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Témoignages - Page 8

  • Béatification des franciscains martyrisés parce qu'ils refusaient d'approuver la polygamie

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    AMÉRIQUE/ÉTATS-UNIS- Béatification des Franciscains martyrisés parce qu'ils refusaient d'approuver la polygamie

    28 janvier 2025
     

    Cité du Vatican (Agence Fides) - Ils ont refusé d'approuver la pratique de la polygamie parmi les Amérindiens qui avaient reçu le baptême. Pour cela, ils ont été martyrisés. Quatre siècles après ce qui s'est passé en 1597 dans les villages côtiers de Gerogia, le Pape François a autorisé le Dicastère pour les Causes des Saints à promulguer le décret reconnaissant le martyre des serviteurs de Dieu Pedro da Corpa, Blas Rodríguez de Cuacos, Miguel de Añón, Antonio de Badajoz et Francisco de Veráscola.

    Il s'agit de cinq religieux de l'Ordre des frères mineurs, tués « en haine de la foi » sur le territoire de l'actuel diocèse de Savannha, aux États-Unis d'Amérique. Tous originaires d'Espagne, ils étaient partis comme missionnaires pour annoncer l'Évangile parmi le peuple Guale, qui vivait sur la côte de Géorgie. La polygamie était pratiquée dans leurs villages.

    Fray Pedro de Corpa, qui s'embarqua pour le Nouveau Continent en 1587, arriva avec les frères dans le village de Tolomato (près de l'actuel Darien) et choisit d'administrer le baptême à un Guale adulte uniquement lorsque celui-ci s'était engagé à un mariage monogame.

    Tout semblait aller pour le mieux, mais, comme on peut le lire sur le site officiel de l'Ordo Fratrum Minorum, qui a publié en détail les biographies des cinq missionnaires après l'annonce de la reconnaissance de leur martyre, lorsqu'un jeune guerrier local, appelé Juanillo, baptisé et déjà marié, a décidé de prendre une seconde épouse. Le guerrier, neveu du chef de la tribu, devait prendre le commandement du village. Finalement, Juanillo décida d'ignorer les avertissements de Fray Pedro da Corpa concernant ses engagements baptismaux, quitta la mission et s'allia à d'autres indigènes de la région intérieure contre le franciscain. Dans les premiers jours de septembre 1597, les guerriers attaquèrent le frère Pedro dans sa hutte, le frappant à mort à l'aide d'une hache et lui faisant subir des sévices corporels.

    L'odium fidei, tel qu'il est établi dans le décret promulgué aujourd'hui, s'est rapidement retourné contre les quatre autres frères mineurs qui vivaient dans les autres villages. Le deuxième à périr fut le frère Blas Rodríguez de Cuacos. Au moment des faits, il travaillait dans le village de Tupiquí, près de l'actuelle Eulonia. Lorsqu'il fut confronté au groupe d'indigènes armés, conscient de sa mort imminente, il demanda à pouvoir célébrer sa dernière messe. Il l'obtint et, à la fin de l'office, il fut lui aussi tué d'un coup de hache et son corps fut abandonné dans la forêt, où il fut dévoré par les animaux.

    Fra Miguel de Añón, quant à lui, accomplissait sa mission sur l'île de Santa Catalina, en compagnie du religieux laïc Antonio de Badajoz. Le chef de tribu avertit ce dernier de la révolte qui se propageait contre les frères, mais il ne s'enfuit pas et préféra rester au village avec Fra Miguel. Tous deux affrontèrent avec foi leur torture, précédée de nombreux supplices. Leurs corps ont été enterrés dans la chapelle du village.

    Le dernier des cinq frères martyrs fut le frère Francisco de Veráscola. Il fut chargé de la nouvelle mission sur l'île d'Asao, aujourd'hui San Simón, en face de l'actuel village de Brunswick, en Géorgie. Sa stature imposante et sa force physique lui valurent le surnom de « géant cantabrique ». Cette caractéristique le rendait populaire auprès des jeunes Guales, avec lesquels il s'affrontait dans des combats de lutte, des jeux de balle et des « coups de lance ». Au moment de la mort de ses compagnons, il n'était pas présent : il s'était rendu en canoë à San Agustín pour y chercher du matériel nécessaire à la chapelle. Arrivé à Asao, il fut immédiatement attaqué par des rebelles qui le tuèrent d'un coup de hache.

    Des siècles plus tard, la cause de canonisation de ce groupe de martyrs franciscains, soutenue par l'épiscopat américain, a débuté dans le diocèse de Savannah il y a un peu plus de quarante ans, en 1981. En ces heures, le décret reconnaissant le martyre des cinq martyrs franciscains, soutenu par l'épiscopat américain, a débuté dans le diocèse de Savannah.(FB) (Agence Fides 27/1/2025)

  • Face à la Shoah : l’Église de France fut au rendez-vous

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    De France Catholique :

    Face à la Shoah : l’Église fut au rendez-vous

    Régulièrement accusés d’avoir entretenu un silence coupable à l’égard de la persécution des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale, les catholiques de France ont souvent rasé les murs à l’évocation de ce sujet. Une vision qui évolue à la faveur de travaux historiques toujours plus précis.
    Plusieurs signaux récents en témoignent : le regard porté sur l’action de l’Église durant la Seconde Guerre mondiale est en train de changer. Il était temps. En particulier sur le comportement du clergé français face aux persécutions antijuives menées par les Allemands, avec le soutien objectif des autorités de Vichy dans de nombreux cas.

    Entre le récit d’une France unanimement résistante et celui d’une France bovinement « collabo », se cache l’histoire d’une Église en France, partagée entre le souci de préserver ses brebis en priorité et celui de venir en aide, à la manière du Bon Samaritain, à celles d’entre elles qui n’appartiennent pas au troupeau. En la matière, les priorités des pasteurs furent divergentes. Mais beaucoup d’entre elles révèlent que l’impératif de charité ne fut pas délaissé, comme en témoignent les paroles d’éminentes figures de la communauté juive.

    Le geste le plus significatif fut, à n’en pas douter, celui du Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, qui, le 16 juillet dernier, à l’occasion du 80e anniversaire de la rafle du Vél’ d’Hiv, a demandé que soit lue dans toutes les synagogues du pays la lettre de protestation rédigée en août 1942 par Mgr Jules Saliège. « Dans notre diocèse, des scènes d’épouvante ont eu lieu dans les camps de Noé et de Récébédou. Les Juifs sont des hommes, les Juives sont des femmes. Les étrangers sont des hommes, les étrangères sont des femmes. Tout n’est pas permis contre eux, contre ces hommes, contre ces femmes, contre ces pères et mères de famille. Ils font partie du genre humain. Ils sont nos frères comme tant d’autres. Un chrétien ne peut l’oublier », écrivait l’archevêque de Toulouse dans ce courrier, qui fut alors lu dans toutes les paroisses de son diocèse, trois mois avant l’invasion de la zone sud par les Allemands. Quel symbole !

    « 18 juin spirituel »

    Emboîtant le pas du Grand Rabbin, les évêques ont préconisé à leur tour la lecture de ce texte – qualifié naguère de « 18 juin spirituel » par Maurice Schumann – à l’occasion de la messe de l’Assomption, pour commémorer le 80e anniversaire de sa rédaction. En ce jubilé symbolique – restera-t-il encore des survivants de la rafle lors de son 90e anniversaire ? – on soulignera aussi l’exposition du Mémorial de la Shoah, intitulée « À la grâce de Dieu – Les Églises et la Shoah » (cf. p. 13), l’exposition itinérante consacrée aux Justes organisée conjointement par la conférence des évêques de France et le comité Yad Vashem, ou encore le colloque sur la question qui s’est tenu au Collège des Bernardins, en partenariat avec la Fondation pour la mémoire de la Shoah, le 7 septembre dernier.

