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Société - Page 15

  • Wikipedia : une fabrique de la désinformation qui peut être corrigée

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    De Stanislas Gabaret sur la Sélection du Jour :

    Wikipédia : un laboratoire de la désinformation qui peut être corrigé

    Forte d'un succès fulgurant depuis son lancement le 15 janvier 2001, Wikipédia vient de célébrer son 24e anniversaire. Consultée environ 500 millions de fois par jour, l'encyclopédie collaborative en ligne offre — en apparence — une information neutre, fournie et précise. Mais dans la réalité, sur Wikipédia comme dans la rue, les militants actuels — souvent d'extrême gauche — font passer leurs idées avec une efficacité redoutable.

    Elle est le premier résultat qui s'affiche après une recherche sur internet. Wikipédia est devenue « La » référence des encyclopédies en ligne avec un concept révolutionnaire : n'importe qui peut écrire sur n'importe quel sujet, à condition de respecter les principes fondateurs du site. Les articles nouvellement créés sont aussitôt mis en ligne avec une seule règle d'or : le contenu doit rechercher la neutralité et s'appuyer sur des sources fiables et vérifiables. Dans sa version francophone, l'encyclopédie compte 3,8 millions de visiteurs et voit environ 17 000 contributeurs effectuer au moins une modification dans le mois. Pourtant, ce chiffre est en baisse, laissant la place à un noyau restreint d'utilisateurs actifs et aux militants les plus virulents. C'est regrettable, d'autant plus que la plateforme repose sur la collaboration de tous : chacun, en tant que simple utilisateur, peut modifier les pages, sauf celles qui sont protégées.

    Les 150 administrateurs de la plateforme — bénévoles pour la grande majorité d'entre eux — empêchent le vandalisme et peuvent réguler la diffusion de fausses informations. Mais ils ne sont pas partout ni forcément exempts de partis pris. L'outil est pourtant apprécié : Wikimédia France (l'association qui finance Wikipédia dans notre pays) a eu l'agrément de l'Éducation Nationale et reçu près de 600 000 € de dons de particuliers en 2022. Une récente enquête du Point (en sélection) permet d'en savoir plus.

    Entreprises, personnalités, sujets divers et variés… Les exemples regorgent de pages modifiées par des groupes suivant un agenda idéologique. Ceux-ci ont recours à un faisceau de sources selon eux tout à fait fiables. On y retrouve Télérama, Mediapart, Arrêt sur images, Reporterre, Libération… C'est sur ce dernier que la page dédiée aux OQTF se fonde pour affirmer qu'il « n'y a pas de lien entre OQTF et délinquance ». Avant l'enquête du Point, un contributeur sous pseudonyme, identifié comme chimiste dans un laboratoire du CNRS à Marseille, avait pris soin de supprimer de cette même page la référence aux affaires de la petite Lola et de la jeune Philippine. Ces deux jeunes filles avaient respectivement été tuées par une Algérienne et un Marocain qui étaient sous l'obligation de quitter le territoire. Le profil de plusieurs contributeurs/activistes correspond à celui d'individus diplômés du supérieur qui ne s'investissent pas forcément dans leurs domaines de compétence, mais plutôt dans des croisades personnelles. Un autre exemple est celui d'un certain « Factsory » — maître de conférences en informatique à l'université de Lille — qui s'est entêté à présenter le glyphosate comme produit cancérogène, contre l'avis de l'Agence européenne des produits chimiques.

    En 2021 (voir LSDJ n°1367), le cofondateur de Wikipédia, Larry Sanger, expliquait que son but originel était d'aider les visiteurs à se faire leur propre opinion, avec — sur un sujet controversé — une présentation équilibrée de différents points de vue. Mais il déplorait en même temps que les équipes de modérateurs se soient politisées. Selon l'un des membres du conseil d'administration de Wikimédia Canada, « on laisse subsister de l'information qui n'est pas toujours fiable, mais on fait le pari que d'autres vont améliorer ce qui est imparfait ». Pari raté souvent, du moins quand les groupes militants ne trouvent pas de contrepoids de la part d'avis politiques divergents.

    Cela se vérifie dans les pages consacrées aux médias de droite, fondées pour la plupart sur l'avis d'une presse recouvrant tout le spectre de la gauche, jusqu'à la plus radicale. Ainsi, Le Point est taxé d'« islamophobe » (la source mentionnée est l'étude d'une universitaire, militante LGBTIQ+ et auteur d'une thèse sur la discrimination à l'embauche des musulmans), Causeur « classé à l'extrême droite » (selon Le Monde, L'Obs, Libération, Les Inrocks, Télérama, Arrêt sur images,...) ou Valeurs Actuelles, qualifié de « faussaire » dans son traitement du réchauffement climatique (selon Basta !, Mediapart, Politis et Reporterre). L'inverse ne se vérifie pas, la presse de gauche n'est pas décrite en fonction de son homologue de droite : la page consacrée au site web Arrêt sur images est un cas d'école, tellement elle est lisse. Pourtant, son fondateur est l'un des journalistes qui a le plus flatté la complaisance de gauche envers l'islamisme.

    Sur Wikipédia, Jordan Bardella est à la tête du « principal parti d'extrême droite en France », avec — en hyperlien sur l'expression « extrême droite » — la définition suivante : « une droite de refus, de rejet. Rejet des institutions gouvernementales ou constitutionnelles, rejet de la démocratie, haine des étrangers (xénophobie), remise en cause de l'ensemble des institutions civiles, administratives, sociales, économiques et religieuses […]. » Voilà ce pour quoi voteraient près de 11 millions d'électeurs du Rassemblement National, alors même que le leader du RN n'a jamais été condamné pour de tels positionnements et qu'un parti qui les revendiqueraient aujourd'hui serait interdit. Dans le même temps, l'encyclopédie évite de qualifier Jean-Luc Mélenchon de leader d'extrême gauche, même si elle se montre critique à certains égards…

    Le traitement est le même sur la page en anglais des personnalités américaines. Les portraits d'Elon Musk ou Donald Trump sont nourris par ceux qu'en font leurs opposants. Le second a notamment droit à la description la plus acerbe : « Plusieurs universitaires et historiens le classent comme un des pires présidents de l'histoire américaine [...]. Bon nombre de ses commentaires et actions ont été qualifiés de provocateurs sur le plan racial, racistes et misogynes. Il a promu des théories du complot et fait des déclarations fausses et trompeuses [...], à un niveau sans précédent dans la politique américaine. » Ses affaires judiciaires sont soigneusement rappelées, mais aucune mention du fait qu'il soit le seul président américain à ne pas avoir déclenché de guerres depuis près de quarante ans.

    La page consacrée à Joe Biden est nettement moins critique, ce qui est logique dans la mesure où les avis sur son image publique reposent sur le New York Times et non sur ce qu'en pensent les Républicains. Celle de son fils Hunter omet les éléments les plus gênants découverts sur son ordinateur portable. Kamala Harris bénéficie elle d'une description qui pourrait presque paraître élogieuse. Son rôle comme première vice-présidente femme, à la fois afro-américaine et d'origine asiatique, est particulièrement mis en avant, contrairement aux raisons de sa défaite calamiteuse face à D. Trump.

    Face à ces pratiques d'orientation idéologique, voire de désinformation, quel avenir se dessine pour Wikipédia ? Renoncer à sa démocratisation pourrait être contre-productif. Cependant, qu'est-ce qui empêche tout un chacun de contrebalancer l'information parfois biaisée du site en apportant, autant que faire se peut, des contenus objectifs et fiables ?

    Wikipédia, plongée dans la fabrique d’une manipulation

    >>> Lire l'article sur le site du Point

  • Du vote de la loi Veil à l’inscription de l’avortement dans la Constitution

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    De gènéthique.org :

    De la loi Veil à l’inscription de l’avortement dans la Constitution

    16 janvier 2025

    Il y a 50 ans, le 17 janvier 1975, la loi Veil était adoptée par l’Assemblée nationale. L’année dernière, l’avortement était inscrit dans la Constitution. Petite rétrospective en quelques étapes clés du processus qui a conduit à graver dans le marbre constitutionnel une mesure prise au départ à titre temporaire.

    17 janvier 1975 : L’Assemblée nationale adopte la loi dite Veil, du nom de la ministre qui l’a défendue après des débats houleux. L’IVG peut être pratiquée par un médecin à la demande de la femme enceinte, avant la fin de la 10e semaine de grossesse. La loi dépénalise, elle ne légalise pas. En d’autres termes, elle ne crée pas de droit à l’avortement mais une exception à la loi : l’avortement ne fait plus l’objet de poursuites, de peines, tant du côté des femmes que de celui des médecins.

    Pour mémoire, le premier article dispose que « la loi garantit le respect de tout être humain dès le commencement de la vie. Il ne saurait être porté atteinte à ce principe qu’en cas de nécessité et selon les conditions définies par la présente loi ». En 1975, elle est adoptée à titre expérimental pour 5 ans.

