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Société - Page 7

  • "Face à l'obscurantisme woke" : quand les Presses Universitaires de France suspendent la sortie d'un livre

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    Du site "Pour une école libre au Québec" :

    Les Presses Universitaires de France (PUF) ont décidé de suspendre la sortie de Face à l’obscurantisme woke

    10 mars

    Selon Libération et Le Nouvel Obs, deux organes de presse très à gauche, les Presses Universitaires de France (PUF) ont décidé de suspendre la sortie de Face à l’obscurantisme woke, un ouvrage collectif dirigé par Emmanuelle Hénin, Xavier-Laurent Salvador et Pierre Vermeren. « Face à l’obscurantisme woke » devait sortir en avril. Ce livre dénonçait l’influence des « idéologies décoloniales, des théories de la race et du genre » dans la recherche académique. Cependant, la maison d’édition a jugé que son contenu s’alignait trop avec l’« offensive obscurantiste » menée par Donald Trump contre la science aux États-Unis.

    « En Amérique du Nord et en Europe, nous assistons à un assaut inédit contre le statut de la vérité et de la science », pouvait-on lire dans l’argumentaire commercial. Le texte avait été édité, maquetté, la jaquette avait été choisie, la sortie était annoncée sur le site des PUF et sur les réseaux sociaux. Et patatras : vendredi, au terme d’une journée de conciliabule paniqué, la direction a décidé de « suspendre » la sortie du livre – en clair, de l’enterrer.
     
    Plusieurs scientifiques et institutions académiques françaises, dont le CNRS et l’Académie des sciences, se sont mobilisés contre cette tendance, défendant les « libertés académiques ». La présence de contributeurs liés à l’Observatoire de l’éthique universitaire, un collectif associé à la droite, aurait également pesé dans la décision des PUF.

    Le livre était dirigé par les universitaires Emmanuelle Hénin, Xavier-Laurent Salvador et Pierre Vermeren, les trois principaux animateurs de l'Observatoire du Décolonialisme, créé en 2021.

    Ce même trio avait organisé en janvier 2022, avec le soutien de Jean-Michel Blanquer alors ministre de l’Éducation nationale, un colloque à la Sorbonne intitulé « Après la déconstruction ». Signé avec les PUF il y a deux ans, « Face à l'obscurantisme woke » se voulait un approfondissement de ce thème.

    Mais rien ne s'est passé comme prévu. Car, entre-temps, l'Observatoire du Décolonialisme a conclu un partenariat avec Pierre-Edouard Stérin, l'homme d'affaires français qui a entrepris de muscler financièrement et intellectuellement la droite française, en particulier à travers son programme Périclès. Un rapprochement qui a suscité une scission chez les anti-wokes. Début février, Nathalie Heinich annonçait sa démission : « La récente entrée dans le jeu du projet Périclès modifie la donne en associant l'observatoire, sans que nous l'ayons approuvé, à un programme très marqué à droite, illibéral et anti-laïque : ce pour quoi j'ai demandé que nous mettions fin à ce financement. » Déjà soumis à la pression d'auteurs de gauche de la maison depuis quelque temps, les PUF hésitaient.
     
    C'est de façon tout à fait inattendue que les choses se sont accélérées vendredi. Dans l'amphithéâtre Halbwachs du Collège de France se tenait la conférence de presse de Stand Up for Science, du nom du mouvement de scientifiques américains de gauche qui tentent de s'opposer aux prétendues « violentes attaques », selon le Nouvel Obs, menées par l'administration Trump contre la recherche américaine. Les sciences « dures », en particulier la climatologie, cible privilégiée des licenciements pilotés par Elon Musk, étaient bien sûr au premier rang. Mais les sciences sociales ne sont pas épargnées et le controversé historien Patrick Boucheron, connu pour ses saillies anti-roman national, est intervenu pour souligner leur rôle et l'importance de les défendre. Et là, au détour de son raisonnement, il a exprimé son étonnement de voir les PUF publier un tel ouvrage dans un moment pareil. « Quel sens du timing ! », a-t-il ironisé.

    Selon l'interprétation du Nouvel Obs, « Rapidement avertie de cette saillie, la direction des PUF a alors définitivement compris qu'elle s'était embarquée dans une mauvaise affaire, où elle n'aurait que des coups à prendre. Comment justifier que, au moment où la France se propose (du moins officiellement) d'accueillir les chercheurs américains licenciés chez eux, l'éditeur historique des universitaires français publie un livre qui valide les thèses du licencieur en chef ? Comment ne pas donner l'impression que l'on sert la soupe à une pensée politique qui est ni plus ni moins en train de faire un coup d'Etat outre-Atlantique ? Bref, comment ne pas tomber sous le coup d'une accusation en trumpisation accélérée, voire empressée ? »

    Voici le communiqué pudique publié ce lundi midi : « Dans le contexte politique national et international actuel et après l'officialisation du financement par l'institut Périclès (Pierre-Edouard Stérin) de l'Observatoire de l'Ehique universitaire courant février 2025, dont un certain nombre d'auteurs font partie, les Presses Universitaires de France ont décidé de suspendre la publication du livre prévu sous le titre "Face à l'obscurantisme woke", dirigé par Emmanuelle Hénin, Xavier-Laurent Salvador et Pierre Vermeren. Nous estimons que les conditions nécessaires à un accueil serein de ce livre collectif ne sont plus réunies aujourd'hui, le projet de cet ouvrage ayant été conçu il y a deux ans dans un contexte bien différent. »

     
    Présentation de l'ouvrage par l'éditeur (avant sa suspension)

    Réflexions pluridisciplinaires sur la progression d'idéologies religieuses, politiques et marchandes dans les milieux scientifiques. En analysant les conséquences du wokisme sur les sciences, les contributeurs montrent comment une telle idéologie favorise le délitement de la vérité et de la rationalité.
  • Journée de la femme : il serait grand temps de réconcilier l’égalité et la complémentarité

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    De Blanche Streb en tribune sur Aleteia.org :

    Journée de la femme : et si complémentarité et égalité se réconciliaient ? 

    (archive du 7/03/22)

    Le mardi 8 mars est célébré dans le monde entier la Journée internationale des femmes dont le thème est cette année "L’égalité aujourd’hui pour un avenir durable". L’essayiste Blanche Streb en profite pour rappeler que l’égalité entre les femmes et les hommes ne s’oppose pas à leur complémentarité.

    Chouette ! C’est la Journée internationale des femmes ! La date idéale pour mettre en avant de belles figures féminines, héroïnes de guerre ou du quotidien. Le jour parfait pour parler de la féminité, des talents particuliers et inhérents à la femme, de sa manière unique de comprendre, de vivre et d’habiter le monde et le temps. L’occasion rêvée de parler du « génie féminin » !

    Ou alors… l’occasion de ressortir les haches de guerre égalitaires, les maillots anti-mâles ou les banderoles vantant l’avortement ? En France, l’intitulé imposé dans les espaces politiques et médiatiques n’est pas celui officialisé par l’ONU en 1977, à savoir Journée internationale des femmes. Il s’est allongé pour le réduire aux seuls « droits », devenant ainsi : « Journée internationale des droits de la femme » voire même « Journée internationale de lutte des femmes pour leurs droits ». Cela en dit long.

