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Christianisme - Page 5

  • Le Puy du Fou dit vrai sur les crimes de guerre en Vendée

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    De Martin Dousse sur La Sélection du Jour :

    Sur les crimes de guerre en Vendée, le Puy du Fou dit vrai

    Photo : Connu comme le "Panthéon de la Vendée militaire", ce cimetière perpétue la mémoire du massacre de La Gaubretière, survenu le 27 février 1794. Crédits : Wikimédia Commons

    Malgré son succès hors du commun, le Puy du Fou est régulièrement accusé de mettre au goût du jour une histoire en noir et blanc aussi romancée que partisane. Au cœur des critiques, le récit des guerres de Vendée. Compte tenu des faits historiques, il est pourtant en accord avec la vérité, du moins sur l'essentiel.

    Ancien président du Conseil Général de Vendée et créateur du parc aux spectacles grandioses, Philippe de Villiers est régulièrement la cible d'attaques médiatiques qui lui reprochent d'être en proie à « l'obsession » d'y raconter « son » histoire de la Vendée. Le journal Le Monde s'est même plu à brocarder « Le Puy du Faux », un « parc sans lumières ».

    Alors qu'il avait inauguré par ailleurs, en 1993, le Mémorial des Guerres de Vendée en compagnie d'Alexandre Soljenistyne, il est vrai que le sujet est cher à l'homme d'affaires et ancien politique dont le tort principal serait de pointer un génocide là où il n'y eut rien d'autre qu'une guerre civile. Pourtant, le déséquilibre du rapport de forces ainsi que la systématisation des massacres de civils, consentis et ordonnés à l'époque par la République française, devraient au moins ouvrir un débat encore largement tabou dans le milieu universitaire. Alors que la France a fait son mea culpa vis à vis de l'Algérie ou de la déportation des juifs sous l'Occupation, elle n'a jamais reconnu ne seraient-ce que des crimes de guerre en Vendée. Ceux-ci sont pourtant nombreux et d'une évidence indéniable...

    Le soulèvement vendéen commence en mars 1793 répondant assez vite à une seule devise : « Dieu et le roi ». L'ordre des priorités en était bien établi car c'est essentiellement pour le premier que les insurgés se sont battus. Louis XVI était mort en janvier et se trouvait en prison depuis l'année d'avant. En revanche, les prêtres « non-jureurs » subissaient une persécution acharnée, ce qui outrait ce peuple de paysans profondément attachés au catholicisme. Le vase a débordé quand on leur exigea de s'enrôler dans les rangs républicains. S'organise alors l'Armée catholique et royale qui après avoir obtenu quelques victoires de prestige, va peu à peu succomber face à des forces mieux armées et organisées.

    Alors que les troupes « bleues » prennent le dessus et que la déchristianisation révolutionnaire atteint son paroxysme, les autorités parisiennes insistent pour porter le coup de grâce. « Détruisez la Vendée ! », clame à plusieurs reprises Bertrand Barère le 1er octobre 1793. Le porte-parole du Comité de Salut Public avait déjà réclamé quelques mois auparavant la punition de ce peuple « parricide et coupable ». Le 17 brumaire an II (7 novembre 1793), le nom du département est remplacé par celui de « Vengé ». Le pire se prépare…

    Après avoir taillé en pièces le 23 décembre 1793, à Savenay, les restes de l'Armée catholique et royale, le général François Westermann rapporte son triomphe à la Convention : « Il n'y a plus de Vendée, Citoyens républicains [...]. Suivant les ordres que vous m'avez donnés, j'ai écrasé les enfants sous les pieds des chevaux, massacré les femmes qui, au moins, pour celles-là, n'enfanteront plus de brigands. Je n'ai pas un prisonnier à me reprocher. J'ai tout exterminé. »

    Les mots de Westermann ne sont en réalité qu'un prélude de ce qui vient. En janvier 1794, le général Louis-Marie Turreau de Lignières, fraîchement nommé commandant en chef des armées de l'Ouest, endosse un nouveau rôle. Il ne s'agit plus de mettre en déroute un adversaire militaire mais selon ses propres mots d'« assurer l'anéantissement des rebelles ».

    Dès novembre 1793, répondant aux injonctions de plusieurs députés montagnards, il avait présenté un plan consistant à sillonner le pays vendéen à la tête de 12 colonnes incendiaires que la postérité qualifiera d'« infernales ». Il comptait mettre en œuvre à son tour la logique déjà appliquée par Jean-Baptiste Carrier, à la tête du comité révolutionnaire de Nantes. Tristement célèbre pour ses noyades de prisonniers vendéens, ce dernier avait pris soin de les justifier : « C'est par principe d'humanité que je purge la terre de la liberté de ces monstres ».

    Soucieux de ne pas être désavoué par sa hiérarchie, Turreau écrit à plusieurs reprises au Comité de Salut Public : « Vous devez également vous prononcer d'avance sur le sort des femmes et des enfants [...]. S'il faut les passer tous au fil de l'épée, je ne puis exécuter une pareille mesure sans un arrêté qui mette à couvert ma responsabilité. » (le 16 janvier 1794). Il appuie sa requête le 24 janvier : « Si mes intentions sont bien secondées, il ne restera plus dans la Vendée, sous quinze jours, ni maisons, […], ni habitants, mais que ceux qui, cachés au fond des forêts, auront échappé aux plus scrupuleuses perquisitions ». Réponse du Comité, le 6 février 1794, par la plume de Lazare Carnot : « Tu te plains, citoyen général, de n'avoir pas reçu du Comité une approbation formelle de tes mesures. Elles lui paraissent bonnes et tes intentions pures […]. Extermine les brigands jusqu'au dernier, voilà ton devoir. »

    Afin de suivre et guider le citoyen général Turreau, Paris nomme des Représentants en mission, envoyés sur place pour être le maillon intermédiaire entre la volonté du Comité et le commandement militaire. C'est le cas des conventionnels Nicolas Hentz, Pierre-Anselme Garrau et Marie-Pierre-Adrien Francastel. Dans son ordre de marche du 19 janvier, Turreau était sans merci : « les personnes suspectes ne seront pas épargnées ». Les Représentants en mission le savaient et avaient donné leur aval : « Le général en chef nous a promis de les détruire tous […] tous les habitants qui sont à présent dans la Vendée sont des rebelles très acharnés. C'est que les femmes, les filles et les garçons au-dessus de 12 ans sont les plus cruels », rapportaient-ils un mois plus tard. Le 28 avril, la ligne de conduite n'avait pas varié à en croire ce que déclarait Garrau : « Cette guerre ne finira que par la mort du dernier Vendéen, et tous auront mérité leur sort. »

    Joseph Clémanceau, un Vendéen républicain, qui fut témoin des évènements, ne comprenait pas tant de violence : « Il voulait tout détruire et faisait égorger les vieillards, les femmes et les enfants, [...]. Comment se fait-il donc que le Comité, instruit des excès en tout genre commis par le général Turreau, ne le destituait pas et ne lui faisait pas subir avec justice le sort de tant d'autres qui étaient condamnés injustement ? ». Jean-Baptiste Beaudesson, qui accompagne les « Bleus » pour pénétrer dans les métairies afin de confisquer les denrées, décrira rempli d'effroi ce qu'il a vu : « Des pères, des mères, des enfants de tout âge et de tout sexe, baignés dans leur sang, nus, et dans des postures que l'âme la plus féroce ne pourrait envisager sans frémissement. » Même Joseph Léquinio, qui avait participé aux massacres, finit par s'indigner devant la Convention de « la barbarie la plus outrée » pratiquée par les colonnes infernales.