    Un esprit sceptique pourrait craindre que ces initiatives n’aboutissent qu’à mettre en valeur quelques comportements exemplaires, dont le caractère lumineux ferait ressortir par contraste la passivité, sinon la complicité, de l’institution considérée dans son ensemble. Cette vision des choses, il faut le craindre, imprègne en partie le clergé français depuis la cérémonie de repentance organisée au Mémorial de Drancy en 1997. « Nous devons reconnaître que l’indifférence l’a largement emporté sur l’indignation et que devant la persécution des Juifs, en particulier devant les mesures antisémites multiformes édictées par les autorités de Vichy, le silence a été la règle et les paroles en faveur des victimes, l’exception », avait alors déclaré Mgr Olivier de Berranger, évêque de Saint-Denis, en présence de quinze de ses homologues. Cette vision, celle de quelques chrétiens courageux et intrépides extraits d’une masse indifférente, filtre encore à Rome quelques mois après la déclaration de Drancy, en mars 1998, dans un texte intitulé « Nous nous souvenons. Une réflexion sur la Shoah », rédigé par la Commission pour les relations religieuses avec le judaïsme, signé par le cardinal Cassidy, et explicitement approuvé par Jean-Paul II. « Quoi qu’il en soit, […] à côté de ces hommes et femmes si courageux, la résistance spirituelle et l’action concrète d’autres chrétiens n’ont pas été celles auxquelles on aurait pu s’attendre de la part de disciples du Christ », y lisait-on, au cœur d’un texte fouillé et nuancé. « Nous regrettons profondément les erreurs et les fautes de ces fils et filles de l’Église », précisait encore le document. Que des chrétiens, clercs ou laïcs, n’aient pas toujours été à la hauteur, que certains se soient tenus au silence, que d’autres se soient désintéressés du sort des Juifs, que quelques-uns se soient même compromis avec les persécuteurs, nul n’en disconvient. Rien de surprenant à ce constat. Il faudrait néanmoins chiffrer un jour l’effectif de ceux dont on parle réellement… Mais, faire de ceux qui se sont élevés les exceptions confirmant une règle de lâcheté généralisée, est une tentation, souvent non dénuée d’arrière-pensées idéologiques, qui ne tient pas face au travail historique. Et les premiers à l’affirmer sont parfois ceux que l’holocauste a le plus cruellement meurtris.

    « L’enjuivement des curés »

    Le plus emblématique d’entre eux est Serge Klarsfeld, président de l’Association des fils et filles de déportés de France, dont le père, Arno, raflé par la Gestapo à Nice en 1943, fut assassiné à Auschwitz. Déjà, en 2001, il avait donné au sixième chapitre de son livre Vichy-Auschwitz un titre sans ambiguïté : « Le haut clergé français et l’opinion publique contraignent Vichy en septembre 1942 à mettre fin à son concours massif dans la chasse aux Juifs. »

    De même, lors du colloque des Bernardins du 7 septembre, il a rappelé, documents irréfutables à l’appui, combien l’intervention du cardinal Gerlier, archevêque de Lyon – celui-là même qui avait dit que « Pétain c’est la France et la France aujourd’hui, c’est Pétain » – avait contribué à ralentir la traque à laquelle collaboraient les autorités d’alors.

    Et de citer aussi cette phrase stupéfiante de l’époque, extraite du Journal de Paul Morand, alors membre du cabinet civil de Pierre Laval : « Les évêques font une démarche collective des plus énergiques en faveur des Juifs en zone libre. C’est inouï l’enjuivement des curés ! C’est à vous rendre anticlérical ! » La conclusion de l’intervention de Serge Klarsfeld, dépourvue de la moindre ambiguïté, évoque une « dette immense à l’égard de l’Église », dette qu’il aimerait que « notre pays reconnaisse, partage et mette en lumière, plutôt que de la laisser dans l’ombre par préjugé anticlérical ».

    Fierté chrétienne

    Que notre pays la reconnaisse serait à n’en pas douter plus que fondé. Mais il serait logique que les chrétiens eux-mêmes commencent à en tirer fierté. Fierté de ces évêques qui ont pris la parole, fierté de ces religieuses qui ont caché des familles juives, fierté de ces curés anonymes qui ont signé de faux certificats de baptême pour des enfants réfugiés, fierté de ces plumes clandestines qui, dans Les cahiers du Témoignage Chrétien, ont dénoncé très tôt l’antisémitisme hitlérien. Beaucoup d’entre eux sont honorés depuis longtemps comme « Justes parmi les nations » au Mémorial de Yad Vashem, à commencer par l’abbé Jean Fleury (1905-1982) qui fut le premier Français à être reconnu comme tel dès 1964, au regard de son action en faveur des Juifs internés au camp de la route de Limoges.

    Attention néanmoins à ne pas considérer l’inscription au Mémorial de Yad Vashem – aussi probante soit-elle – comme le tampon indispensable pour valider l’action des chrétiens durant la guerre. Nombreux furent ceux d’entre eux qui menèrent d’autres combats, plus que légitimes. Ou qui œuvrèrent en faveur du sauvetage des Juifs sans être encore reconnus : et l’on songe notamment à Mgr Bruno de Solages (1895-1983), dont chacun reconnaît le rôle incontournable dans ce combat, et qui ne possède toujours pas son arbre dans le jardin du sanctuaire israélien.

  • "Boîtes vides, boîtes pleines"; le bienheureux Edward Poppe et le prêtre

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    LE TITRE

    Volle of lege dozen … Boîtes vides, boîtes pleines… Je ne sais toujours pas si l’expression est de l’abbé Poppe lui-même. Je sais cependant qu’il l’utilise souvent lorsqu’il parle de l’Église, des prêtres et des chrétiens de son temps.

    C’est à travers cette expression qu’il regarde l’Église du début du XXe siècle.  A l’extérieur, tout est beau: de nombreux fidèles prennent part à la vie de l’Église et celle-ci exerce une influence considérable sur la société. Mais derrière cette façade se cache beaucoup de formalisme.  L’emballage est beau, mais la boîte est vide.

    L’abbé Poppe a senti ce paradoxe dès son premier ministère à la paroisse Sainte-Colette de Gand.  La réalité qu’il y découvrait était tellement éloignée de celle dont il avait rêvé!

    Certes, l’Église était sans cesse présente dans la vie sociale et communautaire. Mais le monde réel, la vie du peuple s’en éloignait. L’enseignement catéchétique n’avait que peu de répercussion sur la vie et la pensée des gens qu’il croisait chaque jour.

    Poppe a senti que cette situation était condamnée à terme. La façade ne pourrait plus résister bien longtemps. La sécularisation des cœurs allait creuser de plus en plus le fossé entre l’Église et le peuple.

    Chez ceux qu’ils rencontrait, la foi n’était qu’extérieure et ce fut pour lui une grande cause de souffrance.  Il regardait ses confères: des hommes très actifs, hommes de devoir, souvent très exigeants.  Mais au-dedans, des bronzes qui résonnent, des cymbales retentissantes.

    Par sa méthode eucharistique pour préparer les enfants à la première communion, il a cherché des formes nouvelles pour combler ce vide.

    Aux séminaristes et aux prêtres, il déclarait sans équivoque qu’un prêtre vide est un désastre. La vie du prêtre doit être avant tout une vie intérieure, remplie par la prière, pleine d’une relation personnelle avec le Christ. Par un style de vie cohérent, le prêtre doit aspirer à la sainteté.  S’il remplit sa boîte, sa vie sacerdotale portera du fruit.

    AVANT-PROPOS de Mgr Lode Van Hecke (évêque de Gand)

    Les premières phrases de ce livre m’ont tout de suite interpellé. L’auteur, Edward Janssens, explique que le bienheureux abbé Edward Poppe utilisait souvent l’expression boîtes vides, boîtes pleines pour analyser l’état de l’Église de son temps, au début du XXe siècle. A l’extérieur, tout est beau : de nombreux fidèles prennent part à la vie de l’Église et celle-ci exerce une influence considérable sur la société. Mais derrière cette façade se cache beaucoup de formalisme. L’emballage est beau, mais la boîte est vide.

