royaume.

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  • L'Islam : quelle religion ?

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    D'Annie Laurent sur le site de l'Association Clarifier :

    Petite Feuille Verte n°74 : L’islam est -il une religion?

     

    La question posée par le titre peut surprendre. Elle mérite pourtant d’être examinée de près, compte tenu des implications de plus en plus nombreuses et variées de l’islam dans des domaines qui sortent du cadre strictement religieux (sociaux, juridiques, militaires, politiques et géopolitiques). En fait, la dimension religieuse de l’islam est en principe inséparable de ses aspects temporels. C’est pourquoi, s’il est impossible de nier à l’islam la qualité de religion, il convient d’en préciser le sens et les spécificités afin de le situer dans le concert des religions du monde.

    QU’EST-CE QU’UNE RELIGION ?

    Le Petit Larousse propose deux définitions conjointes pour le mot « religion » : « Ensemble de croyances et de dogmes définissant le rapport de l’homme avec le sacré » ; « Ensemble de pratiques et de rites propres à chacune de ces croyances ». Dans la religion, il y a donc une « orthodoxie » (ce qu’il faut croire) et une « orthopraxie » (ce qu’il faut faire).

                Pour Rémi Brague, le monde des religions se présente sous une forme plus complexe : « Le fait qu’on admette l’existence d’un principe suprême de l’Être, qu’il s’agisse d’un absolu abstrait ou d’un Dieu personnel, ne constitue pas encore une religion. Pour que celle-ci naisse, il faut aussi que l’on soit au clair sur la voie qui permet d’accéder à cet Absolu ou à un Dieu. Cet élément manque, par exemple, chez les philosophes grecs de la période classique. Aristote, qui admet l’existence d’un Premier Moteur immobile et l’appuie sur des démonstrations, allant jusqu’à lui donner le nom de “dieu ” (theos), ne conçoit pas ce dieu comme constituant l’objet d’une religion ». Aristote était donc l’adepte d’un « monothéisme non religieux » (Sur la religion, Flammarion, 2018, p. 18 et 48). Brague souligne aussi l’existence de religions inventées, de type monothéiste : le dieu des déistes des Lumières, l’Etre suprême de la Révolution française, etc. (Ibid.).

                Alain Besançon s’intéresse lui aussi à la diversité religieuse dans le monde. « Beaucoup de religions païennes connaissent, au-dessus du peuple des dieux, un dieu supérieur qui tend à absorber en lui les divinités subordonnées […]. Le vieux dualisme de la religion perse se résout, dans la doctrine de Zoroastre, au monothéisme autour d’Ahoura Mazda. Les Sikhs croient en un seul Dieu, absolu, éternel, créateur, transcendant » (Problèmes religieux contemporains, Éd. de Fallois, 2015, p. 173).

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  • Une exploration culturelle de la "Planète catholique"

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    De Canal Académie :

     

      Exploration culturelle de la “Planète catholique”

      Entretien avec le géographe Jean-Robert Pitte, secrétaire perpétuel de l’Académie      des sciences morales et politiques

    Dans son dernier ouvrage (La Planète catholique, Editions Tallandier, 2020), Jean-Robert Pitte, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences morales et politiques, dresse une “géographie culturelle” du catholicisme. Bien sûr, il y rappelle comment se répartissent les catholiques à la surface du globe. Mais, de façon très sensible, vivante et accessible, il cartographie aussi des paysages intérieurs, expliquant combien les valeurs et les croyances catholiques ont façonné une manière singulière d’habiter le monde, de vivre, aimer, travailler, bâtir, manger, boire, dormir et bien sûr de mourir.

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    La planete catholique

    Résumé sur la page de l'éditeur (Tallandier) :

    Plus d'un milliard d'hommes sont façonnés par une foi universelle, encadrés spirituellement par une hiérarchie sacerdotale, professant le même Credo, guidés par un pasteur unique, l'évêque de Rome. Cela leur confère d'évidentes particularités culturelles : ils ne répugnent pas à se laisser conduire et se méfient des excès du libre arbitre. Au sein même du christianisme, on n'entretient pas les mêmes relations entre hommes, femmes et enfants nés ou à naître, on ne dort pas tout à fait de la même façon, on ne regarde pas l'argent du même œil, on n'apprécie pas les mêmes vins, on ne bâtit pas les mêmes villes, on n'installe pas les mêmes cimetières, on n'a pas la même attitude face à la nature, selon que l'on est catholique ou protestant, etc.

    L'ancrage de l'Occident méridional dans la foi et la culture catholiques a joué un rôle crucial dans l'organisation de l'espace, dans les paysages et l'architecture, dans les pratiques sociales, par exemple dans la conception de la sexualité ou de l'alimentation. Partout, les catholiques sont à la fois divers et semblables. Certains vivent en terre de vieille chrétienté, dans des régions évangélisées à l'époque moderne (Amérique latine, Philippines…) et d'autres encore appartiennent à des contrées qui étaient, il y a peu, des pays de mission (Afrique, Océanie…). Aujourd'hui, le catholicisme a beau reculer dans les cœurs et les intelligences des Européens, il marque toujours leurs mentalités et leurs habitudes.

