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Société - Page 11

  • "Chrétiens, repositionnez-vous" : c'est ainsi que le cardinal Ouellet cède au monde

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    De Roberto Marchesini sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    NOUVEAUX PARADIGMES

    " Chrétiens, repositionnez-vous " : c'est ainsi que Ouellet cède au monde

    Pour le cardinal Ouellet, l'ère du christianisme est terminée, il faut se repositionner sous la bannière du pluralisme et sans exclusivité. Une capitulation devant le monde anti-évangélique.

    25 janvier 2024

    Nous vivons une époque très intéressante, où il nous arrive de lire des choses extraordinaires. C'est la première chose qui m'est venue à l'esprit en lisant un article du cardinal Ouellet dans la prestigieuse revue théologique Communio.

    L'article, bien que complexe, est digne d'intérêt et de réflexion. Après un paragraphe d'introduction, il commence par un coup d'éclat : "L'ère du christianisme est terminée". Une affirmation qui fait frémir ou rire aux éclats, selon le point de vue. Comment l'ère du christianisme peut-elle prendre fin ? Toute l'histoire est chrétienne, puisque le Christ est l'alpha et l'oméga. Certes, le cardinal a attiré notre attention.

    Une nouvelle ère s'est ouverte, explique-t-il, dans laquelle les chrétiens doivent se repositionner par rapport à leur environnement s'ils veulent transmettre l'héritage culturel et spirituel du christianisme. Le christianisme est étranger à cet environnement, il est accueilli avec indifférence, voire hostilité, même dans les pays traditionnellement catholiques". Relisons calmement. "Le christianisme est étranger à cet environnement ; il est accueilli avec indifférence ou même hostilité, même dans les pays traditionnellement catholiques. De quel "environnement" s'agit-il ? Peut-être le monde ? Dans ce cas, il n'y aurait rien d'étrange : "Si le monde vous hait, sachez qu'il m'a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui lui appartient ; mais comme vous n'êtes pas du monde, et que je vous ai choisis dans le monde, c'est pour cela que le monde vous hait" (Jn 15, 18-19). Donc, si le monde déteste le christianisme (ce qui est tout à fait naturel), "les chrétiens doivent se repositionner" ? Et que signifie "se repositionner" ?

    Il l'explique un peu plus loin : "Nous devons réfléchir à l'avenir du christianisme dans un contexte qui attend des chrétiens qu'ils adoptent un nouveau paradigme pour témoigner de leur identité. C'est pourquoi nous devons regarder la diversité culturelle et religieuse avec une disponibilité au dialogue et offrir la vision chrétienne en toute liberté et avec le souci de la fraternité humaine".

    Ainsi, le monde (en supposant que c'est ce que signifie le "contexte") demande au christianisme d'"adopter un nouveau paradigme". L'expression fait froid dans le dos et est "expliquée" comme suit : "Pour cela, nous devons regarder la diversité culturelle et religieuse avec une volonté de dialogue et offrir la vision chrétienne librement et avec le souci de la fraternité humaine". Pourquoi "devons-nous" ? Depuis quand l'Église doit-elle répondre aux attentes du monde ? Et puis : l'apostolat a toujours été ouvert au dialogue (bien que presque toujours unilatéral), libre (et payé cher) et attentif à la fraternité humaine. Ce n'est pas un " nouveau paradigme " : c'est ce que les chrétiens ont toujours fait.

    C'est peut-être dans la suite que l'on perçoit ce que le cardinal Oullet entend par " nouveau paradigme " lorsqu'il affirme que " les repères rationnels traditionnels ne peuvent plus prétendre à l'exclusivité ". Le changement d'époque, en bref, envisage le pluralisme comme un élément constitutif de toute société dans le monde globalisé". Là encore, nous sommes confrontés à un non sequitur. Le fait que "le changement d'époque envisage le pluralisme comme un élément constitutif" est important jusqu'à un certain point. Et on ne voit pas pourquoi la revendication de l'exclusivité des "points de référence rationnels traditionnels" ne serait plus recevable. Il suffit de jeter un coup d'œil à la déclaration Dominus Jesus pour se rendre compte qu'elle est non seulement possible, mais nécessaire.

    En bref, Son Éminence utilise des tonalités et des phrases importantes - "l'ère du christianisme est terminée", "les chrétiens doivent se repositionner", "nouveau paradigme"... -, mais on ne sait pas très bien où il veut aller. Il n'est pas bon d'utiliser le terme "supercazzola" (bistouriquette) lorsque l'auteur est un cardinal ; cependant, il semble que ce soit le cas. Et tonitruant. Au milieu de tous ces slogans, qui ne sont pas faciles à déchiffrer, une image claire et précise me vient à l'esprit : une enseigne accrochée à un magasin. Sur ce panneau, une inscription : "Fermé pour faillite". Je l'ai compris ainsi : "S'ils veulent transmettre l'héritage culturel et spirituel du christianisme", les chrétiens doivent cesser de transmettre l'héritage culturel et spirituel du christianisme ; s'ils veulent "témoigner de leur identité", ils doivent cesser de témoigner de leur identité. Le sel de la terre doit perdre sa saveur pour être jeté et foulé par les hommes (Mt 5,13).

    En conclusion, l'article prend un ton normatif : "Cette nouvelle situation doit être acceptée comme permanente". Il est difficile de savoir à quelle situation le cardinal fait référence : à la haine du monde pour le christianisme ? À un obscur "nouveau paradigme" ? Au fait qu'un prince de l'Église s'exprime comme le comte Mascetti ? Une chose est claire : "Cette nouvelle situation doit être acceptée comme permanente". C'est ainsi que les choses sont, c'est ainsi qu'elles doivent être.

    Ce qui est encore plus inquiétant, c'est que l'article a l'intention de lancer une conférence qui se tiendra au Vatican les 1er et 2 mars, avec la participation du pape François (et du cardinal Fernández), intitulée "Image de Dieu de l'homme et de la femme. Vers une anthropologie des vocations". Si les prémisses sont celles indiquées par Ouellet, il n'y a pas de quoi être serein.

    Quelqu'un, à ce stade, citera Lénine et demandera : "que faire ?" Pour ma part, je n'ai aucun doute : "Celui qui persévérera jusqu'à la fin sera sauvé" (Mt 24, 13).

  • Comment être chrétien dans une société apostate ?

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    De Jean-Pierre Maugendre sur le site de l'Homme Nouveau :

    ÊTRE CHRÉTIEN DANS UNE SOCIÉTÉ APOSTATE

    24 janvier 2024

    Les éditions Contretemps viennent de publier sous le titre Après la chrétienté, les Actes de la XXIIe université d’été de « Renaissance catholique ». L’occasion pour son directeur général de revenir sur cette question essentielle : faut-il vraiment se résigner à vivre sous un État religieusement « neutre » ?

    C’est devenu une évidence que d’évoquer La Fin de la chrétienté (Chantal Delsol), La France d’après (Jérôme Fourquet) ou, plus emphatiquement, le processus de « décivilisation » (Emmanuel Macron) en cours. 

    La fin de la chrétienté

    Que cela nous plaise ou non, nous vivons dans une société postchrétienne. « Seize siècles de chrétienté s’achèvent », écrit Chantal Delsol. Comme l’a parfaitement analysé Patrick Buisson dans deux ouvrages très éclairants, La Fin d’un monde et Décadanse, la société française a opéré en quelques décennies une remise en cause radicale de son art de vivre traditionnel et de ses croyances ancestrales fondées sur le christianisme. Qui aurait imaginé il y a cinquante ans la banalisation du mariage homosexuel ou la constitutionnalisation de l’avortement ? Personne !

    Ce fait observé – la disparition d’une société dont les institutions, plus ou moins consciemment, étaient encore imprégnées par les valeurs de l’Évangile et du christianisme –, deux écoles se font face parmi les catholiques. 

    Un bienfait ?