    Quel regard lucide de l’abbé Poppe sur la situation de l’Église et du christianisme à son époque. Je me demande comment il parlerait de notre époque. Une grande partie de la «façade» s’est pour ainsi dire effondrée dans les dernières décennies. L’Église a perdu sa position de force dans la société et on nous dit que les églises se vident. Mais y a-t-il plus d’intériorité chez ceux qui se disent chrétiens et membres de l’Église, en particulier chez les prêtres? Ou, pour rester dans la métaphore, la boîte est un peu moins bien emballée aujourd’hui, mais a-t-elle gagné en contenu?

    Je n’ose pas répondre à la légère. Et si l’abbé Poppe, analysant notre époque, constatait aussi que la boîte est toujours vide, que nous reste-t-il? Je n’ose y penser. Quoiqu’il en soit, les questions soulevées dans ce livres nous interpellent.

    L’auteur termine son livre – très documenté – par le grand appel d’Edward Poppe aux prêtres de sa génération et à «ceux de tous les temps»: Seul un prêtre qui porte le Christ dans son cœur peut survivre, témoigner et convaincre, hier comme aujourd’hui.

    Je ne peux que souscrire à cet appel. Il s'applique avant tout à l'évêque que je suis ainsi qu’à tout chrétien. Car nous sommes tous appelés, en vertu de notre baptême, à vivre avec le Christ dans notre cœur et à témoigner de l'Évangile. C'est alors que notre témoignage aura un sens pour une société qui en a tant besoin. Ce processus d'intériorisation, de vie intérieure, fera de nous des personnes heureuses et fécondes. 

    Edward Janssens, prêtre et auteur, réussit une fois de plus à situer l’abbé Poppe dans son époque et, ce faisant, à mettre en lumière l'actualité de sa pensée. C'est une grande réussite. C'est pourquoi je me réjouis de la parution de ce livre alors qu’approche l’année 2024, au cours de laquelle nous commémorerons le 100e anniversaire de la mort de Poppe (10 juin 1924).

    Lode Van Hecke

    Moine-évêque de Gand

    pour toute commande :

    A commander auprès du secrétariat: 052/47 81 95

    Email : priester.poppe@edpnet.be

    Prix 17 euros (hors frais de port 5,59 euros)

  • L'incroyable courage et la foi du père Marie-Benoît, religieux français et sauveteur de l'Holocauste 

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    De Heather Tomlinson sur le Catholic Herald :

    L'incroyable courage et la foi du père Marie-Benoît, frère français et sauveteur de l'Holocauste 

    27 janvier 2025

    De nombreux prêtres et religieux ordinaires et humbles ont travaillé dur pour sauver la vie de juifs en danger dans l'Europe occupée par les nazis, mais le courage, la compassion et l'audace de ce frère capucin brillent particulièrement au milieu de la terrible obscurité de l'Holocauste.

    Malgré les allégations ultérieures selon lesquelles l'Église catholique n'aurait pas fait assez contre le régime nazi, de nombreux fidèles catholiques ont risqué la torture et ont même donné leur vie pour sauver des vies dans les zones contrôlées par les nazis. Certains sont devenus célèbres, comme le « mouflon du Vatican » Monseigneur Hugh O'Flaherty, sujet d'un film réalisé sur ses exploits audacieux à Rome, et le champion cycliste Gino Bartali, qui a parcouru la campagne italienne à vélo en travaillant secrètement pour la résistance. 

    De nombreux hauts dignitaires religieux ont eux aussi pris des mesures. Ainsi, Mgr Jules-Géraud  Saliège , archevêque de Toulouse de 1928 à 1956, a  dénoncé les horreurs dont il a été témoin dans une lettre pastorale  publiée en 1942. (On pourrait citer aussi l'évêque de Liège, Mgr Kerkhofs, qui a sauvé de nombreux juifs pendant l'occupation nazie, reconnu "Righteous Among the Nations" le 6 juillet 1981. ndB)

    Cette lettre inspirera bien d’autres, dont le modeste moine capucin Pierre-Marie Benoît, dont l’histoire sera racontée par sa collaboratrice Fernande Leboucher dans ses mémoires de 1969 (L’incroyable mission du père Benoît, Fernande Leboucher, trad. JF Bernard, 1970, William Kimber & Co). Mme Leboucher dirigeait une entreprise de couture à la mode, mais la brutalité nazie s’est immiscée dans sa vie lorsque son mari juif, Ludvik, a été détenu dans un camp local. 

    On ne sait pas encore quel sera le sort des détenus, mais de terribles rumeurs courent sur des déportations dans des camps allemands infernaux. Désemparée, Mme Leboucher a entendu dire que le Père Benoît vient en aide aux juifs en danger et elle va le chercher dans son couvent de capucins à Marseille. Ensemble, ils réfléchissent aux mesures pratiques à prendre, mais il l’encourage surtout à prier. « Vous pouvez être sûre que, d’une manière ou d’une autre, Dieu répondra à vos prières, dit le moine à Mme Leboucher. Après tout, son fils était juif lui aussi, et lui aussi a été persécuté de son vivant. Il n’est pas difficile de croire que Dieu a un sentiment particulier pour la race juive. »

    Mme Leboucher était novice en matière de prière, « peut-être n’avais-je jamais vraiment eu besoin de Dieu auparavant », écrit-elle. Après avoir commencé à prier, elle a découvert en quelques jours où son mari était détenu et lui a rendu visite peu de temps après. 

    Il peut sembler que ses demandes n'aient pas été entendues, car le sort de son mari a fini par être celui des six millions d'autres. Pourtant, depuis son arrestation jusqu'à sa déportation à Auschwitz, ils ont travaillé ensemble pour sauver d'autres personnes du camp, avec l'aide du Père Marie-Benoît. 

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  • 80 ans après : se souvenir des martyrs catholiques tués à Auschwitz pendant la Seconde Guerre mondiale

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    De Kristina Millare sur CNA :

    80 ans après : en mémoire des martyrs catholiques tués à Auschwitz pendant la Seconde Guerre mondialebouton de partage sharethis

    Les chefs religieux commémorent le 77e anniversaire de la libération d'Auschwitz-Birkenau au camp de la mort, le 27 janvier 2022Crédits : Wojciech Grabowski/www.auschwitz.org

    Le 27 janvier, à l'occasion du 80e anniversaire de la libération d'Auschwitz, le camp de concentration nazi en Pologne, les catholiques du monde entier se sont souvenus des saints hommes et femmes qui ont été témoins de la foi, de l'espérance et de l'amour dans l'un des chapitres les plus sombres de l'histoire humaine. L'héritage de sainteté des martyrs d'Auschwitz continue d'être une source d'inspiration pour les catholiques du monde entier. Voici quelques-uns de ces martyrs et leurs histoires, classés par ordre religieux :

    Ordre des Carmes (OCD)

    Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix (1891-1942), également connue sous le nom d'Edith Stein, était une catholique convertie d'origine juive. Elle est morte dans une chambre à gaz d'Auschwitz le jour même de son arrivée au camp. La sainte philosophe allemande a été canonisée le 11 octobre 1998 et proclamée co-patronne de l'Europe en 1999 par le pape Jean-Paul II.

    Edith Stein, photographiée alors qu'elle était étudiante en 1913-1914. Crédit : Domaine public
    Edith Stein, photographiée alors qu'elle était étudiante en 1913-1914. Crédit : Domaine public

    Sœur Rosa Stein (1883–1942), suivant l’exemple de sa sœur cadette, sainte Thérèse Bénédicte de la Croix, se convertit au catholicisme et entra chez les Carmélites Déchaussées. 

    Les deux sœurs furent retrouvées et arrêtées dans un monastère carmélite aux Pays-Bas le 2 août 1942, et arrivèrent à Auschwitz une semaine plus tard, le 9 août, où elles moururent ensemble.

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  • Ces prêtres qui gardent espoir mais que Rome décourage...

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    D'Edward Pentin sur le NCR :

    Les prêtres de la Conférence de Rome partagent leurs défis et de forts signes d'espoir

    Le clergé parle au Register de la baisse de la fréquentation des messes et d'autres préoccupations, tout en soulignant comment la recherche du Christ par les jeunes fidèles en particulier apporte de l'espoir dans l'année jubilaire.