    Les estimations plutôt consensuelles font état d'un chiffre avoisinant 170 000 Vendéens mis à mort (Jacques Hussenet). Les pertes des armées républicaines sont estimées à environ 30 000 hommes. L'expédition des colonnes infernales qui représente la période la plus virulente des tueries, s'acheva en mai 1794 avec le rappel du général Turreau qui fut acquitté en 1795. On statua qu'il n'avait fait que suivre les ordres... Grachus Babeuf, un révolutionnaire convaincu, contemporain des évènements, a dénoncé dans un ouvrage un « système de dépopulation » de la Vendée, un véritable « populicide » camouflé derrière l'excuse de la guerre. Le mot génocide serait-il vraiment excessif ?

    Génocide vendéen : qu'apporterait une reconnaissance officielle ? L'analyse de Jacques Villemain

    >>> Écouter l'émission sur RCF

  • La Théotokos en Carême : Réflexions sur l'hymne acathiste

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    De David Paul Deavel sur le CWR :

    La Théotokos en Carême : Réflexions sur l'hymne acathiste

    L'Hymne Acathiste à la Mère de Dieu est peut-être plus connu en Orient, mais il appartient à toute l'Église.

    Réjouis-toi, rayonnement de joie,
    Réjouis-toi, par qui le mal a disparu,
    Réjouis-toi, tu relèves Adam de sa chute,
    Réjouis-toi, par toi Eve ne pleure plus.
    R/ Réjouis-toi, ô mère du Sauveur, Alléluia, Alléluia, Alléluia !

    Réjouis-toi, étoile annonciatrice du soleil levant,
    Réjouis-toi, par qui Dieu devient petit enfant,
    Réjouis-toi, car tu renouvelles toute créature,
    Réjouis-toi, en toi nous adorons le Créateur.
    R/ Réjouis-toi, ô mère du Sauveur, Alléluia, Alléluia, Alléluia !

    Réjouis-toi, par qui les cieux se réjouissent avec la terre,
    Réjouis-toi, par qui la terre jubile avec les cieux,
    Réjouis-toi, bouche silencieuse des apôtres,
    Réjouis-toi, fermeté des témoins du Christ.
    R/ Réjouis-toi, Marie comblée de grâces ! Alléluia, Alléluia, Alléluia !

    Réjouis-toi, mère de la lumière sans déclin,
    Réjouis-toi, aurore du jour véritable,
    Réjouis-toi, qu’illumine le mystère de la Trinité
    Réjouis-toi, allégresse de toutes les générations !
    R/ Réjouis-toi, Marie comblée de grâces ! Alléluia, Alléluia, Alléluia !

    Réjouis-toi, mère de l’Agneau et du Pasteur
    Réjouis-toi, bergerie de l’unique troupeau,
    Réjouis-toi, qui nous libères des oeuvres de ténèbres
    Réjouis-toi, tu nous ouvres les portes du paradis
    R/ Réjouis-toi, ô mère du Sauveur, Alléluia, Alléluia, Alléluia !

    Détail de « Theotokos de Vladimir » (vers 1100/Wikipédia)
    Le chemin du Carême est celui de la suite du Christ. Au fil des siècles, de nombreux hymnes, prières et dévotions carêmes impliquant Marie se sont développés. Rien d'étonnant à cela. Car le Carême, c'est se lever et suivre Jésus, comme sa mère l'a si bien fait.

    Une objection courante des protestants à l'enseignement catholique et à la dévotion à Marie est que le Christ l'aurait réprimandée dans Luc 11. Une femme dans la foule s'était écriée : « Heureux le sein qui t'a portée et les mamelles que tu as allaitées ! » La réponse du Seigneur fut laconique : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et la gardent ! » (Luc 11:27-28).

    Selon la compréhension catholique, le Seigneur ne disait pas que Marie n'était pas bénie ; il déclarait plutôt ce qui était plus béni. Marie est bénie non seulement pour l'acte biologique de porter, d'accoucher ou même d'allaiter le petit Seigneur Jésus. Elle est véritablement bénie parce qu'elle a entendu la parole de Dieu l'appelant à être la mère du Seigneur et a répondu : « Voici, je suis la servante du Seigneur ; qu'il m'advienne selon ta parole » (Luc 1, 38).

    Plus nous suivons le Christ, plus nous ressemblerons à sa mère, qui se considérait comme servante de Dieu et acceptait sa volonté en toutes choses. Il est significatif que, bien qu'elle n'ait pas été impliquée dans tous les aspects de son ministère, elle l'ait accompagné jusqu'au bout. Jean 19 nous dit qu'elle, Marie, femme de Clopas, Marie-Madeleine et Jean le Bien-aimé se tenaient sous la Croix, alors que les autres disciples s'étaient enfuis. C'est alors que le Christ a donné Marie pour mère à Jean, un événement compris par l'Église comme sa transformation en mère de toute l'Église.

    Après tout, les mères montrent à leurs enfants comment les choses se passent. Le Christ est notre rédempteur et notre modèle ultime. Mais Marie est le plus grand exemple de racheté. Elle a entendu la parole du Seigneur et l'a gardée jusqu'au bout. C'est pourquoi nous nous tournons vers elle non seulement pour ses prières, mais aussi pour son exemple.

    Dès les premiers temps de l'Église, les chrétiens ont sollicité l'intercession de Marie et suivi son exemple. Et, accomplissant la prophétie qu'elle avait elle-même faite dans le Magnificat : « Toutes les générations me diront bienheureuse », ils ont chanté ses louanges à maintes reprises. L'un des plus grands hymnes mariaux est l'« Akathiste à la Mère de Dieu ». Bien que sa paternité soit contestée par les spécialistes, il est traditionnellement attribué à Romain le Mélode, un auteur d'hymnes prolifique du VIe siècle. Certains spécialistes modernes pensent que l'Akathiste est beaucoup plus ancien, datant peut-être du IVe siècle.

    L'Akathiste est ainsi appelé car c'est un hymne qui se chante debout. Le « a » signifie « ne pas » et le « kath » désigne un siège ; on retrouve cette racine dans le mot « cathédrale », qui désigne l'église où se trouve le siège de l'évêque. L'Akathiste à la Mère de Dieu, modèle de tous les autres hymnes akathistes, fut apparemment composée pour la célébration de l'Annonciation, mais elle n'acquit sa renommée dans l'Église d'Orient qu'au VIIe siècle.

    Le 7 août 626, les troupes perses et avares qui avaient envahi Constantinople furent vaincues. Le patriarche Serge décida que cet hymne était la réponse appropriée à la délivrance de la ville, après les demandes d'intercession de Marie. Après la délivrance de Constantinople en 718, le patriarche saint Germain choisit également cet hymne pour que le peuple le chante en remerciement. C'était le cinquième samedi du Carême.

    Depuis lors, la tradition veut que, dans l'Église d'Orient, l'une des quatre parties de l'Acathiste soit chantée chacun des quatre premiers vendredis du Carême, lors des petites Complies (prière du soir). Elle n'est pas chantée d'un bout à l'autre. Elle fait plutôt partie d'un petit office comprenant des encensements et des kontakia chantés entre les strophes ou les strophes de l'hymne. Le cinquième samedi du Carême, appelé samedi de l'Acathiste dans de nombreux calendriers, est celui où l'office entier est chanté d'un bout à l'autre.

    Qu'est-ce qui rend ce cantique si particulier ? Les quatre parties sont consacrées à quatre thèmes différents : l'Annonciation, la Nativité du Christ, le Christ et la Mère de Dieu elle-même. Elles sont réparties en vingt-quatre parties plus courtes (« oikoi »), chacune commençant par une lettre différente de l'alphabet grec et comprenant une strophe de sept vers suivie de six distiques. Les strophes les plus longues se concluent par le vers : « Réjouis-toi, épouse inépousée ! » Les strophes plus courtes commencent par la salutation de Gabriel : « Salut ! » et se terminent par « Alléluia ! » (La tradition orientale n'interdit pas l'usage de l'« Alléluia » dans la liturgie du Carême.)