    Répondant à la question d’un séminariste sur le problème que constitueraient les traditionalistes, Mgr de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la Conférence des évêques de France répondait le 2 décembre dernier : « Le décret de Vatican II sur la liberté religieuse est très clair. Le Christ n’est pas venu bâtir des nations catholiques mais il est venu fonder l’Église. Ce n’est pas la même chose. À force de traîner la nostalgie d’un État catholique, on perd notre énergie pour l’évangélisation. »

    Lointain écho d’une déclaration d’un de ses prédécesseurs à la tête de la CEF, le cardinal Etchegaray, archevêque de Marseille : « Après l’État chrétien, dont la déclaration conciliaire sonne le glas, après l’État athée qui en est l’exacte et aussi intolérable antithèse, l’État laïc, neutre, passif et inengagé, a été certes un progrès ». Comme le note Chantal Delsol : « L’Église a honte de la chrétienté comme pouvoir et comme contrainte et elle aspire à d’autres formes d’existence ». La fin de la chrétienté apparaît alors non seulement comme un fait, mais aussi comme un bienfait. 

    Ou un méfait ?

    Cet avis cependant n’est pas général. Il se heurte en particulier à deux objections majeures.

    Tout d’abord une objection doctrinale. Dans son encyclique Quas Primas du 11 décembre 1925 sur la royauté sociale du Christ, le pape Pie XI invitait « les hommes et les sociétés » à « reconnaître en particulier et en public le pouvoir royal du Christ ». Il n’est pas là question d’État « neutre et inengagé », bien au contraire. Nous laissons les spécialistes se pencher sur la continuité entre la déclaration conciliaire sur la liberté religieuse Dignitatis humanae et cette encyclique dont nous célébrerons le centenaire de la publication l’année prochaine…

    Ensuite une objection pratique : c’est à la suite de leurs princes et gouvernants (Constantin, Clovis, Charlemagne, Vladimir, Étienne, etc.) que les peuples sont entrés, en masse, dans l’Église. Les faits sont peut-être cruels mais incontournables : il n’existe pas de conversion d’un peuple au christianisme sans soutien, ou a minima neutralité bienveillante, des pouvoirs publics.

    La situation du catholicisme en Asie est à cet égard très éclairante : le catholicisme est très présent dans les pays historiquement et politiquement liés au christianisme (Philippines, Vietnam), mais marginal dans les pays où les pouvoirs publics se sont opposés à son développement (Chine, Japon).

    Après la chrétienté

    Providentiellement viennent d’être publiés, sous le titre Après la chrétienté, par les éditions Contretemps, les Actes de la XXIIe université d’été de « Renaissance catholique ». Ce sujet est, plus que jamais, d’une brûlante actualité. La question se pose, en effet, de savoir d’une part si la notion même de chrétienté est un idéal à poursuivre et d’autre part comment, en tout état de cause vivre notre christianisme dans une société apostate dans laquelle l’État impose une législation de plus en plus éloignée du simple respect de la loi naturelle et a fortiori de l’Évangile.

    Au fond, la question posée par ces travaux est celle de savoir si l’évangélisation de tout un peuple est possible face à l’hostilité des pouvoirs publics. Bref, « après la chrétienté », comment demeurer intégralement chrétiens et continuer à partager ce trésor qui donne un sens à nos vies ? 

    Sous la direction de Michel De Jaeghere, philosophes, journalistes, ecclésiastiques, universitaires, hommes politiques et acteurs de terrain ont cherché à répondre à quelques-unes de ces questions :

    « Qu’est-ce que la chrétienté ? » (Arnaud Jayr), « L’État moderne est-il antichrétien ? » (François Vallançon), « Quelles sont les caractéristiques de la politique contemporaine ? » (abbé de Tanoüarn), « Quels sont les rapports entre l’Église, l’État et la loi naturelle ? » (Guillaume de Thieulloy), « Quels modes d’apostolat pour l’Église d’aujourd’hui ? » (abbé Barthe), « Quelle place, dans notre résistance, pour l’objection de la conscience ? » (Joël Hautebert), « Quels sont les défis géopolitiques du catholicisme ? » (Aymeric Chauprade), « Comment transmettre la culture chrétienne ? » (François-Xavier Bellamy), « Pourquoi Pie XI a-t-il institué la fête du Christ-Roi ? » (chanoine Merly), « Quel avenir pour la chrétienté ? » (Jean-Pierre Maugendre).

    Sans omettre, au moyen de tables rondes le témoignage de nombreux acteurs engagés dans le combat pour la chrétienté :

    « La résistance à la dénaturation du mariage » (Marie-Amélie Brocard et Jean Vallier, maître Triomphe, etc.), « Résister à la culture de mort » (Jeanne Smits, Grégor Puppinck, etc.), « Agir en politique » (Jean-Pierre Maugendre, Jacques Bompard, Bruno Gollnisch, etc.), « Être journaliste et catholique » (Michel De Jaeghere, Laurent Dandrieu, Philippe Maxence, etc.), « Quelle école catholique pour demain » (Gabrielle Cluzel, Michel Valadier, etc.) ?

    Ce volume est le 21e publié dans le cadre des Actes de ces universités d’été qui constituent une véritable contre-encyclopédie, constituée de 7 700 pages de texte, soit 270 contributions de 115 auteurs différents.


    20231110 ACTES 2013 CT Couverture chrétien
    Après la chrétienté, Contretemps, 490 pages, 24 €.
    Contretemps, 25A, rue Montebello 78000 Versailles

  • Fiducia Supplicans : le colonialisme culturel en action ?

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    Du Catholic World Report (Anne Hendershott) :

    Les évêques africains, Fiducia Supplicans et la colonisation culturelle

    La tentative d'imposer des notions occidentales sur les relations entre personnes de même sexe dure depuis un certain temps, et le Vatican fait maintenant partie du problème.

    23 janvier 2024  The Dispatch 0Imprimer

    Considérant la déclaration du Vatican Fiducia Supplicans "en contradiction directe avec l'éthique culturelle des communautés africaines", les évêques africains ont formellement publié le 11 janvier une déclaration de protestation intitulée "Pas de bénédiction pour les couples homosexuels dans les églises africaines".

    Signée par le cardinal congolais Fridolin Ambongo Besungu, président du Symposium des Conférences Épiscopales d'Afrique et de Madagascar (SCEAM), la déclaration reconnaît l'"onde de choc" provoquée par la Fiducia Supplicans, déclarant qu'"elle a semé des idées fausses et des troubles dans l'esprit de nombreux fidèles laïcs, de personnes consacrées et même de pasteurs et qu'elle a suscité de vives réactions".

    Bien que la déclaration du SCEAM ait explicitement nié que le pape François tentait d'imposer " toute forme de colonisation culturelle en Afrique ", il est difficile de soutenir une telle déclaration alors que Fiducia Supplicans porte elle-même les marques de la colonisation culturelle - une tentative d'imposer le pouvoir d'État colonial du Vatican par la subordination culturelle d'un cadre conceptuel ou d'une identité culturelle par rapport à un autre en Afrique.

    Alors que le SCEAM reconnaît que la déclaration du Vatican sur les bénédictions homosexuelles "ne change pas l'enseignement de l'Église sur la sexualité humaine et le mariage", la déclaration des évêques africains se plaint que "le langage qu'elle utilise reste trop subtil pour être compris par les gens simples".

    On peut affirmer que l'ambiguïté sophistiquée de Fiducia Supplicans est en soi une marque de colonialisme culturel, car la déclaration peut être définie différemment par ceux qui ont le pouvoir d'imposer leurs propres interprétations de la valeur des relations homosexuelles à d'autres qui ont des interprétations très différentes. Voilà ce qu'est le colonialisme culturel. Le concept de colonialisme culturel reconnaît l'importance de la culture en tant que support du pouvoir politique et économique. Nous avons vu dans notre propre pays qu'il n'est pas nécessaire de recourir à des actions militaires pour modifier radicalement les lois sur des questions telles que les droits génésiques - y compris l'avortement - et la transition de genre.  Changer la culture peut avoir des conséquences tout aussi puissantes que la guerre.

    L'Église a depuis longtemps mis en garde contre les conséquences de l'imposition d'un changement culturel radical sur les mœurs, y compris sur l'éthique sexuelle et les questions relatives à la vie. Elle a toujours conseillé aux catholiques d'être "contre-culturels" sur les questions de vie et de mariage en rejetant l'adoption par la culture occidentale des droits reproductifs, en respectant toute vie depuis la conception jusqu'à la mort naturelle et en protégeant le mariage comme une union entre un homme et une femme. Mais aujourd'hui, d'une certaine manière, le Vatican tente apparemment de nous demander à tous de valider certaines des valeurs culturelles les plus décadentes de la culture dominante.