    Le clergé se rassemble pour une photo lors de la troisième Convocation internationale de la Confrérie du clergé catholique, qui s'est tenue du 13 au 17 janvier à Rome.
    Le clergé se rassemble pour une photo lors de la troisième convocation internationale de la Confrérie du clergé catholique, qui s'est tenue du 13 au 17 janvier à Rome. (photo : Edward Pentin)

    Note de l'éditeur : Cet article est une couverture élargie de la Troisième Convocation internationale des Confréries du clergé catholique. La première partie comprenait des commentaires des cardinaux Robert Sarah, Gerhard Müller et Raymond Burke . 

    ROME — Les prêtres occidentaux sont aujourd’hui confrontés à une série de défis, allant de la baisse de la fréquentation des églises aux conditions financières critiques dans de nombreuses paroisses, qui, selon eux, sont aggravées par des messages confus et le peu d’encouragement venant du Vatican et des évêques. 

    Mais ils voient aussi des signes d’espoir — surtout parmi les jeunes — alors que les gens sont attirés par la beauté, la vérité et la bonté de la foi et commencent à exiger de l’Église des liturgies respectueuses, une doctrine saine et un sentiment de stabilité et de transcendance dans un monde désordonné.

    Ce ne sont là que quelques-unes des observations faites par des membres du clergé d'Australie, des États-Unis, du Royaume-Uni et d'Espagne qui se sont entretenus avec le Register en marge de la troisième Convocation internationale des confréries du clergé catholique qui s'est tenue du 13 au 17 janvier à Rome. 

    Fondée par le père américain Robert Levis en 1975, la Confraternité du clergé catholique est une association populaire de plus de 500 prêtres catholiques du monde entier, née des troubles post-conciliaires des années 1970.

    « À l’époque, de nombreux prêtres partaient, et la confrérie a donc été fondée pour les encourager à rester », a déclaré Thomas McKenna, directeur exécutif de la confrérie. « Depuis, de nombreux prêtres ont déclaré qu’ils devaient leur décision de rester prêtres à la confrérie. » 

    Environ 75 prêtres ont assisté à l'événement qui comprenait des conférences des cardinaux Robert Sarah, Gerhard Müller et Raymond Burke . 

    Le père Paul Chandler, curé de la paroisse d'Inverell, dans l'archidiocèse de Brisbane, en Australie, a déclaré que « l'un des plus grands défis est le déclin de la foi », ce qui conduit à une diminution de la fréquentation des messes dans certaines églises de son diocèse, presque à zéro, car « les personnes âgées meurent et ne sont pas remplacées ». 

    D’autres prêtres ont fait écho à ce même problème. Le père Carlo Santa Teresa, un jeune prêtre de Camden, dans le New Jersey, a noté à la fois « une faible fréquentation de la messe et un manque de catéchèse ». Le père Philip De Freitas, curé de Tonbridge, en Angleterre, a également souligné ce déclin et l’a lié à une « perte de foi dans l’Eucharistie, la présence réelle du Christ ».

    « Les gens ne s’en soucient plus vraiment », a-t-il dit. « Il semble y avoir une perte de respect à cause de la communion dans la main et de la liturgie en général, et tout le reste en découlera. » 

    La baisse considérable de la fréquentation des messes affecte naturellement les finances des paroisses. Un autre prêtre australien, qui a demandé à ne pas être nommé, a fait remarquer que les conditions financières étaient « choquantes » dans de nombreuses paroisses de son pays. 

    Encouragement des laïcs

    D'autres prêtres présents à la conférence ont parlé d'un moral généralement bas, affirmant que même s'ils recevaient souvent des encouragements bienvenus de la part des fidèles laïcs, ils étaient fréquemment « découragés » par la hiérarchie et particulièrement par Rome. 

    Le père Chandler a déploré que le Vatican se concentre sur des questions telles que « les questions LGBTQ et le changement climatique » plutôt que d’écouter les préoccupations du clergé. Il a ajouté que c’était également « démoralisant parce que nous essayons, jour après jour, d’enseigner aux gens la foi, de les amener à la sainteté », mais a ajouté que ce n’est pas ce qui « semble préoccuper Rome ». 

    Mgr Charles Portelli, de l'archidiocèse de Melbourne, en Australie, a critiqué les « signaux contradictoires qui se font entendre en permanence » de Rome, et a cité comme exemples les ambiguïtés qui ont suivi la publication de l'exhortation apostolique Amoris Laetitia du pape François en 2016 et de la déclaration du Vatican Fiducia Supplicans de 2023 , qui autorisait la bénédiction des couples de même sexe. « Ils ne cessent de déplacer les poteaux de but, et cela rend les évêques incertains ; ils ne savent pas trop quoi faire », a-t-il déclaré. « Et cela érode en fait les relations, en particulier la relation entre les prêtres et leurs évêques, qui devraient être comme celles d'un père et d'un fils, ou au moins d'un frère à un frère. » 

    Le père Nicholas Leviseur, prêtre de l'Ordinariat de Notre-Dame de Walsingham, qui permet aux anciens anglicans de devenir catholiques tout en conservant leur liturgie et leur patrimoine anglicans, a déclaré que « le plus grand défi auquel nous sommes confrontés est le diable. Je ne veux pas paraître plat, car c'est ce que tout prêtre devrait dire, mais ils ne le disent pas. Et cela est aggravé par un problème dans la société où les gens ne sont tout simplement pas prêts à assumer personnellement la responsabilité de quoi que ce soit. » 

    Il a également critiqué les évêques qui « refusent d’accepter qu’ils ne sont rien de plus ni de moins que des serviteurs du Christ et que leur tâche est le salut des âmes », une compréhension qui, selon lui, a été perdue, bien que le salut des âmes soit « le but principal du prêtre et le seul but du droit canon ». En conséquence, a-t-il déclaré, de nombreux évêques orthodoxes qui prêchent ces vérités centrales sont « pétrifiés par Rome », craignant d’être sanctionnés ou destitués, comme cela est arrivé à certains évêques et prêtres qui se sont exprimés sur ces questions. 

    Malgré ces griefs importants, les prêtres ont gardé espoir et se sont réconfortés des signes d’un renouveau de la foi dans leurs pays. Plusieurs d’entre eux ont affirmé que ce que les jeunes et les autres recherchent dans l’Église, c’est l’authenticité, la conviction, la beauté, la vérité et la bonté, ainsi qu’un sens de la transcendance et du surnaturel.

    « Il peut parfois être très difficile de répondre à la crise actuelle », a déclaré le père Santa Teresa, « mais en même temps, malgré tout, les gens veulent toujours connaître la Parole ; ils ont ce désir de le connaître, de l’aimer. Ils cherchent toujours la vérité même s’ils disent qu’ils ne la recherchent pas. »

    Les prêtres ont parlé avec enthousiasme du Jubilé de l'Espérance de cette année, et plusieurs d'entre eux dirigeront des pèlerinages à Rome plus tard dans l'année. 

    Des signes d’espoir

    Il est intéressant de noter que de nombreux prêtres ont vu de l’espoir dans la messe traditionnelle en latin, même si peu d’entre eux la célébraient. Le père Chandler a déclaré que ses plus grandes congrégations et les paroissiens les plus jeunes assistaient à sa messe de rite ancien en semaine. « L’ancienne forme de la messe incite les gens à prier », a-t-il déclaré. « C’est un signe d’espoir. » 

    Le père Santa Teresa a déclaré qu'il avait « certainement » vu des signes d'espoir similaires dans la messe traditionnelle. « Dans un monde très chaotique, dans un monde qui semble avoir perdu tout sens de l'ordre, voir la précision de la liturgie traditionnelle, voir la beauté, les sons, chaque aspect de nos sens mobilisés, aide nos jeunes », a-t-il déclaré. « Les catholiques de mon âge désirent atteindre quelque chose de plus élevé que ce que le monde cherche à être. » 

    « Les jeunes sont attirés par la transcendance, mais ils veulent aussi une continuité historique », explique un prêtre qui a requis l'anonymat. « Ils savent qu'on leur a vendu un citron, après avoir lu l'histoire, et ils veulent trouver de l'authenticité. » 

    Un autre prêtre, s’exprimant également sous couvert d’anonymat, a déclaré que, tout comme en politique, en ces temps incertains, où les gens recherchent une « société beaucoup plus robuste », les gens recherchent également « un ensemble d’exigences beaucoup plus robustes » de la part de l’Église. Et cela nécessite en partie, a-t-il dit, « une plus grande clarté en termes d’enseignement et un environnement liturgique beaucoup plus sûr dans lequel ils peuvent prier et venir à Dieu ». 

