Procréation et fertilité, grosssesse et accueil de la vie, accompagnement et fin de vie, cette soirée du 13 février a été l'occasion de faire un état des lieux de ces sujets majeurs sur lesquels l'Institut Européen de Biotéhique travaille pour en éclairer les enjeux.
BELGICATHO - Page 366
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La video de la conférence de l'Institut Européen de Bioéthique sur l'état des lieux de la bioéthique en Belgique
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Liturgie : quand le légalisme autoritaire du pape François tourne le dos à la sagesse du pape Benoît XVI
De sur l'Incorrect :
LE LÉGALISME LITURGIQUE OU LE CRÉPUSCULE DE LA SAGESSE
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La caractéristique la plus importante du communisme chinois est l'athéisme
De Zhou Kexin sur Bitter Winter :
"La caractéristique la plus importante du communisme chinois est l'athéisme"
27/02/2023
La série télévisée populaire "The Knockout" est mobilisée par le PCC pour une nouvelle campagne contre la religion.
Promouvoir l'athéisme : un homme qui prie dans "The Knockout" est l'archi-vilain Gao Qiqiang.
Si vous vivez en Chine, il y a de fortes chances que vous ayez vu au moins quelques épisodes de la série télévisée "The Knockout", dont le dernier épisode a été diffusé le 1er février. C'était bien fait, et immensément populaire. Elle était également très politique. Ceux qui ont pris soin de regarder les titres ont remarqué que la série était officiellement produite "sous la direction de la Commission centrale des affaires politiques et juridiques du Parti communiste chinois", le superviseur tout-puissant de la police, de la sécurité et des tribunaux en Chine.
"The Knockout" est une série policière avec un méchant en chef, le patron du crime Gao Qiqiang. Méchant par excellence, il possède même une caractéristique négative que la Commission centrale des affaires politiques et juridiques considère peut-être comme plus dangereuse : il est croyant.
La China Anti-Xie-Jiao Association est une organisation colossale du PCC dont le mandat est de combattre les mouvements religieux interdits sous le nom de "xie jiao", parfois traduit par "sectes". Cependant, tant qu'elle y est, elle calomnie et combat toutes les religions.
Un document extraordinaire publié le 13 février par cette association, qui fait partie de son matériel pédagogique, contient des directives sur la manière de commenter "l'ouragan" lors des séances de propagande.
Le document insiste sur le fait que le méchant Gao Qiqiang est un croyant. On nous dit que Gao "va prier Dieu et Bouddha pour qu'ils le protègent, mais qu'il ne peut finalement pas échapper aux sanctions légales". L'identité et l'expérience de Gao Qiqiang nous disent que les masses, les membres du parti et les fonctionnaires doivent respecter la loi, et que la superstition ne peut sauver les contrevenants à la loi."
En regardant Gao, on peut comprendre ce qu'est la superstition. Elle n'est en aucun cas limitée aux "cultes". "Ce que nous appelons la superstition féodale, selon le texte, fait référence à la croyance en des dieux et des fantômes, et au fait de suivre les autres en participant à des activités anti-scientifiques en raison d'une croyance aveugle et d'une croyance ignorante." Il ne s'agit pas de croire aux "mauvais" dieux. Il s'agit de la croyance aux dieux, en général.
Une affiche pour "The Knockout".Pour être plus précis, les directives proclament avec insistance que "la foi dans le communisme est la vitalité et l'élément vital des membres du PCC. Les membres du Parti qui conservent leur foi dans le communisme ne perdront pas leur "calcium", leurs os seront durs, ils seront capables d'adopter une position claire face au bien et au mal, ils seront capables de rester fermes face à toutes sortes de tentations, ils sauront "d'où ils viennent et où ils vont". Ils comprendront qui ils sont et ne croiront pas aux dieux, aux fantômes ou au Feng Shui." (Xi Jinping n'aime pas le Feng Shui, bien que l'éradiquer des masses chinoises s'avérerait probablement impossible).
" Marx, poursuit le texte, a dit un jour : " Le communisme procède directement de l'athéisme. Tous les communistes chinois devraient être de fermes matérialistes et athées dès le jour où ils prêtent le serment d'adhérer au Parti. Les membres du PCC sont des "citoyens spéciaux" qui ont une conscience politique plus élevée, des convictions politiques plus fortes et une discipline organisationnelle plus solide que les citoyens ordinaires. La chose la plus fondamentale pour les communistes de croire au marxisme est d'adhérer au matérialisme approfondi et à l'athéisme scientifique. Il s'agit d'une question fondamentale liée à l'essence des membres du Parti et des cadres. Les membres du Parti qui organisent ou participent à des activités superstitieuses perdent leurs croyances correctes, abandonnent leurs armes théoriques, encouragent la superstition, vont à l'encontre de l'esprit du Parti et s'égarent facilement dans la corruption et la dégénérescence, nuisent à l'image du Parti et du gouvernement et causent de graves dommages. Ils doivent être tenus pour responsables."
Le religieux Gao Qiqiang devient un criminel, mais il est finalement vaincu par le bras fort du Parti communiste athée. L'athéisme gagne, la religion perd. Ce message simple est inculqué à nouveau par tous les moyens possibles, y compris les séries télévisées produites "sous la direction de la Commission centrale des affaires politiques et juridiques du Parti communiste chinois".
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Essaimage : Une abbaye à construire !
"Lu sur le site web du mensuel « La Nef » :
« L’abbaye Sainte-Marie de la Garde, fille du Barroux, démarre un magnifique projet : ériger une abbaye au XXIe siècle. Pour soutenir ce projet enthousiasmant, nous avons organisé une campagne de dons en partenariat avec CredoFunding, ce qui nous fournit l’occasion de présenter ce projet et l’abbaye elle-même : soyez généreux en ce temps de carême !
Entretien avec son Père Abbé, Dom Marc Guillot.
La Nef – L’abbaye se lance dans d’importants travaux : pouvez-vous nous expliquer de quoi il s’agit précisément ?
Dom Marc Guillot – Dans trois semaines à peine, les pelleteuses s’activeront à Sainte-Marie de la Garde. Implantés depuis vingt ans en ce lieu, le moment est venu pour nous d’agrandir de façon conséquente nos bâtiments. Ces extensions s’imposent tant pour la cohérence du fonctionnement de notre vie conventuelle que pour pouvoir recevoir les fidèles désireux de se ressourcer à l’abbaye. Aujourd’hui, nous n’avons toujours pas de cloître, ni de lieu de culte et de bibliothèque suffisamment adaptés. De plus, le fait d’avoir été gratifiés par la Providence de quelques vocations ces dernières années exige de nouvelles cellules et des espaces pour le travail. Ajoutons qu’au fil des ans, nous sommes toujours plus connus dans la région, ce qui a pour conséquence une augmentation régulière du nombre de personnes souhaitant venir vivre leur messe dominicale à l’abbaye et bénéficier de l’aide spirituelle qu’ils peuvent y trouver : réalité dont il nous faut tenir compte maintenant.