    Le cardinal Fridolin Ambongo, président du Symposium des conférences épiscopales d'Afrique et de Madagascar (SCEAM), en expliquant le rejet africain de la bénédiction des couples homosexuels, a fait remarquer que l'Occident avait perdu le sens du mariage et de la culture, qui, selon lui, "est en déclin...". "Peu à peu, a-t-il déclaré, ils vont disparaître. Ils vont disparaître. Nous leur souhaitons une bonne disparition..." En substance, il s'agissait d'une réprimande claire du colonialisme culturel.

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  • Débaptisations : l'Eglise de Belgique fait de la résistance

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    De Luke Coppen sur The Pillar :

    L'Église belge lutte contre l'ordre d'effacer l'inscription du baptême

    22 janvier 2024

    L'Église catholique de Belgique a déclaré qu'elle se battrait contre une ordonnance visant à effacer une inscription dans un registre de baptême, dans le contexte d'une hausse signalée des demandes de "débaptisation".

    Un porte-parole a déclaré que l'Église avait fait appel d'une décision prise le 19 décembre par l'autorité belge de protection des données, qui exigeait du diocèse de Gand qu'il accède à la demande d'une personne anonyme de voir l'enregistrement de son baptême supprimé.

    Lorsqu'un catholique demande à être "débaptisé" en Belgique, sa demande est notée dans la marge du registre des baptêmes de la paroisse où il a été baptisé, mais l'inscription du baptême n'est pas supprimée.

    L'Église catholique enseigne que "le baptême scelle le chrétien de la marque spirituelle indélébile de son appartenance au Christ". Alors qu'une personne peut perdre la foi ou même y renoncer, il est impossible d'annuler les effets du baptême.

    L'autorité belge de protection des données a donné à l'Église un délai de 30 jours pour faire appel de sa décision, qui pourrait servir de précédent non seulement en Belgique, mais aussi dans les 26 autres États membres de l'Union européenne.

    L'Église catholique de Belgique a déclaré que cette décision soulevait "de nombreuses questions juridiques" et "devrait être examinée au niveau européen". 

    Elle a ajouté qu'elle continuerait à utiliser la procédure actuelle d'ajout d'une note sur les registres de baptême, alors que le litige est porté devant la Cour du Marché, une section de la Cour d'appel de Bruxelles ayant une compétence exclusive sur la loi relative à l'Autorité de protection des données.

    L'Église belge a cité une décision de février 2023 de la Commission de protection des données d'Irlande, un pays qui appartient également à l'UE. 

    La commission irlandaise a déclaré que les personnes qui "ne se considèrent plus comme membres de l'Église catholique n'ont pas le droit d'obtenir l'effacement de leurs données personnelles" dans les registres des baptêmes.

    L'autorité irlandaise a examiné les demandes d'effacement des registres de baptême de l'archidiocèse de Dublin, sur la base de l'article 17 du règlement général sur la protection des données (RGPD), qui s'applique dans toute l'UE depuis 2018.

    La commission a déclaré ce qui suit : "Dans les circonstances où une personne concernée ne souhaite plus être membre de l'Église catholique, une déclaration supplémentaire pourrait être ajoutée par l'archevêque à l'entrée du registre des baptêmes, indiquant "Ne souhaite plus être identifié comme catholique romain"."

    Le cas belge est apparu après qu'une personne a demandé au diocèse de Gand de supprimer ses données de tous les fichiers, y compris du registre des baptêmes. Lorsque les autorités ecclésiastiques lui ont expliqué qu'une note serait inscrite à côté de son acte de baptême, mais qu'elle ne serait pas effacée, la personne s'est plainte auprès de l'autorité de protection des données.

    L'autorité de contrôle des données a déclaré que l'Église soutenait qu'il était nécessaire de conserver les registres de baptême afin de prévenir une éventuelle fraude d'identité, par exemple si une personne déjà baptisée cherchait à recevoir le sacrement pour la deuxième fois, en contravention avec l'enseignement de l'Église.

    L'autorité chargée du traitement des données a reconnu les préoccupations de l'Église, mais a fait valoir que les intérêts du plaignant l'emportaient sur ceux de l'Église.

    "En conséquence, le traitement des données en question est considéré comme illégal, ce qui signifie que le plaignant peut exercer son droit à l'effacement des données", a déclaré l'autorité.

    Geert De Kerpel, porte-parole de l'archidiocèse de Malines-Bruxelles, qui comprend le diocèse de Gand dans sa province ecclésiastique, a déclaré : "Nous avons été très surpris par la décision de la Cour européenne des droits de l'homme : "Nous avons été très surpris par cette décision, car l'autorité de protection des données en Irlande avait pris la décision inverse il y a seulement quelques mois dans une plainte contre l'archidiocèse de Dublin. 

    "Nous pensons donc qu'il y a suffisamment d'arguments pour défendre notre position devant les tribunaux.

    Il a ajouté : "Notre personnel et nos bénévoles dans les diocèses et les paroisses traitent toutes les demandes avec soin. Nous reconnaissons ainsi la demande de ceux qui veulent prendre explicitement leurs distances avec l'Église, même s'il faut du temps et des recherches pour tout mettre en œuvre."

    L'Église de Belgique a adopté la politique consistant à ajouter une note aux registres de baptême dans les années 1990, lorsqu'elle a commencé à recevoir des demandes de "débaptisation".

    En 2021, l'Église de Belgique a signalé une forte augmentation du nombre de personnes demandant à être enregistrées comme "débaptisées".

    Le rapport annuel de l'Église indique qu'il y a eu 5 237 demandes de ce type en 2021, contre 1 261 en 2020 et 1 800 en 2019.

    Le rapport suggère que la déclaration du bureau de doctrine du Vatican de mars 2021, selon laquelle l'Église catholique n'a pas le pouvoir de bénir les unions entre personnes de même sexe, pourrait "expliquer en partie" le pic des demandes.

    Le nombre de demandes de "débaptême" a chuté de manière significative en 2022, pour atteindre 1 270. Mais les responsables craignent que ce chiffre ne soit reparti à la hausse en 2023, à la suite de la diffusion de la série documentaire "Godforsaken", qui a suscité l'indignation de tout le pays lorsqu'elle a été diffusée en Belgique en septembre de l'année dernière. 

    Cette série, qui mettait en lumière les abus commis par des clercs et les dissimulations dont ils ont fait l'objet, a donné lieu à une enquête parlementaire et aurait incité un grand nombre de catholiques à quitter l'Église. 

    Dans une tribune publiée le 18 septembre dans le journal belge De Standaard, l'écrivain et responsable politique Jan De Zutter estime que le GDPR a permis de maîtriser le géant de l'internet Google et qu'il devrait en être de même pour l'Église.

    "Face au GDPR, l'Église le craint comme le diable craint l'eau bénite", affirme-t-il. "Elle utilise toutes sortes d'arguments théologiques et ecclésiastiques pour cela et invoque la liberté religieuse. 

    Kathleen Van Brempt, collègue de M. De Zutter et membre du Parlement européen, a soumis une question parlementaire à la Commission européenne le 20 septembre, lui demandant quelles mesures elle avait l'intention de prendre pour faire respecter le GDPR par les organisations religieuses et pour garantir la protection des données des citoyens européens.

    Dans d'autres pays de l'UE, la pratique de l'Église consistant à refuser de supprimer les registres de baptême a été contestée sans succès.

    En 2014, la Cour de cassation, la plus haute juridiction de l'ordre judiciaire français, a rejeté la demande d'un homme qui souhaitait que soit supprimée l'inscription de son baptême dans une paroisse du nord de la France.   

    En 2021, le tribunal administratif slovène a confirmé qu'il n'existait pas de droit à la suppression des données à caractère personnel des registres de baptême en vertu de l'article 17 du GDPR.  

    Contrairement à la Belgique, l'Allemagne voisine dispose d'un mécanisme permettant aux catholiques baptisés de renoncer à leur appartenance à l'Église, qui est liée à l'obligation de payer un impôt ecclésiastique. 

    Si un catholique baptisé souhaite quitter l'Église en Allemagne, il doit prendre rendez-vous auprès d'un bureau d'état civil ou d'un tribunal local, fournir des documents officiels et s'acquitter d'une taxe d'environ 35 dollars. En retour, il reçoit un certificat confirmant qu'il n'est plus enregistré et qu'il n'est donc plus redevable de l'impôt ecclésiastique.