    Une fausse opposition

    Il me semble qu’une forme d’affrontement permanent est à déplorer entre les tenants de l’égalité et ceux de la complémentarité. Pourtant, égalité et complémentarité ne s’opposent pas. Ce thème, et bien d’autres, est au cœur des préoccupations des Antigones. Depuis quelques années, ce mouvement de femmes participe activement au débat public en portant un regard, non seulement sur la féminité et sur les sujets qui s’y rattachent, mais également sur la société tout entière.

    Homme et femme nous partageons une même nature humaine, de laquelle on ne peut occulter l’importance de la sexuation.

    À contre-courant d’un féminisme bruyant et trop souvent agressif, elles ne revendiquent pas de nouveaux droits, mais se battent pour plus que cela : donner un autre sens à l’engagement des femmes dans la Cité, avec dignité et responsabilité. Avec elles, on réalise aussi que le monde ne se noie pas dans la culture ambiante de l’indifférenciation du genre. Dans un de leur Café des Antigones, les belles Anne Trewby et Iseul Turan, présidente et porte-parole, abordent « les différences sexuées au cœur de notre humanité » avec brio. Elles m’ont inspirée cette tribune.

    Sans préjugés

    Homme et femme nous partageons une même nature humaine, de laquelle on ne peut occulter l’importance de la sexuation — l’ensemble des phénomènes biologiques et symboliques qui caractérisent l’un et l’autre sexe — car la sexuation en est la dimension nécessaire et signifiante. Notre corps sexué influence notre regard sur le monde et implique des potentialités qui sont propres à chaque sexe et qui se révèleront différemment en chaque personne. C’est précisément là-dessus que peuvent se greffer des « stéréotypes » plus ou moins agaçants : les hommes sont ceci, les femmes sont cela, parfois sans nuance.

    En oubliant de contempler la part de féminin et de masculin présents en chacun et la complexité qui se manifeste en chaque personne, qui restera toujours unique au monde, dans toute sa singularité et sa beauté. C’est ce qu’oublie parfois le « camp de la complémentarité », campé sur ces préjugés. L’homme et la femme ne sont pas deux legos dont les failles de l’un comblent le trop-plein de l’autre. Ce raisonnement-là donne de l’eau au moulin des « tenants de l’égalité », enclins à balayer tout ça d’un revers de bras derrière la tentation de faire de la femme un homme comme un autre… ou même de nous faire quitter ce schéma manichéen pour glisser dans celui de la « fluidité » où nous ne serions qu’un sable mouvant de zones grises oscillant d’un côté ou de l’autre.

    Une commune dignité

    Il serait grand temps de réconcilier l’égalité et la complémentarité. Pour cela, il est nécessaire de les comprendre et de les aimer toutes deux. Au cœur de cela se joue la conviction et la protection sans relâche de la commune dignité de chaque personne, de l’homme et de la femme. « Le fait que la condition féminine soit insuffisamment prise en considération introduit des facteurs d’instabilité dans l’ordre social » écrivait Benoît XVI lors de la Journée mondiale de la paix en 2007. Avant d’ajouter :

    « Je pense à l’exploitation de femmes traitées comme des objets, poursuivait-il, et aux nombreuses formes de manque de respect pour leur dignité ; je pense également — dans un contexte différent — aux perspectives anthropologiques persistantes dans certaines cultures, qui réservent aux femmes une place encore fortement soumise à l’arbitraire de l’homme, avec des conséquences qui portent atteinte à leur dignité de personne et à l’exercice des libertés fondamentales elles-mêmes. […] La reconnaissance de l’égalité entre les personnes humaines […] constitue un élément de première importance pour l’édification de la paix. »

    Chercher l’égalité n’impose ni l’uniformité ni d’abolir la distinction entre les sexes. Au contraire. Une femme se doit d’être respectée en tant que femme. « Nous prônons la féminité pour les femmes : c’est notre nature cohérente et profonde. L’affirmer est le premier pas afin d’enrichir la société du meilleur de nous-mêmes » annoncent les Antigones. Quant à la complémentarité, essentielle, elle est un mode de compréhension des différences entre les hommes et les femmes, un système de compréhension du monde avant d’être un système d’organisation du monde, sur lequel devrait reposer une écologie politique en quête de justice, de fraternité et de paix. 

  • PMA, GPA : un cas emblématique qui interroge

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    De gènéthique :

    PMA, GPA : Omerta sur le sort de l’enfant

    3 mars 2025

    Krystena Murray, une Américaine de 38 ans ayant eu recours à une fécondation in vitro, a donné naissance à un enfant noir alors que ni elle, ni le donneur de gamètes ne le sont. La clinique a reconnu son « erreur » : l’embryon d’un autre couple lui a été implanté (cf. « Mère porteuse contre son gré » : une Américaine perd la garde de l’enfant qu’elle a porté). Une histoire qui finalement met en avant la douleur de la femme qui s’est vue « transformée en mère porteuse contre son gré », là où nul n’évoque le drame subi par l’enfant dont la souffrance, l’intérêt supérieur, sont ignorés. Anne Schaub, psychothérapeute spécialisée depuis près de 25 ans dans l’analyse et le traitement des mémoires prénatales, analyse pour Gènéthique les enseignements de cette histoire. Décryptage.

    Ce qu’a vécu Krystena Murray est une véritable tragédie. On est bien entendu choqués face à l’histoire de cette mère trompée. Mais l’attention ne porte que sur elle. Qui, dans d’autres histoires, s’émeut de l’enfant que l’on trompe en l’implantant à dessein et sans rien lui demander dans le ventre d’une inconnue, pour ensuite, toujours sans son accord, le rendre, le vendre, aux parents commanditaires avec ou sans lien génétique, comme c’est le cas dans toute GPA ? Eu égard à ces enfants, qui ose parler d’« erreur »? Ces pratiques sont acceptées sans réflexion de fond. L’enfant est sans voix, sans parole pour contester. Il ne peut, comme cette mère le fait, réclamer justice.

    Une souffrance silencieuse

    Krystena Murray explique qu’elle ne pourra jamais se remettre de cet arrachement, et de toute évidence, on peut la comprendre. Que dire des enfants nés de GPA, comme Olivia Maurel qui, au prix de luttes psychiques obsédantes cherchent à s’en remettre ? (cf. Olivia Maurel née par GPA : « Il n’y a pas et il n’existera jamais de GPA dite “éthique” »)

    Les enjeux pour les enfants nés de PMA avec donneur, ne sont pas moindres (cf. « L’AMP avec tiers donneur n’est pas quelque chose d’anodin » ni pour les receveurs, ni pour le donneur). La vie qui commence en laboratoire, dans une boite de Petri, prive dès le départ l’enfant de l’enveloppe charnelle maternelle, riche d’une quantité de transmission d’affects. L’engendrement est une histoire souterraine, silencieuse, mais qui peut se révéler bruyante dans la vie. Combien souffrent en silence car embrigadés dans d’inextricables conflits de loyauté, doublés d’une dette d’existence ? (cf. PMA avec donneur : une « dette existentielle » ?). Olivia Maurel témoigne de la rencontre avec de nombreux enfants nés de GPA : ils se taisent en raison de la terreur qu’ils éprouvent à l’idée de perdre à nouveau leurs parents. Peu sont prêts à affronter une telle situation. Olivia Maurel l’a fait… elle endure la réaction de rupture avec ses parents. En dépit de cela, elle ne leur en veut pas, incriminant le système !

