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Christianisme - Page 26

  • Dialogue interreligieux : quels résultats ?

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    De l'abbé Claude Barthe sur Res Novae :

    La vacuité du dialogue interreligieux

    Dans un ouvrage de 1913, Les religions laïques. Un romantisme religieux[1]Dom Jean-Martial Besse, bénédictin de Ligugé, expliquait que les tentatives de rapprochement des religions dialoguant entre elles sont inspirées par les idéologies modernes nées des Lumières, qui visent à les énucléer. Il y décrivait un ensemble divers de catholiques libéraux (qualifiés par lui « néo-chrétiens ») cultivant ce désir d’entente cordiale et évoluant vers un romantisme religieux inconsistant.

    Il évoquait ainsi la première tentative pour établir un dialogue de ce type, le Parlement des Religions du Monde, qui s’était tenu à Chicago en 1893. Le cardinal Gibbons, archevêque de Baltimore, y avait participé, ouvrant la réunion par la récitation du Pater. L’abbé Félix Klein, diffuseur en France des idées américanistes, et l’abbé Victor Charbonnel avaient voulu renouveler l’expérience à l’occasion de l’Exposition universelle de Paris de 1900, mais la tentative échoua, Léon XIII ayant fait savoir en 1895, dans une lettre à Mgr Satolli, délégué apostolique du Saint-Siège aux États-Unis, qu’il n’était pas favorable à ce que les prêtres catholiques prissent part à des initiatives communes de ce type.

    De tels échanges où les partenaires s’appuient sur ce qui, selon eux, les rassemble pour mener des actions communes pour la paix, continuèrent à se développer chez les protestants, mais il fallut attendre le concile Vatican II et la déclaration Nostra Ætate pour qu’ils aient vraiment droit de cité chez les catholiques. Jusque-là il y avait certes eu beaucoup d’échanges entre des catholiques et des membres de religions non-chrétiennes, mais dans la vue de préparer plus efficacement l’évangélisation, et jamais d’institution à institution.

    Le processus nouveau est d’ailleurs risqué pour chaque intervenant, mais il l’est évidemment d’abord pour la religion de Jésus-Christ, consciente de jouir de la plénitude religieuseLe risque le plus immédiat pour le catholicisme est la perte de sa force missionnaire. C’est d’ailleurs le point central de la critique que l’on peut faire au dialogue selon Nostra Ætate : le catholicisme est conduit à reconnaitre un statut positif, non pas à tel ou tel élément de præparatio evangelica, que contiennent les autres traditions religieuses, « rayons de vérité » (et qui appartiennent en réalité au Christ et à son Épouse) brillant au milieu d’une foule d’erreurs et de voies erronées, mais à ces traditions religieuses comme telles qui sont ainsi déclarées dignes de « respect sincère »[2].

    Nostra Ætate ne dit pas que ces traditions sont des voies parallèles ayant en soi une existence surnaturelle pouvant procurer le salut, mais évite de dire qu’elles sont des voies fausses (elles « diffèrent sous bien des rapports de ce qu’elle-même [l’Église] tient et propose »). Vatican II, comme en d’autres domaines, a cherché un entre-deux, si tant est que cela soit possible, entre orthodoxie et hétérodoxie, une hétérodoxie modérée en somme. De sorte que la Commission théologique internationale, appuyant le doigt sur l’ambiguïté, a pu s’interroger : « Quant à dire que les religions en tant que telles peuvent avoir une valeur dans l’ordre du salut, c’est là un point qui reste ouvert[3]. »

    Trois phases peuvent être distinguées à propos de ce dialogue voulu par le concile Vatican II, les deux premières étant finalement très proches, la troisième étant à venir, même si elle a déjà commencé :

    • la phase d’Assise, où le catholicisme convoque les autres religions au dialogue ;
    • la phase bergoglienne, où le catholicisme explique aux autres religions l’unité dans la diversité ;
    • la phase enfin où la confrontation religieuse est en train de retrouver sa violence, qu’elle n’a à vrai dire jamais perdue.

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  • Le diocèse catholique du Sichuan organise une « tournée rouge pour exprimer sa gratitude au Parti »

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    De sur Bitter Winter :

    Le diocèse catholique du Sichuan organise une « tournée rouge pour exprimer sa gratitude au Parti »

    La délégation catholique du Sichuan sur le site révolutionnaire de Jinggangshan dans le Jiangxi. Extrait de Weibo.
    La délégation catholique du Sichuan sur le site révolutionnaire de Jinggangshan dans le Jiangxi. Extrait de Weibo.

    Du 8 au 14 octobre, l’évêque Luo Xuegang du diocèse catholique de Yibin, dans la province du Sichuan , a conduit 39 prêtres, religieuses et dirigeants de l’Association patriotique catholique dans une « tournée rouge pour exprimer sa gratitude au Parti » dans le Jiangxi.

    La délégation a visité Nanchang et Jingdezhen, notamment le mémorial de l'insurrection de Nanchang, le mémorial des martyrs révolutionnaires de Jinggangshan, l'Hôtel de la monnaie de l'Armée rouge et le site de la conférence de Lushan. Il s'agit d'une « tournée rouge » typique effectuée régulièrement par des écoles et des entreprises.