    « Ils ne veulent pas que nous donnions des informations sur l'environnement, ils peuvent les obtenir en consultant The Guardian », a-t-il déclaré, faisant référence au journal socialiste britannique. « Ils recherchent des prêtres pour être prêtres. »  

    En réponse à la crise de l’Église et à ces signes d’espérance, le père Miguel Silvestre Bengoa, prêtre espagnol de l’Œuvre de l’Église, institut ecclésial de droit pontifical approuvé par saint Jean-Paul II en 1997, a souligné l’importance de mettre l’accent sur « le divin » dans l’Église, sur la « richesse de l’Église qui est Dieu lui-même qui habite en elle » plutôt que sur « la partie humaine : nos péchés, les scandales et la corruption ». 

    « Nous devons toujours regarder l’Église du point de vue surnaturel », a-t-il dit, et « essayer vraiment de montrer par notre vie la sainteté et la sainteté de l’Église ». Si chaque chrétien essayait de présenter la beauté de l’Église, a-t-il ajouté, « cela changerait beaucoup de choses ». 

    Il a particulièrement exhorté tous les prêtres à « se rapprocher de l’Eucharistie, de l’adoration » et à faire chaque jour une Heure Sainte devant le Saint-Sacrement, car « c’est le centre de notre vie ». 

    « Nous sommes appelés à être saints, et être saints signifie être avec le Saint, puis prêcher », a-t-il déclaré. Si les prêtres faisaient cela et évitaient de « tomber dans l’activisme », a déclaré le père Silvestre, « ils amèneraient les gens à l’Eucharistie, et tant de problèmes disparaîtraient ». 

  • L’Inde classée 11e sur 50 pays par l’Indice mondial de persécution des chrétiens 2025

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    Du site "Ad extra" :

    L’Inde classée 11e sur 50 pays par l’Indice mondial de persécution des chrétiens 2025

    24/01/2025

    Selon l’Indice mondial de persécution des chrétiens 2025, publié le 15 janvier par World Watch Research (WWR), le département de recherche de l’organisation Portes Ouvertes, l’Inde est classée 11e parmi les 50 pays où les chrétiens de toutes dénominations sont le plus persécutés. Le rapport 2025, qui étudie la période du 1er octobre 2023 au 30 septembre 2024, souligne que « pour un pays qui se décrit comme la plus grande démocratie au monde, le niveau de violence contre les chrétiens depuis cinq ans est extrêmement élevé ».

    En 2024, l’Inde est classée 11e sur 50 pays où les chrétiens de toutes confessions sont le plus persécutés (sur un total de 100 pays étudiés). Ce sont les chiffres donnés par l’Indice mondial de persécution des chrétiens 2025, le nouveau rapport (publié le 15 janvier) par l’organisation Portes Ouvertes.

    Dans son chapitre consacré à l’Inde, le rapport commence par rappeler de brefs détails sur le pays d’Asie du Sud. Sur plus d’1,4 milliard d’habitants, on compte environ 73,2 millions de chrétiens (soit 5 % de la population). La religion majoritaire est l’hindouisme (1,05 milliard de fidèles soit 73,1 %). La première religion minoritaire est l’islam (198,5 millions de fidèles soit 13,8 %), suivie du christianisme. Parmi les autres religions principales, on compte le sikhisme, le bouddhisme, le jaïnisme et le bahaïsme, entre autres.

    La définition de la persécution telle qu’elle est utilisée par l’analyse de WWR (World Watch Research), le département de recherche de l’organisation Portes Ouvertes, est large et non exhaustive : « Toute hostilité vécue et résultant de l’appartenance à la foi chrétienne. Ceci peut comprendre des comportements, des paroles ou des actes hostiles ciblant les chrétiens. » Cette définition inclut notamment toute « restriction, pression, discrimination, opposition, désinformation, injustice, intimidation, marginalisation, intolérance ou violence ».

    Quatre motifs principaux de persécution sont donnés pour l’Inde, par ordre d’importance (du plus au moins fort) : le nationalisme religieux, l’hostilité ethnoreligieuse, la paranoïa dictatoriale et l’oppression clanique. Parmi les principaux vecteurs de persécution antichrétienne, on compte en particulier des responsables religieux non-chrétiens, des groupes religieux violents, des partis politiques, des membres du gouvernement, des chefs de groupes ethniques, de simples citoyens notamment en foule, ainsi que des proches (la propre famille d’un particulier).

    « Ils veulent nettoyer le pays de l’islam et du christianisme »

    Le rapport explique que durant la période étudiée (du 1er octobre 2023 au 30 septembre 2024), les communautés chrétiennes ont été de plus en plus menacées par les extrémistes hindous qui voient tous les chrétiens comme étrangers à la nation indienne : « Ils veulent nettoyer le pays de l’islam et du christianisme, et n’hésitent pas à utiliser la violence pour atteindre ce but. Les convertis au christianisme depuis des origines hindoues subissent l’essentiel des persécutions antichrétiennes en Inde et sont constamment sous pression afin qu’ils reviennent à l’hindouisme, en particulier via des campagnes appelées Ghar Waspi [‘revenir à la maison’]. Ils sont souvent attaqués physiquement et parfois tués. »

    L’organisation cite ensuite quelques exemples de violations signalés au cours de l’année dernière. Dans le district de Jiribam au Manipur, dans l’extrême nord-est de l’Inde, un homme de la tribu Meitei (majoritairement hindoue), appelé Soibam Saratkumar Singh, a été porté disparu durant plusieurs semaines, avant que son corps soit retrouvé le 6 juin 2024. Alors que ses ravisseurs étaient inconnus, des membres du groupe ethnique ont provoqué un déchaînement de violence en détruisant trois villages de la minorité ethnique Kuki (majoritairement chrétienne). Un homme Kuki a notamment été enlevé et porté disparu depuis (The Hindu, 8 juin 2024). Les violences ethnoreligieuses entre les deux groupes au Manipur se poursuivent depuis début mai 2023.

    Par ailleurs, en janvier 2024 dans le district de Betul au Madhya Pradesh (dans le centre du pays), un groupe de personnes appartenant au Bajrang Dal (une organisation de jeunesse politico-religieuse hindoue affiliée au Rashtriya Swayamsevak Sangh, vieille organisation ultranationaliste hindoue, et prônant la suprématie des hindous en Inde) a envahi une école missionnaire chrétienne en accusant la direction de l’établissement de conversions forcées (The Observer Post, 9 janvier 2024).

    Le 12 juin 2024, une foule issue de la même organisation du Bajrang Dal (affiliée au RSS) s’est attaquée à des familles chrétiennes dans le district de Jagdalpur, dans l’État du Chhattisgarh (dans le centre de l’Inde), en provoquant plusieurs blessés et en forçant les familles à signer un pacte de « reconversion » à l’hindouisme avant de les bannir de leurs villages. Leurs champs et leurs maisons ont été détruits et les autorités locales n’ont entrepris aucune action pour les protéger à ce jour (Maktoob Media, 25 juin 2024).

    Les élections générales de 2024, un frein contre la progression du nationalisme hindou ?

    Quelques exemples de développements positifs sont cependant évoqués par le rapport. Ainsi, au niveau national, les élections générales de 2024 (au cours desquelles le Premier ministre Narendra Modi, pro-hindou, a été réélu mais sans majorité absolue et « partiellement humilié ») peuvent être considérées comme un frein contre la progression du nationalisme hindou. Toutefois, « l’Inde est un État fédéral, et les élections régionales ont vu un nombre croissant d’États contrôlés par le parti du BJP », signale l’organisation Portes Ouvertes.