    Le grand spécialiste de géographie culturelle qu'est Jean-Robert Pitte nous montre et explique les manières dont se croisent, sur le terrain, cette foi universelle et les coutumes propres à tous les groupes humains. Il illustre son propos par une quarantaine de cartes et une vingtaine de reproductions d'œuvres d'art qui éclairent une démarche tout à fait nouvelle.

  • Et si le christianisme était la dernière chance de la liberté en Occident ?

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    Une tribune de Jean-Michel Castaing publiée sur le site d'aleteia.org :

    Le christianisme, dernière chance de la liberté en Occident

    27 septembre 2020

    La conception chrétienne de la liberté est une rencontre entre la liberté de choix et la liberté d’accomplissement de son identité. Cette liberté est la réponse aux deux impasses actuelles que sont le fondamentalisme religieux et la tyrannie des désirs arbitraires.

    La liberté représente plus que la capacité de faire « ce que je veux », que l’expression de désirs arbitraires. Elle relève davantage de l’être que du faire. L’homme est libre dans son intériorité avant que d’agir librement. De ce point de vue, toutes les incantations ne serviront à rien : si l’homme ne se ressaisit pas spirituellement, s’il ne fortifie pas son être intérieur, il est probable qu’il finisse par succomber à la tyrannie, que celle-ci soit extérieure ou intérieure. Toutes les déclarations de droits, toutes les juridictions extranationales, seront impuissantes à réfréner cette servitude. Car la vraie liberté, loin de résulter de principes juridiques, est d’abord une question d’état d’esprit. Or la liberté des postmodernes s’avère être un simple droit abstrait qui ignore toute finalité.

    La synthèse chrétienne

    C’est ici qu’il convient de considérer la liberté que la foi chrétienne a engendrée dans l’histoire. En Occident, la liberté est née de la rencontre entre une autonomisation croissante de l’individu et la prise de conscience de son identité.

    Dans la civilisation chrétienne, l’homme a été capable de concilier les deux caractéristiques fondamentales de la liberté : le pouvoir de décider par soi-même et l’acceptation de son identité.

    Dans la civilisation chrétienne, l’homme a été capable de concilier les deux caractéristiques fondamentales de la liberté : le pouvoir de décider par soi-même et l’acceptation de son identité. En effet, la liberté consiste autant dans la liberté de choix que dans l’accomplissement de ses virtualités, ce que l’on appelle la liberté de qualité. Décider de faire ce qui me passe par la tête ne suffit pas. Je ne serai libre qu’en cultivant les talents que Dieu a déposés en moi. La liberté n’est pas caprice mais capacité à porter à l’excellence les potentialités que je recèle en moi-même pour m’accomplir.

    La révolution de l’Incarnation

    Pourquoi le christianisme a-t-il pu réaliser la synthèse de ces deux caractéristiques de la liberté ? La cause réside dans la révolution apportée par l’Incarnation. En se faisant chair, le Verbe de Dieu a conféré une dignité incomparable à l’homme. Celui-ci est devenu capable de refléter quelques-uns des attributs de l’Être divin.D’autre part, parce que dans le Christ les deux natures, humaine et divine, sont unies sans être confondues, son humanité possède une autonomie relative par rapport à sa divinité. Cette spécificité de l’être du Christ va rejaillir sur tous les hommes. Grâce à l’Incarnation, la consistance propre de l’être humain est reconnue. En Jésus, les natures humaine et divine sont pleinement sauvegardées dans leur consistance propre. 

    Voilà pourquoi, dans les créatures que nous sommes, la liberté humaine n’entre pas en contradiction ni en concurrence avec le salut théologal. La Rédemption ne fait pas l’impasse sur les libérations terrestres, qu’elles soient sociales, économiques ou culturelles.

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  • Union Européenne : les manoeuvres des pro-avortement et des LGBT contre la liberté religieuse

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    De Luca Volonte sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana :

    L'UE, les manœuvres des pro-avortement et des lgbt contre la liberté religieuse

    16 septembre 2020

    La lettre du 14 septembre, adressée au commissaire Schinas et publiée exclusivement par la Nuova Bussola, est signée par 48 députés européens de l'EPF (dont quatre belges). Elle montre le travail constant contre la confirmation de Jan Figel comme envoyé spécial et contre le bureau pour la liberté religieuse lui-même. Pour les signataires, cette liberté est un obstacle à l'avortement et aux droits des LGBT, et sa protection doit leur être subordonnée, ce qui en fait l'une des tâches du représentant spécial pour les droits de l'homme. Cette position coïncide avec celle exprimée par Bruxelles le 4 juin et porte atteinte à la crédibilité de l'UE.