Quel style architectural avez-vous choisi et pourquoi ? Quels seront les acteurs de ce chantier ?
Nous avons fait le choix de construire une abbaye bénédictine d’esprit roman. L’édifice se réinscrira dans une histoire millénaire, celle de l’architecture religieuse monastique européenne. Pensons seulement à ces abbayes parsemant notre terre de France et empreintes de simplicité et de noblesse, d’harmonie et de lumière. Tout cela dans l’unique dessein d’évoquer la beauté de Dieu et de Lui attirer les âmes. Par ailleurs, outre les architectes, les bureaux d’études, les entreprises locales et les frères qui suivront de près l’évolution des travaux, nous aurons un compagnonnage merveilleux : celui de la pierre. Oui ! nous avons dessein de bâtir en pierre pleine, laquelle aura une durée de vie minimale espérée de 500 ans ! Mais si nous optons pour ce mode constructif, c’est surtout parce que les maçonneries de pierre massive offrent un rendu d’une beauté incomparable, une isolation thermique pérenne, une résistance au temps particulièrement intéressante. C’est aussi une réponse aux attentes de notre époque contemporaine, si soucieuse de mettre à l’honneur les matériaux naturels.
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La clique de Sant'Anselmo qui mène la guerre contre le rite ancien
De Luisella Scrosati sur la Nuova Bussola Quotidiana :
La clique de Sant'Anselmo en guerre contre le rite ancien
27-02-2023
Du secrétaire Viola aux sous-secrétaires García Macías et Marcjanowicz, jusqu'à Ravelli et Midili qui dirigent les célébrations pontificales : ils viennent tous de l'Athénée Sant'Anselmo et ne se déplacent qu'animés par un aveuglement idéologique face à la réalité. Ce sont les personnes qui font la guerre à l'ancienne Messe.
Toute personne, même si elle n'est pas très douée intellectuellement, est capable de comprendre que la croisade menée contre le rite ancien, depuis Traditionis Custodes jusqu'au récent Rescrit, n'est rien d'autre qu'un désir de vengeance, une fureur aveugle et morbide. Le constat est simple : l'Église catholique se retrouve presque exsangue, avec des évêques qui saluent l'homosexualité, des prêtres "choyés" qui abusent des religieuses et sont protégés par les plus hautes instances, des couvents fermés de force, des églises et des séminaires de plus en plus vides, des catholiques qui fuient l'Église.
Si l'on exclut la Pologne, dans les pays occidentaux, la participation à la messe, au moins hebdomadaire, est nettement inférieure à 50 % : l'Italie se situe honteusement à 34 %, mais semble même faire bonne figure par rapport à l'Espagne (27 %), l'Autriche (17 %), l'Allemagne (14 %) et les deux derniers, la France et les Pays-Bas, où moins d'un catholique sur dix va à la messe dominicale.
Avec ce scénario, le Dicastère du Culte Divin ne songe qu'à perdre du temps et des ressources pour accabler ceux qui vont à la Messe, mais selon un rite qui ne leur convient pas. Dans n'importe quelle entreprise, le préfet dudit dicastère, Mgr Arthur Roche, aurait été licencié sur le champ : non seulement incapable de revitaliser le marché, mais aussi suffisamment incompétent pour stériliser les quelques branches saines.
A y regarder de plus près, le seul problème de Roche est qu'il est la mauvaise personne au mauvais endroit, ce qui n'est pas rien. Son impréparation liturgique radicale n'est pas un mystère ; mais à l'époque, la seule place vacante était le Culte divin, libéré par le cardinal Sarah ; et Roche a donc dû s'asseoir là, comme un batelier présidant le syndicat des guides de montagne.
Le résultat est que d'autres personnes sont en charge du Culte Divin ; et ces autres personnes ont toutes une caractéristique commune : elles viennent de l'Athénée Pontifical Sant'Anselmo. À commencer par le secrétaire, Monseigneur Vittorio Viola, qui y enseigne la liturgie depuis 2000 et y occupe toujours la chaire de professeur de liturgie sacramentelle. Viola, en tant que professeur chargé de cours, a le droit de participer au Conseil de l'Institut, un droit qui soulève une question de conflit d'intérêts. Il y a ensuite les deux sous-secrétaires, Mgr Aurelio García Macías et Mgr Krzysztof Marcjanowicz, tous deux docteurs en liturgie de Sant'Anselmo ; Macías est également toujours professeur. Une situation tout à fait inhabituelle dans un dicastère de la Curie romaine, où les différentes écoles théologiques, philosophiques et liturgiques devraient être représentées, et qui se trouve au contraire blindé au sommet par la clique de Sant'Anselmo. Par l'intermédiaire de ses anciens élèves et de ses professeurs occupant des postes à responsabilité au sein du Culte divin, Sant'Anselmo exerce une influence unilatérale sur la liturgie mondiale et tisse des liens bien trop étroits avec la Curie, terrain fertile pour les escalades personnelles au nom des "services" rendus à la Sainte Église.
Mais l'invasion de Sant'Anselmo est encore plus vaste. Pour remplacer Monseigneur Guido Marini, ordonné évêque et nommé à la tête du diocèse de Tortona, on trouve Monseigneur Diego Giovanni Ravelli, originaire de la Brianza, lui aussi licencié et docteur de Sant'Anselmo. Et puis, l'Office liturgique du Vicariat de Rome ne pouvait pas manquer. Servant comme directeur, depuis 2011, et responsable des célébrations liturgiques du diocèse (à partir de 2019), le père carme Giuseppe Midili, grand ami du père Marko Ivan Rupnik, également titulaire d'une licence et d'un doctorat à l'Athénée, où il est professeur ordinaire de pastorale liturgique.
Le cas de Midili soulève également des questions sur le respect des Statuts de Saint Anselme eux-mêmes, qui, à la suite de Veritatis Gaudium, 29, affirment que, "pour être "stables" [...] les professeurs doivent être libres de tâches incompatibles avec leurs devoirs de recherche et d'enseignement". Il y a, à vrai dire, d'autres personnes dont on peut difficilement dire qu'elles respectent ce principe : le père Francesco De Feo, abbé du monastère de Grottaferrata, le père Stefano Visentin, abbé de Praglia, et S.E. Monseigneur Manuel Nin, exarque apostolique de Grèce et évêque de Carcabia.
Pour ces messieurs de Sant'Anselmo, la liturgie a dû être quelque chose de très théorique, puisqu'ils ne peuvent pas faire face à la réalité qui afflige nos églises ; et aussi de très idéologique, étant donné la rage aveugle contre les jeunes, les enfants, les familles, qui dans leur esprit se retrouvent tous sous l'étiquette d'"opposants au Concile", juste parce qu'ils aiment l'Ancien Rite.