    31 décembre 1982 : 7 ans plus tard, non seulement la loi n’est plus en débat mais la loi Roudy prévoit le remboursement de l’IVG par la Sécurité sociale. La solidarité nationale, c’est-à-dire les contribuables, finance désormais les IVG.

    27 Janvier 1993 : Le délit d’entrave à l’IVG est créé par la loi Neiertz. Le fait de tenter d’empêcher une IVG, en perturbant l’accès aux établissements de santé ou en menaçant les femmes souhaitant avorter ou le personnel médical, est passible de deux ans de prison et 30.000 euros d’amende.

    Avril 1999 : La pilule dite « du lendemain » est en vente libre dans les pharmacies, c’est-à-dire qu’il n’est plus besoin de l’intervention d’un médecin, d’une ordonnance pour l’obtenir. Elle sera délivrée gratuitement aux mineures à partir de 2002 et à toutes les femmes depuis 2023.

    Or la dose d’hormones sexuelles administrée en un jour avec la pilule du lendemain est jusqu’à 50 fois plus élevée qu’une pilule ordinaire, qui est, elle, soumise à prescription pour des raisons de sécurité. Par ailleurs, le produit [1] ne « prévient » qu’entre 52% et 85% des grossesses attendues (cf. « Contraception d’urgence » : quelle information des femmes ?).

    4 Juillet 2001 : Le délai légal pour avorter est allongé de 10 à 12 semaines de grossesse. Les mineures qui veulent avorter sont désormais dispensées d’obtenir une autorisation parentale – elles doivent toutefois être accompagnées par un adulte référent.

    17 janvier 2013 : L’IVG est remboursée à 100% pour toutes les femmes. Aujourd’hui, les examens médicaux et l’intervention elle-même sont mieux pris en charge que les frais et les examens liés à la grossesse. La loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) pour 2021 instaurera en outre « le tiers payant intégral » pour toutes les femmes.

    4 août 2014 : La loi pour « l’égalité réelle entre les femmes et les hommes » supprime la notion de détresse dans les conditions de recours à l’IVG et étend le délit d’entrave à l’IVG à l’accès à l’information sur l’IVG. Au passage, l’égalité entre les hommes et les femmes reste toute relative parce que, sur la question de l’avortement, les hommes sont absolument mis de côté. Toute tentative pour s’opposer à l’avortement de l’être conçu avec leurs gamètes tombe sous le coup de la loi sur le délit d’entrave. Ce nouvel élargissement banalise complètement l’IVG qui n’a plus besoin de motif. On est très loin de l’exception à la loi.

    26 janvier 2016 : La loi de modernisation de notre système de santé portée par Marisol Touraine, à l’époque ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes supprime le délai minimal de réflexion d’une semaine. Le texte est voté sur fond de campagne « Mon corps, mon choix, mon droit » qui a été lancée l’année précédente. Très active notamment via les réseaux sociaux, elle veut informer et déculpabiliser. Preuve s’il en fallait que l’avortement n’est pas un acte banal ou anodin et qu’il ne peut s’apparenter à aucun autre acte chirurgical.

    Elle permet également aux sages-femmes de pratiquer des IVG médicamenteuses. Le but est de pallier la pénurie de médecins qui acceptent de pratiquer des IVG. D’ailleurs, l’acte fera l’objet d’une revalorisation financière pour être plus « attractif ».

    20 mars 2017 : La loi étend le délit d’entrave à l’IVG. Elle punit le fait d’empêcher ou de tenter d’empêcher de pratiquer ou de s’informer sur une interruption volontaire de grossesse par tout moyen, y compris par voie électronique ou en ligne.

    A la même époque, en juillet 2017, au cours d’un petit-déjeuner organisé au Sénat, la sénatrice Françoise Laborde présente une étude comparative sur l’IVG dans 8 pays (cf. Analyse comparée des lois sur l’IVG : vers une prise de conscience au Sénat ?). Elle reconnait à cette occasion que les lois françaises, au coude à coude avec la Suède, sont « en pointe ». Pendant ce même petit-déjeuner, Gilbert Barbier, chirurgien et sénateur du Jura, qui a installé le premier service d’orthogénie de France en 1976, se dit « consterné par le nombre d’avortements ».

    Avril 2020 : Prétextant le contexte de « crise sanitaire », le gouvernement saisit la Haute autorité de santé qui choisit d’étendre l’avortement à domicile « jusqu’à la 9e semaine d’aménorrhée ». Auparavant le délai était fixé à 7 semaines maximum. Il décide aussi de favoriser « la téléconsultation pour la prise en charge de l’IVG médicamenteuse »Une mesure « d’urgence » pérennisée en 2022 par voie de décret. Le ministre de la Santé de l’époque, Olivier Véran, n’a pas jugé utile de consulter la représentation nationale.

    Avril 2021 : Un décret autorise les IVG instrumentales à être pratiquées en centre de santé. Et par les sages-femmes, à titre expérimental, suite à un décret paru le 31 décembre. Fin 2023, la mesure devient définitive.

    23 février 2022 : Rejetée trois fois par les sénateurs, la loi Gaillot est définitivement adoptée par l’Assemblée nationale. Sa mesure phare, l’allongement du délai à 14 semaines de grossesse, est déplorée, y compris par les gynécologues. A 14 semaines, l’avortement est « un geste plus dangereux que les médecins n’aiment pas faire […] parce que le fœtus devient plus grand, plus ossifié », alerte Israël Nisand, chef du service de gynécologie-obstétrique du CHU de Strasbourg et président du Collège national des gynécologues et obstétriciens de France.

    Outre cet allongement, le texte instaure de multiples dispositions : délai de 7 semaines de grossesse pour les avortements médicamenteux [2], création d’un répertoire de professionnels pratiquant l’IVG, sages-femmes autorisées à pratiquer des avortements chirurgicaux, suppression du délai de réflexion de 48h, sanction des pharmaciens qui refuseraient de délivrer une « contraception d’urgence ». La suppression de la clause de conscience spécifique est la seule mesure que les parlementaires n’auront pas adoptée. De justesse, car elle avait d’abord été supprimée en première lecture (cf. La clause de conscience : seule rescapée de la « loi Gaillot »).

    8 mars 2024 : « La liberté garantie à la femme d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse » est officiellement inscrite dans la Constitution française. La loi est promulguée par Emmanuel Macron, pour la journée internationale de la femme. Une femme qui est « libre » de subir un avortement, pas de parler de sa souffrance (cf. « Le deuil caché » : un documentaire pour libérer la parole des femmes ayant vécu une IVG).

    La constitutionnalisation de l’avortement serait-elle le point final de l’histoire ? Loin s’en faut. Les militants envisagent systématiquement la prochaine étape, réclamant encore et toujours la suppression de la clause spécifique et l’extension des délais, entre autres mesures. Et galvanisés par le symbole de cette constitutionnalisation, ils entendent porter leur combat au niveau européen (cf. La France inscrit l’avortement dans sa Constitution. Et ensuite ?).

    Ainsi, en 50 ans, l’avortement qualifié de « drame » par Simone Veil est devenu une « liberté » inscrite dans notre Constitution (cf. 50 ans de la loi Veil : l’IVG, un « drame » devenu une « liberté ») et le nombre d’avortements était encore en hausse en 2023 (cf. France : 243 623 avortements en 2023, un chiffre encore en hausse). Où cela s’arrêtera-t-il ?

    L’histoire de la loi Veil et de ses prolongements législatifs invite à une réflexion approfondie. En effet, chaque étape a entraîné des conséquences plus vastes et plus graves que ce qui était annoncé pour la justifier. Et les garde-fous affichés pour rassurer ont été balayés à l’étape d’après. Cette histoire souligne la nécessité, pour les décideurs publics, d’évaluer les implications à long terme des mesures adoptées, d’anticiper l’ensemble de leur portée. Et de maintenir une attention constante à l’éthique.

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    [1] EllaOne/Norvelo

    [2] Certaines mesures sont redondantes avec des décrets pris précédemment, le gouvernement ayant voulu « assurer » leur mise en œuvre sans attendre le vote de la loi Gaillot.

    Lire également : Accès à l’IVG : encore et toujours plus loin ?

  • La dénatalité : un suicide collectif

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    Du site "Pour une école libre au Québec" :

    « Pourquoi la dénatalité est un suicide collectif »

    Chronique d'Eugénie Bastié sur le livre Les balançoires vides de l’économiste Maxime Sbaihi où il fait le point sur les enjeux vertigineux de la crise démographique.