    Cette étape déclenche l'envoi d'une lettre par les responsables locaux de l'Église, décrivant les conséquences de ce changement, notamment l'interdiction de recevoir les sacrements, d'exercer des fonctions au sein de l'Église et d'agir en tant que parrain de baptême ou de confirmation.

    En 2022, un nombre record de 522 821 personnes ont officiellement quitté l'Église catholique en Allemagne, soit plus de 400 fois plus que le nombre de "débaptisations" demandées cette année-là en Belgique, dont la population est d'environ 12 millions d'habitants, contre 83 millions en Allemagne.

  • De nombreux jeunes ont marché pour la vie à Paris

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    De gènéthique.org :

    Marche pour la vie : « Ce qui nous mobilise, ce qui nous enthousiasme c’est encore et toujours la vie ! »

    22 janvier 2024

    Dimanche 21 janvier, quinze mille personnes ont arpenté les rues de Paris pour défendre la vie. Cette année, la Marche pour la vie avait appelé à se mobiliser « pour lutter contre la constitutionnalisation de l’avortement et la légalisation de l’euthanasie ». Deux sujets d’actualité puisque la loi visant à inscrire dans la Constitution la « liberté de recourir à l’IVG » sera débattue le 24 janvier à l’Assemblée, et que fin février le Gouvernement devrait présenter son avant-projet de loi sur la fin de vie (cf. IVG dans la Constitution : le projet de loi adopté en Commission à l’Assemblée nationale ; Fin de vie : 18 députés mettent la pression sur le nouveau Gouvernement).

    Dix propositions pour « prendre soin des plus vulnérables »

    Avant le départ, Nicolas Tardy-Joubert, président de la Marche pour la vie, explique l’objectif : « prendre soin des plus vulnérables, des enfants à naitre, des femmes enceintes en difficulté, des personnes en fin de vie ». Il annonce les dix propositions faites par l’association, dont le refus de la constitutionnalisation de l’avortement, mais aussi celui de toute légalisation du suicide assisté et de l’euthanasie. « Ce que nous voulons c’est 100% de soins palliatifs, 0% d’euthanasie » a-t-il précisé (cf. Euthanasie : la corruption des mots précèdera-t-elle la corruption des actes ?).

    Parmi les propositions figurent la réalisation d’une étude sur l’IVG par les pouvoirs publics afin de mieux comprendre les causes et les conséquences de l’avortement, et la création « d’une mission d’études parlementaires sur le sujet ». La Marche pour la vie suggère également « le remboursement à 100 % des actes liés à une maternité, alors qu’une prise en charge à 100 % est déjà prévue pour une IVG », mais aussi de « rétablir un délai de réflexion de trois jours minimum, avant toute IVG ».

    Accompagner les femmes enceintes

    « Mettre en place une politique familiale pour combattre la précarité et accompagner tous les parents pour que l’IVG ne soit jamais un choix réalisé pour des raisons économiques » est également une des propositions faites par la Marche pour la vie qui souhaiterait que l’accouchement sous X soit encouragé « pour permettre aux jeunes femmes en difficulté de mener leur grossesse à terme et permettre ainsi l’adoption ». « Nous voulons des politiques de prévention, pas d’inscription dans la Constitution » explique Nicolas Tardy-Joubert. « Une société démocratique doit pouvoir s’interroger sur les tabous de l’avortement : l’impact sur les femmes, la considération collective de l’enfant à naître, les avortements eugéniques qui discriminent dès avant la naissance les personnes porteuses de trisomie 21 » poursuit Lucie Pacherie, chargée de plaidoyer de la Fondation Lejeune, lors de la conférence de presse.

    Défendre le droit à l’objection de conscience

    Enfin, l’association propose de « défendre le droit absolu à l’objection de conscience des personnels de santé et de protéger la clause de conscience spécifique ». « Nous devons protéger l’objection de conscience car si cette loi passe, c’est sans doute le prochain sujet pour lequel on se réunira l’année prochaine » s’inquiète le Docteur Geneviève Bourgeois, gériatre et porte-parole de la Marche pour la vie. « Accompagner la mort plutôt que de la provoquer, éliminer les souffrances, plutôt qu’éliminer le souffrant, là est notre vraie vocation » a-t-elle alerté.

    Sur le podium, Jean-Marie Le Méné, président de la Fondation Lejeune, a lui-aussi interpelé les participants. « Refuser la vie par l’avortement ou anticiper la mort par l’euthanasie obéit à la même démarche inspirée par la peur. La peur des inconnues de la vie rejoint la peur des mystères de la mort » prévient-il, en ajoutant que « donner la mort et soigner sont des actes antinomiques ». « Demain les médecins fidèles à Hippocrate préciseront sur leur plaque : “ici on ne tue pas” » s’est-il indigné. Lucie Pacherie, poursuit « dépénaliser le meurtre pour un motif “médical” rompt le contrat social et dénature la médecine » (cf. Fin de vie : une stratégie politique travaillée pour légaliser l’euthanasie).

    De nombreux jeunes

    « Nous, ce qui nous mobilise, ce qui nous enthousiasme c’est encore et toujours la vie » s’est exclamée Pascale Morinière, présidente des Associations familiales catholiques (AFC) (cf. Marche pour la vie 2023 : « Le seul droit fondamental c’est le droit à la vie »). « La vie finissante car nous portons un devoir de gratitude envers ceux qui ont tracé le chemin avant nous. La vie à naitre parce que, comme le disait la philosophe Hannah Arendt, “le miracle qui sauve le monde, c’est la naissance d’hommes nouveaux” » a-t-elle précisé.

    Les défenseurs de la vie ont répondu présent. Plusieurs délégations étrangères se sont rendues à Paris venant de Belgique, du Luxembourg, d’Espagne, de Slovaquie, de Roumanie, du Canada et du Congo.

    Brandissant des pancartes « accompagner vers la mort, pas la donner », « soigner n’est pas tuer » ou « vivre est un droit pas un choix », la « Génération pro-vie » était également présente en nombre. Une jeunesse enthousiaste prête à s’engager comme le leur ont suggéré Pascale Morinière et le Docteur Geneviève Bourgeois. Aliette Espieux s’est également adressée à ces jeunes : « chers amis, soyez le caillou dans la chaussure du gouvernement, ne cédez jamais » s’est-elle exclamée avant même que la marche s’élance.

  • Le cardinal Ambongo explique comment le rejet africain de Fiducia Supplicans a été géré en Afrique et au Vatican

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    De Walter Sánchez Silva sur ACI Prensa via CNA :

    Le cardinal explique comment le rejet africain de Fiducia Supplicans a été géré

    22 janvier 2024

    Le Cardinal Fridolin Ambongo Besengu, OFM Cap, président du Symposium des Conférences Episcopales d'Afrique et de Madagascar (SCEAM), a récemment raconté étape par étape comment le rejet de la bénédiction des couples homosexuels a été géré sur le continent africain et au Vatican.

    Dans l'enregistrement d'un entretien publié sur le blog laïc catholique français Le Salon Beige, le cardinal a expliqué ce qui s'est passé en Afrique après que le Dicastère pour la doctrine de la foi (DDF), dirigé par le cardinal argentin Víctor Manuel Fernández, a publié la déclaration Fiducia Supplicans, qui autorise la bénédiction des couples de même sexe et des couples en situation irrégulière.

    Réactions en Afrique

    "Lorsque le 18 décembre, nous avons reçu le document Fiducia Supplicans, signé par le préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi et cosigné par Sa Sainteté le pape François, cela a provoqué une onde de choc en Afrique. Nous ne comprenions pas ce qui se passait au niveau de l'Église. D'ailleurs, d'autres églises qui nous ont appelés nous ont dit : " Nous comptons sur l'Église catholique pour s'opposer à cette idéologie. Or, vous êtes les premiers à autoriser la bénédiction des couples homosexuels". "Vous tous, vous avez souffert pour cela. Beaucoup. Tout le monde a souffert pour cela", a déploré le cardinal.

    "Les réactions ont commencé. Et en toute responsabilité, j'ai écrit à toutes les conférences épiscopales d'Afrique et de Madagascar", a poursuivi Mgr Ambongo, qui est également archevêque de Kinshasa, en République démocratique du Congo. "Les conférences épiscopales ont écrit. J'ai imprimé toutes les réactions de toutes les conférences épiscopales. J'ai fait une synthèse dans un document", a-t-il déclaré.