    LA LETTRE COMPLÈTE

    Ils sont pro-avortement et pro-Lgbt et veulent bloquer la nomination du nouvel Envoyé spécial pour la liberté religieuse dans le monde et pour opposer leur veto au bon Jan Figel qui occupait ce poste jusqu'à l'année dernière. Le document exclusif que nous publions, une lettre datée du 14 septembre, jette de nouvelles sombres lumières sur l'hostilité complice à l'égard de la liberté religieuse en Europe et manifestent la violence anti-chrétienne des avorteurs européens. Que reproche-t-on à Figel ? D'avoir promu la liberté religieuse au lieu de l'avortement et des "droits" Lgbt. Nous sommes dans la folie totale.

    En juin, nous avons fait écho à la position déconcertante de la Commission européenne (voir ici), qui, en réponse à un appel lancé le 30 avril par des centaines d'organisations et de dirigeants religieux du monde entier et de toutes les religions, a répondu laconiquement qu'elle avait "pris la décision de ne pas procéder à la nomination de l'envoyé spécial" pour la liberté religieuse dans le monde, mais que la liberté religieuse restait "une priorité". Un mois plus tard, le 8 juillet, la vice-présidente de la Commission, Margaritis Schinas, commissaire chargée de la promotion du mode de vie européen, a annoncé sur Twitter que la Commission avait décidé de "renouveler le poste d'envoyé spécial pour la promotion de la liberté de religion ou de conviction en dehors de l'UE (...) la nomination à venir montre notre détermination (...)". (voir ici).

    Depuis ce moment, un silence obscur est tombé, que nous avons dénoncé le 22 août dernier, lorsque nous avons évoqué de nombreuses initiatives des "mauvais" pays de l'Est et l'attitude constante de Bruxelles (voir ici).

    La lettre des 48 pro-avortement de l'EPF (European Parliamentary Forum, une organisation liée à la multinationale de l'avortement IPPF) "explique" les raisons du retard et révèle les complots ourdis ces derniers mois. Dans leur lettre au vice-président Schinas, les 48 députés européens se disent "préoccupés par le renouvellement du mandat d'un envoyé spécial pour la liberté religieuse". Bien qu'ils soient d'accord sur l'importance de la liberté religieuse à l'intérieur et à l'extérieur de l'Europe, ils estiment qu'elle fait partie des tâches du représentant spécial européen pour les droits de l'homme.

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  • L'écologie : une nouvelle religion selon l'évangile du bon Père Charles Delhez, jésuite

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    Les religions divisent, les religions enferment, les religions sont dogmatiques et, bien sûr, la religion catholique - surtout elle ! - n'échappe pas à ces reproches. Mais pour réconcilier tout le monde et dépasser ces vieux clivages, il n'y a qu'à emboiter le pas au pontife régnant qui s'est converti à l'écologie et à se réjouir de l'avènement d'une (presque) religion écologique. Tel est l'évangile selon saint Charles Delhez...

    Du Père Charles Delhez s.J. dans la Libre du 10 septembre :

    CHRONIQUE

    Une nouvelle religion ?

    Le combat écologique a bel et bien quelque chose de religieux qui peut réunir au-delà de toutes les frontières. Jeudi dernier, 3 septembre, le pape François a reçu la visite de quinze personnalités françaises. Parmi elles, l’actrice Juliette Binoche, le chercheur Pablo Servigne, l’économiste jésuite Gaël Giraud. Ils sont arrivés dans la Ville éternelle après vingt heures de voyage en train et en car, développement durable oblige. Tous ne se réclament pas de l’Église. Ce qui les unissait, c’était une même foi écologique.

    Trop souvent les croyances religieuses ont divisé les humains. L’écologie pourrait-elle les réconcilier ? Il y a sans doute des climato-sceptiques, des matérialistes invétérés, des gens qui ne jurent que par les technosciences. Il n’empêche, l’écologie mobilise de nombreuses personnes par-delà les frontières nationales, politiques et même religieuses. L’encyclique Laudato Si', voici cinq ans déjà, a voulu rassembler "tous les hommes de bonne volonté", non dans le giron de l’Église, mais dans un même combat pour la sauvegarde de "notre maison commune". Elle a séduit des gens d’autres convictions. Pour Juliette Binoche, par exemple, ce document fut, selon ses dires, une "bouffée d’oxygène".

    Le dialogue des convictions

    La crise écologique rend urgent le dialogue des convictions, et notamment des religions. Ces dernières ont en commun ce sens du "sacré", de ce sentiment que "quelque chose nous dépasse". Elles partagent cette idée que nous ne sommes pas les propriétaires de la nature, mais bien Dieu, quel que soit le nom qu’on lui donne et la manière dont on l’honore. Nous sommes seulement des intendants.