    Les thèmes abordés sont nombreux. S'étendant sur tout le mystère de l'Incarnation, nombre d'entre eux mettent l'accent sur l'humilité et l'amour remarquables de Dieu, venu vivre parmi nous et effacer toutes nos dettes spirituelles et notre orgueil. Ils évoquent en effet la béatitude et l'émerveillement d'une femme devenue mère de Dieu – ce que signifie le titre de « Theotokos ».

    Mais ils s’attardent aussi sur cette plus grande béatitude d’avoir donné naissance à Dieu dans son cœur et d’avoir accompli ce que saint Paul appelle la tâche chrétienne : « Nous détruisons les raisonnements et tout orgueil qui s’oppose à la connaissance de Dieu, et nous amenons toute pensée captive à l’obéissance au Christ » (2 Co 10, 5).

    Dans l'hymne, Marie est l'enseignante, car c'est elle qui reçoit la parole et la garde. L'hymne s'adresse à elle comme à « l'écho mélodieux de la voix des prophètes ». Un verset dit : « Salut, toi qui surpasses la connaissance des sages ; Salut, toi qui illumines l'esprit des fidèles ! » Un autre : « Salut, toi qui nous délivres des doctrines païennes ; Salut, toi qui nous sauves des flammes de la passion. »

    L'Acathiste à la Mère de Dieu est peut-être plus connu en Orient, mais il appartient à toute l'Église. Saint Jean-Paul II le savait. Il l'a récité en public à plusieurs reprises. Les plus marquantes furent en 1981, à l'occasion du 1550e anniversaire  du concile de Chalcédoine, qui conféra le titre de Théotokos à Marie, et en 1999, lors de la fête de l'Immaculée Conception, en préparation du troisième millénaire.

    Le pape Benoît XVI connaissait et aimait lui aussi cette prière. Dans  Verbum Domini , son exhortation apostolique post-synodale sur la Parole de Dieu de 2010, il exhortait les chrétiens à connaître l'Acathiste, qui « représente l'une des plus hautes expressions de la piété mariale de la tradition byzantine ». Il poursuivait : « Prier avec ces mots ouvre grand le cœur et le dispose à la paix qui vient d'en haut, de Dieu, à cette paix qui est le Christ lui-même, né de Marie pour notre salut. »

  • France : des églises à vendre ou à sauver

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    Eglises à vendre ou à sauver

    Article paru dans Chrétiens dans la Cité n°461 du 28 mars 2025

    Selon un rapport du Sénat 2500 et 5000 églises risquent de disparaître d’ici à 2030. Que faire ?

    La vente d’églises défraie la chronique. Le diocèse d’Arras a mis l’église Saint-Edouard de Lens sur leboncoin.fr avec cette annonce rédigée par son agence immobilière : « Vends maison 4 pièces 539 m2 - 362 500 €. Église idéalement située d’environ 539 m2 offrant de multiples possibilités. Laissez libre cours à votre imagination pour ce bien très rare à la vente. » De son côté, le diocèse de Nancy et de Toul vient de mettre en vente l’église Notre-Dame-de-Franchepré de Joeuf dont le maire envisage de transformer en musée du football, en hommage à l’enfance de Michel Platini. Sur patrice-besse.com sont actuellement proposées une église néogothique près de Clermont-Ferrand (380 000 €), une ancienne basilique classée Monument historique à 15 mn de Poitiers (950 000 €), sur une île de la Loire une église du 17e siècle également classée (100 000 €), une église du début du 20e siècle dans une ville moyenne de Bretagne (330 000 €), la chapelle de l’ancien carmel de Niort (220 000 €), etc. D’autres églises, invendables car non entretenues par les communes, sont détruites.

    Comment sauver nos clochers ? Question posée par France catholique (n°3894 du 21 mars). Les sénateurs proposent de « développer les usages partagés des édifices cultuels » délaissés par les fidèles. Un exemple : datant du XVIIe siècle, l’église Saint-Joseph de Villefranche-sur-Rouergue était fermée depuis vingt ans mais toujours consacrée. En mai 2015, l’association CAP Solidarité (association Culturelle de l’Atelier des Pères) a été créée afin de permettre sa réouverture. En 2019, c’est chose faite et au temps de Noël est installé le Village aveyronnais et sa crèche de 120 santons. Et deux messes y sont célébrées chaque année. Mais encore convient-il que les « usages partagés » soient compatibles avec le culte. L’abbé Renaud Bertrand, responsable de la Commission d’art sacré du diocèse de Luçon explique dans France catholique : « Rien de profane ne peut trouver place dans une église sacrée. L’église est le lieu de rencontre entre Dieu et son peuple. Ce qui pourrait être compatible doit découler de la vie évangélique et rapporter l’homme à Dieu. Par exemple, une exposition d’art sacré peut avoir sa place dans une église, à l’inverse d’une exposition profane. Si nous limitons l’usage de nos églises à la célébration des sacrements et à la prière c »ommunautaire, le risque est grand que de nombreux maires ferment leurs églises, au motif qu’il n’y a plus d’offices. »

    La jeune association Les Priants des campagnes œuvre pour mobiliser des groupes de prière pouvant assurer une présence dans les églises. Son prêtre référent, le Père Dominique de Lafforest, explique : « Notre objectif n’est pas ''la défense du patrimoine'', expression devenue banale. Ce que nous voulons c’est une prise de conscience de ce que l’on pourrait appeler ''l’âme'' de nos églises, chapelles, abbatiales, sanctuaires. Ils furent voulus, conçus, construits, entretenus, pour que la prière s’y élève. Les Priants des campagnes n’ont nullement la prétention de se substituer aux agents de l’entretien d’un patrimoine, fût-il qualifié de ''religieux''. Les églises où personne ne prie plus deviennent des musées, des ''coques vides''. En tant que baptisés il nous incombe de ''réveiller'' la foi en nos prières. C’est Jésus qui nous commande de prier en tout temps. En ouvrant des églises désertées, en sonnant les cloches, en faisant monter avec confiance notre prière, si humble qu’elle nous paraisse, nous savons – puisque c’est le Christ qui le dit – que nous contribuons à consoler son peuple désemparé, voire désespéré. L’appel des cloches console les gens, croyants ou pas."

  • Le bilan du Nicaragua en matière de liberté religieuse est épouvantable tandis que les créanciers favorisent la dictature

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    De Zelda Caldwell sur le NCR :

    Un organisme de surveillance qualifie le bilan du Nicaragua en matière de liberté religieuse d'« épouvantable » et affirme que les créanciers favorisent la dictature.

    Le rapport de la commission a révélé que les autorités avaient menacé et intimidé les catholiques nicaraguayens.

    WASHINGTON — La dictature du Nicaragua continuera de persécuter les groupes religieux à moins que les institutions financières internationales ne cessent de financer le régime du président Daniel Ortega, a déclaré au Register le président de la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale (USCIRF), Stephen Schneck.

    Dans son rapport annuel publié mardi, la commission bipartite du gouvernement américain qui surveille la persécution des croyances religieuses dans le monde a constaté que le bilan du Nicaragua en matière de liberté religieuse « demeure catastrophique ». Une fois de plus, l'organisme de surveillance de la liberté religieuse a recommandé au Département d'État américain de reclasser ce pays d'Amérique centrale comme « pays particulièrement préoccupant » (CPC), déclenchant ainsi le maintien de sanctions économiques pour les violations de la liberté religieuse commises contre le clergé catholique, les dirigeants évangéliques, les organisations religieuses, les organismes de bienfaisance et les fidèles laïcs. 

    Selon Schneck, si le régime répressif continue de recevoir des fonds d’organisations internationales, les sanctions américaines seront inefficaces.

    « Je pense que c'est une action internationale coordonnée qui fera bouger les choses. Je pense que la situation au Nicaragua doit être abordée auprès de presque toutes les organisations internationales », a déclaré Schneck au Register. « Je pense notamment qu'il serait très intéressant de discuter de la situation avec des organisations comme le Fonds monétaire international ou la Banque mondiale », a-t-il ajouté.