    Mgr Ambongo a déclaré qu'il avait ensuite écrit une lettre de sept pages au pape François, non seulement en tant que président du SCEAM, mais aussi en tant que "son conseiller, membre du conseil des neuf cardinaux qui accompagnent le pape pour la réforme de l'Église".

    Il s'est ensuite rendu à Rome pour rencontrer le pontife, en expliquant à l'un de ses secrétaires particuliers les raisons de sa venue et en lui remettant toute la documentation qu'il avait rassemblée : les réactions des conférences épiscopales, la synthèse et sa lettre personnelle. Le jour même, le Saint-Père le reçoit : "Le pape était très triste", raconte Ambongo. "Je dois dire qu'il a été le premier à souffrir de toutes les réactions qui sont venues du monde entier. Il en souffre parce qu'il est un être humain. Cela ne le rend pas heureux". "J'ai trouvé un accord avec lui parce que je lui ai dit que la solution à cette question n'est plus de nous envoyer des documents avec des définitions théologiques ou philosophiques des bénédictions. Cela n'intéresse pas les gens. Ce qui intéresse maintenant, c'est une communication qui rassure les populations en Afrique, qui apaise les esprits des fidèles. Et lui, en tant que pasteur, a été touché par cette situation", a poursuivi le cardinal africain.

    Travailler avec Fernández

    Le Saint-Père a mis Mgr Ambongo en contact avec Mgr Fernández, qui a accepté de travailler avec lui le lendemain au DDF, "le dicastère le plus important du point de vue de la foi catholique". "Avec le préfet, moi-même devant l'ordinateur et une secrétaire qui écrivait, nous avons préparé un document", a déclaré Mgr Ambongo. "Et nous avons préparé le document en dialogue et en accord avec le pape François, de sorte qu'à chaque moment nous l'avons appelé pour lui poser des questions, pour voir s'il était d'accord avec cette formulation, etc.

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  • RDC après les élections : des cent mille truquages aux cent mille défis de Félix Tshisekedi

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    Le titre de l’article est de Belgicatho, et celui-ci une excellente synthèse proposée par Christophe Rigaud, journaliste, directeur du site Afrikarabia consacré à l'actualité en République démocratique du Congo (RDC) et en Afrique centrale:

    Biden IMG-20211030-WA0038.jpg"Félix Tshisekedi a dû savourer sa cérémonie d’investiture, samedi, dans un stade des Martyrs plein à craquer et devant une vingtaine de chefs d’Etat et de gouvernement. Cette reconnaissance internationale était une première pour un président congolais dont les prestations de serment étaient le plus souvent boudées pour ses pairs africains et ses partenaires internationaux. Malgré la contestation de l’opposition qui dénonce toujours un « simulacre d’élection » et un « coup d’Etat électoral », Félix Tshisekedi a pu compter sur la présence de principaux chefs d’Etat de la région, à l’exception du président rwandais, et tenter de redonner ainsi une touche de légitimité à son second mandat.

    Ramener la paix à l’Est

    Une fois passée l’euphorie de sa victoire écrasante à la présidentielle, avec 73,4% des voix, et sa mainmise sur plus de 90% de l’Assemblée nationale, Félix Tshisekedi aura du pain sur la planche. Le président-candidat s’était présenté aux élections avec un bilan des plus maigres, et un seul satisfecit, répété à l’envie : la mise en place de la gratuité de l’enseignement primaire et de l’accès à la maternité. Félix Tshisekedi devra tout d’abord s’attaquer au plus gros échec de son premier mandat : ramener la paix à l’Est. On se souvient qu’en 2019, le tout nouveau président avait fait de sa lutte contre l’insécurité, sa principale promesse de mandat. Il avait même promis « de sacrifier [s]a vie pour que la paix revienne ». Au bout de 5 ans, le conflit à l’Est du Congo a redoublé de violence, la rébellion du M23 a resurgi au Nord-Kivu, les ADF se sont ralliés à l’Etat islamique et le nombre des réfugiés internes a atteint le chiffre record de 7 millions.

    Cinq années d’échec sécuritaire

    Pour juguler une situation sécuritaire en dérapage permanent, Félix Tshisekedi avait lancé plusieurs initiatives, toutes couronnées par un échec cuisant. Le chef de l’Etat s’était d’abord tourné vers l’Ouganda et le Burundi, puis avait tenté de négocier à Nairobi, avant de faire appel à la force régionale de l’Afrique de l’Est, ou de mobiliser des groupes armés anti-M23, baptisés « Wazalendo », pour combattre la rébellion soutenue par la Rwanda. Ces stratégies avaient toute échoué. Félix Tshisekedi, qui a promis pour son second mandat de mettre fin au M23, se trouve donc dans l’obligation de réussir. Pour cela, le président mise sur l’arrivée de nouvelles troupes régionales : celles de l’Afrique australe (SADC), que Kinshasa espère plus offensives que la force est-africaine. Le hic, c’est que le mandat de la mission de la SADC reste des plus flous, et donc sans garanties de combattre réellement sur le terrain le M23.

    Tshisekedi compte sur ses drones et la SADC

    Les premiers soldats de la SADC se sont positionnés autour de Goma et de Sake, la porte d’entrée vers la capitale provinciale du Nord-Kivu. Le but semble être principalement d’empêcher les rebelles d’entrer dans Goma. Pour lutter contre le M23, Félix Tshisekedi dispose depuis peu d’une nouvelle arme : des drones d’attaque chinois. Le 17 janvier, un drone de combat de l’armée congolaise a tué deux commandants du M23, derrière la ligne de front, dans la zone de Kitshanga, dans le Masisi. Cette attaque signe un premier tournant dans le conflit entre l’armée congolaise et la rébellion. Félix Tshisekedi espère pouvoir affaiblir le M23 et avancer sur le terrain grâce à son armée et à ses supplétifs, mais aussi avec les deux sociétés militaires privés engagées par Kinshasa.

    Le cas Nangaa

    Sur le front sécuritaire, Félix Tshisekedi devra également gérer les autres conflits communautaires, dans le Maï-Ndombe, la Tshopo, ou l’ex-Katanga. Autre épine dans le pied de Kinshasa : la nouvelle alliance politico-militaire nouée par le M23 avec Corneille Nangaa, l’ancien président de la Commission électorale (CENI), sous le nom d’Alliance Fleuve Congo (AFC). Cette plateforme est censée servir de vitrine politique au M23 en cas de négociations avec le gouvernement congolais. Car en cas d’échec de sa stratégie offensive, le président Tshisekedi sera dans l’obligation d’ouvrir des discussions avec les rebelles, ce que le président refuse pour l’instant. Mais cela n’exonérera pas Kinshasa de devoir, à court ou moyen de terme, de renouer avec le vrai donneur d’ordre du M23, le Rwanda.

    Le défi du développement

    Le second chantier, et non des moindres, de Félix Tshisekedi, sera celui de l’économie et du social. On se souvient qu’en 2019, Félix Tshisekedi s’était engagé à faire de son pays « l’Allemagne de l’Afrique », à développer l’économie et à créer des emplois. Mais l’inflation grimpe (21%), la croissance plafonne (7%) et le franc congolais continue de se déprécier. Stabiliser la monnaie et relancer l’économie seront donc une priorité, avec notamment la construction d’infrastructures, conditions sine qua non au développement. L’économie est encore largement dominée par le secteur informel et l’argent manque cruellement dans les caisses de l’Etat. Certes, le budget a été porté à 16 milliards de dollars, mais c’est une goutte d’eau pour ce pays de 100 millions d’habitants, grand comme l’Europe occidentale. Les Congolais vivent encore largement en dessous du seuil de pauvreté et le train de vie de l’Etat accapare encore la majorité du budget.