    Des pratiques contre-nature

    D’une part la société met en exergue la primauté du lien génétique, au point d’arracher un enfant à la mère qui l’a porté « par erreur » pour le rendre aux parents génétiques, mais trouve banal et consent, sans sourciller, aux procréations techniques avec donneurs.

    Le témoignage de Krystena Murray interpelle : bien qu’elle se rende compte que ce n’est pas son bébé génétiquement parlant, c’est la chair de sa chair qu’on lui arrache. Elle aurait voulu garder cet enfant.

    Cette mère, convaincue de porter son enfant, s’y est attachée. Est-ce à dire que tout dépendrait de la pensée ? Une mère porteuse, sachant que l’enfant porté n’est pas le sien, aurait-elle plus de facilités à ne pas s’attacher à l’enfant ? Notons que le « détachement » est l’injonction faite aux mères porteuses par les agences de GPA. Mais ces femmes se fourvoient elles-mêmes. Elles croient pouvoir le faire, sans réaliser que la nature humaine et ses principes fondateurs peuvent reprendre le dessus. La symphonie hormonale propre à toute grossesse met en effet tout en œuvre dans le corps de la mère pour que « ce » petit embryon devienne « son bébé », et s’y attache. Il serait d’ailleurs intéressant de mener des études relatives à la dépression du post-partum chez les mères porteuses. Qu’elle soit plus fréquente chez les mères porteuses étant donné ce facteur hormonal créant de facto biologiquement l’attachement réciproque, n’étonnerait personne. Quant au microchimérisme fœtal, il atteste de la conservation de cellules fœtales dans la moëlle sanguine des femmes jusqu’à 30 ans après chaque fœtus porté (cf. Microchimérisme : « Nous nous construisons d’emblée par et avec les autres »). Ainsi, il y a de fortes chances pour que l’enfant porté par une mère porteuse et dont elle s’est séparée, se rappelle à elle au long de sa vie.

    « Rien ne peut exprimer le choc et la violation que représente le fait d’apprendre que votre médecin a introduit dans votre corps l’embryon d’une inconnue », déclare Krystena Murray. Bien sûr ! La femme n’est pas faite pour porter l’embryon de quelqu’un d’autre. Aucun mammifère ne procède ainsi, contre-nature. Une femme qui accepte d’être mère porteuse s’oblige à éteindre certains « interrupteurs humains ». Elle s’oblige à un clivage, se coupant de son instinct de maternité afin de permettre un procédé parfaitement contre-nature, « anti-maternel ». Le monde s’affole au sujet de l’écologie de la nature, mais, qu’en est-il des folies réalisées dans le domaine de l’engendrement, témoignant d’une absence d’écologie de l’Homme à l’aube de la vie ? C’est l’objet de mon prochain livre.

    Une omerta sur le sort de l’enfant

    Induire une séparation psychique avec l’enfant porté, est un facteur traumatique qui s’inscrit dans les premiers plis de la vie de l’embryon. Le besoin primordial pour l’enfant étant précisément la qualité d’attachement maternel, source d’influence dans son devenir affectif et relationnel. Quoi qu’il se passe pour la femme enceinte, l’enfant, sous peine de se perdre, s’attachera.

    Cet enfant de cinq mois porté par Krystena Murray est arraché des bras de celle qui, pour lui, est bien sa mère, celle qui l’a bercé, nourri de son sang et à qui il est attaché de tous ses sens et de tout son être. C’est un drame innommable, une blessure d’abandon qui le marque à vie. Or on n’en parle pas. Si des voix s’élèvent, c’est essentiellement autour de la femme, les féministes s’opposant d’ailleurs – à juste titre – à l’utilisation de la femme, quasiment réduite en esclavage par la maternité de substitution. Mais qui se soucie du plus vulnérable, de celui qui n’a pas de voix : l’enfant ? Instrumentalisé, manipulé par la technique, il devient l’objet des désirs les plus fantasques, au détriment de sa dignité de sujet.

    Ce silence, cette omerta sur le sort de l’enfant interroge. Si l’infortune de cette mère scandalise, des choix adultes ont cependant été faits dès le départ. L’enfant quant à lui, n’a aucun choix, il ne peut que subir.

  • Euthanasies en hausse, augmentation des « polypathologies » : la Commission de contrôle belge rend son rapport bisannuel

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    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    Euthanasies en hausse, augmentation des « polypathologies » : la Commission de contrôle belge rend son rapport bisannuel

    25 février 2025

    Le 22 janvier dernier, la Commission fédérale de contrôle et d’évaluation de l’euthanasie a publié son rapport bisannuel. Une obligation qui lui est faite par la loi belge du 28 mai 2002. La Commission est en effet chargée de « vérifier, sur la base de documents d’enregistrement qui doivent lui être transmis, si l’euthanasie a été pratiquée conformément aux conditions et à la procédure prévus par la loi ». Ce onzième rapport traite des années 2022 et 2023.

    Les euthanasies toujours en hausse

    Les chiffres officiels recensent 33 615 euthanasies depuis 2002. Avec 3423 euthanasies pratiquées, l’année 2023 a enregistré une hausse de 15% par rapport à 2022.

    La Commission précise toutefois qu’elle « n’a pas la possibilité d’évaluer la proportion du nombre d’euthanasies déclarées par rapport au nombre d’euthanasies réellement pratiquées ». Un rappel qu’elle effectue dans tous ses rapports.

    L’augmentation des « polypathologies »

    Bien qu’une mineure ait été euthanasiée, 70,3% des personnes l’ayant été sur la période étaient âgés de plus de 70 ans. Plus de la moitié étaient atteintes de cancer. A la deuxième place viennent les polypathologies, « une combinaison de maladies évolutives, non améliorables et de plus en plus handicapantes ».

    Parmi ces 1375 personnes, 45% ont indiqué souffrir d’affection du système musculosquelettique, avec troubles articulaires, 27% de « troubles croissants de la vue ». Ainsi, la moitié des patients décédés après une euthanasie alors que leur mort n’était pas « attendue à brève échéance » souffrait de polypathologies (soit 611 personnes).

    En effet, comme le relève la Commission, « la polypathologie est associée au processus de vieillissement que subissent les patients ». Ce qui « revient à pathologiser la vieillesse pour justifier d’y mettre un terme prématurément via l’euthanasie », souligne l’Institut européen de bioéthique.