    Notre classe politique est-elle irresponsable ? Il y avait un contraste saisissant cette semaine entre les chiffres catastrophiques de la natalité produits par l’INSEE (le nombre de naissances au plus bas depuis la seconde guerre mondiale) et l’absurde insistance de la moitié des partis politiques français à vouloir abroger une réforme des retraites pourtant minimale. Notre pyramide des âges est en train de s’inverser, le système par répartition est condamné par la dénatalité, mais des politiciens continuent à mentir à leurs électeurs et à sacrifier la jeunesse sur l’autel de promesses intenables.

    « L’exception démographique française n’est plus » résume l’économiste Maxime Sbaihi dans un livre passionnant Les balançoires vides (éditions de l’Observatoire), où il fait le point sur les enjeux vertigineux de la dénatalité. Pendant longtemps, grâce à son modèle culturel (égalité hommes femmes [à voir si cela fut vraiment un facteur décisif]) et social (État providence) la France résistait mieux qu’ailleurs à la tendance globale d’une chute de la natalité. Avec un taux de fécondité historiquement bas à 1,66, c’est terminé. Ouvrir une école c’est fermer une prison disait Victor Hugo.

    En France aujourd’hui, fermer une école c’est ouvrir un Ephad [maisons de retraite médicalisées]. 5000 écoles ont fermé en France depuis 2010, pour 300 maisons de retraite qui sont sorties de terre. La France est un pays vieillissant et le piège de la dénatalité pourrait bientôt se refermer sur elle, avertit Sbaihi. Plus la France vieillit, plus les actifs, qui doivent financer le poids des retraités trinquent. Plus les actifs trinquent, moins ils ont envie de faire d’enfants. Moins ils font d’enfants, plus le pays vieillit, etc… Quand le taux de fécondité descend à 1,4 [le Québec est sous ce seuil!] il devient presque impossible de revenir en arrière.

    Mais après tout, pourquoi est-ce grave ? Certains écolos se réjouissent même de cette nouvelle : moins de bébés, c’est moins de pollueurs. Sbaihi rappelle opportunément à quel point cet argument est de mauvaise foi : « dans l’ordre de grandeur à l’échelle d’une année, un vol transatlantique est plus polluant que d’avoir un enfant ». Avis à Meghan Markle et au Prince Harry qui ont annoncé en grande pompe renoncer à un troisième enfant par « écologie».

    La démographie, c’est le destin, disait Auguste Comte. La stérilité est la mère du déclin. La dénatalité a des conséquences vertigineuses sur l’économie. Un pays vieillissant, c’est un pays précautionneux, qui a peur du risque, qui n’innove plus et qui stagne. Un pays vieillissant, c’est un pays qui s’endette pour financer un modèle social intenable. Un pays vieillissant, c’est aussi un pays où la décision publique est orientée en faveur des électeurs âgés au détriment des plus jeunes, où l’avenir est sacrifié. Jusqu’à présent aucun pays n’a réussi à concilier croissance forte et chut des naissances, sans compenser par l’immigration massive. Le Japon en est un exemple qui a entamé son crépuscule économique en même temps que son crépuscule démographique.

    « O mères françaises, faites donc des enfants, pour que la France garde son rang, sa force et sa prospérité » disait Émile Zola en 1896. Quant à Raymond Aron, il prophétisait dans ses Mémoires : « Les Européens sont en train de se suicider par dénatalité. Les peuples dont les générations ne se reproduisent pas sont condamnés au vieillissement, et du même coup, guettés par un état d’esprit d’abdication, de fin de siècle ». Malheureusement une certaine gauche préfère pratiquer envers le natalisme une reductio ad petainum grotesque et irresponsable. C’est une priorité qui devrait transcender les partis politiques. C’est même la priorité politique par excellence. Car qu’est-ce que la politique sinon le souci des générations futures ?

    Alors peut-on enrayer ce phénomène qui semble à la fois global et irréversible ? Sbaihi explore les trois grandes pistes permettant de pallier la dénatalité : la relance de la procréation, l’immigration et la robotisation. Il n’y a pas de solution miracle. La Hongrie, malgré une politique hyper nataliste n’a réussi que péniblement à relever son taux de fécondité à 1,5 et stagne depuis. L’Allemagne, qui a eu très tôt conscience de sa faiblesse démographique, a importé des millions d’immigrés pour pallier son manque de main-d’œuvre, mais subit aujourd’hui les conséquences d’une intégration impossible. Le Japon a fait le pari de la robotisation, mais les maisons de retraite animées par des androïdes séduisent peu.

    Pourtant il doit y avoir des marges de manœuvre pour réduire l’infécondité involontaire qui subsiste dans notre pays. Le désir d’enfant reste stable en France : 2,2, bien supérieur au taux de fécondité actuel (1,6). Ce hiatus entre la volonté et la réalité prouve qu’il existe une frustration de l’engendrement. A-t-il des racines culturelles ou économiques ? En bon économiste, Sbaihi insiste sur la dimension matérielle: la crise du logement, l’absence de modes de garde abordables, le marasme économique jouent certainement dans l’absence de projection.

    L’essayiste, qui a publié précédemment Le Grand Vieillissement, insiste sur la fracture générationnelle qu’implique la dénatalité. La génération du baby-boom, a profité du dynamisme économique induit par l'essor démographique sans se reproduire elle-même. Elle fait aujourd’hui payer la facture par les générations plus jeunes, grevées par le poids des retraites (un tiers du salaire brut). Rendre aux actifs le fruit de leur travail serait une première mesure nataliste. Mais la dimension anthropologique est centrale. Un article du Financial Times publié cette semaine et intitulé « La récession des relations amoureuses devient mondiale » montre que la chute du couple est l’une des principales causes de la dénatalité. Aux États-Unis, les couples continuent à faire des enfants, mais il y a de moins en moins de couples. En France, les deux tiers des Français vivaient en couple en 1980 contre un peu plus de la moitié aujourd’hui.

    La part des jeunes vivant en couple a été divisée par deux. Il y a 11 millions de célibataires en France. Une révolution des modes de vie liée à la longueur des études, au dogme de l’émancipation individuelle, mais aussi à la technologie qui permet et promeut cette épidémie de solitude. Pour retrouver le chemin de la fécondité, il nous faudra donc retrouver le chemin du lien, de l’amour et de la confiance entre les sexes. Un « chantier » plus ambitieux que celui que veut ouvrir François Bayrou sur la réforme des retraites.

    Les balançoires vides: Le piège de la dénatalité Broché
    de Maxime Sbaihi,
    paru le 15 janvier 202,
    aux éditions de L'Observatoire,
    ISBN-13 : 979-1032930663

  • "Donald Trump doit agir en leader et non en agitateur" (George Weigel)

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    Maximilien Lutz interviewe George Weigel sur le Tagespost :

    « Trump exagère la force de son mandat »

    Donald Trump doit agir en leader et non en agitateur, déclare le théologien américain et biographe du pape George Weigel. Une conversation sur les politiciens messianiques, la « pression réveillée » sur l’Église et l’influence d’Elon Musk.

    16 janvier 2025

    Le théologien et journaliste George Weigel, né en 1951 à Baltimore, dans le Maryland, est l'un des intellectuels catholiques les plus renommés des États-Unis. Il travaille comme chercheur principal au Centre d'éthique et de politique publique de Washington. Weigel a écrit de nombreux livres, dont une biographie du pape Jean-Paul II. Il a reçu dix-neuf doctorats honorifiques et l'ordre papal Pro Ecclesia et Pontifice. Aux Etats-Unis, il analyse régulièrement dans les médias la situation politique de son pays.

    Il y a un peu plus d'un an, le professeur Weigel déclarait que Donald Trump ne serait pas un dictateur - sauf le premier jour de son mandat. Maintenant qu’il est sur le point de prêter serment, qu’attendez-vous de Trump dès le premier jour ? 

    Je pense que nous devrions tous désormais nous préoccuper davantage de ce que fait Trump plutôt que de ce qu’il dit. J’espère voir un discours inaugural qui appelle les Américains à écouter ce qu’Abraham Lincoln a appelé « les meilleurs anges de notre nature » dans son premier discours inaugural. Il est temps que Trump devienne un véritable leader et non un agitateur.

    Lors de l'investiture de Joe Biden en 2021, les évêques américains ont publié une déclaration soulignant l'avortement comme une question prioritaire – ce qui a été considéré comme une critique de la position pro-vie de Biden. Pensez-vous que les évêques publieront cette fois une déclaration similaire, abordant peut-être la position de Trump sur l’immigration ?

    Je ne sais pas ce que prévoit la conférence épiscopale américaine, mais les évêques ont clairement indiqué que l’avortement et l’immigration sont deux questions qualitativement différentes. 

    Comment évaluez-vous l’état d’esprit général des évêques américains à l’égard de Trump ?