Christophe Dickès, historien et journaliste français, frère du poète Damien, tente de ramener ces liturgistes de bureau à la réalité avec un splendide article paru dans rien moins que les colonnes du Figaro. Dickès souligne que le problème de ce pontificat semble être le petit monde traditionaliste qui, en France, où il est particulièrement répandu, représente environ 4% des catholiques ; donc "une minorité dans une minorité". Une minorité évidemment considérée comme subversive, puisque dangereusement ceux qui en font partie enseignent "le catéchisme à leurs enfants, leur faisant apprendre les dix commandements et les prières que les catholiques doivent connaître", et avec des sacrifices considérables essaient de préserver leurs enfants de la "culture du cachet", en les envoyant dans des écoles privées ou parentales, qu'ils doivent autofinancer.
Ces familles aiment aller à la messe traditionnelle. Tous snobs ? Tous anti-conciliaires ? Tous lefebvristes ? En vérité, après leur ordination sacerdotale en 1988, ces personnes " ont voulu montrer leur fidélité au Saint-Siège en manifestant leurs besoins spirituels, comme le permet le droit canonique (can. 212 § 2) ". Fidélité qui aujourd'hui est payée par des claques retentissantes.
Mais que trouvent-ils dans la messe en rite ancien ? Il y a là, reconnaît Dickès, "une verticalité et une sacralité" qui sont moins évidentes dans le rite approuvé par Paul VI. De plus, c'est décidément " un rite moins clérical ", un rite dans lequel tout " personnalisme est banni : les fidèles prient dans un face-à-face avec Dieu ", sans que le prêtre ne prétende être leur interface.
Il est en effet curieux que, précisément au cours du pontificat qui a fait de la synodalité son pivot - sous la devise "Elargis l'espace de ta tente" ! - et de l'anticléricalisme son uniforme, ce sont précisément eux qui sont frappés. Et sans aucune pitié. Personne n'a pensé à recevoir une délégation d'entre eux, à écouter leurs demandes, à répondre à leurs besoins, comme c'est le devoir précis des pasteurs de le faire. Rien. Seuls deux représentants de la Fraternité Saint-Pierre ont été reçus. "Quant aux laïcs, les mères de prêtres, âgées de 50 à 65 ans, qui ont marché 1500 kilomètres de Paris à Rome pour déposer une pétition aux pieds du Vicaire du Christ, ont été reçues pendant à peine trois minutes. 1500 kilomètres pour une poignée de secondes".
Ce comportement révèle la fausse rhétorique qui est maintenant devenue la règle à Rome : on dit que tout le monde doit trouver une place dans l'Église, mais pas le "Tridentin" ; on parle de valoriser les laïcs, mais pas ceux qui vont à l'ancienne Messe ; on se démène pour montrer combien les familles et les enfants sont appréciés et aimés, mais seulement ceux qui vont à la "nouvelle Messe" ou qui ne mettent même pas les pieds à l'église. Pas d'accueil, pas de pitié, pas d'écoute de ceux qui sont traités d'"indiétristes" chaque semaine ; envers ceux de la messe latine, il semble n'y avoir qu'un seul commandement : "rééduquez-les. Par la force des choses ou par la ruse. La synodalité semble être à la mode, mais "ils" n'ont qu'un seul droit : celui de souffrir en silence", conclut Dickès.
Il semble y avoir à Rome une version particulière de la parabole du fils prodigue, où le père chasse le fils aîné parce qu'il en a assez de l'avoir toujours avec lui.
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L’étrange Ostpolitik du Pape François
Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso, traduit par Diakonos.be :
L’ours russe et le léopard papal. L’étrange Ostpolitik du Pape François
La visite de Joe Biden à Kiev et ensuite à Varsovie, le double discours de guerre de Vladimir Poutine, le fantomatique plan de négociation de Xi Jinping : l’anniversaire de l’agression de la Russie contre l’Ukraine a vu les plus grandes puissances mondiales monter sur le devant de la scène. Et le Pape ?
Le jour même où le président des États-Unis marchait aux côtés de Volodymir Zelensky dans les rues de la capitale ukrainienne, l’agence russe Tass publiait l’information selon laquelle le Pape François s’était déclaré désireux de faire étape, au retour de son prochain voyage apostolique en Mongolie, à Vladivostok, à l’Extrême-Orient de la Russie, pour visiter le parc national consacré à la protection des léopards, à l’un desquels il a déjà donné un nom : Martin Fierro, le personnage « gaucho » du poème argentin du même nom si cher à Jorge Mario Bergoglio.
Incroyable mais vrai. Cette information de l’agence Tass ne relève pas du théâtre de l’absurde mais bien d’un fragment de la diplomatie personnelle que le Pape François est en train de mettre en œuvre, convaincu de pouvoir de la sorte ouvrir une spirale de la paix de la part de Moscou.
En fait, l’homme qui a fait part à la Tass du désir du Pape de visiter le parc des léopards à Vladivostok en « citant une conversation personnelle » avec lui, c’est Leonid Sevastyanov, c’est-à-dire l’homme sur lequel compte le Pape François dans cette opération diplomatique.
Sevastyanov a déclaré à une autre agence russe, Ria Novosti, le 15 février dernier que « le Pape a un plan de propositions pour une résolution pacifique du conflit entre la Russie et l’Occident et il a confirmé son désir de négocier avec les autorités russes et sa disponibilité pour se rendre à Moscou ».
Il a déclaré qu’il entretenait « une correspondance abondante avec le Pape ». Et il a cité le passage d’une lettre reçue du Pape : « Comme je voudrais me rendre à Moscou pour parler à Poutine du plan pour une solution pacifique en Europe ! ».
On ne sait rien de ce « plan » papal. Mais en mai dernier, dans une longue interview filmée accordée à Cristina Giuliano de l’agence italienne Aska News, Sevastyanov a également montré une lettre dans laquelle le Pape François le définissait comme un « ambassadeur de la paix » et le remerciait, ainsi que son épouse, la soprano Svetlana Kasyan, pour sa contribution à promouvoir une solution au conflit.
« Je pense que le Vatican doit devenir le symbole du dialogue », a déclaré Sevastyanov dans cette interview. « Il faudrait convaincre le Conseil de sécurité de l’ONU de charger l’État du Vatican, comme État neutre, d’être un modérateur susceptible de mettre autour de la table Joe Biden, Vladimir Poutine et Xi Jinping ».
Voilà quelle serait la valeur ajoutée du Vatican : être « un juge ‘super partes’ ». D’autant plus que « Poutine a toujours fait preuve d’un grand respect envers le Pape. Il n’a jamais parlé du Pape comme l’a fait le patriarche Cyrille. Et il faudrait exploiter ce respect ».