    Combattre « les voleurs »

    Pour lutter contre la pauvreté et mieux redistribuer les recettes de l’Etat, il faudra combattre « le mal congolais » qu’est la corruption. Des initiatives ont été prises avec l’Agence de lutte contre la corruption (APLC) ou la remise en ordre de bataille de l’Inspection générale des finances (IGF) et de la Cour des comptes. Mais, si des procès retentissants pour détournements de fonds publics ont bien eu lieu, les inculpés ont tous retrouvé la liberté ou ont été blanchis. Il faudra donc « dépolitiser » une lutte contre la corruption trop « sélective » pour qu’elle soit efficace. Pendant la cérémonie d’investiture de Félix Tshisekedi ce week-end, le pasteur Roland Dalo a fustigé au micro devant les caciques du pouvoir et le président lui-même « les voleurs et ceux qui s’enrichissent » en ne voyant que « leurs intérêts ». Le message est bien passé, mais, pour l’instant, la lutte contre la corruption reste un voeux pieux et continue de gangrener la société congolaise à tous les étages.

    Un hyper président aux pieds d’argile

    Le dernier chantier de Félix Tshisekedi est politique et se déroulera surtout en coulisse. Le chef de l’Etat devra clarifier sa coalition, qui sera certes ultra-dominatrice dans les deux chambres, mais qui reste un agrégat composite de petits partis qu’il faudra tous récompenser. Félix Tshisekedi devra également trouver la juste place pour ses alliés de poids que restent Vital Kamerhe et Jean-Pierre Bemba, même si le MLC de ce dernier est en net recul aux législatives. D’autant que le patron de l’UNC et celui du MLC n’ont sans doute pas renoncé à briguer le fauteuil présidentiel. Tshisekedi devra canaliser les ambitions de ces deux poids lourds s’il veut mener son second mandat à bon port. La composition du futur gouvernement devra être un subtil dosage entre une nouvelle génération d’hommes et de femmes politiques que va vouloir pousser Félix Tshisekedi et l’ancienne génération toujours en embuscade. Le président a beaucoup de monde à remercier et il y aura également beaucoup de déçus qui seront autant d’épines dans le pied du président.

    Une seconde chance de mieux faire?

    Le second mandat ne sera donc pas un long fleuve tranquille. Le problème de la légitimité de Félix Tshisekedi reste posé. Au tour de passe-passe avec Joseph Kabila pour se partager le pouvoir en 2018, vient s’ajouter le score stratosphérique et quasi-soviétique du dernier scrutin qui interroge tout autant. Il planera toujours un parfum de fraude sur le vote du 20 décembre. Les machines à voter retrouvées chez des particuliers, l’absence de chiffres sur les bureaux de vote réellement ouverts, la prolongation du scrutin pendant six jours… font dire à l’Eglise catholique que « ces élections ont été caractérisées, en général, par la fraude, et la corruption à grande échelle ». Et contrairement à ce que clame le camp présidentiel, les Congolais ne se sont pas vraiment rués aux urnes le 20 décembre : seuls 43% des électeurs ont pu déposer un bulletin dans l’urne, signant ainsi le plus faible taux de participation depuis 2006. Avec ce second mandat, Félix Tshisekedi s’est donc offert une seconde chance de mieux faire à la tête du Congo. Sera-t-il à la hauteur ? Au vu du scrutin chaotique du 20 décembre, on peut dire que c’est plutôt mal parti."

    Christophe Rigaud – Afrikarabia

  • Marche pour la Vie à Paris : l'émergence d'une nouvelle génération pro-vie

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    IVG : à la marche pour la vie, l’émergence d’une nouvelle « génération pro-vie »

    Reportage

    Plusieurs milliers de manifestants, dont de nombreux jeunes, se sont retrouvés dimanche 21 janvier à Paris pour « défendre la vie ». Au cœur des revendications, les débats sur la fin de vie et l’inscription de l’IVG dans la Constitution, qui devrait être discutée à l’Assemblée nationale à partir du 24 janvier.

    21/01/2024

    C’est la première fois qu’Anne-Sophie vient à Paris pour la marche pour la vie. Originaire de Lille, cette membre des Associations familiales catholiques (AFC) n’avait jamais eu l’occasion de rejoindre cette manifestation qui se réunit tous les ans en janvier depuis 2005 pour défendre la vie, « de sa conception à la mort naturelle ». Cette année, c’est sa fille de 17 ans qui l’a convaincue d’y aller.

    Au cœur des préoccupations de cette 19e édition : la loi sur la fin de vie, et l’inscription de l’IVG dans la Constitution, qui sera discutée à l’Assemblée nationale à partir du 24 janvier. « Ma fille, qui veut faire médecine, craint de voir son objection de conscience remise en question. Elle a aussi récemment accompagné sa meilleure amie dans le deuil de sa mère, et a vu à quel point les derniers moments d’une vie sont précieux et doivent être accompagnés. »

    Départ du Saint-Sulpice et drapeaux du Sacré-Coeur

    Autour d’Anne-Sophie, plusieurs centaines de personnes sont réunies sur la place Saint-Sulpice à Paris, au départ du parcours qui les mène jusqu’à Denfert-Rochereau. Difficile de s’entendre au milieu du brouhaha des enceintes, qui diffusent « Stayin’ Alive » des Bee Gees. Les pancartes distribuées aux manifestants évoquent les inquiétudes partagées par ces militants : « Accompagner la mort, pas la donner »« Soigner n’est pas tuer », ou encore « Arrêtez d’emmerder les embryons ». Certains brandissent aussi le drapeau français frappé du Sacré-Cœur. Dans les rangs de la marche pour la vie, les manifestants sont de tous les âges, mais les jeunes sont particulièrement nombreux. Tous répondent au même cri de ralliement scandé au micro : « Génération pro-vie ! »

    Benoît, 29 ans, est venu seul de Grenoble en train. « Je viens renflouer les rangs, je fais ma part. » Proche d’Alliance Vita, le jeune ingénieur se dit inquiet de la direction que prend le gouvernement vis-à-vis des questions de bioéthique. « L’euthanasie est une ligne rouge à ne pas franchir, explique-t-il sous sa casquette “Osez la vie”Quant à l’IVG, la Constitution a un côté sacré. Le fait de sacraliser la mort m’inquiète. »

    « On voit bien qu’on est les seuls dans notre classe à être pro-vie »

    « Quand on croit en Dieu, c’est important de protéger la vie qu’Il nous a donnée », insiste Timothée, 18 ans, étudiant en théologie à Strasbourg et catholique pratiquant, comme la grande majorité des manifestants. Comme beaucoup d’entre eux, aussi, le jeune homme était enfant au moment de La Manif pour tous. De l’autre côté de la place, Fleur et Capucine, étudiantes à Angers, ainsi que leur ami vigneron Arnaud, sont venus à la fois pour manifester et se retrouver. « On voit bien qu’on est les seuls dans notre classe à être pro-vie, avoue Capucine. C’était important de montrer qu’on est toujours là, mais aussi pour nous de voir qu’on n’est pas tout seuls. »

    Outre le rejet de la constitutionnalisation de l’IVG, de la légalisation du suicide assisté et de l’euthanasie, les organisateurs réclament une échographie obligatoire dès la sixième semaine de grossesse, permettant d’« entendre battre le cœur du fœtus », ou encore un délai de réflexion de trois jours avant toute IVG. Selon les derniers chiffres officiels, 234 300 IVG ont été enregistrées en France en 2022, soit 17 000 de plus qu’en 2021. « Il faut aussi encourager l’accouchement sous X en accompagnant les mères, rappelle Hedwige, 20 ans, venue du Mans. Emmanuel Macron veut enclencher une dynamique de natalité : il s’agirait de commencer par protéger la vie qui est déjà là ! »

  • Le déclin démographique manifeste le déclin de notre civilisation

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    De Paul Melun sur le Journal du Dimanche via le site Memorabilia :

    Derrière le déclin démographique, celui de notre civilisation.

    En nous privant jusqu’au débat sur la spectaculaire baisse de la natalité pendant des années, le camp progressiste a commis une lourde erreur dont les conséquences pourraient être funestes, analyse notre chroniqueur, l’essayiste Paul Melun.

    18/01/2024

    La démographie est le sujet tabou depuis des décennies. Sa seule évocation peut exposer aux pires procès d’intentions de la part du camp de la bien-pensance et du politiquement correct. Il s’agit pourtant de l’élément central permettant de mesurer de façon anthropologique, l’état profond d’une civilisation. En nous privant jusqu’au débat sur ce sujet pendant des années, le camp progressiste a commis une lourde erreur dont les conséquences pourraient être funestes.