    Au lendemain de la violente répression par le régime des manifestations de 2018 au Nicaragua (qui ont fait plus de 300 morts), la Banque mondiale et la Banque interaméricaine de développement (BID) ont réduit leurs prêts au Nicaragua mais ont continué à fournir des fonds au gouvernement pour les secours liés au COVID et aux ouragans. 

    Un rapport d'enquête du Washington Post publié en août dernier a toutefois révélé que la Banque centraméricaine d'intégration économique (CABEI), financée en partie par le gouvernement américain, a prêté 2,65 milliards de dollars au Nicaragua entre 2018 et 2022.

    « Des prêts continuent d'être accordés. Franchement, il est encourageant de voir les pays européens, l'UE et d'autres pays, commencer à prendre conscience de la situation », a déclaré Schneck. 

    Le mois dernier, le Parlement européen a approuvé une résolution condamnant le régime Ortega-Murillo pour « ciblage des défenseurs des droits humains, des opposants politiques et des communautés religieuses en particulier ». Cette résolution appelait à la fin de toute aide économique de l’Union européenne au pays.

    « Malheureusement, ils bénéficient du soutien de pays comme la Chine, la Russie, Cuba et le Venezuela, et il est donc de plus en plus difficile de trouver des leviers d'action. Je pense toutefois que les sanctions économiques, le levier économique fourni par des organisations internationales comme le FMI et la Banque mondiale, peuvent faire la différence », a-t-il déclaré au Register.

    En 2024, la dictature d'Ortega et de son épouse, la vice-présidente Rosario Murillo, « a poursuivi sa répression de la liberté de religion ou de conviction en arrêtant, emprisonnant et exilant arbitrairement des chefs religieux et des fidèles », indique le rapport de l'USCIRF. Le régime a également procédé à « l'annulation du statut juridique des organisations religieuses et au harcèlement et à l'intimidation des fidèles ».

    La plupart des violations de la liberté religieuse recensées dans le rapport ont été commises contre les catholiques, qui représentent 43 % de la population du Nicaragua. 

    Au cours de l'année écoulée, les autorités ont arbitrairement arrêté, emprisonné et exilé des membres du clergé et des religieux catholiques, dont plusieurs prêtres qui ont été transportés par avion à Rome et remis au Vatican en novembre. L'évêque Carlos Herrera a également été arbitrairement arrêté et envoyé au Guatemala. En décembre, le gouvernement a ordonné à toutes les religieuses de quitter le pays.

    Le régime Ortega-Murillo a également annulé le statut juridique d'autres entités catholiques, dont Radio Maria Nicaragua, une société de radiodiffusion catholique, et Caritas de Matagalpa. Depuis 2018, le gouvernement a fermé plus de 5 400 organisations non gouvernementales, dont beaucoup étaient dirigées par des organisations catholiques et protestantes. 

    Le rapport de la commission a révélé que les autorités avaient menacé et intimidé les catholiques nicaraguayens. L'année dernière, pendant la Semaine Sainte, le gouvernement a dépêché environ 4 000 policiers dans les églises catholiques du pays pour les empêcher de participer aux processions. 

    Ortega, arrivé au pouvoir à la tête de la junte sandiniste de gauche qui a renversé le gouvernement nicaraguayen en 1979, a été élu président en 1984 ; après avoir été battu aux urnes, il a été réélu en 2006. Il en est actuellement à son cinquième mandat à la tête d'un régime de plus en plus répressif, sanctionné par les États-Unis pour ses pratiques antidémocratiques et ses violations des droits de l'homme, notamment l'arrestation et l'emprisonnement d'opposants politiques. 

    « Je pense que ce que nous observons est tout simplement de l'autoritarisme pur et dur. Il s'agit d'une dictature qui refuse tout recours pour valider une source de pouvoir, d'autorité ou de vérité autre que le gouvernement lui-même. C'est donc ce que nous observons ici, je dirais, de l'autoritarisme d'État », a déclaré Schneck.

    En plus de s’assurer de la coopération des organisations financières internationales, Schneck suggère que les États-Unis travaillent au sein des pays de la région pour une « réponse plus forte » à la situation au Nicaragua.

    « Je dois dire que j'ai été particulièrement satisfait du travail du Vatican au Nicaragua également, et j'espère qu'ils seront à la table des discussions sur tous les plans qui seront élaborés au niveau international pour faire face à la situation là-bas », a-t-il déclaré au Register.

    En 2023, le Vatican a fermé son ambassade au Nicaragua après que le régime d'Ortega a appelé à une « suspension des relations ». Le gouvernement nicaraguayen, après avoir libéré des prêtres catholiques de prison et les avoir envoyés à Rome, a déclaré que le Vatican avait participé aux négociations pour leur libération. 

    Bien que Schneck ait déclaré avoir été encouragé par les récentes déclarations de l'administration Trump sur la liberté religieuse, il a souligné l'importance de continuer à financer des programmes visant à aider les victimes de persécution religieuse.

    « J'ai été ravi de constater que le président Trump a vivement défendu la liberté religieuse lors du Petit-déjeuner national de prière. J'ai également vu le vice-président Vance s'exprimer avec force sur la liberté religieuse », a-t-il déclaré au Register. 

    Schneck a ajouté : « Cependant, comme vous le savez en lisant notre rapport… nous sommes préoccupés par le gel des fonds qui ont servi à aider les personnes persécutées par la liberté religieuse dans le monde. »

  • Sous la plus grande croix du monde, une incroyable trahison du Vatican

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    De InfoVaticana :

    Sous la plus grande croix du monde, la plus grande trahison du Vatican

    Vallée des morts26 mars 2025

    Au sommet de Cuelgamuros se dresse la plus grande Croix du monde. Une croix de 150 mètres qui non seulement perce les nuages, mais qui est depuis des décennies le témoignage d’une foi qui n’a pas honte de son histoire, de ses morts ou de son Rédempteur.

    Cette croix, symbole de réconciliation, de sacrifice et de pardon, est aujourd’hui la cible d’une opération soigneusement conçue pour la vider de son sens. Et le plus douloureux : avec la complicité directe du Vatican.

    Le 25 février 2025, alors que le pape François risquait de mourir de bronchospasmes à l’hôpital Gemelli, son secrétaire d’état, le cardinal Pietro Parolin, a rencontré à Rome le ministre de la Présidence (espagnole), Félix Bolaños. La raison ? Se mettre d’accord sur la « resignification » de la Vallée des Morts – aujourd’hui officiellement appelée Cuelgamuros par le gouvernement – et débloquer le départ du prieur Santiago Cantera, mal à l’aise de ne pas s’incliner devant l’histoire officielle.

    Cette capitulation devant le pouvoir ne fait pas exception : c’est la norme d’une diplomatie vaticane qui vend ses enfants depuis des années. Il l’a fait en Chine, en s’entendant avec le Parti communiste pour livrer l’Église clandestine en échange de promesses vides. Il le fait aux États-Unis, promouvant McElroy, un cardinal du politiquement correct, tout en punissant les évêques fidèles comme Strickland. Et maintenant, c’est ce qu’elle fait en Espagne, en remettant à la gauche le cœur spirituel de notre mémoire collective.

    Qu’un gouvernement ouvertement anti-chrétien soit autorisé à intervenir dans un temple en usage, avec la bénédiction du Vatican, est une capitulation historique aux dimensions bibliques. La profanation politique d’un sanctuaire a été négociée, déguisée en dialogue, culture et réconciliation. Mais rien ne peut être réconcilié en déracinant, en manipulant les symboles ou en réduisant au silence ceux qui ont résisté pendant des décennies dans la prière et la fidélité.