    Je soupçonne que de nombreux évêques sont soulagés car ils ne sont probablement plus soumis à la pression réveillée - en particulier sur des questions telles que les LGBTQ+ ou l'idéologie de genre - qui s'appliquait auparavant à l'Église, à ses institutions et à ses représentants sous l'administration Biden. Un gouvernement dirigé par Kamala Harris aurait certainement intensifié cette pression. Dans le même temps, de nombreux évêques sont évidemment déçus que le Parti républicain ait plus ou moins abandonné une position pro-vie cohérente. Bien que cela soit en partie dû au fait que le mouvement pour le droit à la vie n’a pas agi comme un seul mouvement après l’arrêt historique Roe v. Wade a annulé la loi de 1973, qui avait créé un « droit à l’avortement » sans aucun fondement. Par ailleurs, les évêques ont toutes les raisons de s’inquiéter de la rapidité avec laquelle une avalanche d’euthanasie déferle sur le pays, sous le couvert orwellien de « suicide médicalement assisté ». Il me semble très peu probable que l’administration Trump prenne une position claire contre cette attaque contre la vie.

    Trump a longtemps été célébré par le mouvement pro-vie pour avoir nommé des juges lors de son premier mandat qui ont ensuite statué sur l'affaire Roe c. Wade s'est renversé. Qu’attendez-vous de lui désormais en termes de protection de la vie ?

    Le « tournant » de Trump vers la vie pro-vie m’a toujours semblé être une démarche commerciale, même si cette activité a finalement eu un impact positif sur la législation américaine. Trump a raison lorsqu’il souligne que la législation sur l’avortement est désormais de nouveau entre les mains des États, là où elle appartient en vertu de notre Constitution. Il a tort de préconiser un accès quasi-libre à la mifépristone, une pilule abortive, et il a également tort de préconiser la fécondation in vitro (FIV), qui commercialise la reproduction. À ce jour, environ 1,5 million de petits êtres humains ont été créés et le processus de congélation les empêche de vivre.

    Trump a souligné à plusieurs reprises que les électeurs lui avaient donné un large mandat. Cependant, il a également dû faire face à des vents contraires au sein de son parti, par exemple lorsque les républicains du Congrès l'ont contourné et ont évité la fermeture du gouvernement. Le parti va-t-il continuer à lui poser des problèmes dans les prochaines années ?

    Trump exagère la force de son mandat, tout comme il a tendance à exagérer tout le reste. Le Parti républicain constitue actuellement une coalition fragile. Leur gestion constituera un défi majeur pour Trump. Je pourrais facilement l'imaginer déléguer cette tâche à son vice-président, JD Vance.

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  • Inde : les fondamentalistes hindous se déchaînent contre les chrétiens

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    D'Angéline Tan sur la NBQ :

    Inde : les fondamentalistes hindous se déchaînent contre les chrétiens

    Rien qu’en 2024, plus de 70 cas de violence contre les communautés chrétiennes ont été signalés chaque mois, soit une augmentation de 700 % en 10 ans de gouvernement nationaliste. L'État de l'Uttar Pradesh est le plus dangereux. Appel des associations chrétiennes au respect de la Constitution.

    16_01_2025

    Alors que la nouvelle année commence, les chrétiens en Inde sont de plus en plus exposés aux violences des extrémistes hindous du pays, qui estiment que tous les Indiens devraient être hindous.

    Un récent rapport du United Christian Forum (UCF) basé à New Delhi, intitulé « Violence Monitor Report 2024 », a révélé que de janvier à novembre 2024, 745 incidents de violence contre des chrétiens ont été enregistrés à travers le pays.

    Selon le même rapport, sur les 673 cas de violences et de discrimination présumées jusqu'en octobre 2024, seuls 47 ont donné lieu à une action formelle de la police sous la forme de premiers rapports d'information (FIR). Par ailleurs, selon le même rapport de l'UCF, l'Uttar Pradesh est l'État indien où se sont produits le plus grand nombre d'accidents.

    L'UCF a également souligné que le nombre d'incidents violents antichrétiens n'a cessé d'augmenter au cours de la dernière décennie . En 2014, peu avant que le parti nationaliste hindou Bharatiya Janata (BJP) n’accède au pouvoir fédéral, moins de 100 incidents de violence contre des chrétiens ont été enregistrés. Cependant, en 2018, ce nombre s’élevait déjà à près de 300 incidents et augmente chaque année depuis lors.

    « Selon les plaintes reçues via la hotline dédiée, il y a eu 127 incidents en 2014, 142 en 2015, 226 en 2016, 248 en 2017, 292 en 2018, 328 en 2019, 279 en 2020, 505 en 2021 et 601 en 2022 », il a expliqué un communiqué de presse de l'UCF, cité par UCA News .

    AC Michael, coordinateur de l'UCF, a déclaré à UCA News que ces chiffres n'incluent pas les agressions contre les chrétiens et leurs églises dans le Manipur déchiré par la guerre, où les violences sectaires, qui ont débuté en mai 2023, ont fait 250 morts et 60 000 personnes déplacées, pour la plupart Chrétiens.

    "Et tout cela malgré l'article 25 de la Constitution indienne, qui garantit le droit de choisir la religion de son choix", a déclaré Michael, ancien membre de la Commission des minorités de l'Inde, avant de demander au gouvernement du Premier ministre Narendra "d'envisager d'établir une enquête nationale pour examiner les cas croissants de persécution des minorités chrétiennes en Inde.

    Le BJP et les groupes hindous alliés soutiennent l’idée de faire de l’Inde une nation hindoue théocratique et s’opposent aux activités de conversion et même aux missions villageoises, les considérant comme des tactiques visant à convertir les tribus crédules et les villageois socialement pauvres.

    L'UCF a déclaré qu'en plus des incidents de violence qu'elle a documentés, il y avait probablement de nombreux autres incidents qui n'ont pas été signalés par les victimes pour diverses raisons. « La police locale est de connivence avec les auteurs des violences et ferme les yeux sur les crimes commis contre les chrétiens », a déclaré l'association de défense des droits de l'Union populaire pour les libertés civiles (PUCL).

    Le 31 décembre, 30 groupes religieux ont envoyé une lettre au président indien Droupadi Murmu et au Premier ministre Narendra Modi pour les exhorter à une action immédiate et décisive contre les foules violentes menaçant les minorités religieuses, a rapporté UCA News . Les signataires de la lettre comprennent l'avocat de la Cour suprême A.C. Michael, sœur Mary Scaria, l'avocat et président de l'UCF Michael Williams.

    Le 1er janvier, le révérend Vijayesh Lal , secrétaire général de l'Evangelical Fellowship of India (EFI), a déclaré à UCA News que la lettre « met en évidence les abus des lois anti-conversion, les menaces croissantes contre les libertés religieuses et les politiques d'exclusion qui privent les chrétiens dalits de droits statut de caste. »

    « La multiplication des discours de haine, notamment de la part des élus, a poussé la population à commettre des actes de violence contre les chrétiens. La foule a perturbé les rassemblements chrétiens pacifiques et a menacé les chanteurs en toute impunité », a déclaré Lal, faisant allusion à plusieurs incidents survenus pendant la période de Noël.

    «La liberté de distribuer et de vendre des textes religieux comme la Bhagavad Gita (le livre sacré des hindous) aux coins des rues et sur les marchés hebdomadaires est un témoignage des valeurs chères à l'Inde, inscrites dans notre Constitution. Les chrétiens, en revanche, sont régulièrement battus s'ils distribuent la Bible ou même seulement une petite partie de celle-ci", a poursuivi Lal.

    « Ces disparités dans le traitement des différentes confessions portent atteinte à l’article 25 de notre Constitution, qui garantit à tous les citoyens le droit de professer, de pratiquer et de diffuser librement leur religion. »

    Le rapport de l'UCF intervient à un moment où l'on s'inquiète de l'insuffisance de la réponse du gouvernement indien à la violence religieuse, notamment aux incidents violents survenus à Manipur. L'animosité envers les chrétiens s'est accrue lorsque Modi a remporté un troisième mandat en juin 2024, menant son parti Bharatiya Janata (BJP), à orientation hindoue, aux élections nationales indiennes.

    Le nord de l'Uttar Pradesh, l'État le plus peuplé de l'Inde, est devenu l'endroit le plus risqué pour les chrétiens , le gouvernement de l'État, dirigé par le parti Bharatiya Janata (BJP), ayant encore renforcé une loi anti-conversion déjà stricte.

    Le projet de loi de l'Uttar Pradesh sur l'interdiction des conversions illégales de religion (amendement), adopté le 20 juillet 2024, prévoit une peine maximale d'emprisonnement à perpétuité et renforce les dispositions contre les conversions fausses ou forcées. En outre, l'amendement permet à toute personne de déposer une plainte pour violation de la loi, contrairement à ce qui était prévu précédemment, lorsque la plainte ne pouvait être déposée que par la victime de la conversion ou un proche.

  • Quel chemin vers un monde meilleur ?

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    L'analyse qui suit porte sur l'actualité aux Etats-Unis mais le propos peut être élargi sans peine au monde occidental dans son ensemble.