    À LIRE AUSSI : 69 % des Français opposés au recours à l’immigration pour relancer la natalité

    Lors de sa conférence de presse de mardi, Emmanuel Macron a pourtant semblé vouloir braver l’interdit, appelant au « réarmement démographique » du pays. Le président l’a qualifié de « tabou du siècle »et a annoncé un « grand plan de lutte » contre l’infertilité, « ce fléau ». Toute la question est de savoir si aux mots, le chef de l’État joindra les actes, et surtout quelles seront les mesures de son plan.

    Aujourd’hui, les faits statistiques sont particulièrement alarmants. En 2023, 678 000 bébés ont vu le jour en France. Cela représente une baisse de 6,6% par rapport au dernier bilan. Le nombre moyen d’enfants par femme est de 1,68 aujourd’hui, tandis qu’il était de plus de 5 enfants par femme dans les années 1950.

    L’hiver démographique concerne l’ensemble de l’Europe

    La plupart des pays développés connaissent des tendances similaires. L’hiver démographique concerne l’ensemble de l’Europe, mais aussi la Corée du Sud ou le Japon. L’Allemagne, qui subit une importante baisse de sa natalité, atteint un taux particulièrement faible en 2022 à 1,46 enfant par femme. Sans le recours à l’immigration massive, la population allemande aurait baissé dès 1972. De l’autre côté de la Méditerranée, sur le continent africain, les chiffres de la démographie sont vertigineux. De 800 millions en 2000, le nombre d’Africains devrait passer à 4,5 milliards en 2100, selon les Nations unies.  

    Cet immense déséquilibre entre le Sud et la plupart des pays occidentaux représente le défi majeur du XXIème siècle et entraînera de fortes perturbations migratoires, économiques et géopolitiques. Si l’on veut agir pour « réarmer » la France, comme le dit le président, il faut donc interroger les causes profondes de l’infertilité.

    Les facteurs environnementaux représentent une importante menace pour la fertilité. De nombreuses études pointent la responsabilité des perturbateurs endocriniens que l’on retrouve dans les emballages, les conservateurs, les insecticides, etc. À en croire les analyses scientifiques, les hommes des pays développés auraient subi de plein fouet les conséquences de l’évolution des modes de vie et de consommation depuis les années 1970.  

    Le chef de l’Etat a fait le choix d’adopter l’idéologie mondialiste et ses avatars

    Si les facteurs environnementaux sont probablement responsables d’une part du déclin démographique, d’autres facteurs sociaux, généralement occultés, méritent pourtant d’être posés, à commencer par le virage individualiste. Il engendre de nouveaux modes de vies et une transformation sans précédent du rapport au collectif, à la famille. L’homme moderne croit en sa liberté, en ses choix. Contrairement à ses ancêtres, il vit bien davantage pour lui que pour ses enfants, sa patrie, ses pairs. Il s’agit là d’un changement de paradigme qu’il ne faut pas négliger, car il provoque le retardement, voir le renoncement, à donner la vie.

    Si le président de la République veut agir sur les causes profondes de la baisse de la natalité, il ne pourra faire l’économie de questionner les valeurs de l’Occident, son rapport à l’individualisme. Cela semble être une impossible gageure. Le chef de l’État a fait le choix d’adopter l’idéologie mondialiste et ses avatars : la société de consommation et l’idéologie woke. Ce logiciel est le principal carburant de l’individualisme, et donc de la baisse de la natalité.  

    Emmanuel Macron et les autres dirigeants occidentaux pourraient donc aller chercher ailleurs les remèdes à la baisse la natalité. Deux leviers semblent actionnables. Le premier consiste à lutter contre les facteurs environnementaux. Limiter l’usage des perturbateurs endocriniens de façon massive signifierait limiter, au moins à court terme, la productivité et la croissance des entreprises. Ce levier semble donc peu probable à ce stade.

    L’immigration pour relancer la natalité ?

    Reste un second levier, l’immigration. Vieille recommandation du FMI et de la plupart des institutions internationales et européennes, instrument privilégié de l’Allemagne ou de la France, c’est bien ce levier qui sera privilégié dans les prochaines décennies.  

    Si une majorité des peuples occidentaux est farouchement hostile à l’immigration massive (69% des Français sont opposés au recours à l’immigration pour relancer la natalité, selon un sondage), le chef de l’État et ses homologues préféreront certainement bafouer la volonté populaire sur ce plan. Le refus systématique d’un référendum sur l’immigration illustre bien ce mutisme des élites face aux peuples.  

    Le « réarmement démographique » que le président appelle de ses vœux sera surtout un grand réarmement pour l’immigration massive. Une fois de plus, le destin du peuple pourrait être scellé dans son dos et contre ses intérêts.

    Malheurs aux civilisations qui, comme Rome jadis, vont chercher ailleurs ce qu’elles ne savent plus faire ici.

  • France : la Marche pour la Vie 2024 répond aux urgences de l'actualité

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    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    Marche pour la vie 2024 : une mobilisation d’actualité

    19 JAN, 2024

    La Marche pour la vie aura lieu dimanche 21 janvier à Paris. « En 2024, notre combat sera encore et toujours d’actualité. Inscription de l’avortement dans la Constitution et légalisation de l’euthanasie ou du suicide assisté sont les deux menaces qui pèsent sur la vie humaine en France » explique Aliette Espieux, porte-parole de la Marche pour la vie. « La pression des deux lois en préparation » pousse à la mobilisation.

    « L’inscription dans la Constitution est dangereuse »

    Le projet de loi visant à constitutionnaliser l’avortement a été examiné le 16 janvier en commission à l’Assemblée nationale (cf. IVG dans la Constitution : le projet de loi adopté en Commission à l’Assemblée nationale). Il sera discuté en séance publique le 24 janvier (cf. IVG dans la Constitution : le projet de loi à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale le 24 janvier). Le texte est ensuite attendu le 26 février au Sénat. Le Gouvernement espère réunir les parlementaires en Congrès le 5 mars pour adopter le texte quelques jours avant la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars (cf. Inscrire l’avortement dans la Constitution : une priorité en 2024 ?).

    ll y a eu 234 200 avortements en 2022  rappelle Aliette Espieux, porte-parole de la Marche pour la vie (cf. France : 234 300 avortements en 2022). « Cette liberté fondamentale viendra nécessairement s’opposer à la liberté fondamentale de certains médecins à ne pas pratiquer l’IVG. C’est en cela que l’inscription dans la Constitution est dangereuse » alerte-elle (cf. « L’inscription de l’IVG dans la Constitution menace la liberté de conscience du personnel médical »).

    Opposée au texte, la Marche pour la vie propose de réaliser « une étude sur l’IVG (..) pour mieux comprendre les causes et les conséquences de l’avortement ». Elle demande également la mise en place d’une politique familiale pour « combattre la précarité et accompagner tous les parents pour que l’IVG ne soit jamais un choix réalisé pour des raisons économiques » (cf. « L’avortement est largement le résultat d’un ensemble de circonstances dont la société est en partie responsable »).

    Mobilisation pour le développement des soins palliatifs

    Autre réforme, celle de la fin de vie (cf. Fin de vie : « la volonté exprimée par le président de la République sera tenue »). Plusieurs fois reportée, la présentation du projet de loi devrait avoir lieu au mois de février, un an après la Convention citoyenne (cf. Fin de vie : La Convention citoyenne rend sa copie). Les contours principaux du texte laissent plus que « songeurs » (cf. Projet de loi sur la fin de vie : « le mépris affiché à l’égard de soignants désormais qualifiés de secouristes à l’envers »). Aliette Espieux s’indigne : « aujourd’hui, la première réponse du Gouvernement face aux souffrances d’un patient consisterait en une piqûre létale ».

    La Marche pour la vie appelle à la mobilisation pour le développement des soins palliatifs. « Aujourd’hui, 26 départements manquent encore de structures de soins palliatifs » dénonce la porte-parole du mouvement (cf. Fin de vie : Les soins palliatifs, « parent pauvre de la médecine »). « Des milliers de demandes de prises en charge sont refusées, faute de places. Il n’est pas normal également que nos personnes âgées soient seules. Le Gouvernement fait des lois à côté de la plaque » (cf. Fin de vie : « à vouloir légiférer de façon (pseudo) compassionnelle », on permet une « épouvantable aberration »).

  • Des milliers de militants anti-avortement se sont retrouvés vendredi sur le National Mall à Washington pour la 51e édition de la Marche pour la vie

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    De Jaclyn Diaz sur npr :

    Il fait froid et il neige à Washington, mais la Marche pour la vie continue - après la fin de l'arrêt Roe.