    Notre Occident a instrumentalisé la nature, se justifiant parfois par une lecture partielle du livre de la Genèse, avec des lunettes de "maître et de Seigneur de la nature", selon la formule de Descartes. Il s’en est coupé et certaines idéologies voudraient lui dire adieu. Il est tellement précieux d’entendre un autre langage, d’être à l’écoute d’autres cultures. Lors de l’audience, le pape François fit confidence à ses hôtes de sa propre conversion écologique grâce à la rencontre des peuples premiers d’Amazonie.

    La religion nous aide à chercher Dieu, et non à croire qu’on l’a trouvé. Le mystique, dit le Pape dans Laudato si’"sent que Dieu est en toute chose". Peut-être avons-nous trop cherché le sacré dans les dogmes, les rites et les hiérarchies, alors que Dieu se manifeste dans cette nature offerte à tous, riches et pauvres. Une religion n’est pas qu’un ensemble de croyances. Par ses récits, elle donne un sens à l’existence, une tâche à accomplir et se reconnaît dans un art de vivre. Chacune peut donc se retrouver dans le projet écologique et dans ces nouvelles façons de vivre que sont la sobriété heureuse, la modération joyeuse, la croissance respectueuse… Le combat pour la sauvegarde de la nature a bel et bien quelque chose de religieux.
     
    Un regard contemplatif

    On ne pourra protéger la nature et la restaurer que si on prend le temps de l’admirer, si on l’accueille dans la gratitude et que notre regard se fait contemplatif. Encore une attitude religieuse et spirituelle. Certes, la spiritualité n’est pas le monopole des religions mais, pour parler comme le Pape, celles-ci apportent de nouvelles motivations et de nouvelles exigences. Elles sont chacune une invitation à un "don de soi", et l’engagement écologique en est un. On ne peut négliger leurs contributions.

    L’écologie, une nouvelle religion ? L’expression est trop forte, bien sûr. Mais c’est une opportunité pour chacune des religions. Il ne s’agit pas pour celles-ci de renier leurs racines propres, mais d’y trouver de quoi nourrir l’engagement de leurs fidèles. Elles doivent de toute urgence entrer dans un véritable dialogue, sans concurrence. Alors, chacune pour sa part pourra réaliser un de ses objectifs : rassembler. Une des étymologies possibles du mot "religion" est en effet religare, relier. Or, la cause écologique relie des hommes et des femmes de plus en plus nombreux dans une fraternité universelle et donne aux jeunes, parfois en panne d’engagement, une vocation nouvelle.

  • Pakistan : un chrétien de 37 ans condamné à mort pour blasphème

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    ASIE/PAKISTAN - Condamnation à mort d'un chrétien pour blasphème et appel des Evêques au gouvernement en faveur d'une campagne pour les droits des minorités

    9 septembre 2020  
     

    Lahore (Agence Fides) – Un tribunal de Lahore, capitale de la province pakistanaise du Pendjab, a condamné à mort un chrétien pour blasphème. Il s'agit d'Asif Pervaiz, 37 ans, incarcéré depuis 2013 pour avoir envoyer des messages de texte blasphématoires à son employeur, Muhammad Saeed Khokher. Ainsi que l'a indiqué Maître Saif-ul-Malook, l'avocat musulman qui a également défendu Asia Bibi, le tribunal n'a pas cru à son témoignage selon lequel il repoussait toutes les accusations, le condamnant à mort hier, 8 septembre. Selon l'accusé, « M.S. Khokher voulait le convaincre à se convertir à l'islam et lorsqu'il n'a pas accepté, il l'a accusé faussement de blasphème ». Selon l'avocat, « il s'agit d'un autre cas dans lequel la loi est utilisée injustement contre les minorités religieuses ». Au Pakistan, la loi sur le blasphème – constituée par les articles 295 b et c du Code pénal – prévoit la réclusion criminelle à perpétuité ou la peine capitale pour le délit d'outrage contre Mahomet, l'islam ou le coran.

    Le Père Qaisar Feroz OFM Cap., Secrétaire exécutif de la Commission pour les Communications sociales de la Conférence épiscopale du Pakistan, indique dans le cadre d'un entretien avec l'Agence Fides que « la communauté chrétienne du Pakistan est profondément attristée par la condamnation à mort d'Asif Pervaiz. Nous demandons vivement au gouvernement du Pakistan de faire en sorte qu'il soit possible de revoir la décision de la Cour de manière à ce que justice soit faite. Le nombre des cas de blasphème augmente de jour en jour au Pakistan ce qui n'est pas du tout un bon signe pour une société dans laquelle règne la tolérance. Nous recommandons vivement au Premier Ministre, Imran Khan, de lancer une campagne de sensibilisation par vidéo afin de promouvoir les droits des minorités et la dignité humaine ».