    De James Kalb sur le CWR :

    Quel chemin vers un monde meilleur ?

    Il est difficile de se retirer de la société, mais les catholiques doivent retrouver le sentiment que leur mode de vie doit différer de la vie traditionnelle sur certains points importants.

    Si nous voulons que nos efforts sociaux et politiques soient utiles, leur orientation doit dépendre de la tournure que prend le monde.

    Mais les gens ne savent pas très bien lire les signes du temps. Comme l'a observé Yogi Berra, « il est difficile de faire des prédictions, surtout sur l'avenir ». Et dans ce cas, prédire l'avenir soulève des questions fondamentales sur l'ordre social et politique, ses sources et leur disponibilité aujourd'hui. Ce sont des questions difficiles.

    Il faut pourtant essayer. Les sources les plus fondamentales de l'ordre social sont généralement des liens informels comme la famille, la parenté, les traditions et la communauté locale. Même aux États-Unis aujourd'hui, la plupart des gens sont attachés à ces choses. La plupart d'entre nous vivent à moins d' une heure de route de membres de leur famille élargie, par exemple, et l'Américain moyen vit à seulement 30 kilomètres de sa mère.

    Mais ces liens s’affaiblissent depuis longtemps. Entre 1980 et 2021, la proportion de personnes de 40 ans ayant déjà été mariées est passée de 94 % à 75 %. Et entre 1960 et 1980, le taux de fécondité aux États-Unis a diminué de moitié, pour atteindre 1,8 enfant par femme, soit moins que le taux de remplacement de la population, qui est de 2,1. Et c’est à peu près le niveau actuel : la fécondité plus élevée des immigrés a compensé la baisse supplémentaire des personnes nées aux États-Unis.

    L’appartenance religieuse a également connu une baisse particulièrement marquée au cours des vingt dernières années. Entre 2009 et 2019, la proportion d’Américains s’identifiant comme chrétiens est passée de 77 % à 65 %, tandis que ceux s’identifiant sans religion sont passés de 17 % à 26 %. Ces changements ont touché toutes les tranches d’âge, certaines plus que d’autres, mais tous de manière très importante .

    Les causes probables sont la multiplication des distractions et le déclin du rôle des relations humaines, en particulier du foyer. Ces facteurs sont probablement dus à des développements tels que les appareils permettant d’économiser du temps de travail, les aliments prêts à consommer et les divertissements électroniques, ainsi qu’à l’extension de l’éducation formelle et de la garde d’enfants par des tiers. Ces facteurs ont récemment été amplifiés par Internet et les médias sociaux, qui séparent les gens de leur environnement et rendent les relations humaines transitoires et interchangeables.

    Ces facteurs matériels sont soutenus par le féminisme et la libération sexuelle, qui affaiblissent les liens entre les sexes, ainsi que par un système éducatif et une culture publique qui rejettent les idéaux culturels traditionnels et promeuvent le carriérisme et la gratification individuelle comme les objectifs humains les plus importants.

    Il convient de noter que toutes ces tendances augmentent le pouvoir des milliardaires et des bureaucrates puisqu’elles font des entreprises et des bureaucraties les seules institutions fonctionnelles encore debout.

    Les facteurs idéologiques semblent être très importants. Un sondage réalisé l’année dernière a révélé que 59 % des électeurs de Trump, contre seulement 19 % de ceux de Biden, estimaient que la société se porterait mieux si les gens faisaient du mariage et de la procréation une priorité.

    C’est une différence de taille. Et elle est plutôt étrange, étant donné que les plus fervents partisans de Harris sont les diplômés de l’enseignement supérieur, alors que ce sont les électeurs de Trump qui ont des opinions plus solides sur un sujet de recherche en sciences sociales. L’explication apparente, outre l’intérêt de classe possible à supprimer les institutions traditionnelles, est que l’éducation formelle signifie consacrer du temps, de l’énergie et du talent à assimiler les opinions officielles. Au moins, à certains égards, cela en fait moins une éducation qu’un endoctrinement.

    De même, dans une enquête récente, les femmes ont déclaré qu’elles accordaient plus d’importance à leur carrière que les hommes (74 % contre 69 % déclarant qu’elle était extrêmement ou très importante) et moins au mariage (18 % contre 28 %) et aux enfants (22 % contre 29 % déclarant qu’ils étaient importants).

    Cela paraît surprenant, car dans la vie quotidienne, les femmes semblent plus préoccupées par la famille, les enfants et les relations humaines en général. D’un autre côté, elles semblent également plus préoccupées par les attentes sociales et les sentiments des autres, et peuvent donc être plus affectées par ce que les autres leur disent.

    Les telenovelas brésiliennes , qui mettent en valeur les familles riches, peu d’enfants et fréquentes relations extraconjugales, apportent un soutien concret à l’effet de propagande : là où elles ont été introduites, elles ont démontré qu’elles ont réduit la fécondité et augmenté le taux de divorce.

    Si les relations informelles traditionnelles sont en déclin, en partie à cause des conditions matérielles et en partie à cause de la propagande, pouvons-nous espérer un bon ordre social grâce aux arrangements commerciaux et bureaucratiques qui deviennent de plus en plus dominants ?

    Il semble que non, ne serait-ce que parce que les institutions formelles dépendent des institutions informelles.

    Une société a besoin que les personnes qui la dirigent soient suffisamment soudées pour travailler ensemble et suffisamment intelligentes et compétentes pour gérer les événements de manière appropriée. Elle a également besoin d'une base pour une unité globale, qui est normalement une combinaison d'habitudes et de connexions héritées et d'un système de croyances qui explique pourquoi ceux qui sont au sommet doivent gouverner et le peuple obéir.

    Notre classe dirigeante actuelle – hommes d’affaires, bureaucrates et leurs partisans dans les médias, les universitaires et les professionnels – est unie par l’éducation, les intérêts, une séparation commune de la population générale et une vision sociale commune qui identifie le progrès social à la domination globale de personnes comme eux.

    Cette vision sape les habitudes et les liens hérités et les remplace par des revendications d’expertise scientifique et des promesses d’efficacité, d’égalité et de satisfaction des désirs individuels. En tant que telle, elle est plausible, compte tenu de la foi actuelle dans l’efficacité, l’égalité, la science, la tolérance et le choix individuel, mais elle présente des problèmes fondamentaux.

    En particulier, elle ne laisse aucune place aux biens communs substantiels et est donc incapable de soutenir des idéaux qui permettraient aux gens de vivre. Elle affaiblit intentionnellement les liens humains normaux ainsi que les croyances et les distinctions qui les soutiennent. Lorsque les liens sont trop puissants pour être ignorés, comme dans le cas des liens ethniques, religieux et sexuels, elle tente de les transformer en identités opposées qui luttent pour leur position sociale plutôt que comme des vecteurs de traditions fonctionnelles. Elle veut que les « Latinos » soient un bloc électoral en quête d’avantages sociaux plutôt qu’un complexe de communautés ayant des cultures communes qui les aident à mieux vivre ensemble.

    Le résultat est que les gens deviennent de plus en plus divisés et égoïstes. Cela s’applique aussi bien aux dirigeants qu’au peuple en général.

    L’une des conséquences de cette situation est la dégradation progressive de l’efficacité organisationnelle, les employés faisant des choix en fonction de leurs intérêts personnels ou de groupe plutôt que de la mission commune. Parmi les autres conséquences, on peut citer la corruption et l’incompétence croissantes, l’abandon de l’impartialité par des institutions telles que la science, l’érudition, la justice et les forces de l’ordre, ainsi que la haine et le mépris ouvertement exprimés par des personnalités publiques de premier plan à l’égard de larges pans de la population américaine.

    Malgré tout, un système de gouvernement peut survivre dans une large mesure tant que les gens continuent à y croire. Nos dirigeants semblent susceptibles de s’en tenir à notre orthodoxie politique générale, ne serait-ce que parce qu’ils ne savent pas comment la remplacer tout en préservant leur position. Les membres de la base semblent susceptibles de faiblir dans leur attachement, mais ils ont eux aussi du mal à trouver un remplaçant cohérent. L’orthodoxie établie est trop fermement ancrée dans la pensée et la pratique, et les gens sont trop fragmentés et distraits pour élaborer des alternatives. Les soulèvements populistes peuvent suggérer de nouvelles directions, mais ils manquent en eux-mêmes de la cohérence et de la vision nécessaires à un changement durable.

    Alors que faire ? Il est difficile de se retirer de la société, mais les catholiques doivent retrouver le sentiment que leur mode de vie doit se distinguer de la vie traditionnelle sur certains points importants. Et vu l’importance de la propagande pour soutenir les tendances récentes, ils doivent mener une contre-propagande soutenue et intelligente, qui comprend non seulement des arguments explicites en faveur d’une orthodoxie sociale différente, mais aussi des présentations qui, comme les telenovelas brésiliennes , véhiculent des messages implicites.