    Depuis la dépénalisation de l’euthanasie, la proportion des patients atteints de polypathologies est en « hausse constante ». Elle a atteint 23% en 2023.

    Des euthanasies de personnes autistes ou anorexiques

    Les troubles cognitifs [1] ont concerné 83 personnes euthanasiées en 2022-2023, les affections psychiatriques 74. Plus précisément, 36 personnes souffraient de troubles de l’humeur (dépression, bipolarité, …), 10 personnes de troubles de la personnalité et du comportement, 9 personnes de trouble de stress post-traumatique, de trouble dissociatif et de trouble anxieux, 6 personnes de schizophrénie et troubles schizo-affectif et de troubles délirants, 3 personnes de troubles mentaux organiques comme l’autisme, 3 personnes de syndromes comportementaux comme l’anorexie.

    En outre, 38 personnes ont été euthanasiées sur la base d’une déclaration anticipée. Des personnes dans un « état de coma jugé irréversible » au moment où le médecin a mis fin à leur vie. Actuellement, une proposition de loi visant à autoriser l’euthanasie de personnes incapables d’exprimer leur volonté au moment de l’acte, comme des patients atteints de la maladie d’Alzheimer, est en cours d’examen à la Chambre (cf. « Aide médicale à mourir » : le Québec autorise les demandes « anticipées »).

    Des décès précipités

    Dans 19% des cas répertoriés, le décès des patients n’était pas « attendu à brève échéance ». Un chiffre en augmentation. Pour la Commission, les euthanasies pratiquées sur la base d’une déclaration anticipée ne relèvent pas de cette catégorie. Une « interprétation unilatérale » de l’instance qui associe ainsi le fait d’être « irréversiblement inconscient » à un décès attendu à brève échéance.

    Des médecins militants ?

    La procédure prévoit que le médecin qui reçoit la demande doive consulter un autre médecin. Seuls 3% des médecins consultés étaient formés aux soins palliatifs. En tout état de cause, « un patient, en vertu de la loi sur les droits du patient, a la faculté de refuser un traitement palliatif ou un soin palliatif qui allègerait sa souffrance ».

    Un tiers des médecins « indépendants » consultés avaient à l’inverse suivi une formation dispensée en collaboration avec l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité [2]. Dans 1.9% des cas, les praticiens avaient reçu les deux formations.

    Des euthanasies pour donner ses organes ?

    Les médecins ne sont pas tenus de mentionner le don d’organes dans la déclaration qu’ils effectuent mais cela a été fait pour 12 patients. Pour 9 d’entre eux, le décès n’était pas attendu à brève échéance (cf. Belgique : les euthanasies en hausse, les prélèvements d’organes aussi).

    « La vérification de la qualité des organes implique en amont des analyses médicales sur le patient, ce qui tend à fragiliser son consentement libre à être euthanasié », pointe l’Institut européen de bioéthique. En outre, « la possibilité de donner ses organes après une euthanasie permettrait, chez certains patients, de donner du sens à la mort ». Une adolescente de 16 ans atteinte d’une tumeur au cerveau a choisi de le faire en 2023 (cf. Eva, 16 ans : une euthanasie et 5 organes prélevés).

    Un contrôle de façade ?

    La Commission « s’en tient aux déclarations qui lui sont remises par le médecin et n’a donc aucun moyen de vérifier la véracité de ces déclarations », rappelle l’Institut européen de bioéthique.

    Dans son rapport l’instance se plaint de son manque de moyens, financiers comme humains, « risquant à terme de fragiliser son fonctionnement ». (cf. Belgique : la Commission de contrôle de l’euthanasie est débordée). Elle appelle ainsi à « la création d’un département dédié à l’euthanasie, qui regrouperait l’ensemble des compétences administratives, scientifiques et communicationnelles nécessaires à une gestion modernisée ».

    Dans 24.8% des dossiers, la Commission a demandé de lever l’anonymat de la déclaration afin d’obtenir un « complément d’information » auprès du médecin déclarant. Il s’agissait d’« imperfections dans les réponses, d’erreurs d’interprétation concernant les procédures suivies, de plusieurs points insuffisamment/mal complétés ou non complétés, de points de procédure qui n’ont pas été suivis correctement, etc. ».

    La Commission veut toutefois rassurer sur le fait que « ces déclarations ne remettaient pas en cause les conditions légales ». Ce qu’interroge l’Institut européen de bioéthique. Selon lui, au fil des rapports bisannuels, la Commission fédérale « interprète très librement le texte de la loi jusqu’à réduire à néant le contrôle qu’elle doit exercer sur un certain nombre de conditions légales [3] ».

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    [1] démence

    [2] médecins LEIF/EOL (LevensEindeInformatieForum / Forum EndOfLife)

    [3] « subjectivité du caractère insupportable de la souffrance, gravité de l’état de santé du patient du fait d’une combinaison de pathologies qui ne sont pas graves en elles-mêmes, interprétation large du critère de décès prévu à brève échéance, distinction entre les conditions substantielles et non  substantielles, ces dernières ne justifiant pas un renvoi au procureur du Roi, … »

    Source : Institut européen de bioéthique, Analyse du onzième Rapport de la Commission Fédérale belge de Contrôle et d’Évaluation de l’Euthanasie aux Chambres Législatives (14/02/2025)

  • L'échec de la recherche de corps met fin à l'enquête canadienne sur les enterrements de masse dans les écoles gérées par l'Église

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    De Simon Caldwell sur le Catholic Herald :

    L'échec de la recherche de corps met fin à l'enquête canadienne sur les enterrements de masse dans les écoles gérées par l'Église

    3 mars 2025

    Le gouvernement canadien a suspendu une enquête sur les allégations d’enterrements massifs d’enfants dans d’anciens pensionnats gérés par l’Église, car aucune tombe n’a été découverte.

    Des allégations d’abus et de meurtres de centaines d’enfants autochtones ont déclenché des incendies criminels, des actes de vandalisme et la profanation d'environ 120 églises à travers le Canada au milieu d’une vague de deuil national.

    L'hystérie a même atteint le Vatican, où le pape François a déploré, lors d'un discours de l'Angélus, « la découverte choquante des restes de 215 enfants ».

    Le gouvernement canadien a mis sur pied le Comité consultatif national sur les pensionnats, les enfants disparus et les sépultures anonymes afin d’enquêter sur les allégations et sur l’ampleur des abus et des meurtres présumés d’enfants indiens par des chrétiens d’origine européenne.

    Mais après trois ans de recherches de corps, au coût de 216,5 millions de dollars, pas un seul reste humain n'a été retrouvé.

    Le gouvernement a désormais discrètement retiré le financement de la commission d’enquête et la dissoudra à la fin du mois.

    Crystal Gail Fraser, membre du comité, a qualifié cette décision de « trahison », malgré l’impossibilité de trouver des preuves corroborant le meurtre. « Nous perdons de vue nos valeurs autour de la vérité et de la réconciliation », a-t-elle déclaré à CBC News.