    José Cobo, taillé sur mesure pour les temps nouveaux, parle de paix, de dialogue et d’une culture de la rencontre. Paroles creuses lorsqu’il s’agit de céder la maison de Dieu à ceux qui méprisent son nom. Parolin, l’artisan de l’accord, agit comme si l’Église n’était qu’une chancellerie comme les autres, inconsciente des souffrances des fidèles persécutés ou humiliés. Et François, malade, absent, sans doute sans avoir pleinement conscience de ce qui était en train de se cuisiner en son nom, reste comme un témoin involontaire d’une trahison monumentale.

    La Vallée des Morts, avec sa Croix monumentale, a été construite en signe de réconciliation chrétienne. Aujourd’hui, ils veulent en faire une attraction touristique avec un vernis idéologique. Mais ne vous y trompez pas : tant qu’un seul catholique y priera, tant qu’une âme s’agenouillera sous cette croix, la vallée restera un lieu sacré.

    L’histoire jugera sévèrement ceux qui ont fait un pacte avec les persécuteurs de la foi. Et les fidèles n’oublieront pas.

  • 20 % des adultes ont abandonné la religion de leur enfance dans de nombreux pays, selon une étude

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    De John Lavenburg sur Crux :

    20 % des adultes ont abandonné la religion de leur enfance dans de nombreux pays, selon une étude

    NEW YORK – Une nouvelle étude révèle que dans de nombreux pays du monde, 20 % ou plus des adultes ont abandonné la religion de leur enfance, le christianisme et le bouddhisme étant les religions qui ont subi les plus grandes pertes.

    En outre, l’étude a révélé que la plupart des changements religieux dans chaque pays étudié concernent des personnes qui ont été élevées dans la religion et qui ne sont désormais plus affiliées à aucune religion, et que la désaffiliation religieuse la plus marquée concerne ceux qui ont été élevés dans la foi chrétienne.

    L'étude « Around the World, Many People Are Leaving Their Childhood Religions » a été publiée par le Pew Research Center le 26 mars. Pour ce rapport, Pew définit le changement de religion comme un changement entre le groupe religieux dans lequel une personne dit avoir été élevée (enfance) et son identité religieuse actuelle (âge adulte).

    Au total, Pew a interrogé près de 80 000 personnes dans 36 pays pour recueillir ces données. Les pays étudiés comptent plusieurs religions historiquement prédominantes, dont le bouddhisme, le christianisme, l'hindouisme, l'islam et le judaïsme.

    Et la plupart de ceux qui ont quitté le christianisme sont désaffiliés à une religion, opposés à l’adhésion à une autre religion.

    L'Espagne arrive en tête, avec 35 % des adultes déclarant avoir été élevés dans la foi chrétienne et se déclarant désormais sans affiliation religieuse. Les autres pays en tête de liste sont la Suède et l'Allemagne (29 % chacun), les Pays-Bas (28 %), ainsi que le Canada et le Royaume-Uni (26 %). Les États-Unis se situent au milieu du peloton, avec 19 % des adultes déclarant avoir été élevés dans la foi chrétienne et se déclarant désormais sans affiliation religieuse, selon les données.

    Parmi les autres pays dignes d'intérêt, on peut citer Singapour et la Corée du Sud, où le rapport révèle des taux relativement élevés d'« accession » au christianisme, environ quatre adultes chrétiens sur dix ou plus déclarant avoir été élevés dans une autre religion ou sans religion. Pourtant, les chrétiens restent minoritaires à Singapour et en Corée du Sud, où 18 % et 33 % des adultes se déclarent actuellement chrétiens, selon les données.

    Pour recueillir les données non américaines, le rapport s'appuie sur des enquêtes représentatives à l'échelle nationale auprès de 41 503 adultes menées du 5 janvier au 22 mai 2024. Pour les États-Unis, les données proviennent de l'étude sur le paysage religieux 2023-2024, qui a été menée en anglais et en espagnol du 17 juillet 2023 au 4 mars 2024, auprès d'un échantillon de 36 908 adultes américains.

    D’une manière générale, les pays où le changement de religion est le plus important, selon le rapport, sont la Corée du Sud (50 % des adultes ont changé de religion), l’Espagne (40 %), le Canada (38 %), la Suède (37 %), les Pays-Bas et le Royaume-Uni (36 % chacun).

    Les États-Unis se classent 13e sur la liste, avec 28 % des adultes changeant de religion.

    Selon le rapport, les pays où le nombre de conversions religieuses est le plus faible sont la Tunisie et le Bangladesh (moins de 1 % des adultes dans les deux pays ont changé), l’Indonésie et Israël (1 %), ainsi que l’Inde et la Thaïlande (2 % dans les deux cas).

    Le rapport, ventilé par âge, révèle que dans la plupart des pays étudiés, des pourcentages à peu près équivalents de jeunes et de personnes âgées ont changé de religion. Cependant, dans 13 pays – dont la quasi-totalité des pays d'Amérique latine étudiés, ainsi que des pays d'Europe et d'Amérique du Nord – les adultes de moins de 35 ans sont plus susceptibles que les adultes de 50 ans et plus d'avoir changé de religion.

    C’est un autre point de données qui confirme l’impact de la sécularisation dans une grande partie du monde occidental.

    Cependant, du moins en ce qui concerne le christianisme, le rapport confirme que malgré les pertes signalées – qu’il s’agisse de changements ou non – il maintient une présence profonde dans le monde entier.

    « Bien que ces chiffres reflètent les tendances religieuses dans 36 pays étudiés, ils ne sont pas nécessairement représentatifs de l'ensemble de la population mondiale », indique le rapport. « Le christianisme – religion la plus répandue et la plus répandue au monde selon les estimations du Pew Research Center – est soit la religion majoritaire actuelle, soit historiquement prédominante dans 25 des pays étudiés. »

    Suivez John Lavenburg sur X :  @johnlavenburg

  • La rébellion des masses contre l’idéologie « woke » a valu la victoire à Trump. Mais c’est également une leçon pour l’Église

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (en français sur diakonos.be) :

    La rébellion des masses contre l’idéologie « woke » a valu la victoire à Trump. Mais c’est également une leçon pour l’Église

    Il y a un large consensus sur le fait que le succès de Donald Trump soit également le fruit d’une réaction populaire de rejet du langage « politiquement correct » et de l’idéologie « woke » imposée par les élites progressistes, en particulier sur le genre et le sexe.

    Ce qui est moins évident, c’est de déterminer à quelle point cette défaite est prise au sérieux par ces mêmes élites. Ainsi que par l’Église catholique, dans la mesure où elle y participe.

    *

    En Italie, plusieurs intellectuels de premier haut niveau ont commencé à faire publiquement leur examen de conscience.

    Le 6 mars, dans un entretien à la « La Repubblica », le principal quotidien de la culture progressiste, Giuliano Amato, 86 ans, juriste et homme politique de gauche, ancien chef du gouvernement, ancien président de la Cour constitutionnelle et à plusieurs reprises candidat à la présidence de la république, a attribué la responsabilité de la défaite notamment « à des démocrates convaincus comme moi qui, ces cinquante dernières années, ont été de tous les combats progressistes sans réaliser à temps l’éloignement grandissant, parfois excessif, par rapport aux valeurs traditionnelles qui unissent nos sociétés ». Autrement dit, sans comprendre qu’ « une démocratie libérale ne périclite pas si nous acceptons des libertés plus limitées et une certaine coexistence avec les valeurs traditionnelles ».

    Un point de vue rejoint, avec des accents encore plus explicites dans le « Corriere della Sera », par Ernesto Galli della Loggia, 82 ans, professeur d’histoire contemporaine :

    « Qu’il s’agisse de la reproduction de la vie ou des façons de mourir, des caractéristiques de la parentalité ou de la morale sexuelle, du sens de la famille, de la paix et de la guerre, de la transformation de tous les besoins en un droit, inévitablement toute l’Italie qui se voulait progressiste a rejoint le camp de « l’idéologiquement correct », dans une attitude de soi-disant supériorité, voire d’hostilité agressive, envers ceux qui pensaient différemment ».