    Nous venons de vivre une élection qui a ébranlé les orthodoxies établies, et d’autres signes montrent que les tendances progressistes sont en perte de vitesse et que des alternatives gagnent en force et cherchent à se faire entendre. C’est donc le moment idéal pour une contre-attaque bien réfléchie.

    On dit que Vatican II a voulu ouvrir les fenêtres de l’Église au monde. Mais le monde séculier, en fait, est fermé sur lui-même et sans air. Nous ne pouvons pas compter sur lui pour trouver le salut. Notre tâche est de nous connecter plus étroitement à nos propres sources de salut et d’ouvrir les fenêtres du monde à ce qui se trouve au-dessus de lui.

    Mais telle était, après tout, l’intention ultime du Concile Vatican II. Il est temps maintenant que les laïcs et le clergé la mettent en pratique.


    James Kalb est avocat, chercheur indépendant et converti au catholicisme. Il vit à Brooklyn, New York. Il est l'auteur de The Tyranny of Liberalism (ISI Books, 2008), Against Inclusiveness: How the Diversity Regime is Flattening America and the West and What to Do About It (Angelico Press, 2013) et, plus récemment, de The Decomposition of Man: Identity, Technocracy, and the Church (Angelico Press, 2023).

  • Le plus grand scandale de l'histoire britannique contemporaine...

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    De Ludovic Lavaucelle sur la Sélection du Jour :

    Le martyre de milliers de petites anglaises qu'on a voulu cacher

    Le plus grand scandale de l'histoire britannique contemporaine... On savait depuis une vingtaine d'années que des gangs pakistanais avaient abusé de jeunes filles blanches mineures. Une chape de plomb était maintenue sur cette affaire. Or, une enquête de GB News a été relayée par Elon Musk obligeant le gouvernement à réagir. En l'accusant d'intervenir en faveur de l'extrême droite...

    Le scandale n'est pas nouveau… Il a fait surface — sporadiquement — depuis le début des années 2000. Des milliers de filles mineures issues des classes populaires résidant dans les anciennes terres ouvrières du nord de l'Angleterre ont été droguées, torturées et violées par des gangs. Des gangs très majoritairement composés de Pakistanais. Péniblement, durant la décennie qui vient de s'écouler, des témoignages ont filtré. Mais les lanceurs d'alerte dans les villes concernées ont été traités de « racistes » et d'« islamophobes », voire ont même reçu des menaces. Les médias qui ont parlé de ces faits en réclamant une enquête publique ont été catégorisés comme des relais de l'extrême droite. Au moins 50 villes seraient concernées et l'on estime aujourd'hui que les premiers faits remontent aux années 70. Personne n'est capable d'établir le nombre exact de victimes, dans des régions délaissées où le chômage et la drogue font des ravages. La petite ville de Keighley (West Yorkshire) est au centre des attentions depuis qu'Elon Musk a utilisé son réseau X pour relayer l'enquête menée par Charlie Peters, un jeune journaliste de GB News (voir son interview par UnHerd). Dès 2002, la députée travailliste Ann Cryer avait courageusement tenté de faire la lumière après avoir reçu plusieurs dizaines de mères désespérées. Leurs filles avaient été enlevées, droguées et violées ; la police les traitait de « prostituées » et refusait d'intervenir. Ann Cryer avait rapidement fait face à des menaces, sans aucun soutien des autorités de son Parti. Ce n'est qu'en 2016 qu'une douzaine d'agresseurs avaient été arrêtés.

    La Parti conservateur a donc demandé une enquête publique concernant un scandale qui prend une dimension gigantesque. Or, le Parlement dominé par les Travaillistes du Premier ministre Keir Starmer a rejeté cette demande le 9 janvier dernier. L'affaire est très gênante pour le Parti au pouvoir, dont les instances locales sont accusées d'avoir couvert les multiples plaintes au nom du « vivre ensemble ». Le gouvernement utilise deux arguments. D'abord, que ce type d'enquête devrait être local (les autorités locales ont jusqu'à présent refusé de poursuivre en arguant que l'affaire était nationale). Ensuite, qu'un grand rapport national a déjà été publié en octobre 2022 (IICSA). Sauf que cette enquête a pris 7 ans avant de faire 20 recommandations — qui ne sont pas encore mises en place — et que l'affaire des gangs fait seulement l'objet d'un paragraphe au sein de centaines de pages. Seules 6 des 50 villes concernées y sont citées… Keir Starmer a été visé directement par Elon Musk sur son réseau X. Le Premier ministre britannique a menacé les députés travaillistes de les exclure du Parti s'ils ne votaient pas contre la demande d'enquête publique. Starmer est d'autant plus embarrassé qu'il était à la tête du Parquet britannique (« Crown Prosecution Service ») de 2008 à 2013. Rien n'a été fait sous sa direction pour faire la lumière sur les affaires d'enlèvements et de viols qui remontaient du terrain. Pire ! C'est sous son autorité que le Parquet avait refusé de s'impliquer, arguant que la première petite victime ayant porté plainte n'était « pas fiable ».

    La réaction du gouvernement britannique est de brocarder le lanceur d'alerte. Elon Musk est accusé d'interférer dans des affaires intérieures du Royaume-Uni. Starmer et de nombreux grands médias européens semblent plus préoccupés par l'influence de Musk et son réseau X sur les démocraties européennes que par le fait que, pendant des décennies, des gangs aient enlevé et violé tant de jeunes filles mineures. Pourtant, parmi le petit nombre de criminels arrêtés, certains sont déjà libres et de retour là où ils ont commis de telles horreurs. L'équipe de Starmer parle même de rompre les relations entre les services de renseignement britannique et américain une fois Trump à la Maison-Blanche. Toujours est-il que, si Musk n'était pas intervenu, ce scandale d'ampleur nationale n'aurait pas éclaté. Et — parlant d'interférence étrangère — ni les Travaillistes britanniques ni les instances européennes ne se sont alarmés de l'influence grandissante du milliardaire d'extrême gauche George Soros… La pression est intense sur Starmer et son gouvernement. Dan Carden, le député travailliste de Liverpool Walton, vient de demander — contre l'avis de son Parti — de poursuivre les fonctionnaires ayant couvert le scandale.

    1 400 victimes ont été identifiées par le rapport IICSA — toutes martyrisées par des gangs pakistanais. Plusieurs de leurs pères ont essayé de les libérer à l'époque. Cependant, ce sont eux que la police locale a menacés de poursuites. Une fille de 11 ans très alcoolisée avait été retrouvée nue par la police entourée par plusieurs hommes adultes. C'est sa famille qui a été accusée de la laisser boire… On pourrait atteindre le million de victimes depuis 50 ans. Où sont les « MeToo » pour les petites filles blanches des classes populaires anglaises ?

    The grooming gang fallout

    >>> Voir l'interview sur : UnHerd

  • L’« option bénédictine » est-elle une stratégie de redressement chrétienne valable ?

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    Comme on le sait, en 2017, le journaliste américain Rod Dreher a publié un livre qui proposait ce que l'on appelle l' option bénédictine, comprise comme un choix stratégique visant à préserver la civilisation chrétienne résiduelle de l'offensive d'une laïcité de plus en plus agressive et répressive. Ce livre a connu un succès mondial, même dans son édition italienne ( L'associazione Benedetto , Edizioni San Paolo, Cinisello Balsano 2018). Quelques années plus tard, sur le blog The American Conservateur, l'auteur revoit et corrige sa proposition à la lumière des objections reçues et des nouveaux développements.


    Cependant, il semble approprié d'examiner brièvement son livre car il contient une bonne analyse historique et de nombreuses indications valables, rassemblant les suggestions d'experts appartenant à diverses confessions chrétiennes. Il semble avant tout nécessaire d'évaluer si la proposition originale « néo-bénédictine » constitue une stratégie valable de résistance culturelle et politique qui permet aux chrétiens de se sauver de la persécution, en vue de préparer une reprise capable de vaincre l'ennemi de la civilisation chrétienne. .

    En fait, après une analyse minutieuse, les doutes ne manquent pas à cet égard.

    La crise actuelle de la civilisation est-elle similaire à celle de l’Antiquité ?

    Le premier doute sur l’option néo-bénédictine vient du fait qu’elle présuppose une similitude entre la crise de l’ancienne civilisation préchrétienne et celle de la civilisation post-chrétienne moderne. Ainsi, selon Dreher, les facteurs qui, vers le Ve siècle, ont déclenché la construction de la civilisation chrétienne pourraient aujourd'hui être repris pour la sauver de l'extinction, en les adaptant évidemment à nos besoins.

    Cependant, cette comparaison entre l’époque du haut Moyen Âge et l’époque contemporaine ne résiste pas à l’analyse historique et remet donc en question les prémisses qui fondent l’option néo-bénédictine.