    Selon un communiqué de presse du diocèse et sur les réseaux sociaux, « en écoutant les actes révolutionnaires sur place, en regardant des documentaires d'éducation patriotique et en déposant des couronnes pour les martyrs révolutionnaires, les prêtres et les fidèles ont encore renforcé leur identification avec la grande patrie, la nation chinoise, la culture chinoise, le Parti communiste chinois et le socialisme aux caractéristiques chinoises. » 

    Ce sont les « cinq identifications » dans le jargon du Parti communiste chinois, au cœur de la propagande et de l’endoctrinement sous Xi Jinping .

    Le diocèse a également noté que « tous les membres ont estimé que cette « tournée rouge de gratitude envers le Parti » était pleine d'esprit révolutionnaire et d'héritage culturel, et qu'ils en ont beaucoup bénéficié. Ils ont tous exprimé qu'ils hériteraient et perpétueraient dans leur travail futur la belle tradition du patriotisme et de l'amour de l'Église, qu'ils renforceraient constamment les « cinq identifications », qu'ils adhéreraient fermement à la direction de la sinisation du catholicisme dans notre pays, qu'ils écouteraient le Parti, lui éprouveraient de la gratitude, le suivraient et contribueraient activement au développement économique et social local avec un état d'esprit plus élevé ».

    L’endoctrinement marxiste des prêtres, des religieuses et des dirigeants laïcs catholiques chinois se poursuit à plein régime. 

  • Quand une ex-femen s'excuse auprès des catholiques

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    Du site de Famille Chrétienne :

    Marguerite Stern, ex-Femen : « Pourquoi je m’excuse auprès des catholiques »

    Marguerite Stern, ex-Femen : « Pourquoi je m’excuse auprès des catholiques »

    J’ai été activiste Femen de 2012 à 2015. Durant ces années, j’ai mené plusieurs actions contre l’Église catholique, notamment lors d’une campagne en faveur du mariage gay. C’était il y a onze ans. Aujourd’hui, mes convictions et ma sensibilité ont évolué. Je veux vous expliquer pourquoi, et je veux m’excuser auprès des catholiques.

    Cela fait bientôt cinq ans que j’exprime mon opposition face à l’idéologie transgenre. Au début, je militais contre des choses basiques, comme la présence d’hommes dans les sports des femmes. Et puis j’ai creusé le sujet et j’ai compris qu’au-delà du danger pour les femmes et les enfants, le transgenrisme représente une menace civilisationnelle. Le transgenrisme ne crée pas, il détruit. Il prône la destruction des corps, le non-respect du vivant, l’abolition des différences entre femmes et hommes, la destruction de notre innéité, et de la culture qui nous unit. Il relève de la pulsion de mort et de la haine de soi.

    Au lendemain de l'incendie de Notre-Dame, « je suis allée pleurer dans une église »

    En attaquant la religion catholique, je me demande si je n’étais pas moi aussi dans une logique de destruction et de haine de soi. Bien que non croyante, je suis baptisée, j’ai fait ma première communion, et surtout, j’ai grandi dans un pays dont l’histoire, l’architecture et les mœurs ont été façonnés par l'Église. Rejeter cela, entrer dans Notre-Dame de Paris en hurlant, était une façon d’abîmer une partie de la France, c’est-à-dire une partie de moi-même. À 22 ans, je ne m’en rendais pas compte. Pourtant, cette cathédrale, je l’aimais ; je me souviens qu’au lendemain de son incendie, je suis allée pleurer dans une église. Mais il arrive que l’on aime mal.

    Mon opposition au transgenrisme m’a rendue patriote. Quand la quasi-totalité de mon entourage m’a rejetée à cause de mes prises de position, j’ai réalisé que mon pays était mon seul ancrage profond, et qu’il est aujourd’hui en danger, dilué dans la mondialisation et défiguré par l’immigration de masse. Ça m’a rendue conservatrice. J’ai réalisé qu’il fallait absolument qu’on sauve ce qu’il nous reste, qu’on ne pouvait pas tout recréer en permanence et rejeter le passé sous prétexte qu’il est imparfait. La France est un pays catholique. Elle doit le rester, et pour cela, nous devons continuer à faire vivre ses rites.

    Il y a quelques semaines, un ami m’a emmenée à la messe pour Philippine : “Il faut célébrer ses morts”. Devant la beauté de la cathédrale, des chants, de la cérémonie, je me sentais appartenir à une grande civilisation. L’Abbé Grosjean a répété plusieurs fois que les non-croyants étaient parfaitement à leur place ici. Je me suis dit qu'on n'entendrait jamais ça dans une mosquée. Bien sûr, rien ne ramènera Philippine, et rien ne sera réparé. Mais c’était prendre soin du royaume des vivants, que d’accomplir ce dernier rite autour de celle qui venait de rejoindre celui des morts.

