De l’abbé Laurent Spriet, prêtre du diocèse de Lyon, membre de l’association sacerdotale Totus tuus, cet article publié dans le mensuel « La Nef », décembre 2020 :
« De nombreux curés se sont plaints, après le premier déconfinement, de ne pas voir revenir de nombreux baptisés à la messe dominicale. Qu’en sera-t-il après le deuxième confinement ? Même si les restrictions (souvent ridicules) imposées par le gouvernement ont tendance à réveiller la ferveur de certains, ne peut-on pas craindre que de nouvelles brebis vont encore quitter le troupeau sur la pointe des pieds ? Je le crois malheureusement, surtout en entendant des personnes me dirent qu’elles se passent bien de la messe en ce moment et qu’elles n’en ressentent pas la privation…
Pourquoi aller à la messe ?
Avant de répondre à cette question il faudrait sans doute la reformuler et se demander : « Pour qui aller à la messe ? » Car nous n’allons pas d’abord et avant tout à la messe pour nous-mêmes. Nous n’y allons pas d’abord pour communier, ni pour entendre la Parole de Dieu et nous en nourrir, mais pour Dieu ! Il s’agit de rendre à Dieu l’amour, l’action de grâces, la louange, en un mot « le culte[1] » qui lui est dû. Or, comment donner à Dieu un amour qui soit digne de Lui et qui soit à sa mesure ? Par la messe qui est l’actualisation sacramentelle de l’unique sacrifice de la croix. Il faut relire ce que saint Jean-Paul II a écrit dans sa dernière encyclique Ecclesia de Eucharistia vivit (cf. n° 11 à 14). À la messe c’est le Christ qui est le Prêtre : c’est Lui qui s’offre à son Père, c’est Lui essentiellement qui prie, et nous qui prions en Lui, par Lui, avec Lui[2]. Nous allons donc à la messe pour Dieu, même si nous n’en ressentons pas le besoin pour nous-mêmes (malheureusement !). Nous allons à la messe tous les dimanches pour rendre à Dieu, par le Christ, le culte qui lui revient. C’est une œuvre de justice. Aller à la messe, c’est juste ; ne pas y aller, c’est injuste.
Une obligation ?
Ce n’est pas tant une question de devoir que d’amour. La morale chrétienne n’est pas une morale de l’obligation mais de la sainteté. Elle n’est pas d’abord et avant tout une morale du mal à éviter mais une morale du bien à pratiquer.
A-t-on besoin d’un commandement pour aimer nos parents ? Normalement non. Mais il se trouve que l’homme et la femme étant blessés par le péché originel, Dieu leur a commandé d’honorer et de respecter leurs parents (4ème Commandement). Il en est de même pour Dieu. Il ne devrait pas être nécessaire de dire qu’il faut aimer Dieu… Il est normal, il est juste, il est digne et il est salutaire d’aimer Dieu, mais, comme l’homme et la femme sont blessés par le péché originel, alors Dieu a donné trois commandements destinés à rappeler que l’homme doit L’aimer, dont le 1er et le 3ème qui sont : « tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de ton esprit et de toutes tes forces » et « tu sanctifieras le Jour du Seigneur » (c’est-à-dire le dimanche puisque Jésus est ressuscité un dimanche). Et comme si cela ne suffisait pas, l’Église notre Mère nous a donné 5 préceptes ou commandements supplémentaires (que la plupart des baptisés ignorent totalement tant la transmission du contenu de la foi est lamentable depuis des décennies) parmi lesquels se trouve le premier : « Participer à l’Eucharistie dominicale et aux autres fêtes d’obligation et s’abstenir des travaux et des activités qui pourraient empêcher la sanctification de tels jours ». Les 5 préceptes de l’Église ont « pour but de garantir aux fidèles le minimum indispensable en ce qui concerne l’esprit de prière, la vie sacramentelle, l’engagement moral, et la croissance de l’amour de Dieu et du prochain »[3]. Vous avez bien lu : le minimum… La messe dominicale fait partie du minimum de la vie chrétienne ! Et tant de personnes baptisées s’en affranchissent allègrement. Soit, c’est vrai, par ignorance ; soit par choix. Voilà pourquoi nous pouvons lire dans un texte du 3ème siècle intitulé Didascalie des Apôtres : « Le jour du Seigneur, laissez tout et courez en hâte à votre assemblée, parce que c’est votre louange à Dieu. Autrement, quelle excuse auront devant Dieu ceux qui ne se réunissent pas le jour du Seigneur pour écouter la parole de vie et se nourrir de l’aliment de vie qui demeure éternel ? » Hâtons-nous donc d’aller participer à la Messe tous les dimanches. C’est obligatoire même si c’est d’abord une question d’amour de Dieu.
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