    Par exemple, la crise civilisationnelle vécue à l’époque du grand saint italien était bien moins grave que celle contemporaine. En fait, la crise du VIe siècle n’était pas unitaire, car elle présentait des aspects de lieu et de secteur très différents ; elle n'était pas dominante, parce qu'elle s'opposait à des facteurs spirituels hérités de la tradition gréco-romaine et surtout à la diffusion rapide du christianisme ; elle n’était pas mondiale, car elle a renversé l’Empire romain d’Occident mais a épargné celui d’Orient. Il suffit de rappeler que, tandis que saint Benoît fondait le monastère de Mont-Cassin, l'empereur Justinien supprimait l'Académie païenne d'Athènes et lançait le code légal du christianisme.

    Au contraire, la crise que nous traversons aujourd’hui présente les graves caractéristiques d’être unitaire, dominante et mondiale ; elle nécessite donc une solution à la fois unitaire, dominante et globale, c’est-à-dire une solution radicale.

    Par ailleurs, la crise de civilisation vécue à l’époque de saint Benoît était très différente de celle contemporaine. En effet, le christianisme naissant prospérait en Europe de l’Est et survivait faiblement en Europe occidentale malgré l’effondrement de Rome et les invasions barbares ; l'Église grandissait et commençait la conversion des peuples nordiques. Pour restaurer la civilisation, les moines bénédictins n'avaient qu'à restaurer les bases culturelles et les structures politico-juridiques de la société, transformant les peuples barbares de facteurs destructeurs en facteurs constructifs. En effet, des réformes bénédictines et carolingiennes sont nés l'Empire franco-germanique à l'Ouest et les royaumes slaves à l'Est, destinés à durer plus d'un millénaire.

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  • USA : le cardinal Cupich soutient l’adoption par des couples de même sexe

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    Du site de la FSSPX :

    Etats-Unis : le cardinal Cupich soutient l’adoption par des couples de même sexe

    Source: FSSPX Actualités

    Le cardinal Blase Cupich, archevêque de Chicago, est décidément l’une des figures les plus progressistes et les plus clivantes de l’épiscopat américain. Il a publié un article sur le site Outreach – une référence pour les catholiques LGBTQ selon leur logo – il a souligné de manière très positive la possibilité d’adopter des enfants pour les couples de même sexe.

    Dans cet article, le cardinal de Chicago explique d’abord que le clergé – dans lequel il se place – ne doit pas « présumer » des gens, de penser qu’il sait mieux que les fidèles. Et il donne un exemple par un conseil fourni par le cardinal Luis Ladaria Ferrer aux évêques américains.

    Ce dernier leur suggérait de tâcher de mieux comprendre les motivations de ceux qui exercent une fonction publique et qui soutiennent une législation autorisant l’avortement, l’euthanasie ou d’autres maux moraux, avant de décider une politique d’exclusion de la communion.

    Ce conseil brouille complètement les plans objectif et subjectif, personnel et social. Qu’un prêtre se soucie d’un fidèle engagé en politique et qui soutiendrait des propositions contraires à la morale de Jésus-Christ pour essayer de l’aider est une chose. Mais qu’un pasteur doive décider, de manière objective et sociale, pour le bien commun des fidèles, en est une autre.

    Il est facile de deviner comment ce conseil est appliqué par le cardinal Cupich au sujet des membres de la communauté LGBT. Il explique comment il les a longuement écouté et qu’il a entendu comment elles sont ostracisées – dans leur familles ou à l’église – et le refus opposé à certaines de leurs démarches : accueil d’un enfant « adopté » dans une école catholique, par exemple.

    Mais, ajoute-t-il, « beaucoup de nos sœurs et frères catholiques LGBTQ accordent de l’importance à la vie communautaire. Ils sont convaincus (…) qu’ils ont quelque chose non seulement à recevoir, mais aussi à donner, que nous devons reconnaître et accueillir. De nombreuses personnes LGBTQ apprennent et connaissent également ce qu’est l’amour sacrificiel lorsqu’elles assument le rôle de parents d’enfants qui, autrement, n’auraient pas de foyer. »

    Ce dernier paragraphe mêle allègrement des points de vue qu’il faut absolument distinguer. Mais surtout, il reconnaît – ce qui a été récemment dénoncé dans un article – qu’il faut admettre les LGBT comme tels. Or, c’est un point de vue insupportable, car ils représentent, qu’ils le veuillent ou non, une tendance à un péché grave, dénoncé par la morale chrétienne.

    Nulle part dans l’Eglise on ne reconnaît les voleurs, les violeurs, les abuseurs, les criminels, les alcooliques et bien d’autres pécheurs comme tels, mais comme repentis et voulant éviter le péché avec la grâce de Dieu. Vouloir entrer dans l’église avec le statut de LGBT, surtout s’il s’agit d’un couple, revient à réclamer un statut pour le péché au sein de l’Eglise.

    Si l’on aborde le cas de l’adoption, non seulement il y a une évidence, établie par Dieu lui-même, qui affirme que le mariage catholique se fait entre un homme et une femme et que tout enfant a droit à un père et une mère, mais un devant la déroute des esprits, un document de la Congrégation pour la doctrine de la foi s’est senti obligé de le rappeler en 2003.

    Le texte précise : « L’intégration d’enfants dans des unions homosexuelles par le biais de l’adoption signifie les soumettre de facto à des violences de différents ordres, en profitant de la faiblesse des petits pour les introduire dans des environnements qui ne sont pas propices à leur plein développement humain.

    « Une telle pratique serait certainement gravement immorale et en contradiction flagrante avec le principe, également reconnu par la Convention internationale des Nations unies sur les droits de l’enfant, selon lequel l’intérêt supérieur à protéger dans tous les cas est celui du nourrisson, la partie la plus faible et sans défense. »

    Le site InfoCatolica raconte comment « les agences d’adoption catholiques aux Etats-Unis ont dû faire face à plusieurs batailles judiciaires pour avoir refusé de traiter les adoptions par des couples de même sexe ». A plusieurs reprises, les agences et les lois qui les protègent ont reçu le soutien des évêques du pays.

    Mais, note encore le site, le cardinal Cupich est loin d’être une exception dans l’opposition à la doctrine catholique sur l’homosexualité et l’adoption d’enfants. En mai 2022, le site officiel du Synode sur la synodalité a publié le témoignage de trois couples homosexuels ayant adopté des enfants. Quand l’exemple vient de haut…

  • 436 attaques contre des églises américaines – L’administration Biden n’applique pas la loi pour protéger les lieux de culte

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    De kath.net/news :

    436 attaques contre des églises américaines – L’administration Biden n’applique pas la loi pour protéger les lieux de culte

    9 janvier 2025

    En vertu de la loi FACE, le fait d'endommager ou de détruire intentionnellement des lieux de culte religieux est passible d'une amende de 10 000 dollars et d'une peine de prison pouvant aller jusqu'à six mois lors d'une première condamnation.

    Selon une étude du Family Research Council (FRC), 436 attaques contre des églises ont été perpétrées aux États-Unis en 2023. Le ministère de la Justice de l’administration Biden ne poursuit aucune affaire en vertu de la loi sur la liberté d’accès aux entrées des cliniques (FACE). Malgré son titre, la loi FACE inclut non seulement la protection de l’accès aux cliniques d’avortement, mais protège également explicitement les églises et les lieux de culte. Les chiffres ont été annoncés lors d’une audition devant le Congrès américain à la mi-décembre 2024.

    En vertu de la loi FACE, le fait d'endommager ou de détruire intentionnellement des lieux de culte religieux est passible d'une amende de 10 000 dollars et d'une peine de prison pouvant aller jusqu'à six mois lors d'une première condamnation. Des sanctions encore plus sévères sont prévues en cas de récidive ou de lésions corporelles.

    Depuis le début de l’administration Biden-Harris en janvier 2021, le ministère de la Justice a engagé 24 poursuites contre un total de 55 accusés en vertu de la loi FACE. Seuls deux de ces cas concernaient des attaques contre des centres pro-vie, les autres concernaient des manifestations pro-vie dans des cliniques d'avortement. À ce jour, aucune attaque contre une église n’a fait l’objet de poursuites en vertu de la loi FACE. 50 des 55 accusés étaient des militants pro-vie, dont 34 ont désormais été reconnus coupables.

    Au vu de ces chiffres, le député républicain Chip Roy accuse l’administration Biden d’adopter une approche unilatérale à l’encontre des militants pro-vie. Le ministère de la Justice poursuit les pro-vie mais est incapable de protéger les centres pro-vie qui sont de plus en plus attaqués, a déclaré le législateur. De juin 2022 à mai 2023, 67 attaques ont été menées contre des centres de protection de la vie, a annoncé le FRC lors de l'audience.

    Photo : Église Saint-Paulin de Syracuse, Nebraska, qui a été attaquée et endommagée en 2023.