Une visite de François à Moscou, a ajouté Sevastyanov, aurait une grande « valeur symbolique ». Il est vrai que certains pourraient l’interpréter comme un signe de faiblesse de Poutine, « mais moi je sais que le Pape est quelqu’un de bien, de très diplomate, et qu’il ne fera jamais rien qui puisse mettre la Russie en difficulté ».
En réalité, le Pape François n’a jamais fait mystère de son grand désir de se rendre à Moscou. Le 5 février dernier, lors de la conférence de presse dans le vol de retour de son voyage au Congo et au Soudan du Sud, il a de nouveau raconté que déjà « le deuxième jour de la guerre je suis allé à l’ambassade de Russie pour dire que je voulais aller à Moscou pour parler avec Poutine, à condition qu’il y ait une petite fenêtre pour négocier. Le ministre Lavrov m’a alors répondu : « bien », que oui, il y attachait de l’importance, mais « nous verrons plus tard ». Ce geste était un geste réfléchi, en me disant « je le fais pour lui » ».
Cependant, dans cette même interview à Aska News, Sevastyanov a aussi défini la guerre en cours en Ukraine comme « un péché », il a reproché au patriarche orthodoxe de Moscou d’être trop lié à l’État russe et il a pris la défense du Pape contre les critiques de Moscou lui reprochant d’avoir rencontré les épouses des combattants du bataillon Azov accompagnée de Pyotr Verzilov, le dissident russe qui tire les ficelles des transgressives Pussy Riot.
Mais malgré ces dissonances apparentes, Sevastyanov reste un homme du régime de Moscou, aussi bien dans le domaine politique que religieux. Voici comment Stefano Caprio, l’un des plus grands spécialistes de la nation russe, prêtre de rite slave-byzantin, ancien professeur à Moscou et ensuite à Rome à l’Institut pontifical oriental, décrit le profil de Sevastyanov, dans une note publiée le 18 février par Asia News, l’agence de l’Institut pontifical des Missions étrangères.
« Leonid Sevastyanov est le président de l’Union mondiale des vieux-croyants, une formation schismatique de l’orthodoxie russe qui a toujours prôné la supériorité de la foi et des autres traditions russes sur toutes les autres, y compris celle des autres Églises orthodoxes. C’est en réalité aussi un historien collaborateur du patriarche Cyrille, qui l’a accueilli comme séminariste quand il était métropolite de Smolensk, malgré qu’il provienne d’une famille schismatique, et qui l’a invité à étudier à l’Université pontificale grégorienne de Rome, où il a obtenu en 2002 une maîtrise en philosophie politique. Il a ensuite achevé sa formation à la Georgetown University de Washington, par un doctorat en relations internationales, et il est consultant de la Banque mondiale.
Sevastyanov est l’homme de confiance du patriarche et du président Poutine en personne, qui a manifesté à plusieurs reprises sa proximité avec la communauté des vieux croyants. Ces schismatiques du quinzième siècle, persécutés pendant des siècles, expriment aujourd’hui l’âme profonde du christianisme russe, à tout le moins dans sa version radicale et militante qui prend de plus en plus le pas sur la version canonique et œcuménique de l’Église patriarcale. Son rapport de confiance avec le Pape François se base également sur l’admiration du pape pour son épouse, Svetlana Kasyan, une chanteuse lyrique populaire, qui s’est rendue à plusieurs reprises à Rome pour rendre visite au Pape ».
On pourrait ajouter que Sevastyanov est le directeur exécutif de la Fondation Saint-Grégoire, liée au département des relations étrangères du Patriarcat de Moscou, et il n’a jamais fait mine de se distancier de thèses telles que celles que Poutine a exprimées pour la dernière fois dans son discours du 21 février, applaudi par le patriarche Cyrille au premier rang :
« L’élite occidentale ne cache pas son véritable objectif, qui est […] une menace existentielle pour notre Pays, […] un désastre spirituel. […] Il consiste en la destruction de la famille, de l’identité culturelle et nationale, en la perversion et l’abus d’enfants, y compris la pédophilie, tous ces éléments sont considérés comme normaux dans leur vie. Ils contraignent leurs prêtres à bénir les mariages entre personnes de même sexe. […] L’Église anglicane est même en train d’étudier l’idée d’un Dieu au genre neutre. Que dire ? Dieu me pardonne, mais ils ne savent pas ce qu’ils font’.
De l’avis de Caprio, l’intention non dite des autorités de Moscou c’est « d’embrigader également le Pape de Rome dans la grande restauration d’un christianisme traditionnaliste et intransigeant » : une proposition qui ne correspond que fort peu au style réformateur du Pape Bergoglio, mais qui, à mieux y regarder, épouse son hostilité profonde à la « domination politique et culturelle de l’Occident philo-américain » qui est également « la véritable raison de l’agressivité des russes ».
Pour bien se rendre compte de la distance entre l’Ostpolitik personnelle du Pape François et celle pratiquée entretemps par les organes diplomatiques du Saint-Siège, on lira l’interview que le ministre des affaires étrangères du Vatican, l’archevêque Paul R. Gallagher, a accordée le 22 février à Gerard O’Connell pour la revue « America » :
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L’Église dans tous ses états
Lu dans le mensuel « La Nef » n° 356 Mars 2023 :
« Mgr André Léonard, archevêque émérite de Malines-Bruxelles, nous offre des mémoires passionnants brossant 50 ans de débats dans l’Église.
La Nef – Vous évoquez à propos du concile Vatican II un « agenda caché » et un « méta-concile » : que voulez-vous dire ? Le concile est-il une des causes de la crise que connaît l’Église ?
Mgr André Léonard – Tous les textes du concile sont doctrinalement corrects, sans quoi ils n’eussent pu être adoptés à une large majorité. Mais le contact avec certains experts et journalistes me donna à penser que certains textes seraient interprétés ensuite de manière tendancieuse. Ce que me confirma plus tard mon évêque, secrétaire de la Commission doctrinale. Il avait contribué, judicieusement, à ce que la Constitution sur l’Église parle de l’ensemble du Peuple de Dieu et, seulement après, de la hiérarchie. Il comprit après le concile que l’agenda caché de certains théologiens était d’en conclure que l’autorité des évêques découlait démocratiquement du peuple et non du Christ lui-même. Ce fut le début de ce que certains appelèrent le « méta-concile », à savoir le concile revu et corrigé « par après » (« méta », en grec).
Que retenez-vous de plus marquant de votre formation philosophique ? Où en sont les études de philosophie dans les séminaires et que faire pour rendre ces derniers plus « attractifs » pour les futures vocations ?