    19 janvier 2024

    Des milliers de militants anti-avortement se sont retrouvés vendredi sur le National Mall à Washington pour la 51e édition de la Marche pour la vie, le deuxième rassemblement de ce type depuis la fin de l'arrêt Roe v. Wade aux États-Unis.

    Les marcheurs, jeunes et moins jeunes, venus de tout le pays, ont bravé les températures négatives - environ 30 degrés Fahrenheit en début d'après-midi - et parfois de fortes chutes de neige pour porter des pancartes et des affiches faites à la main avec des slogans contre l'avortement sur un parcours qui les a conduits devant le Capitole et la Cour suprême des États-Unis.

    C'est là qu'en 2022, les juges ont annulé l'arrêt Roe v. Wade, mettant ainsi fin à la protection fédérale de l'accès à l'avortement. Alors que la Marche pour la vie de l'année dernière était plutôt un tour de victoire après cette décision, les organisateurs et les marcheurs se sont rendus à Washington cette année avec une attention renouvelée pour la suite de leur cause. Ceci alors que le pays est à quelques mois d'une élection présidentielle où les questions liées à l'avortement pèseront probablement lourd pour les électeurs.

    "Nous n'avons pas fini. Nous continuerons à marcher chaque mois de janvier au niveau national, ainsi que dans nos États, jusqu'à ce que les lois de notre pays reflètent la vérité fondamentale selon laquelle toute vie humaine est créée égale et mérite d'être protégée", a déclaré la présidente de la Marche pour la vie, Jeanne Mancini, lors d'un rassemblement avant que les marcheurs ne défilent dans le centre-ville de Washington.

    "Nous marcherons jusqu'à ce que l'avortement soit impensable", a déclaré Mme Mancini. Cette phrase a été souvent répétée par d'autres orateurs et manifestants.

    Les organisateurs de la manifestation et d'autres orateurs ont indiqué que cela signifiait qu'il fallait s'attacher à modifier les lois des États pour restreindre davantage l'accès à l'avortement.

    Lorsque l'arrêt Roe a été annulé, la décision concernant l'accès à l'avortement a été prise par les États respectifs. Depuis lors, plus d'une douzaine d'États ont adopté des interdictions totales ou quasi-totales de l'avortement. D'autres voient leurs politiques restrictives contestées devant les tribunaux.

    Des manifestants comme Kathy Johnston, qui s'est rendue à Washington depuis l'Ohio, pensent que la décision Dobbs n'est pas allée assez loin. "Mais je pense que nous étions tous conscients que cette décision allait simplement faire passer le problème du niveau national au niveau de l'État et que le combat n'était pas terminé", a-t-elle déclaré, ajoutant que la question de l'accès à l'avortement est désormais placée, à juste titre, au niveau de l'État.

    À la suite de l'annulation par la Cour suprême du droit constitutionnel à l'avortement, les défenseurs du droit à l'avortement ont déployé des efforts concertés pour soumettre la question directement aux électeurs par le biais d'initiatives électorales et d'autres mesures visant à inscrire des protections dans la législation des États.

    Des États comme l'Ohio ont soumis le droit à l'avortement à la décision des électeurs. Dans les cas où cela s'est produit, les partisans de l'avortement ont perdu. En novembre dernier, les électeurs de l'Ohio ont approuvé un amendement à la constitution de leur État visant à garantir le droit à l'avortement et d'autres droits génésiques.

    C'est pourquoi les militants anti-avortement se préparent encore à une "longue, très longue lutte" pour mettre fin à l'avortement, a déclaré Leszek Syski, un marcheur du Maryland qui participait à son 50e rassemblement de la Marche pour la vie. "En fin de compte, nous ne voulons pas seulement rendre l'avortement illégal", a-t-il déclaré. "Nous voulons rendre l'avortement impensable.

    D'autres participants à la Marche pour la vie, comme Julie Womer, originaire de l'Iowa, continuent de penser qu'une action du gouvernement fédéral visant à restreindre l'avortement de manière générale est l'avenir idéal pour les partisans de la lutte contre l'avortement comme elle. "Il serait formidable que la vie soit protégée au niveau national et que chaque État n'ait pas à se débrouiller seul", a déclaré M. Womer. "Mais je pense que dans l'immédiat, si les États sont en mesure de protéger la vie sur leur territoire, c'est aussi un grand pas en avant.

  • Allemagne : des dizaines d'églises fermées

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    De zenit.org :

    Allemagne : Environ 130 églises en moins au cours des cinq dernières années

    De multiples causes

    L’enquête sur les diocèses catholiques de Bavière, réalisée par une agence de presse allemande, indique qu’à la fin de l’année 2023, plusieurs églises de l’archidiocèse de Munich, du diocèse de Freising et du diocèse de Würzburg ont fermé leurs portes. Il s’agit également d’une indication importante de la situation des catholiques en Allemagne.

    En 2022 déjà, Christoph Strack, spécialiste de l’état de l’Église chez DW News, soulignait qu’« un habitant sur deux en Allemagne n’appartenait plus à aucune des deux grandes Églises, évangélique et catholique : il y a aujourd’hui 41 millions de fidèles, soit nettement moins de la moitié de la population. Même longtemps après la réunification de l’Allemagne, la République fédérale se considérait encore comme un pays chrétien ».

    Le 30 décembre 2023, l’église Saint-Benoît d’Ebenhausen, à Schäftlarn, a été fermée en raison du coût élevé des réparations de la toiture, bien que la décision soit exceptionnelle car l’archidiocèse de Munich est assez riche. Il est vrai que les coûts très élevés et la baisse des revenus de ces dernières années ont entraîné la fermeture de dizaines d’églises catholiques en Allemagne. Mais ce n’est pas la seule cause.

    Il y a aussi une baisse du nombre de fidèles, avec 1,3 million de catholiques qui ont abandonné la pratique de la messe dominicale, des baptêmes et des enterrements religieux entre 2019 et 2022. Les efforts de l’Église allemande pour défendre des mesures telles que la bénédiction des couples homosexuels ou l’ordination des femmes à la prêtrise et les changements proposés par le synode national apparaissent comme des leviers pour attirer davantage de personnes dans la vie ecclésiale. Mais ce sont plutôt d’autres résultats qui sont visibles.

    Les fermetures d’églises dans les petites villes de Rüdenhausen et Sommerhausen s’ajoutent aux autres lieux de culte abandonnés, avec un total de 131 églises catholiques fermées, dont 126 ont disparu au cours des cinq dernières années. Certains diocèses minimisent la situation, comme à Eichstätt, où l’église Sainte-Monique d’Ingolstadt a été fermée pour éviter qu’elle ne soit profanée. Le porte-parole de l’archidiocèse de Bamberg a souligné que « même pas une douzaine d’églises ont été vendues ou données au cours des 10 à 15 dernières années. Ce chiffre est extrêmement bas et montre que les églises consacrées n’ont été désaffectées que dans des cas tout à fait exceptionnels ».

    Christoph Strack a également souligné que, selon le Religion Monitor de la Fondation Bertelsmann, publié en décembre 2022, un membre de l’Église sur quatre en Allemagne envisageait de la quitter. Et 81 % de ceux qui envisagent de franchir le pas ont perdu confiance dans les institutions religieuses à cause des scandales. Selon les données de la Conférence épiscopale, le nombre d’apostats n’a jamais été aussi élevé.

    Il est bon de considérer que, tandis que quelques courants catholiques cherchent à promouvoir la vie de l’Église avec une certaine ouverture d’esprit, la dimension kérygmatique de l’évangélisation est oubliée pour affronter le sécularisme, ainsi que le renforcement de la tradition dans la pratique religieuse familiale, puisque la fidélité à l’Évangile et la vie de la foi au sein des foyers sont les véritables piliers de la vie chrétienne.

    Le retour des fidèles à une vie de foi, demandé par le pape François, par le document d’Aparecida et par de nombreuses conférences épiscopales, dépend moins de l’adaptation du message évangélique à la nouvelle vision de la société, au « monde » en tant qu’ennemi de la Bonne Nouvelle, que de l’engagement des chrétiens dans l’expérience de la proximité de Jésus-Christ et du témoignage exemplaire dans la vie des valeurs évangéliques.