    L’hystérie a éclaté en 2015 avec l’affirmation selon laquelle 215 sites funéraires avaient été découverts au pensionnat indien de Kamloops grâce à des analyses radar à pénétration de sol.

    Bien que les recherches ultérieures n’aient révélé aucun corps, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a affirmé publiquement, l’année dernière encore, que des meurtres avaient eu lieu.

    Les écoles, gérées principalement par les églises catholique et anglicane et financées par le gouvernement, ont été fondées pour éduquer les enfants indiens de la fin du XIXe siècle jusqu'aux années 1990.

    Certains enfants sont morts dans les écoles, mais les registres montrent que ces décès étaient principalement dus à des maladies comme la tuberculose.

    Malgré les preuves contraires, de nombreux Canadiens hésitent encore à admettre que les allégations se sont révélées sans fondement.

    Le Regent College, une école supérieure évangélique située sur le campus de l'Université de la Colombie-Britannique, a par exemple annulé une conférence publique, Le procès doit avoir lieu ce jeudi, par Lord Biggar, un vicaire anglican britannique et historien distingué, après que des étudiants l'ont qualifié d'apologiste des pensionnats et de « négationniste des fosses communes ». En réponse à cette annulation, Lord Biggar a accusé le collège de « favoriser et d’encourager le règne continu d’une culture agressivement répressive au Canada, qui est investie dans une histoire qui discrédite complètement et injustement le travail des missions chrétiennes et justifie la démolition de dizaines d’églises chrétiennes ».

  • Le déclin du christianisme se stabilise aux États-Unis, selon une enquête du Pew Research Center

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    De Daniel Payne sur CNA :

    Le déclin du christianisme, qui dure depuis des années, se stabilise aux États-Unis, selon une enquête de Pew

    26 février 2025

    Selon les données publiées mercredi par le Pew Research Center, le déclin du nombre d'Américains s'identifiant comme chrétiens, qui dure depuis 20 ans, pourrait « se stabiliser ».

    Pew a déclaré que  sa dernière étude sur le paysage religieux  montrait que 62 % des adultes américains s'identifiaient comme chrétiens, un chiffre qui est resté « relativement stable » depuis 2019.

    Le nombre d'adultes américains se déclarant chrétiens est toujours significativement plus faible qu'au début de l'enquête, chutant de 16 points au cours du sondage, passant de 78 % en 2007 à 62 % selon le dernier sondage.

    Pourtant, les données des dernières années montrent que le déclin a « ralenti ou peut-être même stagné », a déclaré Pew.

    Le groupe de recherche a noté que la « part catholique » des répondants chrétiens est stable depuis 2014, bien plus tôt que la stabilité du groupe plus large observée depuis 2019. Les catholiques constituent 19 % des chrétiens aux États-Unis, a déclaré Pew.

    Dans l’ensemble, « dans 11 enquêtes du Pew Research Center menées depuis 2014, toutes sauf une ont trouvé entre 19 % et 21 % des répondants s’identifiant comme catholiques », a déclaré le groupe.

    Les catholiques sont toutefois particulièrement vulnérables aux abandons de la foi, note Pew. Pour chaque converti au catholicisme, plus de huit ont quitté l’Église par « changement de religion ».

    L’étude montre également que la catégorie des « non affiliés », également connue sous le nom de « nones », enregistre près de six nouveaux adhérents pour un adhérent qui quitte l’organisation. La croissance de ce groupe s’est toutefois stabilisée ces dernières années, passant de 16 % en 2007 à son niveau actuel de 29 %.

    Les catholiques sont relativement peu nombreux à déclarer que la religion est « très » importante pour eux. Alors que 55 % des chrétiens dans leur ensemble ont déclaré que la religion était très importante pour eux, seuls 44 % des catholiques qui se sont identifiés comme tels ont déclaré le contraire. Parmi les groupes chrétiens, seuls les chrétiens orthodoxes (43 %) et les protestants traditionnels (37 %) ont déclaré des chiffres inférieurs dans cette catégorie.

    Et seulement 29 % des catholiques ont déclaré assister à la messe « une fois par semaine ou plus souvent », alors que les catholiques sont  obligés d'y assister au moins une fois par semaine. C'est  une baisse par rapport aux 39 % de 2014.

    Vingt-sept pour cent des catholiques, quant à eux, ont déclaré assister à la messe « quelques fois par an », tandis que près d’un tiers ont déclaré assister « rarement ou jamais » à la messe.

    Dans son étude, Pew a noté que le « remplacement générationnel » contribue à la tendance générale à la baisse de l’identité chrétienne aux États-Unis.

    « Les générations plus âgées, très religieuses et très chrétiennes, disparaissent », a noté l’enquête. « Les jeunes générations qui leur succèdent sont beaucoup moins religieuses, avec un pourcentage plus faible de chrétiens et davantage de « sans religion ». »

    Cette tendance s’est maintenue même au sein des générations, a noté Pew : au cours de l’enquête, « chaque cohorte de naissance est devenue moins religieuse, selon plusieurs mesures, à mesure qu’elle a vieilli ».

    Dans l’ensemble, « les personnes appartenant aux cohortes les plus âgées et les plus jeunes, ainsi que celles qui se situent entre les deux, sont devenues moins susceptibles de dire qu’elles prient quotidiennement, moins susceptibles de s’identifier à une religion… et moins susceptibles de croire en Dieu ou en un esprit universel avec une certitude absolue. »

    L’année dernière, Pew a rapporté que les personnes sans affiliation religieuse, souvent appelées « nones », constituent désormais  la plus grande catégorie religieuse aux États-Unis.

    Selon Pew, les non-inscrits seraient également moins susceptibles de voter, de faire du bénévolat ou d'avoir des groupes d'amis ou une communauté solides.

    Daniel Payne est rédacteur en chef de Catholic News Agency. Il a précédemment travaillé pour College Fix et Just the News. Il vit en Virginie avec sa famille.

  • La France déchristianisée : une église disparaît toutes les deux semaines

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    De Lorenza Formicola sur la NBQ :

    CHRISTIANOPHOBIE

    La France déchristianisée : une église disparaît toutes les deux semaines

    Rapport des services de renseignements français : Entre actes de vandalisme, incendies, attentats et profanations, les églises sont constamment attaquées. Et ils enlèvent les croix des sommets, qui autrement seraient vandalisées. La christianophobie sévit sur tous les fronts.

    24_02_2025

    Notre Dame de Nice, après l'attentat

    Moins d’attaques antichrétiennes, mais plus d’églises dévastées ou incendiées. C'est le bilan qu'a dressé début février le rapport des services de renseignement français et dont Europe 1 fait état.  

    En 2024, près de 50 tentatives d’attaques et incendies criminels contre des lieux de culte catholiques ont été recensés . Trente-huit en 2023, soit une augmentation de plus de 30 %. Mais l’année écoulée a aussi écrit un chapitre sans précédent dans l’histoire récente de l’antisémitisme avec une augmentation de 62% des attaques contre la communauté juive française : jamais auparavant les Juifs n’avaient été la cible d’une persécution aussi subtile et féroce en France.