Le plus important pour moi fut de confronter la pensée de Thomas d’Aquin avec la philosophie moderne (Descartes, Kant, Hegel) et la philosophie contemporaine (Sartre, Husserl, Heidegger). Je le fis dans un ouvrage intitulé : Foi et philosophies. Guide pour un discernement chrétien (Bruxelles, Culture et Vérité/Lessius). Pas mal de séminaires en Europe se servent encore de ce livre pour confronter la pensée chrétienne avec la culture contemporaine.
Quant aux Séminaires, ils doivent posséder trois qualités pour attirer les jeunes d’aujourd’hui : une vie liturgique et spirituelle intense, une doctrine irréprochable et une initiation pratique au contact pastoral avec les croyants et les incroyants.
Vous expliquez l’importance d’Humanae vitae (1968) : en quoi cette encyclique fut-elle un tournant ? En quoi la contraception « artificielle » a-t-elle été une révolution sous-estimée ?
L’enjeu essentiel était, pour Paul VI, de protéger le lien étroit entre l’amour conjugal et le don de la vie. Il eut le tort d’avoir raison trop tôt. Aujourd’hui, nous constatons le grand danger d’une dissociation entre les deux aspects : d’une part, une vie sexuelle qui tourne en rond sur elle-même et, d’autre part, une procréation sans lien avec une union conjugale concrète.
Paul VI et Jean-Paul II n’ont pas réprouvé la contraception parce qu’elle est « artificielle ». Les méthodes non contraceptives, très fiables aujourd’hui, pour pratiquer une parenté responsable, sont aussi « artificielles » à leur manière, en exigeant quelques observations. Mais elles ont le grand mérite de mettre l’homme et la femme sur pied d’égalité, par la concertation, tandis que la contraception hormonale est toujours à charge de la femme seule…
Comment analysez-vous la réforme liturgique de Paul VI et la situation présente, avec un mouvement traditionaliste fermement attaché à la messe dite de saint Pie V ?
Les Églises d’Orient connaissent plusieurs rites. L’Église latine d’Occident en connaît deux formes, celle qui dérive de Vatican II et celle qui fut fixée par saint Pie V. Ce fut sagesse de la part de Benoît XVI de conserver l’une et l’autre. On ne peut pas proscrire un rite qui a nourri tant de saintes vies et attire toujours aujourd’hui des catholiques épris de recueillement, de silence et de chant grégorien. Le nouveau missel est parfaitement correct. Il a même l’avantage d’avoir une très riche liturgie de la Parole. Célébré le plus souvent par un prêtre faisant face à l’assemblée (ce qui n’a pas été voulu par le concile et n’avait jamais existé auparavant et n’existe toujours pas en Orient), il comporte le danger du « cléricalisme », l’individualité du prêtre risquant d’être trop importante. L’idéal serait que, de part et d’autre, un certain nombre de prêtres soient disposés à célébrer dans les deux formes du rite romain selon les nécessités pastorales. Un peu de souplesse…
Que retenez-vous de votre expérience d’évêque ? Comment être évêque dans notre Europe déchristianisée avec des diocèses dont le nombre de fidèles et de prêtres ne cesse de baisser ?
Je n’ai pas de leçons à donner. Mais je fus bien inspiré de pratiquer ce que le concile de Trente demandait aux évêques : la visite régulière de toutes les paroisses. Durant mes 25 années d’épiscopat (19 à Namur et 6 à Bruxelles), j’ai passé près de 5 ans, hors de l’évêché, visitant, en habitant sur place, tous les doyennés et presque toutes les paroisses des deux diocèses. Ce furent des occasions splendides de connaître les gens, croyants ou incroyants, d’apprendre beaucoup, d’enseigner et d’évangéliser.
Propos recueillis par Christophe Geffroy »
Ref. L’Église dans tous ses états
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Le Vatican se méfie des évêques sur la messe en latin. Mais le mécontentement grandit
Les nouvelles restrictions au rite tridentin voulues par le préfet Arthur Roche donnent plus de pouvoir à Rome, mais mécontentent fidèles et prêtres. Un article de Nivo Spunti ce 26 février, lu sur le site web « Il Sismografo »
« La nouvelle était dans l'air depuis un certain temps, mais l'annonce officielle n'est arrivée que cette semaine. En effet, mardi dernier était le jour de la publication d'un Rescrit avec lequel le Pape a entériné la ligne dure de son préfet du Dicastère du Culte Divin et de la Discipline des Sacrements, le Cardinal Arthur Roche sur l'application de la controversée Traditionis custodes . C'est le motu proprio avec lequel, en juillet 2021, François a de facto abrogé la libéralisation de la messe dite latine accordée par son prédécesseur en 2007 avec le Summorum pontificum.
Des fêtes plus difficiles
Les custodes Traditionis, avec Benoît XVI vivant, avaient déjà été accueillies avec douleur par des prêtres et des fidèles amoureux de la forme extraordinaire de l'unique rite romain. Ce document confiait le contrôle de ce type de célébrations aux « gardiens de la tradition » ou aux évêques diocésains, définis comme les seuls à pouvoir autoriser les célébrations eucharistiques avec l'usage du missel promulgué par saint Jean XXIII en 1962. Il appartenait aussi d'autoriser les prêtres qui célébraient déjà la messe dite latine, tandis que pour ceux ordonnés après l'introduction du motu proprio une consultation avec Rome était nécessaire avant que le feu vert ne soit donné. Et les évêques devaient toujours surveiller les groupes stables, s'assurer de l'absence de contestations sur la validité de la réforme liturgique et du Concile Vatican II et permettre les célébrations en Vetus Ordo en dehors des églises paroissiales.
Malgré le coup évident porté aux soi-disant traditionalistes par le renversement de ce qui était prévu dans le Summorum pontificum avec lequel Benoît XVI avait pris soin de rechercher l'harmonie entre cette sensibilité liturgique particulière des fidèles avec la pastorale ordinaire de la paroisse, en le Vatican il y en a eu qui en cette année et sept mois depuis la promulgation de la Traditionis custodes a jugé que son application n'était pas suffisamment exhaustive.