    Tout cela sans se rendre compte que « pour une grande partie des classes populaires, cette hégémonie de la « novlangue » a représenté une rupture douloureuse avec leur identité, pour mille raisons encore très enracinées dans le passé ».

    Tout comme Amato, Galli della Loggia a donc enjoint les élites à « ne pas se replier sur elles-mêmes, c’est-à-dire à rester ouvertes et à écouter toutes les voix de la société, sans réduire au silence celles qui ne leur plaisent pas ». Autrement, « ils seront tôt ou tard sanctionnés » dans les urnes, comme cela s’est passé aux États-Unis avec Trump, au sujet duquel « il appartient avant tout aux élites européennes de s’accrocher à leurs populations pour faire échouer ses plans ».

    Une troisième intervention dans la même veine, celle de Giuliano Ferrara, 73 ans, a été publiée le 13 mars dans « Il Foglio ». Ce n’est pas la première fois qu’il critique « le silence culturel des progressistes », mais cette fois il a également tenu à rappeler qu’Amato – même s’il n’est pas croyant comme Galli della Loggia et Ferrara lui-même – « avait fait part de ses doutes, voire plus, sur l’avortement », au moment où la volonté des élites progressistes était d’en faire « un droit élargi et inconditionnel ».

    « À cause de ces objections éthiques », a encore rappelé Ferrara, « Amato a eu quelques ennuis parce que le progressisme moral sait être agressif et censurer les voix contraires, mais il s’en est tenu à un comportement prudent, fidèle à lui-même, et s’en est sorti vivant ». De plus, il « fréquentait le Parvis des gentils, une magnifique institution culturelle imaginée sous Ratzinger et Ruini, pour débattre avec une ouverture non-confessionnelle, dans l’Église et dans le monde extérieur, de grandes questions éthiques comme la fin de vie, qui est le vocable pudique voire l’euphémisme pour désigner un autre « droit » qui finira par se retrouver dans l’une ou l’autre constitution européenne : le droit de mourir ».

    Avec une importante mise en garde, que Ferrara a exposée dans un article ultérieur dans « Il Foglio » du 22 mars, reprenant les thèses du célèbre essai « La rebelión de las masas » publié en 1930 par le philosophe espagnol José Ortega y Gasset.

    Car s’il est vrai qu’aux États-Unis, Trump a pu compter sur la rébellion des masses envers l’idéologie des élites progressistes, le fait que le soutien populaire dont il a bénéficié soit devenu l’instrument d’une démagogie démesurée s’étale également sous les yeux de tous.

    Dans les années Trente, en Europe, la rébellion des masses a ouvert la voie à de terribles solutions autoritaires. Et aujourd’hui ? Il est capital, écrit Ferrara, « de trouver la manière de refonder la culture des élites et de lancer de nouveaux modèles d’agrégation des masses qui soient compatibles avec la structure libérale de la démocratie politique ».

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  • Un jeune chrétien brutalement agressé au Pakistan

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    De Maria Lozano sur The Catholic Herald :

    Un jeune chrétien brutalement agressé au Pakistan

    25 mars 2025

    Un chrétien de 22 ans a été brutalement agressé par son superviseur à l'usine Subhan Paper Mills à Sheikhupura, au Pendjab, pour avoir refusé de renoncer à sa foi. 

    Le samedi 22 mars, Waqas Masih a été poignardé par Zohaib Iftikhar lors d'une réunion privée à l'usine.

    Selon les informations de la famille de la victime reçues par l'association caritative catholique Aide à l'Église en Détresse (ACN), l'attaque était liée au refus de M. Masih de se convertir à l'islam malgré la pression constante de M. Iftikhar.

    Selon ses proches, M. Iftikhar a accusé Waqas Masih d'avoir profané des pages sacrées du  Coran trouvées dans les ordures. 

    La police enquête sur l'incident, qui a été enregistré comme une tentative de meurtre.

    M. Masih a subi de graves blessures au cou et a été transporté d'urgence à l'hôpital Mayo de Lahore, où il a reçu des soins médicaux intensifs.

    Entre-temps, Zohaib Iftikhar a été arrêté suite au dépôt d'un premier rapport d'information (FIR).

    Le père Lazar Aslam, un prêtre franciscain capucin au Pakistan, qui a rendu visite à la victime à l'hôpital, a déclaré à l'AED : « J'ai prié pour son prompt rétablissement et pour le bien-être de toute sa famille. 

    « L’attaque contre Waqas Masih est un rappel brutal des défis auxquels sont confrontées les minorités religieuses au Pakistan et du besoin urgent d’un changement social pour promouvoir la tolérance et protéger les droits de tous les citoyens.

    « Nous appelons humblement la communauté internationale à prier pour les victimes et leurs familles, ainsi qu’à sensibiliser l’opinion publique à la situation difficile des communautés marginalisées au Pakistan, en veillant à ce que leurs voix soient entendues et leurs droits protégés. »

    Le prêtre a également souligné la nécessité d’agir contre les fausses accusations de blasphème, de plus en plus nombreuses : « Malheureusement, porter de fausses accusations de blasphème et harceler les communautés minoritaires vulnérables est devenu une tendance inquiétante au Pakistan. 

    « Nous exhortons les institutions de l’État et les personnes responsables à prendre des mesures concrètes pour prévenir de tels incidents et garantir la protection des droits des minorités. »

    Voir également : Une église catholique profanée dans l'État indien d'Odisha

  • Il y a trente ans paraissait l’encyclique Evangelium vitae, un texte véritablement prophétique

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    Du Père Paul-Marie Cathelinais, op sur le site de La Nef :

    Evangelium vitae, 30 ans après

    Publiée le 25 mars 1995, l’encyclique Evangelium vitae, de saint Jean-Paul II, « sur la valeur et l’inviolabilité de la vie humaine », demeure un texte prophétique plus pertinent que jamais.

    L’encyclique Evangelium Vitae a trente ans ! Quels enseignements peut-on retenir au-delà de ce pour quoi nous combattons déjà depuis tant d’années ? D’abord arrêtons-nous sur la formule. Elle est étonnante. On parle habituellement d’Évangile de saint Matthieu ou de saint Jean, c’est-à-dire de son auteur inspiré ou de celui-là même qui en est l’objet, Jésus-Christ. Mais ici, la vie temporelle semble elle-même un évangile… A-t-on suffisamment compris cette étonnante extension du mot ? Jean-Paul II a voulu proclamer au monde entier cet évangile comme un héraut sur les remparts. C’est à la fois un appel à l’émerveillement et un cri d’alarme. Un seul message porté par deux mouvements contraires qui agitaient son cœur de pasteur.

    Publiée le 25 mars 1995, cette bonne nouvelle de la vie nous rappelle d’abord la visite de l’ange, il y a 2025 ans. Un anniversaire qui donne à l’Église de jubiler et de rendre grâce pour les bienfaits reçus du Verbe de Vie, « venu pour nous donner la Vie et la vie en abondance ». Dans le même temps, en France, cette année 2025 est l’année du sombre anniversaire des cinquante ans de la promulgation de la loi Veil et la triste année, sans doute, des premières lois sur l’euthanasie. C’est là tout le drame de l’histoire du salut. Aux différents appels de Moïse, le cœur de Pharaon s’endurcit. Les plaies de l’Égypte ne font alors qu’augmenter. Ainsi en France, le bilan du nombre d’avortement en cinquante ans dépasse le nombre de morts pendant la Grande Guerre. Le taux de natalité n’a jamais été aussi bas (1,59 enfant par femme). Beaucoup de familles explosent. Le nombre de femmes seules avec enfants continue d’augmenter. Les centres de soins palliatifs manquent dans plus de vingt-sept départements et le sens de la dignité humaine est de moins en moins respecté, au nom du bien-être et de la wellness. La sexualité est dissociée de l’amour et de la fécondité. Un enfant en Europe a perdu le droit inaliénable de naître et de grandir dans l’amour d’un père et d’une mère. Pour finir, le wokisme veut détruire l’amitié naturelle que l’homme entretient avec sa propre identité sexuelle.