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  • Enseigner la religion à l'école

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    De KTO ("La foi prise au mot") :

    Les religions à l’école

    06/09/2020

    Pour la rentrée des classes, La Foi prise au mot propose une émission de saison : comment d’enseigner la religion à l’école ? Alors que la réponse est évidente pour de nombreux pays, elle est tout sauf une évidence en France. Alors, que vous soyez des téléspectateurs français ou d’autres pays, faisons le point. Est-ce que l’enseignement des religions à l’école est une manière de catéchisme et comment respecter une certaine neutralité ? Et surtout, est-ce que la religion s’enseigne comme les mathématiques ou l’histoire-géographie ? Y a-t-il des méthodes spécifiques, une sorte de didactique de la religion ? Pour le savoir, rendez-vous sur KTO avec Isabelle Saint-Martin, directrice d’Études à l’École pratique des Hautes Études à Paris, et Vanessa Patigny, Maître-assistante en didactique de la religion à la Haute École Léonard de Vinci à Louvain-la-Neuve en Belgique.

  • Mgr Gollnisch : « Il est dangereux de remettre en cause le système confessionnel libanais ! »

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    Lu sur le site web du magazine « Famille Chrétienne » :

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    « Mgr Pascal Gollnsich, directeur de l'Œuvre d’Orient, accompagne Emmanuel Macron en voyage à Beyrouth, ce 31 août. Alors que le président libanais, Michel Aoun, vient d'appeler à la proclamation d'un « État laïc » au Liban, Mgr Gollnisch rappelle que le modèle confessionnel actuel garantit un équilibre entre dix-huit confessions et a fait du Liban le seul pays du Moyen-Orient où se vit « une pleine citoyenneté » et une « pleine liberté religieuse ».

    Le président Michel Aoun a appelé de ses vœux la mise en place d’un « État laïc » au Liban. Comment réagissez-vous à cette déclaration historique ?  

    Au Liban, depuis plusieurs mois, les manifestants réclament la lutte contre la corruption et le renouvellement de la classe politique par des dirigeants capables de mener des réformes profondes. Il ne m’a pas semblé que le refus du système confessionnel était dans les priorités. Ensuite, prenons bien conscience que le Liban est le seul pays du Moyen-Orient qui vit réellement une pleine citoyenneté pour chaque habitant. Dans les autres pays, mis à part Israël, il n’y a pas de vraie liberté religieuse, c’est-à-dire, cette possibilité de changer de religion, de ne pas en avoir, d’être musulman et de devenir chrétien, d’être chrétien et d’épouser une musulmane, etc. Il n’y a qu’au Liban que cela est possible !

    Enfin, le système confessionnel maintient un équilibre entre dix-huit confessions. On y retrouve principalement les sunnites, les chiites, les chrétiens et les Druzes. L’appartenance religieuse traduit quelque chose de très profond au Liban. J’estime qu’il serait dangereux de toucher à cet équilibre, cela risquerait de détruire le Liban des libertés religieuses et de la pleine citoyenneté pour tous.

    Vous êtes donc très réservé sur le principe d’un État laïc…

    Mais de quelle laïcité parlons-nous ? Ce mot recouvre des tas d’applications ! La laïcité en France n’est pas la même que la laïcité en Grande-Bretagne ou celle des États-Unis. Si, pour le Liban, on décide d’une laïcité rigoriste à la française, cela me semble voué à l’échec. Si on entend par laïcité le fait que l’État n’intervient pas dans les affaires religieuses et qu’il assure simplement l’équilibre permettant la pleine citoyenneté pour tous, alors « oui » ! Cette laïcité ne s’oppose pas au système confessionnel.

    Mais beaucoup disent que ce système confessionnel favorise les réflexes claniques et la corruption ?

    Je n’en suis pas certain. L’équilibre confessionnel n’est pas nécessairement synonyme de corruption ou de copinage. Il peut même être un contrepoids à un système tribal et clanique. Regardez par exemple les nombreuses oppositions internes dans le « camp » chrétien – Aounistes, Forces libanaises, etc. En l’occurrence, c’est le patriarche maronite qui a aidé à ce qu’on dépasse les guerres de clans.

    Je ne dis pas que le système actuel est parfait. Je dis qu’il faut le purifier afin qu’il renouvelle la classe politique avec des personnes capables de relever le Liban. Mais attention : l’équilibre confessionnel a permis au Liban d’être le pays le plus libre qui soit. Prenons bien garde à ne pas jouer avec des allumettes dans une grange ! La question est extrêmement délicate !

    ▶︎ À LIRE AUSSI À Beyrouth, reportage auprès d'une population traumatisée

    « L’attitude de la France a été remarquable »

    Emmanuel Macron se rend à nouveau à Beyrouth. Craignez-vous que la France ait la tentation d’exporter son modèle de la laïcité ?