Plus de pouvoir à Rome, moins aux évêques
Le préfet du Dicastère pour le Culte divin et la Discipline des sacrements, le cardinal britannique Arthur Roche, a dû être mécontent de la manière dont les évêques diocésains ont mis en pratique le motu proprio si déjà cinq mois plus tard, en décembre 2021, il a entendu le besoin faire publier la Responsa ad dubia avec des notes explicatives annexées dans lesquelles les évêques diocésains ont reçu l'ordre de refuser la célébration des sacrements autres que l'Eucharistie aux groupes stables. Vraisemblablement, les réponses de Roche n'étaient pas suffisantes pour s'assurer que les évêques diocésains appliquaient les custodes Traditionis dans le sens voulu par le Dicastère du Culte Divin et ainsi, suite à une audience accordée au cardinal britannique par François lundi dernier, une nouvelle douche froide est arrivée pour les fidèles qui aiment la messe dite latine : un Rescrit publié dans L'Osservatore Romano dans lequel on sent le besoin de rappeler que « l'octroi de la licence aux prêtres ordonnés après » le motu proprio traditionis custodes et « l'usage d'une église paroissiale ou l'érection d'une paroisse personnelle pour la célébration de l'Eucharistie à l'aide du Missale Romanum de 1962 » sont des dispenses réservées à Rome et sur lesquelles l'évêque diocésain ne peut décider lui-même, mais il doit demander au Dicastère dirigé par Roche.
Un soulignement qui semble pourtant en contradiction avec l'esprit proclamé par le motu proprio originel et avec ce que François affirmait dans la lettre de présentation où il avait écrit qu'avec la Traditionis Custodes il avait voulu « affirmer qu'il appartient à l'évêque, comme promoteur, gardien et modérateur de la vie liturgique dans l'Église, de régler les célébrations liturgiques ». Le fait que l'intervention de Roche intervienne si peu de temps après la promulgation du motu proprio et de sa Responsa ad dubia pourrait être interprété comme un rejet des manières dont les évêques se sont comportés jusqu'à présent, au point de ressentir le besoin de réitérer que presque toutes les décisions sur les célébrations sous forme extraordinaire appartiennent à Rome.
Mécontentement
Le rescrit a provoqué l'inévitable mécontentement des prêtres et des fidèles liés à la messe dite latine, mais pas seulement. En effet, à l'intérieur comme à l'extérieur de l'Église, beaucoup se sont interrogés sur l'opportunité de nouvelles mesures restrictives moins de deux ans après l'entrée en vigueur de la Traditionis custodes . De plus, certains ont évoqué des urgences beaucoup plus importantes auxquelles l'Église doit faire face.
François lui-même s'est montré conscient des controverses soulevées par le rescrit. Lors d'une audience générale mercredi, le pape a déclaré que "tout dans l'Église doit se conformer aux exigences de l'annonce de l' Évangile , non pas aux opinions des conservateurs ou des progressistes, mais au fait que Jésus atteint la vie des gens" parce que " L'Evangile n'est-il pas une idée, ce n'est pas une idéologie : c'est une annonce qui touche le cœur et vous fait changer d'avis ». En attendant, les nouvelles restrictions à la messe latine semblent loin d'avoir atteint cet objectif de « service de l'unité" que François s'est fixé : en témoigne, par exemple, la réaction critique de l'évêque de la Providence, Monseigneur Thomas Joseph Tobinqui a noté dans un tweet à quel point « la façon dont le Vatican traite la messe traditionnelle en latin ne me frappe pas comme 'le style de Dieu' ».
Ref. Le Vatican se méfie des évêques sur la messe en latin. Mais le mécontentement grandit
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Le cardinal Müller prévient que le nouveau rescrit sur Traditionis custodes rabaisse les évêques et porte atteinte à leur responsabilité pastorale
De Javier Arias sur InfoVaticana :
Le cardinal Müller prévient que le nouveau rescrit sur Traditionis custodes rabaisse les évêques et porte atteinte à leur responsabilité pastorale
24 février, 2023
Le récent rescriptum approuvé par François et le Préfet du Dicastère pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, le Cardinal Roche, continue de provoquer des réactions.
Le nouveau document, qui renforce le motu proprio Traditinis custodes, établit que l'utilisation d'une église paroissiale ou l'érection d'une paroisse personnelle pour la célébration de l'Eucharistie selon le Missale Romanum de 1962 et l'octroi de la licence aux prêtres ordonnés après la publication du Motu proprio Traditionis custodes pour célébrer selon le Missale Romanum de 1962, seront de la responsabilité de Rome.
Ce blog a déjà publié cette semaine comment cette décision renforce encore le contrôle centralisateur de Rome au détriment de la liberté de décision et d'action des évêques.
InfoVaticana a contacté le Cardinal Müller pour avoir son avis sur cette décision du Pape et du Cardinal Roche. L'ex-préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi nous a répondu que "le Pape Benoît XVI a donné à la papauté une grande réputation, même parmi les agnostiques éloignés de l'Eglise (Paolo Flores D'Arcais, Jürgen Habermas, Piergiorgio Odifreddi) par sa haute compétence théologique et son honnêteté intellectuelle".
Faisant allusion à Benoît XVI, Müller soutient qu'"il n'était pas nécessaire pour lui d'insister sur l'obéissance formelle de manière autoritaire, car même l'obéissance de la foi à Dieu, qui est décisive pour le salut, n'exige pas une servilité aveugle, mais une dévotion à Dieu Trinité en usant de la raison et du libre arbitre, c'est-à-dire une obéissance raisonnable (Vatican II, Dei Verbum, 5)".
D'autre part, le cardinal allemand affirme que "lorsqu'il s'agit de l'obéissance à l'autorité ecclésiastique, il faut distinguer entre l'obéissance religieuse, "qui se réfère à la soumission à l'autorité de la foi révélée, et la volonté de suivre volontairement le pape et les évêques également en matière de discipline de l'organisation ecclésiastique et de l'ordre de la liturgie". "Nous faisons la distinction entre la substance des sacrements, sur laquelle le pape et les évêques n'ont aucun pouvoir de disposition, et le rite liturgique, qui s'est développé historiquement en divers rites légitimes au sein de l'unique Église catholique", ajoute le cardinal.
Le cardinal Müller affirme que "le pape Benoît a surmonté les tensions qui étaient apparues d'une manière théologiquement compétente et pastoralement sensible en faisant la distinction entre les formes ordinaire et extraordinaire du rite latin". Le cardinal Müller décrit la présente décision comme une "intolérance brutale" à l'encontre de ceux qui préfèrent la messe traditionnelle. Il ajoute qu'il s'agit d'une décision "pastoralement contre-productive", et "d'un exemple effroyable d'incompétence théologique dans la distinction entre la substance du sacrement dont on ne peut disposer et la richesse des formes des rites liturgiques".
En ce sens, le cardinal Müller n'hésite pas à souligner que ce nouveau document "dégrade les évêques ou les ordinands locaux de second rang en pétitionnaires auprès de la plus haute autorité (c'est-à-dire la bureaucratie du Dicastère pour le Culte)". Le cardinal allemand souligne que cette décision "porte atteinte à la responsabilité pastorale de l'épiscopat" et "obscurcit le véritable sens de la papauté, qui est de représenter et de réaliser l'unité de l'Église dans la vérité de la foi et la communion sacramentelle".