    Pourtant, et c’est là tout le mouvement même de la geste divine, les initiatives pour la vie, l’amour et la famille se sont multipliées, grâce à des fils de lumière courageux, persévérants, inventifs et compétents. Le forum « Viva », par exemple, en ce mois de mars, rassemblera pour la première fois tous les mouvements pro-vie pour un grand festival destiné à soulever une jeunesse enthousiaste et pleine d’espérance (1). Cette jeunesse, chère à Jean-Paul II, qui est celle de Dieu, quel que soit son nombre, continue donc de se lever, comme le petit peuple d’esclaves le fit au temps de Moïse. L’histoire n’est pas condamnée à n’être qu’une tragédie, aurait dit Benoît XVI, mais peut-être, au contraire, une « divine comédie ». L’histoire du salut est donc faite d’un double mouvement : « plus Dieu se donne, plus fort est le refus de l’homme » d’une part, et d’autre part « plus l’homme refuse, plus Dieu se donne ». Le tragique de notre histoire doit inviter les chrétiens non à l’optimisme (n’ajoutons pas aux mensonges, un autre mensonge !) mais à l’espérance, au « désespoir surmonté ». L’étoile sur le front de Caïn donné par Dieu pour le protéger de la mort est un signe éloquent de l’entêtement divin à promouvoir la vie ! Sans doute, la relecture de l’encyclique trouvera en nous un renouvellement de cette puissance divine qui nous tire : « sur le chemin sablonneux, mal aisé, la petite Espérance avance. »

    Le salut des âmes

    Reste que le cri d’alarme du Saint-Père est beaucoup plus grave qu’il n’y paraît. On a un peu oublié que l’enjeu définitif de cette encyclique est non seulement le combat pour la dignité humaine, mais aussi une parole forte adressée aux consciences pour le salut de leur âme. Ce thème est peu souligné dans les combats pour la vie. Peut-être parce que ce combat fut surtout envisagé dans un monde laïc pour et par des laïcs. Au passage, il faut souligner que ces chrétiens laïcs qui se consacrent à ces questions le font avec une générosité et un professionnalisme dignes des saints de notre histoire. Cela dit, quand on relit l’encyclique, on est frappé dès le départ par la visée surnaturelle du texte. Parler d’« Évangile » n’est pas neutre. Il dit tout à la fois une heureuse nouvelle et la parole du salut. D’ailleurs, pour saint Jean-Paul II, il est clair que l’Évangile de la vie est d’abord notre Seigneur lui-même, en personne, de sorte qu’accueillir ce plus petit menacé par la culture de mort, c’est l’accueillir Lui. Devant l’appel à s’émerveiller de ce don qu’est la vie humaine (à commencer par la nôtre propre) et à se donner généreusement pour elle, il y a la promesse qu’accueillir cette vie nous donnera et la vraie liberté et la vie éternelle ! A contrario, la refuser dans un acte intrinsèquement mauvais quelle qu’en soit l’intention, c’est commettre un acte d’une extrême gravité, qui nous rend esclave d’une logique de mort.

    L’obscurcissement de la conscience

    Moralement, il s’agit de l’évaluer selon deux points de vue. D’une part, cette culture de masse qui présente ces lois comme des progrès, diminue sans aucun doute la responsabilité personnelle. Mais d’autre part, l’obscurcissement de la conscience individuelle, loin d’excuser l’acte, aggrave au contraire la participation personnelle à la culture de mort en soi et autour de soi. L’éclipse de la dignité de toute vie humaine produit alors dans l’âme l’éclipse de Dieu, c’est-à-dire de Celui-là même qui peut nous sauver et nous pardonner ! « Plus la conscience humaine, succombant à la sécularisation, oublie la signification même du mot de “miséricorde” ; plus, en s’éloignant de Dieu, elle s’éloigne du mystère de la miséricorde, plus aussi l’Église a le droit et le devoir de faire appel au Dieu de la miséricorde “avec de grands cris” » (Dives in Misericordia, n. 15). Les initiatives auprès des mères qui ont perdu ainsi leurs enfants se sont d’ailleurs multipliées. Des « chemins de la consolation » comme celui qu’on trouve à la Sainte-Baume se propagent partout en France. Ces « mémoriaux » où les noms des enfants sont inscrits sur des murs, permettent non seulement de sortir du déni, du mensonge et du deuil caché, mais aussi d’inviter chaque maman à vivre autre chose que cette logique de mort qui ronge les consciences et les cœurs.

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  • Les lois anti-conversion et la persécution des chrétiens en Inde

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    Du site de l'ECLJ :

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    Lois anti-conversion et persécution des chrétiens en Inde

    20 Mars 2025

    Ce rapport analyse l’intensification de la persécution des chrétiens en Inde, à la suite de la 41ᵉ session de l’Examen Périodique Universel (EPU) de l’Inde en 2022. L’étude met en particulier l’accent sur l’impact des lois anti-conversion, qui sont utilisées comme un outil d’oppression contre les minorités religieuses, en particulier les chrétiens.

    Les nationalistes hindous exploitent ces lois pour accuser faussement les chrétiens de conversions forcées. En 2024, plus de 160 attaques violentes contre des chrétiens ont été signalées en Inde.[1] Ces agressions vont des attaques contre des églises et des réunions de prière jusqu’aux agressions physiques[2]. Entre janvier et septembre 2024, près de 600 services religieux ont été interrompus par des extrémistes hindous[3]. Au cours du premier semestre 2023, 400 incidents avaient été recensés, contre 274 pour la même période en 2022[4].

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  • La victoire de l'Azerbaïdjan sur l'Arménie n'émeut guère l'Occident

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    De Philippe Oswald sur La Sélection du Jour :

    La victoire de l'Azerbaïdjan sur l'Arménie n'émeut guère l'Occident

    Le 13 mars, l'Arménie et l'Azerbaïdjan ont annoncé un accord de paix après 40 ans de conflit. Il consacre la défaite de l'Arménie après les offensives azéries de 2020 et 2023 et le « nettoyage ethnique » qui a chassé 110 000 Arméniens du Haut-Karabakh. Le berceau de la plus ancienne nation chrétienne a été envahi par son voisin musulman tandis que les Occidentaux regardaient ailleurs.

    L'annonce d'un accord pour un traité de paix a été faite séparément, le 13 mars, par l'Azerbaïdjan d'abord, puis par l'Arménie. « Signe de tensions néanmoins, l'Arménie a reproché dans son communiqué à l'Azerbaïdjan d'avoir fait une annonce "unilatérale", alors qu'elle souhaitait qu'elle soit "commune" » relève France 24 (14/03/2025). On ne sait pas encore quand et où ce traité sera signé. Néanmoins, la haute représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, l'estonienne Kaja Kallas, a salué « un pas décisif vers une paix et une sécurité durables dans la région ». Chose rare, une même satisfaction s'est exprimée à l'ONU, Washington et Moscou, sans oublier Paris où Emmanuel Macron a déclaré dans un message sur X : « Plus rien ne s'oppose désormais à la signature d'un traité de paix entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, qui doit ouvrir la voie à une paix durable dans le Sud-Caucase. » (Le Monde, 14 mars).