    La France n’a jamais voulu imposer un système laïc au Liban. Lorsque Gambetta était au pouvoir sous la très laïque IIIe République, il disait bien que l’anticléricalisme n’était pas un produit d’exportation ! Comme lui, je crois qu’un système laïciste raide n’est pas un produit d’exportation judicieux pour le Moyen-Orient, a fortiori pour le Liban. Encore une fois, cela ne signifie pas d’abandonner le principe de laïcité. Mais cette laïcité devra valider un équilibre confessionnel existant et précieux, qui fait que chacun peut arriver au pouvoir. Y renoncer, c’est prendre le risque que le plus fort s’empare du pouvoir et fasse disparaître cette liberté. Concrètement, aujourd’hui, c’est prendre le risque de voir arriver plus fort encore le Hezbollah.

    La France multiplie les signes d’amitié avec le Liban depuis la catastrophe du 4 août. Quel regard portez-vous sur l’attitude du président Français ?

    L’attitude de la France a été remarquable. Le président Emmanuel Macron et le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, n’ont pas appelé à l’instauration d’un laïcisme pur et dur au Liban. Le discours de la France est d’abord de dire qu’elle se trouve aux côtés de ce pays meurtri avec qui elle entretient une longue relation d’amitié. Ensuite, la France a réussi, avec la communauté internationale, à réunir 11 milliards de dollars pour venir en aide au peuple libanais. Ces milliards sont conditionnés à des réformes qui permettront notamment de lutter contre la corruption – nous n’allons tout de même pas prendre le risque de voir ces milliards partir dans la poche de mafieux...  Enfin, Emmanuel Macron a bien dit que c’était aux Libanais de se prendre en main et d’entamer les réformes nécessaires. Il n’y a donc pas d’ingérence française dans les affaires du Liban !

    Vous faites partie de la délégation présidentielle… Pourquoi Emmanuel Macron invite-il le directeur de l’Œuvre d’Orient avec lui ?

    Ma présence souligne que des œuvres catholiques sont présentes pour aider les Libanais dans l’épreuve qu’ils traversent aujourd’hui. Ces œuvres sont présentes depuis des années. Ce voyage d’Emmanuel Macron montre que des liens étroits existent entre la France et le Liban, mais également entre l’Église de France, les évêques de France, et les chrétiens du Liban.

    Enfin, l’Œuvre d’Orient est très investie sur la question de la francophonie au Moyen-Orient, une francophonie essentiellement portée par les congrégations religieuses. Emmanuel Macron y est très attentif et a accordé un fonds pour soutenir ces établissements.

    Propos recueillis par Hugues Lefèvre »

    Ref. Mgr Gollnisch : « Il est dangereux de remettre en cause le système confessionnel libanais ! »

    JPSC

     

  • «On dit que le bouddhisme est pacifique. Dans une certaine mesure, c’est vrai. Mais on nous persécute, même pacifiquement.»

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    Du site "Portes Ouvertes" :

    Monde bouddhiste: une persécution de moins en moins «pacifique»

    Ils sont accusés de briser l’«harmonie» sociale. Dans plusieurs pays d’Asie du Sud-Est, la vie des chrétiens d’arrière-plan bouddhiste se durcit.
     
    Chrétienne d'arrière-plan bouddhiste au Myanmar

    Dans les rues de Vientiane, de Mandalay ou de Thimphu, on entend résonner les litanies, les gongs, les invocations aux esprits des ancêtres. Des moines marchent dans la lumière du soleil levant tandis que des fidèles leur offrent du riz. Les temples brillent d’un éclat doré et le parfum de l’encens flotte dans l’air. Un monde de paix? Un pasteur du Bhoutan fait cette remarque:

    «On dit que le bouddhisme est pacifique. Dans une certaine mesure, c’est vrai. Mais on nous persécute, même pacifiquement.»
     
    Les chrétiens sont vus comme une malédiction
     
    Aux yeux des bouddhistes, la présence de chrétiens ou d’autres minorités détruit l’harmonie sociale à partir du moment où ils ne suivent pas les traditions. L’un de nos partenaires rapporte que, dans le Nord du Laos, trois familles chrétiennes ont été chassées de leur village car les gens avaient peur que leur présence irrite les divinités locales.
     
    Un pasteur explique: «Dans certaines sociétés bouddhistes, on voit les chrétiens comme une malédiction. Sous un angle plus politique, les chrétiens sont accusés de détruire la culture du pays.»
     
    L'essor du nationalisme bouddhiste affecte les chrétiens
     
    Avec l’arrivée du nationalisme dans lequel la religion devient le principal facteur d’identité des personnes, le bouddhisme s’applique davantage à conserver jalousement ses adeptes et cible principalement la jeunesse. Le pasteur observe des comportements de plus en plus hostiles:
     
    «Les moines bouddhistes incitent la population à s’opposer aux chrétiens qui vivent leur foi ouvertement et témoignent de façon active.»
     
    Les chrétiens sont souvent discriminés et rejetés, comme a pu le constater le pasteur Vungh (pseudonyme) du Myanmar auprès des chrétiens qu’il accompagne: «La vie est dure! Nous ne pouvons pas vendre notre charbon de bois et notre bois à brûler. Nous n’avons plus suffisamment d’argent pour acheter du riz», lui disent-ils.
     