Enfin, Mgr Müller regrette que "la reconnaissance de l'autorité papale ne soit pas promue, mais affaiblie à long terme", car elle peut donner l'impression d'une sorte de leadership autocratique.
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Le chemin inverse du péché ; homélie pour le 1er dimanche du carême
Du blog de l'abbé Christophe Cossement :
Le chemin inverse du péché
homélie du 1er dimanche de carême (archive du 1er mars 2020)
Le récit du péché originel nous montre ce qu’est le péché dans sa racine. Pécher, c’est acquiescer à la tentation de ne plus voir ce que Dieu demande comme un chemin de vie mais comme ce qui empêche d’être heureux (Gn 3,5). Valider la tentation de trouver que Dieu exagère, qu’il ne faut pas faire si attention à lui. Accepter la tentation d’imaginer que Dieu est concurrent de l’homme, que nous devons entretenir une certaine distance avec lui pour ne pas être ses marionnettes, pour pouvoir être libre. Réaliser la tentation de se donner à soi-même son bonheur sans chercher comment le Créateur voudrait nous le donner (Gn 3,6). Succomber à la tentation de tester une action douteuse pour savoir si c’est bien ou mal (c’est d’ailleurs ce qu’est cet arbre de la connaissance du bien et du mal : la licence de faire le mal comme le bien, de les expérimenter tous les deux).
Ce péché originel est un péché d’orgueil. C’est l’homme qui sait mieux que Dieu ou qui le juge. Nos problèmes commencent toujours ainsi. Ah, si nous pouvions apprendre l’humilité ! Si nous pouvions accepter que Dieu est grand et que nous sommes petits !
Saint Paul nous conduit plus loin dans la méditation. Il souligne que le péché produit la mort, car il coupe du Dieu de vie (Rm 5,12). Ce n’est pas une condamnation qui doit être déclarée suite à une transgression, mais la logique de la vie (Rm 5,13). Bien sûr, la mort existait sur la Terre avant qu’il y ait des hommes, sinon nous ne serions pas là. Mais le péché a fait de la mort un drame, une séparation qui semble pour toujours, un anéantissement, plutôt qu’un passage, l’entrée dans la gloire.
Sur fond de ce drame, qui se joue plus d’une fois dans notre vie, Dieu veut donner plus encore que ce que nous avons perdu. La grâce a surabondé. L’image de Dieu en nous est restaurée. Nous pouvons à nouveau penser que nous sommes les intimes du Père, que nous sommes sur son cœur, que rien ne nous sépare de lui. (Rm 5,16)
Pour réaliser cela le Christ a fait le chemin inverse du péché. Il s’est battu avec le diable, l’adversaire, l’accusateur, lui qui aime à nous éloigner du Père par toute sorte de désirs, à nous décourager de revenir au Père, à nous faire croire finalement indignes de Lui. Jésus se bat avec le diable en affrontant les tentations (Mt 4), des tentations qui germent dans notre faiblesse humaine.
Il y a d’abord la tentation du manque. « il eut faim ! » Comment combler nos manques ? Qu’est-ce qui nous rendra heureux ? Quand le manque surgit dans nos vies, le défi est de compter vraiment sur Dieu, se redire qu’il a la capacité de nous rendre heureux si nous suivons ses commandements.
Puis vient la tentation de l’amour. « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas ! » Est-ce qu’il y a quelqu’un qui m’aime ? Est-ce que Dieu m’aime, alors que je ne le sens pas ? Le défi est de croire à l’amour de Dieu et de chercher cet amour sans demander des preuves, humblement, dans la confiance, dans l’ordinaire des jours semblables. Croire à l’amour de Dieu le fait découvrir.
Enfin, la tentation de la réussite. « Tout cela, je te le donnerai ». Jésus est venu pour être roi, pour attirer tous les royaumes à son Père. Mais sa réussite ne sera pas visible pour lui. C’est par une grande confiance qu’il saura qu’il est vainqueur du mal. Puis sa résurrection le lui montrera. Comme il a dû souhaiter un raccourci, un moyen de savoir comment il réussirait ! Le défi est de s’en remettre totalement à Dieu pour les moyens, sans vouloir mesurer humainement l’efficacité. Dans une phrase lumineuse sur l’espérance, le pape François disait avant-hier aux prêtres de Rome : « espérer, ce n’est pas être convaincu que les choses vont s’améliorer, mais plutôt que tout ce qui arrive a un sens à la lumière de Pâques ».
Les tentations de Jésus, tous nous les éprouvons dans une certaine mesure. Tous nous devons lutter contre elles à la suite de Jésus. Car la vie chrétienne est en même temps un cadeau et une lutte. Ne soyez pas effrayés d’être tentés. Tant que vous n’avez pas acquiescé, tant que cela se passe sans votre volonté, vous n’avez pas péché. Et si vous péchez, il y a le sacrement de réconciliation. Il est fait pour ceux qui se donnent leur bonheur sans écouter ce que Dieu attend d’eux. Pour ceux qui se laissent aller à des doutes et des hésitations dans leur confiance en Dieu. Pour ceux qui cherchent la réussite ou une situation en trouvant des arrangements avec la justice ou la vérité. Sans cesse, le Père cherche notre cœur et veut le réunir au sien.
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Premier dimanche de Carême : Jésus tenté au désert
source : missel.free.fr
Suite du saint Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ selon Saint Matthieu (IV, 1-11).
Jésus, après son baptême[1], fut conduit au désert par l'Esprit[2] pour être tenté par le diable.
Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits[3], il eut faim[4]. Le tentateur[5] s'approcha et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains[6]. » Mais Jésus répondit : « Il est écrit : l'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu[7]. »
Alors le diable[8] l'emmena à la ville sainte, à Jérusalem, le place au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit[9] : Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » Jésus lui déclara : « Il est encore écrit : Tu ne mettras pas à l'épreuve le Seigneur ton Dieu[10]. »
Le diable l'emmena encore sur une très haute montagne et lui fit voir tous les royaumes du monde avec leur gloire[11]. Il lui dit : « Tout cela, je te le donnerai[12], si tu te prosternes pour m'adorer. » Alors, Jésus lui dit : « Arrière, Satan ! car il est écrit : C'est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, et c'est lui seul que tu dois adorer. » Alors le diable le quitta. Voici que des anges s'approchèrent de lui, et ils le servaient.
Textes liturgiques © AELF, Paris
[1] Il fallait que tous les baptisés apprissent à ne point s'étonner si, après la grâce reçue, ils éprouvent de grandes tentations ; la chose est dans l'ordre : vous avez reçu des armes, c'est pour combattre et non pour vous reposer. Enfin, pour que vous ayez une preuve de la grâce qui vous a été faite : le démon ne vous aurait pas attaqué si Dieu ne vous avait élevé à cet honneur. C'est ainsi qu'il s'attaqua à Adam et ensuite à Job (saint Jean Chrysostome : homélie XIII du commentaire de l'évangile de saint Matthieu).