    Ce qui est le plus surprenant dans le rapport des services de renseignement, c’est la vitesse supersonique à laquelle la christianophobie se propage au-delà des Alpes. La stratégie est toujours la même, la tactique évolue. Ou peut-être qu'elle devient simplement de plus en plus « imaginative ». D'un côté, ce sont les églises qui brûlent, de l'autre, ce sont les profanations et les vols. L'incendie de l'église de l'Immaculée Conception à Saint-Omer, dans le Pas-de-Calais, avec sa flèche et tout le reste, englouti par les flammes sur le modèle de Notre-Dame, par exemple, n'est que l'un des plus récents, et des plus spectaculaires, sans coupable. 

    L'église Saint-Hilaire-le-Grand de Poitiers, classée au patrimoine mondial de l'UNESCO et où deux incendies se sont déclarés en octobre, détruisant toutes ses statues, est la cinquième victime d'actes de vandalisme en deux ans rien qu'à Poitiers. Trois au cours des six derniers mois seulement : l'église Saint-Porchaire qui a vu l'antique statue du Sacré-Cœur de Jésus brisée en mille morceaux ; l'église de Sainte Thérèse qui aujourd'hui ne possède plus aucune statue intacte et dont les bancs ont été incendiés ; tandis qu'à Saint-Jean de Montierneuf le tabernacle fut volé. 

    De la Nouvelle-Aquitaine à l'Île-de-France en passant par l'Auvergne-Rhône-Alpes et l'Occitanie en passant par le Grand Est, la France entière est touchée par la férocité antichrétienne. Les forces anonymes qui font la guerre à la réalité chrétienne en France ne se limitent pas à l’incendie des églises ; le phénomène est beaucoup plus répandu et multidimensionnel.

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  • Quels sont les enjeux pour les catholiques lors des élections allemandes de 2025 ?

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    D'AC Wimmer sur CNA :

    CNA explique : Quels sont les enjeux pour les catholiques lors des élections allemandes de 2025 ?

    21 février 2025

    Alors que les électeurs allemands se préparent aux élections fédérales du 23 février, les catholiques du pays se retrouvent confrontés à des divisions sans précédent sur des questions qui touchent au cœur de l'enseignement de l'Église, de la politique migratoire à l'idéologie du genre et à la protection de la vie.

    Les élections surviennent à un moment où les allégeances partisanes traditionnelles sont remises en question et où de multiples voix catholiques s’expriment avec des accents nettement différents sur des questions morales et sociales clés.

    Que montrent les sondages actuels ?

    Selon les derniers sondages, l'Union chrétienne-démocrate (CDU/CSU) se situe autour de 30%, suivie de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) à environ 20%. Les sociaux-démocrates (SPD) et les Verts se situent autour de 15% chacun, le SPD détenant un léger avantage. D'autres partis, dont le FDP, le Parti de gauche et le BSW, sont confrontés à des incertitudes quant à leur capacité à franchir le seuil de 5% requis pour une représentation parlementaire.

    Comment les organisations catholiques ont-elles réagi aux positions des partis ?

    Le Comité central des catholiques allemands (ZdK) — l'organisation catholique laïque la plus importante du pays — a vivement critiqué le récent « changement de paradigme » de la CDU en matière de politique migratoire.

    Selon une analyse du journal catholique Die Tagespost réalisée à l'aide d'outils d'intelligence artificielle, les attentes politiques du ZdK sont celles qui s'alignent le plus sur les positions des Verts, notamment sur la « protection du climat » et la « justice sociale ».

    Bien qu'adoptant une position plus nuancée, le positionnement du ZdK a suscité de vives critiques de la part d'Annegret Kramp-Karrenbauer (CDU), éminente politicienne catholique et ancienne ministre de la Défense, qui a quitté le ZdK en raison de son approche de la politique migratoire et de son ton dans les débats sur les changements proposés par la CDU.

    « Chacun considère sa propre position comme la seule correcte », a déclaré Kramp-Karrenbauer au Neue Osnabrücker Zeitung , critiquant ce qu'elle a appelé un ton « apodictique et condamnatoire » adopté par le ZdK.

    « Lorsque notre société devient de plus en plus polarisée au point que les gens s’affrontent de manière irréconciliable, les forces extrémistes ont la partie facile », a-t-elle averti.

    Quelle est la position des évêques ?

    Dans une déclaration œcuménique publiée ce mois-ci , l'évêque Georg Bätzing, président de la Conférence épiscopale allemande, ainsi que des dirigeants protestants et orthodoxes, ont appelé les électeurs à soutenir les partis « engagés envers notre démocratie ». La déclaration avertit explicitement que « l'extrémisme et en particulier le nationalisme ethnique sont incompatibles avec le christianisme », a rapporté CNA Deutsch , le partenaire d'information en langue allemande de CNA.

    La conférence des évêques allemands a déjà déclaré l'AfD « inéligible » pour les chrétiens, citant l'idéologie du « nationalisme ethnique » du parti — une conclusion que le parti a catégoriquement rejetée, selon CNA Deutsch.

    Quels sont les enjeux clés pour les électeurs catholiques ?

    Trois grands domaines sont apparus comme particulièrement controversés :

    Migration : le chef de file de la CDU Friedrich Merz plaide pour un renforcement des contrôles aux frontières, tandis que la conférence des évêques met en garde contre toute atteinte aux obligations humanitaires. Une motion présentée par Merz avec le soutien de l'AfD a été qualifiée d'« erreur impardonnable » par le chancelier Olaf Scholz du SPD. Parallèlement, l'AfD appelle à l'expulsion massive de migrants.

    Questions de vie : La CDU maintient son soutien à la réglementation actuelle de l’avortement en Allemagne, qu’elle considère comme un « compromis sociétal durement acquis », tandis que le SPD et les Verts plaident pour sa légalisation. L’Allemagne autorise actuellement l’avortement au cours des 12 premières semaines de grossesse, avec une consultation obligatoire dans un centre agréé par l’État. L’AfD appelle à une « culture d’accueil pour les enfants » tout en critiquant les politiques actuelles.

    Politique de genre : Lors d’une conférence organisée en Allemagne cette semaine, juste avant les élections, le chef de la doctrine du Vatican a émis une critique acerbe de l’idéologie du genre. Le SPD et les Verts soutiennent l’intégration de la dimension de genre et la modification du droit de la famille pour donner un statut égal aux différents modes de vie et partenariats. La CDU affirme soutenir la « diversité des orientations sexuelles » mais rejette le « genre en tant que concept idéologique ».

    L'AfD affirme vouloir mettre un terme à toutes les subventions pour « la recherche basée sur l'idéologie du genre ».

  • La foi et l’avenir : comment le christianisme peut sauver l’Occident

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    D'Edward Pentin sur le NCR :

    La foi et l’avenir : comment le christianisme peut sauver l’Occident

    De l’évêque Robert Barron à Jordan Peterson, les dirigeants de la conférence de l’Alliance pour une citoyenneté responsable à Londres appellent à un sens renouvelé du sacré.