    Une église vivante mais de plus en plus sous pression
     
    Les bouddhistes devenus chrétiens sont régulièrement arrêtés par les autorités. Souvent, ils sont rejetés par leur communauté. Leur famille les bat, les exclut, les prive de leurs biens. Toutefois la grande majorité d’entre eux garde une foi ferme. Outre l’assurance du salut en Christ, ils ont cette promesse dans leur cœur: heureux seront ceux qui sont persécutés pour la justice, car le Royaume des cieux est à eux.
     
    Au Laos, au Myanmar, au Bhoutan et au Sri Lanka, l’Église est vivante et elle grandit. Nos partenaires locaux axent leur travail pour former les familles afin qu’elles résistent mieux à la persécution. Portes Ouvertes fortifie ces chrétiens avec votre aide et par la grâce de Dieu, au moyen de formations bibliques et d’une aide socio-économique. Ils sont alors capables de vivre la vraie paix de Dieu et de la rendre visible au milieu du monde bouddhiste dont le visage se durcit.
  • Anthropologie chrétienne : de l’Arbre de la Connaissance à l’Arbre de Vie

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    L'homme ne peut rien créer, il ne peut tout au plus que recomposer. Cette capacité lui permet, lorsqu'il se met humblement et respectueusement au service des idées qui sont déjà contenues dans la création, de se faire le collaborateur et le gardien du jardin de Dieu. Mais lorsqu'il se prétend l'auteur, la création est en danger.  

    Voilà qui aurait pu rencontrer aussi l’assentiment d’un avatar de la modernité :  le monde de l’écologie, s’il était autre chose qu’une nébuleuse socio-politique à la mode, ambigüe et superficielle.

    Plus intéressant est de relire à ce sujet quelques pages de l’un des livres d’entretiens de Peter Seewald avec Joseph Ratzinger, paru en 2000 sous le titre « Voici quel est notre Dieu » (Plon, Mame, pp. 91 à 95).

    Un extrait publié en 2011 par le site « Benoit et moi » nous y invitait déjà en ces termes : « depuis l’an 2000, la machine s'est emballée, mais les propos du Cardinal Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi à propos de la manipulation de la vie restent totalement d'actualité, et d'une certaine façon prophétiques ». A cet égard, rien n'a changé, au contraire, dans le monde pandémique qui submerge aujourd’hui la terre entière et pourrait utilement porter à la réflexion.

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    « -Peter Seewald. Si cueillir les fruits de l'arbre de la connaissance fut déjà une faute, le créateur, dans le récit biblique, met en garde avec insistance contre un autre tabou, plus grand, oui, le tabou absolu qu'est la mainmise sur l'arbre de la vie.

    Il est dit dans la Genèse que le Seigneur Dieu « posta les chérubins à l'orient du jardin d'Éden avec la flamme de l'épée foudroyante pour garder le chemin de l'arbre de vie » (Gn 3, 24b) jusqu'au dernier jour. Le Seigneur Dieu dit : « Voici que l'homme est devenu comme l'un de nous par la connaissance du bien et du mal. Maintenant, qu'il ne tende pas la main pour cueillir aussi le fruit de l'arbre de la vie, en manger et vivre à jamais ! » (Gn 3, 22) S agit-il là d'une ultime limite clairement fixée ? La franchir, est-ce à coup sûr aller vers notre propre destruction ?

    - Card. Ratzinger : Ces grandes images bibliques resteront inépuisables pour nous et jamais totalement dépassées. Au-delà de toute connaissance elles recèlent des dimensions toujours nouvelles.

    Je voudrais d'abord m'arrêter à l'interprétation classique de cette image, telle que l'ont commentée les Pères dans la foi. Ils font remarquer que l'homme n'a été exclu de l'arbre de vie que lorsque, mangeant le fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, il s'est hissé à un rang inconvenant pour lui. Il avait arraché quelque chose qui, s'il s'en attribue le pouvoir de façon égoïste, ne peut que lui être fatal. Répondant à cette nouvelle situation, Dieu dit que l'homme ne doit pas aussi tendre la main vers l'arbre de vie : être immortel dans ces conditions équivaudrait effectivement à une damnation.

    C'est pourquoi l'exclusion de l'arbre de vie, liée à la destinée mortelle, est une grâce. Si nous devions être immortels dans la condition qui est la nôtre actuellement, ce ne serait vraiment pas une situation enviable. Pour une vie caractérisée par tant d'égarements, la mort, tout en restant une contradiction et pour l'individu un événement tragique, ne constitue pas moins une grâce car, autrement, ce genre de vie serait éternel et le monde totalement inhabitable.