    Le rapport précise que les régions les plus difficiles pour les chrétiens en Inde tendent justement à se trouver dans les États contrôlés par le BJP (actuellement 13 États), notamment ceux d’Uttar Pradesh, du Manipur et du Chhattisgarh « où les persécutions ont été particulièrement intenses ces deux dernières années »« Pour un pays qui se décrit comme la plus grande démocratie au monde, le niveau de violence contre les chrétiens depuis cinq ans est extrêmement élevé », conclut le rapport. « La plus grande force derrière cela vient des groupes extrémistes hindous qui ciblent les religions considérées comme ‘étrangères’ au pays [telles que l’islam et le christianisme]. »

    Les grandes tendances pour l’Inde sont résumées ainsi : l’hostilité sociale contre les chrétiens a progressé ; un BJP affaiblit n’exercera probablement aucune pression morale sur les activités des groupes favorables à l’hindutva (l’idéologie nationaliste hindoue) ; enfin, un contrôle renforcé est constaté sur les médias, et l’espace réservé à l’expression libre et dissidente risque de continuer de se réduire à l’avenir.

  • 19 mars : 15è édition de la "Marche des Hommes"

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    Communiqué de presse

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    « Qui suis-tu ? » sera le thème de la 15è édition de la Marche des Hommes avec saint Joseph ce 19 mars 2025. Plus de 300 hommes sont attendus autour de 7 abbayes et hauts lieux partout en Belgique.

    Orval, le 22 janvier 2024. Le mercredi 19 mars 2025 tombe un mercredi, en plein milieu de la semaine, au début du carême. Quelques centaines d’hommes vont se libérer pour se ressourcer dans la nature lors de la 15è édition de la marche des hommes avec saint Joseph.

    Autour de 7 abbayes et hauts lieux

    Partie spontanément en 2010 d'un petit noyau sans grand plan stratégique, elle se déploie cette année partout en Belgique, autour de 7 abbayes et hauts lieux, principalement trappistes. Ces 7 marches ont lieu en parallèle et ont rassemblé environ 300 hommes en 2024 : Orval, Chimay, Val-Dieu, West Vleteren, Beauraing, Diest, La Cambre.

    Depuis le lancement, plus de 1.700 hommes ont déjà marché avec saint Joseph. Cette marche s’adresse à tous les hommes, pères, époux, célibataires, prêtres, de toutes générations et de toutes conditions physiques ou sociales, croyants ou en questionnement. C’est une initiative d’hommes membres ou amis de la Communauté de l’Emmanuel en Belgique, mouvement catholique, tandis que les mères sont invitées à la marche des mères des 5 et 6 avril à Banneux.

    « Qui suis-tu ? »

    Le but de cette journée était de permettre aux participants de prendre du temps pour eux, avec les autres, avec leurs questions, et, librement, avec Dieu. Le tout sous le regard de saint Joseph, père terrestre de Jésus de Nazareth. Cet évènement est aussi une démarche de carême, cette période de 40 jours durant lesquels les chrétiens cheminent vers la fête de Pâques, cœur de la foi chrétienne. Le thème de la marche 2025 est « Qui suis-tu ? ». Dans ces temps particuliers, qui voulons-nous suivre dans le fond ? Quel leader inspirant voulons nous suivre ? Ce thème fait référence à l'évangile de Jean 14,6 où Thomas demande à Jésus : «Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ?». Jésus lui répond : «Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi». Et si nous devenions des "followers" de Jésus ?

    Le concept de la journée

    Le concept de la marche des hommes avec saint Joseph est simple. Après l’accueil vers 8h15 et un petit café-croissant, la journée débute par un temps de prière-louange animée avec des instruments. Le thème est expliqué pour donner la couleur de la journée. La marche fait environ 12-13km, ce qui permet des temps de pause, de témoignages en pleine nature, des moments de partage, de contemplation. Une messe est célébrée sur le parcours. Il y a de nombreuses rencontres inspirantes. La journée se termine par une dégustation de bières trappistes. Certains lieux étant plus éloignés, il est proposé d’être accueilli dès la veille, le mardi 18 mars soir, pour un temps convivial et de témoignages ainsi qu'un logement.

    « Chaque 19 mars, depuis 2010, peu importe la météo, peu importe le jour de la semaine, nous marchons. Le fait de libérer son agenda d’une journée est déjà une première étape pour un éventuel discernement important », explique José Beaudoint, directeur d’entreprise et coordinateur de la marche des hommes avec saint Joseph, autour des 7 abbayes et hauts lieux.

    Saint Joseph

    Patron de la Belgique, patron des travailleurs et des pères de familles, Saint Joseph a même sa statue sur le bureau du pape François qui l’apprécie particulièrement et ne manque pas de le faire savoir.

    « Saint Joseph, c'est un homme tout à fait fascinant, un homme de silence. Cela, c'est quand même important dans notre société d'agitation », dit l’abbé Vincent Jemine, curé de Neupré. Avec deux autres prêtres, il accompagnait la marche autour de l’abbaye de Val-Dieu en 2024 qui regroupait 75 marcheurs. « C’est un homme qui était aussi à l’écoute de ce que le seigneur attendait de lui, même dans ses songes ou à travers des événements. Les évangiles racontent que Joseph est prêt, au taquet, à faire ce que le Seigneur lui demande. Je constate que la personne de saint Joseph parle aux hommes d'aujourd'hui ».

    Informations et inscriptions

    Sites : www.marche-de-saint-joseph.be - www.sint-jozefstocht.be
    Inscriptions : https://bit.ly/MarcheSaintJoseph2025
    Page Facebook : https://www.facebook.com/marchedesaintjosephbelgique
     
    Contacts :
    Coordination : José Beaudoint : +32 (497) 06 77 66
    Resp. communication : Jacques Galloy info@marche-de-saint-joseph.be

    En partenariat avec 1RCF Belgique et les radios RCF, CathoBel/Dimanche et Egliseinfo.be.

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    Témoignages

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    José Beaudoint, coordinateur de la marche, a donné une interview sur 1RCF Belgique : podcast et article avec citations libres de droits :

    La marche des hommes avec Saint Joseph | 1RCF Belgique

    « Je suis rentré chez moi avec l’impression d’avoir passé une semaine de vacances en quelques heures ;) » Benoit

    « Merci pour cette marche de gratitude envers Dieu et la Vie. Gratitude parce que nous recevons beaucoup, et quand une situation difficile se présente, elle contient en germe un espoir à révéler. » Eric

    Lode, évêque de Gand : « Je me souviens encore de votre passage à l'abbaye d'Orval lorsque j’y étais le père abbé. Maintenant, je suis évêque à Gand. Je vous souhaite le meilleur pour cette belle initiative. Le pape François a écrit une belle lettre sur saint Joseph (Patris corde - Avec le cœur d'un père). Il le voit comme un guide pour les croyants dans les moments difficiles. Il loue son courage créatif et sa modestie, sa tendresse et sa responsabilité. Dans cet esprit, je marche avec vous dans mes pensées. Je vous porte dans mes prières. »

    « Ce rendez-vous d'homme, de tout bord, de toute la Belgique, pour partager dans un environnement magnifique autour d'une abbaye est un must. Découvrir et approfondir ma relation à Saint Joseph, père comme moi est une merveille. Le prendre en exemple devient un objectif. Lui demander de l'aide pour mes amis et ma propre famille une évidence. J'ai découvert cela grâce aux témoignages des autres. Pouvoir parler, en baissant la garde de l'homme parfait, fort sans soucis; pouvoir parler de ce que l'on vit ou a vécu; se sentir écouté sans être jugé est véritablement ce que la société n'offre pas souvent. La marche de Saint Joseph le permet. Une belle fraternité universelle en ressort entre des hommes qui au départ ne se connaissent pas obligatoirement. Cela fait du bien. ... » a témoigné Henri après avoir marché le 19 mars 2024

    François témoigne après avoir participé à l’édition 2024 : « J'ai un emploi du temps super chargé comme beaucoup de monde je pense. Faire une pause et déconnecter, pour le Seigneur, c'est vraiment chouette. Une journée complète de marche avec des temps de silence et des temps de partage fraternel, cela permet de faire le point, de relativiser certaines choses et de repartir avec un nouvel élan. »