  • L’Université de la vie d’Alliance VITA : comprendre pour agir

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    L’Université de la vie d’Alliance VITA : comprendre pour agir

    Notre Université de la vie, avant de s’étendre à de nombreuses villes de France, est née du besoin d’alerter et de former des parisiens motivés en plus grand nombre pour réussir certaines de nos actions nationales, qui se tiennent dans la capitale. Nous savons, par expérience, que, pour agir dans la tempête anthropologique qui jette à bas de multiples repères d’humanité, il est indispensable de comprendre la situation. « Qu’est-ce qui se passe ? » précède le « Que puis-je faire ? ». D’où l’idée de lancer, en janvier 2006, un cycle de formation à Paris sur les enjeux du respect de la vie, sous le label ambitieux et attractif d’Université de la vie. A l’époque ce sont les permanents de l’association qui interviennent sur des formats longs, dans une salle du centre-ville : arguments, réflexion, mise en pratique. Le succès est immédiat : de tous âges, des centaines de franciliens se pressent. Les éditions annuelles se succèdent. Il se trouve qu’à chaque mois de janvier l’actualité politico-médiatique corrobore nos alertes, offrant aux participants l’opportunité d’agir : révisions successives des lois bioéthiques, évolution continue des dispositions législatives régissant l’avortement, offensive de l’euthanasie, appuyée sur l’exploitation de faits divers etc. Spécificité d’Alliance VITA, nos arguments s’enracinent dans l’expérience : celle de nos services d’écoute et des soignants VITA, à commencer par notre président d’alors, le cancérologue Xavier Mirabel, solidement formé à l’éthique. La formule « comprendre pour agir » fait ses preuves. Des étudiants rejoignent nos équipes ; des soignants nous disent à quel point ils se sentent solidifiés ; un professeur de réanimation nous encourage même à l’issue d’une des premières sessions : « L’université de la vie a renouvelé mon regard et révisé ma pratique médicale ».

    Au fil des ans, le succès de ces sessions exclusivement franciliennes incite nos équipes locales d’autres régions à les réclamer pour leur public. La technique aidant, nous nous lançons en 2014 dans un nouveau concept, celui d’une « émission » nationale. Réalisée depuis une salle parisienne, elle sera diffusée en direct dans une centaine d’autres. Chacune bénéficiera de la capacité de mobilisation, d’organisation et d’animation d’une équipe locale. Dès la première année, 6000 personnes s’inscrivent. La soif de comprendre reste la même depuis, même si le concept s’est modernisé : interventions plus brèves, élargissement des thèmes et multiplication des intervenants. La parole est donnée à des experts mais aussi à des témoins. La culture de vie peut s’étendre en tout temps, à toute personne, particulièrement dans les situations de fragilité. Des orateurs porteurs de handicaps ou responsables d’œuvres de terrain s’expriment comme des maitres en humanité. Les séquences courtes touchent ; leur qualité n’a rien à envier aux émissions de télévisions, mais la part d’interactivité n’est pas factice.

    Très vite, notre nouvelle Université de la vie a aussi pris une dimension internationale, dans les communautés francophones de Belgique, de Suisse puis d’une dizaine d’autres pays, parfois en décalé. Elle est traduite et diffusée au Portugal. L’initiative a traversé les années Covid en s’adaptant à ses contraintes. Mais sa formule résiste à l’individualisme et au « tout numérique » : les participants qui convergent vers des salles s’y rencontrent et découvrent la réalité de terrain de notre association, tandis que des témoins locaux sont invités par les équipes pour prolonger ces soirées. Ce panachage entre écrans et rencontres directes est une clé de la fécondité. Car le but n’est pas seulement d’informer : il faut aussi et surtout « mettre en mouvement ». Et pour agir, ne pas se sentir seul !

    Chaque année, le programme se renouvelle autour d’un thème qui permet d’ouvrir des angles de réflexion inédits. Les figures de l’association organisatrice croisent leurs regards avec celles d’autres mouvements, des soignants, des universitaires. Les philosophes font prendre de la hauteur. A chaque édition s’inscrivent autant d’anciens participants que de nouveaux. Chacun reçoit un livret qui l’aide à suivre ce qui est donné et de noter ce qu’il veut en garder. Au fil du temps, l’Université de la Vie a ainsi rejoint, éclairé, consolé, et aussi mobilisé des dizaines de milliers de personnes, bien au-delà de notre ambition originelle. Bienvenue à l’édition 2025 sur le thème : « Être humain et le rester demain ». En somme, à nous d’humaniser le futur !

    Tugdual Derville
    Porte-parole d’Alliance VITA

    Pour s’inscrire à l’Université de la Vie 2025 d’Alliance VITA, 3 soirées de formation bioéthique les lundis 20 janvier, 27 janvier et 3 février : https://www.alliancevita.org/

  • Pierre Manent menacé de poursuites en justice

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    De Gérard Leclerc sur France Catholique :

    Pierre Manent, le mauvais procès

    Parce qu'il met en garde contre les difficultés liées à l'islam, le philosophe est menacé de poursuites en justice. La « police de la pensée » veut faire taire la contradiction.
    Pierre Manent est l’objet de deux demandes de poursuite judiciaire au motif que, par ses propos à la chaîne de télévision du Figaro, il aurait provoqué « à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ». Puisqu’il est question de violence, celle de certains réseaux sociaux semble dépasser toute mesure, lorsque le philosophe est accusé de procéder à « une incitation claire à commettre un crime contre l’humanité »… Quand on connaît Pierre Manent, ses écrits, ses convictions, et la façon dont il les exprime, on s’interroge, face à cet acharnement poussé jusqu’à la calomnie, sur la surchauffe d’un certain climat idéologique.

    Les impasses de la laïcité

    Il convient de revenir, bien sûr, à ce qui a provoqué tant de vindicte et qui se rapporte à l’expansion démographique de l’islam en Europe. Pour le philosophe, qui n’a cessé de réfléchir aux fondements des liens sociaux, il y a un réel danger : « Nous allons au-devant de drames qu’aucune version de la laïcité ne permettra de maîtriser. » Voilà qui mériterait au moins une discussion de la part de ceux qui sont en désaccord. Mais plutôt que de se prêter à une controverse argumentée, on préfère répliquer par les procédés de ce qu’Orwell appelait « la police de la pensée ». Pierre Manent ne s’en prend nullement à la personne des musulmans qui vivent dans notre pays. Il ne réclame pas leur expulsion. Il a expliqué dans un essai important, Situation de la France (DDB, 2015), qu’il y avait lieu de procéder avec ces compatriotes à ce qu’on peut appeler des « accommodements raisonnables ». Déjà, il est vrai, il mettait en doute que la « laïcité » soit en mesure de comprendre le véritable défi que constitue l’islam à l’intérieur d’une cité dont le passé, les mœurs lui sont si étrangers. C’est pourquoi il recommandait, à propos d’un phénomène religieux sui generis, l’expertise de l’Église catholique – pour peu que celle-ci soit suffisamment avertie des aléas d’un dialogue interreligieux rendu difficile par la différence, voire l’opposition, des sources et des traditions dogmatiques.

    Défi civilisationnel

    En insistant, dans son intervention au Figaro TV, sur l’importance du nombre de migrants musulmans, Pierre Manent met l’accent sur un problème civilisationnel que ses contradicteurs se refusent obstinément à envisager. Comme si un régime de laïcité pouvait à lui seul résoudre des obstacles considérables. C’est d’abord oublier qu’un tel régime s’enracine dans une histoire qui a mis aux prises un régime anticlérical et l’Église catholique. L’accord qui en est résulté est complètement étranger à un islam qui ne peut s’y reconnaître qu’au prix de révisions radicales de sa nature originelle.

    Par ailleurs, Pierre Manent n’est nullement isolé dans son appréciation de ce défi civilisationnel. Elle est de plus en plus partagée dans l’ensemble de l’Europe, avec des révisions radicales à l’égard de la politique migratoire. Les pays d’Europe du Nord, telle la Suède qui avait été le plus loin dans l’accueil d’une population étrangère, ont désormais complètement revu leurs positions. Ce n’est nullement que ces pays seraient devenus intolérants ou racistes. C’est que la difficulté d’une intégration leur est apparue plus que problématique.

    Interdit de penser…

    Au-delà de l’offensive actuelle à l’égard d’une personne, on est bien obligé de s’interroger sur un climat général qui rend difficile l’expression d’une pensée libre. Lorsqu’on veut faire condamner par les tribunaux un homme de pensée comme notre philosophe, c’est comme si on jetait un interdit sur cette pensée. En l’espèce celle d’un catholique qui sait s’exprimer dans les termes les plus rationnels, mais qui est aussi en mesure de faire rayonner le génie du christianisme dans une époque qui le méconnaît. On ne saurait trop recommander son magnifique Pascal et la proposition chrétienne (Grasset, 2022).