Vous qui êtes devenus chrétiens, vous devez vous attendre à des attaques plus violentes du démon ; car la victoire qu'il remporte sur les saints lui donne plus de gloire, et il la désire avec plus d'ardeur. (saint Hilaire : commentaire de l'évangile de saint Matthieu, III 1).[2] Ce fut l'Esprit Saint qui conduisit lui-même Jésus au désert, voulant exprimer l'assurance avec laquelle il possède celui qu'il remplit de sa présence et l'offre aux traits du tentateur (saint Hilaire : commentaire de l'évangile selon saint Matthieu, III 1).
[3] Vous reconnaissez-là un nombre à signification mystique. Ce fut pendant ce nombre de jours que les eaux du Déluge se répandirent sur la terre, que le prophète Elie jeûna dans sa caverne, que Moïse jeûna avant de recevoir la Loi. Il convient donc de passer dans le jeûne un nombre semblable de jours pour préparer notre entrée dans la vie (saint Ambroise : commentaire de l’évangile selon saint Luc, IV 15).
[4] Le démon devait être vaincu, non par Dieu, mais par l’homme et par la chair de l’homme. Et c’est pourquoi l’homme en Jésus est abandonné à lui-même. C’est pourquoi il eut faim. Cette faim était aussi le signe de la faim qu’il devait éprouver, la faim de nos âmes, quand à la fin des quarante jours passés sur terre après sa Passion, il ramènerait près de Dieu la nature humaine qu’il avait assumée (saint Hilaire : commentaire de l’évangile selon saint Matthieu, III 2).
[5] Que personne, étant dans l’épreuve, ne dise : « C’est Dieu qui m’éprouve » ; car Dieu est à l’abri des épreuves du mal, et lui-même n’éprouve personne (épître de saintJacques, I 13). La tentation est la sollicitation au mal qui vient du démon ; Dieu ne nous tente pas mais permet que nous soyons tentés.
[6] Faisant cette proposition astucieuse, le démon nous décèle aussi sa faiblesse. Il ne peut lui-même précipiter les hommes, il faut qu’ils y consentent, et l’homme ne tombe que quand il abandonne les choses du ciel pour celles de la terre (saint Ambroise : commentaire de l’évangile selon saint Luc, IV 25).
[7] Au lieu d’écraser son adversaire du poids de sa puissance, et de le rejeter dans l’abîme, il ne fait qu’évoquer les préceptes de la Sainte Ecriture, nous apprenant, toutes les fois que nous sommes attaqués, à bien nous établir dans la vérité plutôt qu’à faire sentir notre colère (saint Grégoire le Grand : Homélie XVI sur les péricopes évangéliques).
[8] Le Mal n’est pas une abstraction, mais il désigne une personne, Satan, le Mauvais, l’ange qui s’oppose à Dieu. Le « diable » est celui qui « se jette en travers » du dessein de Dieu et de son « œuvre de salut » accomplie dans le Christ. « Homicide dès l’origine, menteur et père du mensonge » (Jean, VIII 44), « le Satan, séducteur du monde entier » (Apocalypse, XII 9), c’est par lui que le péché et la mort sont entrés dans le monde et c’est par sa défaite définitive que la création toute entière sera « libérée du péché et de la mort » (« Catéchisme de l’Eglise catholique », publié en 1992).
[9] Le démon se sert de l’Ecriture comme les hérétiques le feront plus tard, non pour devenir meilleur mais pour tromper (saint Jean Chrysostome : homélie XIII sur l’évangile selon saint Matthieu, 3).
[10] Celui qui entrepend des choses trop hautes que Dieu ne lui ordonne ni ne lui conseille, sous prétexte qu’il ferait en sa faveur des choses extraordinaires qu’il n’a point promis, tente le Seigneur son Dieu. Il tente le Seigneur son Dieu lorsqu’il veut entendre par un effort de son esprit les inaccessibles mystères, sans songer que celui qui entreprend de sonder la majesté sera opprimé par sa gloire. Ceux-là donc tentent le Seigneur leur Dieu et n’écoutent pas ce précepte : Ne cherchez point des choses plus hautes que vous. Celui aussi qui entreprend de grands ouvrages dans l’ordre de Dieu, mais le fait sans y employer des forces et une diligence proportionnées, tente Dieu manifestement et attend de lui un secours qu’il n’a point promis. Il en est de même de celui qui se jette volontairement dans un péril qu’il peut éviter ; car s’il le peut, il le doit, et non par une téméraire confiance hasarder volontairement son salut. Celui qui dit, par le sentiment d’un faux repos, je m’abandonne à la volonté de Dieu, et je n’ai qu’à le laisser faire, au lieu d’agir avec Dieu et de faire de pieux efforts, tente le Seigneur son Dieu qui veut que nous soyons coopérateurs de sa sagesse et de sa puissance(Jacques-Bénigne Bossuet).
[11] En entendant dire que le Sauveur fut tenté par le démon, porté par ses mains sacrilèges sur une montagne et sur le sommet du Temple, notre âme se révolte. Qu'y-a-t-il d'étonnant qu'il ait permis au démon de le transporter sur une montagne, quand il a permis à ses membres de le tuer. Car les méchants appartiennent au démon, ils sont ses membres : Pilate, les Juifs, les soldats qui crucifiaient Jésus, étaient les membres du démon. Il n'était pas indigne du Sauveur de subir la tentation, lui qui est venu pour subir la mort. Et comme il a guéri notre mort par sa mort, il nous a fortifiés par sa tentation contre nos tentations (saint Grégoire le Grand : homélie XVI sur les péricopes évangéliques).
[12] Le démon sentait que cet homme venait le combattre ; mais à quoi bon combattre, s’il pouvait lui donner les royaumes de la terre ? Il n’y mettait qu’une condition, c’est qu’il reconnût sa suprématie. Notre Seigneur et Sauveur veut régner en effet . Il veut que toutes les nations lui soient soumises, mais pour être soumises à la vérité, à la justice et à toutes les autres vertus ; il veut régner par la justice et il ne veut point recevoir sans labeur son royaume d’un maître à qui il sera soumis. Il veut régner afin de conduire les âmes au service et à l’adoration de Dieu (Origène : homélie XXX sur l’évangile selon saint Luc).
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Que change le nouveau rescrit du pape François ? Pourquoi préférer la messe traditionnelle à la nouvelle messe ?
Que change le nouveau rescrit du pape François ? Pourquoi préférer la messe traditionnelle à la nouvelle messe ? Les réponses du Club des Hommes en noir avec cette semaine autour de Philippe Maxence, les abbés Barthe et Guelfucci, le père Thomas et Jean-Pierre Maugendre.