    « Cette marche a fait beaucoup de bien. Prendre une journée de repos, d'arrêt, en semaine et confier sa journée à Saint-Joseph est un luxe », dit Pierre-Louis, architecte trentenaire. « Ce qui m’a le plus touché, c’est le temps de partage », poursuit Eric, directeur commercial. « Nous avons eu une halte de 45 minutes sur notre chemin. Cela nous a permis de partager sur le but de notre vie et de nous écouter avec beaucoup de respect alors que nous ne nous connaissions pas. Une bienveillance extraordinaire. »

  • Sur KTO : Damien, le saint des exclus

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    De KTO TV :

    Damien, le saint des exclus

    24/09/2024

    Le Belge, Jozef de Veuster, est né le 3 janvier 1840 à Tremelo, en Belgique, et mort le 15 avril 1889 à Molokaï, à Hawaï. Prêtre missionnaire catholique, membre de la congrégation des Sacrés Coeurs de Jésus et de Marie, on le connait comme saint Damien de Molokaï, car, suivant jusqu’au bout son désir de donner entièrement sa vie, il accepta d’accompagner les lépreux sur la presqu’île où le gouvernement les reléguait, à Hawaï. Durant son ministère, de plus en plus proche de ses fidèles, il poursuivit son intense travail pastoral, contracta la lèpre en 1884 et en mourut en 1889. Lorsqu’il apprit sa maladie, il dit encore : « Que le Bon Dieu soit béni ! » Le documentaire de Bruno Aguila tente de mettre à jour les ressorts de de cette spiritualité qui peuvent conduire un homme à se donner complètement jusqu’à sa vie pour servir le Christ dans ses frères malades.

    Une coproduction KTO/MERAPI PRODUCTIONS 2024 -

    Réalisée par Bruno Aguila

  • Quatorze prêtres guillotinés le 21 janvier 1794

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    D'Evangile au Quotidien :

    BBX Jean-Baptiste Curpin du Cormier
    et treize compagnons
    Prêtres et martyrs à Laval († 21 janvier 1794)

    Jean-Baptiste Curpin du Cormier et treize compagnons, le 21 janvier 1794, juste un an après Louis XVI, furent guillotinés à Laval puis jetés dans une fosse commune à "La Croix Bataille".

    En Octobre 1792, quatorze prêtres lavallois réfractaires (qui refusaient de prêter serment à la Constitution civile du clergé) sont emprisonnés au couvent de Patience où ils ne bénéficient que de deux heures de visite par mois. Ne sont admis à les voir que les frères et sœurs obligatoirement assistés par le concierge du lieu.

    Le 13 décembre 1793, la guillotine est installée à Laval, place du Blé (actuelle place de la Trémoille) près du Tribunal révolutionnaire.

    À partir du 9 janvier 1794, tous les cultes sont interdits en France. L’église de la Trinité de Laval est transformée en "étable et magasin de fourrage" pour l’armée, puis, plus tard, en Temple de la Raison.
    Le 21 janvier 1794, à 8h30, les quatorze prêtres franchissent le seuil du tribunal où ils vont être jugés par la Commission révolutionnaire. Dix marchent péniblement et quatre sont dans une charrette ; cinq d’entre eux ont plus de 70 ans.

    Entre le 5 janvier et le 2 novembre 1794, en 150 audiences, cette Commission prononcera 328 peines de mort.
    L’accusateur public, Volcler, un ancien prêtre apostat, leur demande une dernière fois de prêter serment. « Aidé de la grâce de Dieu, je ne salirai pas ma vieillesse », lui répond le Père Philippot, 78 ans.
    « Quoi, c'est toi Volcler qui demande ma mort ? Toi que j'ai accueilli dans ma maison, admis à ma table, que j'ai tendrement aimé...», ajoute le père Migoret.
    Ils sont exécutés après avoir été empêchés par leurs gardiens de chanter ensemble un dernier "Salve Regina". Ils seront suivis de 5 vendéens qui comparaissaient eux aussi en tant qu’ennemis de la République.
    Les 4 juges, dont 2 prêtres renégats, qui assistent à l’exécution de la fenêtre d’un immeuble voisin, boivent un verre de vin rouge à chaque tête qui tombe et encouragent la foule à crier avec eux: «Vive la République, à bas la tête des calotins ! ».

    Les corps des 14 prêtres, tout comme les défunts du moment, sont jetés dans une fosse commune, à Avesnières, dans une lande nommée "La Croix Bataille" sur la route d’Entrammes.
    Dès le jour de leur exécution, les prêtres sont vénérés comme des martyrs ; on envoie des enfants tremper des mouchoirs dans leur sang.

    En 1803, un rapport de gendarmerie signale des pèlerinages, allant de 50 à 600 personnes, à "La Croix Bataille", près de la fosse commune où ils ont été ensevelis.

    Le 6 août 1816, suite aux démarches du curé d’Avesnières, les corps des 14 martyrs sont exhumés et déposés dans la chapelle Saint Roch du cimetière paroissial d’Avesnières.

    Le 9 août, ils sont transférés dans le transept sud de l'église d'Avesnières, au pied d'un monument. Une chapelle expiatoire est dressée à "La Croix Bataille" à la mémoire du prince de Talmont et des autres victimes de la Révolution. Le bâtiment est détruit en 1869.

    En 1945, Max Ingrand dessine un vitrail pour la basilique. Les 14 prêtres y sont symbolisés par 14 palmes.

    Le 19 juin 1955, le Vénérable Pie XII (Eugenio Pacelli, 1939-1958) béatifie les 14 prêtres ainsi qu’un curé et quatre religieuses également guillotinés en 1794. Les corps sont transférés dans le chœur de la basilique.

    Les quatorze prêtres guillotinés le 21 janvier 1794 :

    - Jean-Baptiste Turpin du Cormier, 64 ans, curé de la Trinité, reconnu comme le responsable, sera exécuté le dernier à la demande de Volcler, l’accusateur public.
    - Six curés : Jacques André, 50 ans, André Dulion, 66 ans, Louis Gastineau, 66 ans, François Migoret-Lamberdière, 65 ans, Julien Moulé, 77 ans et Augustin-Emmanuel Philippot, 77 ans.
    - Quatre aumôniers : Pierre Thomas, 75 ans, chez les Augustines de Château-Gontier, Jean-Marie Gallot, 46 ans, chez les Bénédictines, Joseph Pelé, 74 ans, chez les Clarisses, et Jean-Baptiste Triquerie, 57 ans, diverses maisons franciscaines.
    - Trois hors ministères : René-Louis Ambroise, 74 ans, Julien-François Morin de la Girardière, 64 ans, et François Duchesne, 58 ans.

  • La persécution des catholiques au Nicaragua

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    Du site de l'ECLJ :

    Thibault Vandenbossche, chargé de plaidoyer pour la liberté religieuse à l'ECLJ, était l'invité de l'émission "Terre de Mission" (TVL) ce dimanche 19 janvier 2025 pour dresser un tableau des persécutions et des résistances à la dictature sandiniste. En effet, le pouvoir sandiniste, inspiré par la théologie de la Libération et dirigé par Daniel Ortega au Nicaragua mène des persécutions contre l'Eglise catholique depuis de (trop) nombreuses années. Des milliers d'associations ont été interdites, les processions sont prohibées, les agressions se multiplient. Des centaines de milliers de personnes ont quitté le pays ou ont été déchues de leur nationalité.

    Début de l'interview à 1'39.

    Lire ici notre rapport complet: "la persécution des chrétiens du Nicaragua, 2018- 2024".

  • L'autobiographie du pape met en lumière son esprit complexe et contradictoire

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    De Mélanie McDonagh sur le Catholic Herald :

    L'autobiographie du pape met en lumière son esprit complexe et contradictoire

    15 janvier 2025

    Espère, l'autobiographie  est présentée comme la première biographie jamais publiée par un pape en exercice, mais elle me rappelle le dernier livre que j'ai lu sur François, basé sur des entretiens avec le journaliste Fabio Marchese Ragona :  Mon histoire à travers l'histoire. On y retrouve certains des mêmes récits de sa jeunesse, de son noviciat chez les jésuites, de la junte, de son admiration pour Pedro Arrupe – l'ancien supérieur général des jésuites qui travaillait à Hiroshima lorsque la bombe est tombée –, de son élection à la papauté, de son amour de la musique, de ses nombreuses lectures.