    20 février 2025

    LONDRES — L’importance cruciale de la foi — et en particulier de la foi chrétienne — pour sauver la civilisation occidentale de son déclin largement perçu a constitué une partie importante du débat lors d’un grand rassemblement international qui vient de s’achever à Londres. 

    Même si le christianisme, ou la religion en général, n’était pas clairement évoqué dans le programme de la conférence, de nombreux intervenants à la conférence de l’ Alliance pour une citoyenneté responsable (ARC) qui s’est tenue du 17 au 19 février ont souligné son importance dans le rétablissement et le renforcement des fondements de la civilisation occidentale. Certains ont également fait remarquer qu’à mesure que la culture continue de décliner, les gens – en particulier les jeunes – ont soif de la vérité, de la beauté et de la bonté de la foi catholique.

    Avec une impressionnante brochette d’intervenants de renom tels que Jordan Peterson, l’évêque Robert Barron et le président de la Chambre des représentants des États-Unis Mike Johnson, ainsi que 4 000 leaders d’opinion, chefs d’entreprise, décideurs politiques et influenceurs culturels, la conférence avait pour principal objectif – comme l’a décrit un rédacteur en chef de journal – « une réunion mondiale pour mettre un terme au déclin perçu de la culture occidentale ». Une grande partie de son attention était donc portée sur le développement politique et économique. 

    Mais même des participants de premier plan, connus pour avoir des difficultés avec la foi, ont reconnu l'importance de cette culture dans les discussions. « Nous avons en quelque sorte oublié que ce qui sous-tend tout, c'est notre culture judéo-chrétienne, et c'est par là que nous devons commencer », a déclaré Nigel Farage, chef du Parti réformiste britannique, de plus en plus populaire , sous les applaudissements de l'auditoire . « Et si nous reconnaissons cela et si nous y accordons de la valeur, alors je pense que tout découlera de cela. »

    Ayaan Hirsi Ali, née en Somalie et chercheuse à la Hoover Institution, qui s’est récemment convertie de l’islam au christianisme, a souligné à quel point les États-nations « ont besoin de la morale chrétienne » et a observé qu’en Europe, « le christianisme demeure, malgré la sécularisation ». 

    Les principes chrétiens sont le « système d’exploitation crucial de la société », a-t-elle déclaré. « Sans cela, les applications ne fonctionnent pas » et les nations n’ont « pas de boussole morale ». Elle a ensuite fait référence à divers versets de la Bible pour montrer comment nos concepts de justice, d’État de droit et de dignité humaine trouvent leur origine dans les Saintes Écritures. 

    Os Guinness, chercheur invité à la Brookings Institution, explique comment l’humanisme laïc et la tentative des Lumières de remplacer la foi par la raison ont échoué. « Ils ont essayé de remplacer Dieu, mais ils ont produit une série de quasi-religion », explique-t-il. « Prenez le marxisme. Il commence par affirmer que toute critique commence par la critique de la religion, et finit par une religion qui étouffe toute critique. »

    « Exil et retour »

    Le monde séculier parle de « déclin et de chute », a déclaré Guinness, mais pour les chrétiens, il s’agit d’« exil et de retour ». Lorsque les gens « désobéissent aux voies du Seigneur et ne vivent pas comme il nous appelle à vivre, cela produit le chaos et le déplacement, et finalement l’exil. Mais si les gens reviennent à lui, il revient à eux et restaure leur fortune. […] Ainsi, même dans les périodes de déclin profond, comme nous le vivons actuellement, nous avons l’espoir d’un retour si nous revenons au Seigneur comme il se doit. » 

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  • Mars 2025 : Université de la Vie en Belgique "Être humain et le rester demain"

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    Université de la vie en Belgique, mars 2025

    Université de la vie en Belgique, mars 2025

    Cette année, le cycle de formation bioéthique proposé par Alliance VITA et organisé en Belgique par l'Institut Européen de Bioéthique, explorera une question qui taraude nos sociétés post-modernes : Être humain et le rester demain.

    Au programme, des enseignements, des témoignages, des exercices pour examiner l’essence de notre humanité et son devenir :

    Comment les liens qui nous unissent nous font prendre conscience du caractère unique et irremplaçable de l’être humain ?

    En quoi se reconnaître vulnérable nous humanise et fait progresser la société ?

    Experts et témoins croiseront leurs regards et leurs analyses pour donner à chacun des participants des clés pour comprendre et agir dans la société. Aux côtés de Blanche Streb, Caroline Roux, Jeanne Bertin-Hugault, Jean André et Tugdual Derville, interviendront :

    • Nicole Quinsat, Présidente de « ETRE LA » Puy de Dôme, accompagnatrice en soins palliatifs ;
    • Sabine Blanchard, mère de deux enfants adoptés ;
    • Cécile Gandon, auteur de « Corps fragile, cœur vivant » (Emmanuel, 2022) ;
    • Blandine Humbert, philosophe et directrice de l’Ecole de Santé de l’ICP ;
    • Corine Rondel, cadre de santé dans un établissement public de santé mentale, formatrice Premiers secours en santé mentale et prévention du suicide ;
    • Florian Dosne, auteur de « Ma vie aux deux extrêmes » (Mame, 2022) ;
    • Christophe Bichet, conférencier.

    Inscrivez-vous dans l'une des sept villes belges :

    (clic sur la ville souhaitée)

    • TOURNAI : Lundis 10, 17, 24 mars
    • MONS : Lundis 10, 17, 24 mars
    • BRUXELLES : Lundis 10, 17, 24 mars
    • NAMUR : 10, 17, 24 mars
    • HANNUT : Dimanches 16, 23, 30 mars 
    • LIEGE : Lundis 10, 17, 24 mars (A Liège, la formation a lieu au Sanctuaire Sainte Julienne de Cornillon, 2 rue de Robermont.)
    • LOUVAIN-LA-NEUVE : Lundis 10, 17, 24 mars

  • Le christianisme, le mariage et la maternité peuvent stopper l’extinction de l’Occident

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    De Gavin Ashenden sur le Catholic Herald (traduction automatique) :

    Le christianisme, le mariage et la maternité peuvent stopper l’extinction de l’Occident

    13 février 2025

    Depuis 150 ans, la laïcité et la religion sont en conflit. La gauche progressiste en particulier était convaincue que si elle était laissée à elle-même, la religion dépérirait et finirait par disparaître, parfois rapidement.

    Cela n'a pas empêché les régimes marxistes de tenter d'accélérer le processus en recourant à la persécution de l'État. Mais cela pourrait être un signe d'impatience et d'hostilité implacable.

    En réalité, le résultat a été sensiblement différent. Par exemple, en 1989, il y avait un nombre minuscule de chrétiens en Union soviétique après près d’un siècle de propagande, de pression et d’oppression. Mais en 2008, une étude du Pew Research Center a montré que 72 % d’entre eux avaient adopté la foi chrétienne.

    En Occident, la laïcité n’est pas encore éteinte, mais l’un des symptômes de la laïcité est la réticence à avoir des enfants.