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  • Les crimes visant les chrétiens indiens ont augmenté de 40,87 %

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    Du site des Missions Etrangères de Paris :

    Les violences antichrétiennes continuent d’augmenter en Inde malgré la crise, selon Persecution Relief

    31/07/2020

    Le 28 juillet, l’organisation chrétienne Persecution Relief a publié un nouveau rapport révélant des nouveaux chiffres préoccupants sur la situation de la liberté religieuse en Inde et sur la montée des violences antichrétiennes. Le groupe chrétien, qui vient en aide aux victimes de violences contre la minorité chrétienne et qui recense les attaques enregistrées contre les chrétiens en Inde, explique que « les crimes visant les chrétiens indiens ont augmenté de 40,87 % dans le pays, malgré le confinement instauré le 25 mars ». Entre janvier et juin, le groupe a enregistré 293 cas de violences. La minorité chrétienne indienne représente 2,3 % de la population sur 1,3 milliard d’habitants.

    Des catholiques indiens prient dans une église de Delhi, le jour des Rameaux, le 14 avril 2019.

    Selon un nouveau rapport de l’organisation Persecution Relief, un groupe chrétien œcuménique qui surveille et enregistre les persécutions contre les minorités chrétiennes en Inde, la situation est « très préoccupante » concernant la liberté religieuse dans le pays, majoritairement hindou. Selon le rapport, publié le 28 juillet, au cours des premiers mois de cette année, six chrétiens ont été assassinés à cause de leur foi en Inde, dont deux femmes qui ont été violées. Le groupe cite également deux femmes chrétiennes et une fille de 10 ans, qui ont également été victimes de viols pour avoir refusé de renier leur foi. « Les crimes visant les minorités chrétiennes en Inde ont augmenté de 40,87 % dans le pays, malgré le confinement instauré depuis le 25 mars », s’inquiète l’organisation dans son nouveau rapport. Entre janvier et juin, l’Inde a enregistré 293 cas de violences contre des chrétiens, dont 5 viols et 6 meurtres. « Les persécutions antichrétiennes sont devenues très courantes », affirme Shibu Thomas, qui a fondé Persecution Relief, qui vient en aide aux chrétiens en détresse, en particulier les proches des victimes de violences. Shibu Thomas ajoute que dans la plupart des cas, les auteurs des attaques sont des nationalistes hindous favorables à la suprématie hindoue en Inde. « Ils s’opposent aux chrétiens et au travail missionnaire. »

    « Ce n’est que le haut de l’iceberg »

    Depuis que le parti BJP (Bharatiya Janata Party) est arrivé au pouvoir à New Delhi et dans plusieurs États en 2014, il affirme que ces groupes « ont le soutien implicite des institutions au pouvoir dans plusieurs États ». Des crimes antichrétiens ont été rapportés dans au moins 22 des 28 États indiens. Outre les assassinats et les viols, ces attaques comprennent également des menaces et des agressions physiques, des incendies volontaires et des formes d’exclusion sociale. Certains empêchent également les chrétiens d’accéder aux sources communes d’eau potable. « La montée de l’intolérance religieuse contre la petite minorité chrétienne », qui ne représente que 2,3 % de la population indienne sur 1,3 milliard d’habitants, met en évidence le danger de l’idéologie nationaliste hindoue, souligne Shibu Thomas. « Cette croisade effrayante et contagieuse a désormais atteint un niveau inhumain. Les derniers chiffres enregistrés ne sont que le haut de l’iceberg. Nous ne sommes en mesure de rapporter qu’une fraction des violences réellement perpétrées contre les chrétiens dans plusieurs États. » L’État de l’Uttar Pradesh, le plus peuplé du pays, est celui qui a enregistré le plus d’attaques (21 % des crimes enregistrés).

    Les autres États les plus concernés sont le Jharkhand, l’Odisha et le Chhattisgarh, où la plupart des chrétiens sont issus des communautés Dalit et indigènes. Les six meurtres enregistrés ces six derniers mois ont eu lieu dans ces États. Ces quatre dernières années, l’Inde a enregistré 1 774 cas de violences, soit une moyenne de 443 par an. Mais en seulement six mois, avec 293 attaques déjà enregistrées, le groupe Persecution Relief indique que la situation s’aggrave. Selon Shibu Thomas, les chiffres de son organisation ne sont pas exhaustifs, le groupe n’étant en mesure de signaler que les cas qui lui sont signalés. « Beaucoup de personnes ne déposent pas de plaintes, par crainte de représailles. Beaucoup de cas isolés dans des villages reculés ne sont pas rapportés non plus en raison du manque d’électricité et de réseau », explique-t-il. Le rapport indique que sur plus de sept ans, l’Inde est passée du 31e rang à la dixième place du classement de l’ONG évangélique américaine Open Doors, qui publie chaque année un index des 50 pays où les chrétiens sont les plus persécutés. Selon l’index 2020, l’Inde, classée 10e, est juste derrière l’Iran. Selon le rapport 2020 de la Commission des États-Unis sur la liberté religieuse internationale, l’Inde est classée au même rang que des pays comme la Chine ou la Corée du Nord en termes de liberté religieuse.

    (Avec Ucanews, New Delhi)