    Ce soulagement et cet optimisme ne sont pas partagés par des amis et défenseurs de l'Arménie, tel le député européen François-Xavier Bellamy (voir son discours au Conseil de coordination des organisations arméniennes de France, du 11/03/2025) ou l'éditorialiste d'Europe 1 (17/03/2025), Vincent Hervouët : « La première nation chrétienne de l'histoire a été rayée de la carte, les églises sont fermées, les villages ont changé de nom, les chefs de la province ont été jetés aux oubliettes », rappelait-il. Mais cette épuration ethnique et religieuse (« en trois jours, 110 000 habitants du Karabakh ont fui la montagne à laquelle ils s'accrochaient depuis 2 000 ans ») n'a pas pesé lourd au regard des intérêts du moment : « Les Arméniens [ont été] abandonnés par les Russes qui ont besoin de l'Azerbaïdjan pour contourner les sanctions, l'Europe s'est couchée, elle a besoin de gaz. » De fait, « en juillet 2022, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s'affichait à Bakou [la capitale de l'Azerbaïdjan], tout sourire, aux côtés du président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, pour entériner une hausse graduelle des volumes de livraisons de gaz en Europe, d'ici 2027 » rappelait Le Figaro (22/09/2023). Elle avait alors décrit l'Azerbaïdjan comme un « partenaire clé dans nos efforts pour nous éloigner des combustibles fossiles russes »... Deux ans plus tard, l'irréparable étant accompli, la Commission de l'UE affichait des pleurs hypocrites : « La commission européenne veut bien pleurer avec l'Arménie mais continue de commercer avec l'Azerbaïdjan » constatait l'écrivain Sylvain Tesson dans un reportage saisissant publié l'an dernier par Le Figaro Magazine (29/03/2024, notre sélection aujourd'hui, en lien également ci-dessous).

    Ce « diktat imposé à l'Arménie » est « une honte pour l'Europe » dénonce, dans le JDD (19/03/2025), Thibault van den Bossche, chargé de plaidoyer au Centre européen pour le droit et la justice. « Le texte [du traité de paix], encore confidentiel, prévoit l'ouverture des frontières, la fin des revendications territoriales, notamment celles de l'Arménie sur le Haut-Karabakh, et la dissolution du Groupe de Minsk [assemblée composée de nations européennes et des États-Unis pour encourager la recherche d'une négociation entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan]. Il impose aussi à Erevan [la capitale de l'Arménie, et donc, son gouvernement], de renoncer à toute présence militaire étrangère sur son sol. »

    Jusqu'où l'UE ira-t-elle dans les concessions à l'Azerbaïdjan ? Certes, le Parlement européen a voté le 13 mars 2025 une résolution condamnant « la détention illicite et le simulacre de procès d'otages arméniens, dont des représentants politiques de premier plan du Haut-Karabagh, par l'Azerbaïdjan » et demandant la suspension du partenariat stratégique dans le domaine de l'énergie, passé avec Bakou en juillet 2022. Mais l'épuration ethnique du Haut-Karabakh est achevée. Cette terre chrétienne a été vidée de ses habitants et les Azéris y multiplient les destructions d'églises et de monuments chrétiens. Quant au droit au retour des réfugiés — mais combien auraient la témérité de se jeter dans la gueule du loup ? — personne ne semble se soucier du fait qu'il avait été exigé par la Cour internationale de justice, le 17 novembre 2023.

    Les dirigeants arméniens ne sont pas, eux non plus, exempts de reproches. Nikol Pachinian, le Premier ministre arménien, est critiqué par une bonne partie de ses concitoyens et de la diaspora arménienne (trois fois plus nombreuse que les Arméniens restés au pays) pour avoir lâché trop de lest face aux exigences d'Aliev. Au nom du réalisme, il avait déclaré l'an dernier, sept mois après la perte du Haut-Karabakh, « que le pays devait cesser de croire aux illusions d'une “Arménie historique” et se concentrer sur l' “Arménie réelle”, dont le territoire serait amputé officiellement. Discours inaudible pour la presse en Arménie, qui accuse le chef de l'État d'agir dans les intérêts de l'Azerbaïdjan » rapportait alors Courrier International (12/04/2024). Le Premier ministre arménien a même fait du zèle, en acceptant d'abandonner la référence au génocide arménien dans l'espoir de débloquer les relations avec la Turquie d'Erdogan, puissant allié et fournisseur d'armes de l'Azerbaïdjan.

    Sylvain Tesson: «La commission européenne veut bien pleurer avec l'Arménie mais continue de commercer avec l'Azerbaïdjan»

    >>> Lire le reportage du Figaro Magazine

  • La situation en Syrie « est pire aujourd’hui que sous l’EI »

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    D' sur le CWR :

    La situation en Syrie « est pire aujourd’hui que sous l’EI »

    Beaucoup pensent que les horribles massacres commis par les djihadistes début mars ne sont que le début d’une campagne plus vaste visant à effacer les minorités religieuses et ethniques de Syrie.

    « Il faut leur mettre un couteau sous la gorge… C’est leur remède. »

    Ces paroles glaçantes, résonnant dans une mosquée d'Idlib, province du nord-ouest de la Syrie, ont été prononcées par un dignitaire religieux djihadiste incitant ses fidèles à la violence. Le sermon, filmé et prononcé par un membre de l'équipe des Free Burma Rangers (FBR), une organisation humanitaire confessionnelle de première ligne opérant en Birmanie, en Syrie et en Irak, ne laisse planer aucun doute sur les intentions des récents massacres.

    Le djihad et les massacres du 11 mars

    « Frappant d'une main de fer, les médias s'en moquent… Les sourires diplomatiques ne servent à rien ; la solution avec eux, c'est le combat », a poursuivi le mollah, appelant au djihad comme seule voie à suivre.

    Alors que Hay'at Tahrir al-Sham (HTS), le groupe désormais au pouvoir en Syrie, affirme avoir pris ses distances avec son passé extrémiste, la réalité sur le terrain révèle une tout autre réalité. Le ciblage systématique des minorités, les massacres et le déplacement forcé de communautés entières montrent clairement que l'extrémisme religieux reste profondément ancré dans le nouveau régime.

    Idlib est depuis longtemps un bastion du HTC et d'autres factions islamistes, constituant le principal centre d'activité djihadiste dans le pays. C'est depuis Idlib que l'idéologie extrémiste et les appels à la violence se sont fréquemment propagés, ce qui signifie que ce sermon a probablement contribué à inciter aux massacres qui ont suivi.

    Entre le 9 et le 11 mars 2025, un massacre brutal a éclaté dans les régions côtières syriennes de Lattaquié et de Tartous, au cours duquel des communautés alaouites entières ont été exterminées. Selon des groupes de défense des droits humains, 132 civils alaouites ont été tués en une seule journée, portant le bilan total à plus de 1 225 morts. Des rapports de l'ONU et des témoignages confirment que des familles entières – hommes, femmes et enfants – ont été exécutées à leur domicile, certains témoins suggérant que le nombre réel de victimes est bien plus élevé.

    Les rapports officiels indiquent que les attaques ont été menées par une coalition d'insurgés anti-gouvernementaux dirigée par HTS, dont les racines remontent à l'ancienne filiale d'Al-Qaïda, Jabhat al-Nusra.

    Le HTS est dirigé par Abou Mohammed al-Jolani, anciennement connu sous le nom d'Ahmad Hussein al-Shara. Aux côtés du HTS, des factions de l'Armée nationale syrienne (ANS), issues de milices islamistes comme Ahrar al-Sham, ont également participé aux violences. Se revendiquant désormais comme le gouvernement de facto de la Syrie après l'éviction du président Bachar al-Assad, le HTS a tenté de se présenter comme une autorité gouvernementale légitime.

    Tant dans ses messages internes que dans ses actions internationales, il s'est engagé à faire respecter la loi, à garantir la sécurité et à protéger les minorités religieuses et ethniques. Pourtant, les massacres de Lattaquié et de Tartous, ainsi que les appels ouverts au djihad, révèlent la vacuité de ces promesses.

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