    Il existe de nombreuses raisons différentes et complexes à cela, certaines étant liées à l’égoïsme pur et simple et à l’intérêt personnel.

    Les enfants sont exigeants et demandent des sacrifices. Une culture hédoniste a laissé des générations sans préparation à cela.

    Le féminisme exige le sacrifice des femmes fécondes pour le travail, et quand elles ont les moyens de payer leur emprunt avec un seul salaire, la fenêtre pour avoir des enfants facilement ou en nombre se ferme. Certaines personnes prennent de plus en plus conscience que les enfants coûtent trop cher.

    D'autres sont effrayés par une catastrophe climatique apocalyptique qui les terrifie. Certains considèrent l'ingérence de l'État dans la vie des enfants comme une menace profonde.

    Les cas de stérilité, ou simplement de difficulté à concevoir, ont augmenté tant chez les hommes que chez les femmes.

    La combinaison de ces facteurs et d’autres a laissé l’Europe en particulier confrontée à une crise démographique aux conséquences graves.

    Il existe un certain nombre de points de vue différents qui permettent de proposer une critique. La foi et l'impact des croyances religieuses sont particulièrement utiles. Non seulement parce que les croyances religieuses peuvent aider à établir un diagnostic, mais aussi, plus utilement, à trouver une solution.

    Un nouveau rapport majeur de l'Institut Iona intitulé Religion, mariage et fécondité : les religieux doivent-ils hériter de l’IrlandeSelon lui, le déclin continu de la pratique religieuse va aggraver notre crise démographique, car il signifiera presque certainement que la tendance à la diminution du nombre de mariages et d’enfants se poursuivra et s’intensifiera. Cela accélérera le vieillissement de la population, même si l’on tient compte d’une forte immigration.

    Des recherches ont établi que les chrétiens et les catholiques en particulier ont des taux de mariage et de fécondité plus élevés que leurs homologues laïcs.

    On peut donc faire un calcul simple qui démontre que plus une culture est chrétienne, moins elle est menacée par la crise démographique, et vice versa.

    Le niveau de remplacement est fixé à 2,1 enfants par femme, mais en Irlande, le taux de natalité actuel est d’environ 1,5 enfant par femme.

    L’une des difficultés des pourcentages démographiques est qu’ils ne se traduisent pas facilement en résultats réels.

    On comprend mieux pourquoi ces problèmes se posent quand on réalise que d’ici 2050, les plus de 65 ans seront plus nombreux que les moins de 15 ans, et ce, dans une proportion de plus d’un million. Les personnes âgées ont besoin d’une jeune génération non seulement pour prendre soin d’elles, car leur fragilité impose des exigences toujours plus grandes en matière de santé et de services sociaux, mais aussi pour qu’elles travaillent en nombre suffisant pour payer les retraites (ce qui est une autre catastrophe qui ne demande qu’à se produire).

    David Quinn, directeur général de l’Institut Iona, a déclaré : « La crise démographique imminente n’a pas reçu suffisamment d’attention en Irlande et nous avons notamment négligé le lien entre le déclin de la pratique religieuse et la baisse de nos taux de mariage et de fécondité. »

    M. Quinn tente d’inverser les termes habituels de l’assaut laïc contre la réalité de la religion et de ses valeurs, qui a été particulièrement virulent en Irlande avec l’effondrement tragique du catholicisme.

    Il a déclaré : « Dans les débats récents sur la religion, l’accent a été trop mis sur ses aspects négatifs plutôt que sur ses aspects positifs, qui comprennent une meilleure santé physique et mentale, des taux plus faibles d’abus d’alcool et de drogues, davantage de dons de temps et d’argent à des œuvres caritatives ainsi que des taux de mariage plus élevés, des taux de divorce plus faibles et des niveaux de fécondité plus élevés.

    « Nous espérons que notre article contribuera à notre compréhension de la crise démographique à venir et, en particulier, qu’il nous fera prendre conscience de l’importance de la contribution de la pratique religieuse au bien-être de la société et des individus. Le déclin de la pratique religieuse n’est en aucun cas l’aubaine que certains semblent croire. »

    Ce n'est qu'au tournant du siècle que les universitaires spécialisés dans l'étude de la psychologie de la religion ont pu se débarrasser suffisamment des mains mortes de Freud et de Weber et se demander si les personnes qui croyaient avaient plus de sens à leur vie et étaient plus heureuses.

    Il s’est avéré, à la grande surprise de l’intelligentsia, qu’il existait une corrélation directe entre la foi et le bien-être.

    Ceux qui croyaient en Dieu et pratiquaient leur foi avaient un plus grand sens du but, étaient plus riches de ressentiment en pratiquant mieux le pardon, vivaient avec un sentiment d’espoir plus vif et, grâce à l’engagement conscient d’aimer leur prochain, créaient une meilleure cohésion sociale que leurs homologues agnostiques ou athées.

    M. Quinn et l’Institut Iona poussent leur argumentation un peu plus loin. Ils mettent en garde contre les faits qui suggèrent que dans une culture post-chrétienne, seuls le christianisme en général et le catholicisme en particulier ont le pouvoir de sauver la société de l’implosion, de la pauvreté et de l’effondrement.

    Leur article donne à la phrase populaire selon laquelle « les enfants sont un don de Dieu » une dimension politique et économique qui pourrait potentiellement sauver une société laïque d’elle-même.

  • L'héritage oublié : ce que l'Occident doit au christianisme

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    "Pour ce 5ème épisode du podcast Chroniques occidentales, j’ai le plaisir de recevoir Christophe Dickès, historien et journaliste français spécialiste du catholicisme et du Vatican. Il est fondateur de ‪@storiavoce2091‬, un podcast dédié à l'histoire. Il vient d'écrire "Pour l'Église", ouvrage dans lequel il rappelle ce que nous Occidentaux devons à la religion chrétienne.

    Bon visionnage, Guillaume (Gau)"

    Les chapitres :

    • 00:00 Intro
    • 00:58 Présentation de l’invité et pourquoi avoir écrit “Pour l’Église” aujourd’hui ?
    • 06:31 “L’ombre de l’Église est partout et alors que nous la croyons nulle part” : des Occidentaux encore inconsciemment chrétiens ?
    • 10:13 Le christianisme fut une révolution
    • 12:06 L’Eglise a scolarisé l’Europe
    • 18:10 La laïcité est une idée chrétienne
    • 23:39 L’Eglise romaine, prototype de l’Etat moderne
    • 28:40 L’Eglise et les femmes : une relation loin des clichés historiques
    • 36:53 L’Eglise et les arts : le génie du christianisme ?
    • 41:27 L’Eglise, la lecture et l’écriture
    • 43:23 L’Eglise et la science, la foi et la raison. Oppenheimer a écrit : “le christianisme était nécessaire pour donner naissance à la science moderne”
    • 51:00 Le wokisme, une idée chrétienne devenue folle ?
    • 56:10 Le pape se désintéresse t-il de l’Europe ?
    • 58:44 Conseils de lecture