    Cette biographie devait être publiée après la mort du pape, mais ce jour semble heureusement lointain, et elle sert donc à actualiser ses vues.  Espére  a un côté bricolé, comme si Carlo Musso, le « co-auteur » du pape, avait rassemblé quelques passages sur les dernières initiatives de François pour le faire paraître à temps pour l'Année jubilaire de l'espérance. 

    Livré à lui-même, Musso a le goût du récit dramatique ; le prologue raconte le naufrage de l'équivalent italien du Titanic en 1927, la Principessa Mafalda, qui s'est déroulé de manière dramatique, avec l'orchestre jouant, les réfugiés dans la cale et le bruit des coups de feu alors que les officiers prenaient la sortie rapide. C'est le voyage que les parents de Francis n'ont pas fait pour aller en Argentine, parce qu'ils n'avaient pas d'argent pour payer le billet. « Vous ne pouvez pas imaginer combien de fois je me suis retrouvé à remercier la Divine Providence », conclut-il. 

    On y apprend l'enfance de François, son passage à l'école technique (et le destin violent de deux de ses camarades), son attirance pour les filles, sa vocation jésuite. On y parle beaucoup de ses initiatives constantes contre la guerre et les armes, et cet aspect est émouvant. Il y a parfois des surprises : il n'a pas organisé de fête après son ordination parce que ce n'était pas son style ; à la place, il y a eu juste quelques bouteilles d'orangeade pour ses proches assoiffés. 

    Mais il ne voulait pas non plus de scandale après son élection à la papauté. Ce récit n'évoque pas exactement le film Conclave. Donc pas de pantoufles écarlates (il porte des chaussures orthopédiques), pas de blouse et pas de pantalon blanc (il n'allait pas ressembler à un vendeur de glaces, dit-il avec indignation). Et pas de beaux appartements pontificaux non plus. L'inspiration lui est venue lorsqu'il a vu la modeste petite suite préparée pour le patriarche de Constantinople à la Casa Santa Marta et qu'il s'y est installé pour être avec des gens. C'était une décision astucieuse : ceux qui contrôlent l'accès à l'appartement pontifical contrôlent le pape ; dans une maison d'hôtes, c'est le moins possible. 

    Ses funérailles seront également épurées. Il sera enterré à Santa Maria Maggiore, et il n’y aura aucun des symboles sonores habituels pour les papes : « pas de catafalque, pas de cérémonie pour la fermeture du cercueil, ni la déposition du cercueil de cyprès dans un deuxième de plomb et un troisième de chêne ». On aimerait que quelqu’un lui dise : « Il ne s’agit pas de toi… le symbolisme est destiné à nous dire quelque chose sur l’histoire de ces choses et sur la nature de la mort. »  

    Il nous dit que « l’évêque de Rome est un pasteur », mais si j’étais romain, je me sentirais un peu lésé ; il dit qu’en tant que pape, il a eu le temps de visiter très peu d’églises de Rome. Pourtant, c’est le travail d’un évêque, non ? En lisant ce livre pour essayer de comprendre la conception de François de la papauté, il est effectivement fait mention de son initiative de synodalité comme d’un moyen pour l’Église d’écouter ses propres parties, mais il n’y a pas beaucoup de sentiment de collégialité avec ses frères évêques, même s’il peut prendre cela pour acquis. Il s’agit d’une autobiographie, pas d’une analyse de son rôle, mais on y trouve encore moins de détails sur le sentiment de John Henry Newman selon lequel la papauté est la cour d’appel finale contre l’erreur, un rôle négatif. 

    L’intérêt de ce livre réside en grande partie dans la manière dont François gère les critiques de ses initiatives. La réponse est : combative. Il se défend à propos de Fiducia Supplicans, la déclaration sur la bénédiction des personnes en situation irrégulière, notamment les couples homosexuels et les divorcés remariés, qui a presque fait capoter les relations de Rome avec les Églises orthodoxes. « Ce sont les personnes qui sont bénies, pas les relations », dit-il. Sauf qu’il faut prévoir à quoi ressemblent ces choses, surtout si elles sont faites à l’église. Pour ceux qui luttent dans des mariages difficiles, une bénédiction pour les divorcés remariés ne ressemble pas à une confirmation de leurs efforts. 

    Francis est positif dans son approche des transsexuels, et c’est tout à fait juste, mais il a des limites : « Toute colonisation idéologique est extrêmement dangereuse, observe-t-il, comme la théorie du genre qui cherche à annuler les différences sous prétexte de rendre tout le monde égal. De la même manière, toute pratique qui transforme la vie humaine – qui est à chaque étape un don et un droit inaliénable – en objet contractuel ou en commerce illicite est inacceptable. » Il fait donc peu de cas de la maternité de substitution, car elle exploite les femmes pauvres, et tant mieux pour lui. Il est également très opposé à l’euthanasie, et il est intéressant de citer le roman dystopique de R.H. Benson, Le Maître de la Terre, comme exemple de l’euthanasie devenue l’équivalent de l’extrême-onction. Son libéralisme a donc des limites évidentes. 

    Il en va de même pour l’ordination des femmes. Il s’y oppose avec brio, en affirmant que cela aggraverait le problème du « cléricalisme ». Au contraire, il souhaite que les femmes aient plus de pouvoir au sein de l’Église, ce qu’il fait déjà. Il formule un principe intéressant : « L’Église est féminine – elle n’est pas masculine » (selon saint Paul), et elle doit, dit-il, être « démasculinisée ».

    « Il ne s’agit pas de coopter toutes les femmes dans le clergé… de renforcer le principe marial, de sorte qu’il soit encore plus important dans l’Église que le principe pétrinien. Marie est plus importante que Pierre, et la nature mystique de la femme est plus grande que le ministère. » Cela ressemble à une élévation des femmes au-dessus même de la papauté, mais cela met également fin à la prétention des femmes au ministère ordonné. 

    Cela réjouira les traditionalistes, mais ils seront moins contents de son intransigeance sur la question de la messe traditionnelle latine. Il maintient l'  interdiction de fait  de la célébration du rite tridentin (seul le Dicastère pour le culte divin, peu compréhensif, peut accorder la permission), renversant ainsi le compromis raisonnable de son prédécesseur, sur la base qu'il « n'est pas sain que la liturgie devienne une idéologie ».

    La célébration de la messe telle qu’elle a été célébrée pendant un demi-millénaire n’a rien d’idéologique, mais le pape n’en veut pas. « Cette rigidité [de ceux qui sont spirituellement attachés au rite] s’accompagne souvent de costumes élégants et coûteux, de dentelles, de passementeries, de rochets. Non pas un goût pour la tradition mais une ostentation cléricale… Ces manières de s’habiller cachent parfois des déséquilibres mentaux, des déviations émotionnelles, des difficultés de comportement… »

    C'est un véritable réquisitoire, qui va jusqu'à confondre l'amour de la messe ancienne avec un trouble psychosexuel. Il ne dit pas que seuls les homosexuels campent comme les adeptes du rite tridentin, mais il est proche d'assimiler le conservatisme liturgique à l'effémination. Il cite avec approbation un cardinal américain qui, lorsque deux prêtres nouvellement ordonnés lui ont demandé la permission de célébrer la messe en latin, leur a conseillé d'apprendre le vietnamien et l'espagnol avant d'apprendre le latin, sous prétexte que ces langues sont parlées dans le diocèse. De tels évêques ne méritent pas de vocations. 

    Ce livre nous rappelle une fois de plus que François est un homme complexe, à la fois compatissant et autoritaire. Et bien qu'il dispose d'une lettre de démission du chambellan pontifical au cas où il souffrirait d'un empêchement médical, il n'a jamais pensé à démissionner. À 88 ans, il est toujours en pleine forme, et c'est impressionnant.