    Les rites nous rassemblent, ils apaisent, parfois réparent, et régulent nos émotions, ils nous ancrent dans le présent en nous rappelant ce qui nous a précédé. Le “vivre-ensemble” est une notion théorique, les rites sont une de leur application dans le réel. Bon nombre des nôtres reposent sur l’Église catholique, et même les incroyants devraient se battre pour les préserver. Et puis il y a autre chose : il y a ce qui nous dépasse. Les clochers qui nous surplombent et qui habillent nos paysages sonores. La grandeur des édifices. L’émerveillement en entrant dans une église. La beauté. Et la foi des croyants. Je suis désolée d’avoir piétiné cela.

    « Si le blasphème est légal, il n’est pas toujours moral »

    En creusant le sujet trans, j’ai compris que le transgenrisme était un projet transhumaniste, où l’être humain se comporte comme son propre créateur. Cela m'effraie, car que fait-on de l’inconnu, du mystère, de l’enchantement, de ce qui nous dépasse ? Cela m’effraie car je crois que l’être humain doit rester à sa place de créature et non de créateur. Sans croire en dieu, sur certains points, j’arrive finalement aux mêmes conclusions que les catholiques.

    Alors voilà, en accord avec la loi de 1905, j’estime toujours que le blasphème est un droit qui doit être protégé. Si l’État ne reconnaît aucune religion, alors il doit être possible de critiquer, voire de se moquer d’une institution religieuse au même titre que d’une institution politique. Mais si le blasphème est légal, il n’est pas toujours moral.

    C’est à la mode actuellement, de dénigrer les catholiques, et de les faire passer pour des idiots vieille-France, insuffisamment branchés pour mériter le statut d’être humain. Par le passé, j’ai utilisé ce climat pour agir de façon immorale, tout en participant à le renforcer. Je présente de sincères excuses pour cela.

  • Inde : les chrétiens protestent contre la montée des persécutions

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    De Nirmala Carvalho sur Crux Now

    Les chrétiens en Inde protestent contre la montée des persécutions

    MUMBAI – Des dirigeants de diverses confessions chrétiennes se sont rassemblés pour une manifestation de masse à New Delhi, la capitale nationale, le 26 octobre, pour protester contre ce qu'ils décrivent comme une tendance croissante au harcèlement, à la persécution et à la violence dirigés contre la minorité chrétienne du pays.

    Les organisateurs ont déclaré que le rassemblement avait pour but d'attirer l'attention sur une vague généralisée d'attaques contre les dirigeants d'église, les pasteurs, les religieuses, les directeurs d'école et les enseignants, les médecins et les infirmières, ainsi que d'autres membres de la communauté.

    De nombreux observateurs affirment que le harcèlement des minorités religieuses en Inde, en particulier des musulmans et des chrétiens, a augmenté depuis l’arrivée au pouvoir du Premier ministre Narendra Modi en 2014, dont la base électorale se trouve parmi les mouvements nationalistes hindous de droite.

    Lors d’une conférence de presse au Press Club of India le 24 octobre, deux jours avant la manifestation, les dirigeants communautaires et les militants ont décrit ce qu’ils décrivent comme une menace réelle et croissante. Selon les données recueillies par le United Christian Forum (UCF), « 585 incidents visant des chrétiens ont été enregistrés jusqu’à présent cette année jusqu’en septembre », a déclaré Michael William, président du groupe.

    Le 13 octobre, par exemple, un incident s’est produit à Sultanpur, dans l’Uttar Pradesh, où la police a perturbé une réunion de prière chrétienne après qu’une plainte a été déposée par Sarvesh Singh, le président d’un mouvement nationaliste hindou.

    Singh, qui est également associé à un groupe connu pour ses actions de vigilance sous prétexte de « protection des vaches », a accusé les chrétiens présents au rassemblement de se livrer à des conversions. En réponse, la police a arrêté un couple et détenu plusieurs participants. Des observateurs chrétiens ont déclaré que la police avait fait preuve de partialité envers les accusations du plaignant sans aucune enquête préalable.

    Bien que les agresseurs aient été remis à la police, les observateurs estiment que leur audace reflète la conviction qu'ils sont à l'abri des conséquences judiciaires, d'autant plus que les incidents de cette nature sont rarement suivis d'une action vigoureuse de la part des forces de l'ordre. Au lieu de protéger les victimes, l'accent est souvent mis sur les enquêtes concernant les allégations de conversion sans fondement, ce qui rend les chrétiens vulnérables aux attaques répétées.

    Quatre jours plus tard, le 17 octobre, à Dhamtari, une famille chrétienne souhaitant enterrer un proche décédé s'est heurtée à la résistance des radicaux hindous qui ont protesté, arguant que les chrétiens ne devraient pas avoir le droit d'utiliser le cimetière du village, malgré le fait que les chrétiens vivent dans le village depuis des générations.

    Les extrémistes ont exigé que le corps soit enterré hors des limites du village, et ce n'est qu'après l'intervention de l'administration locale que l'enterrement a pu avoir lieu. Cependant, la famille a dû céder aux exigences des extrémistes et enterrer le défunt hors du village.

    Le même jour, à Saharsa, dans l'État du Bihar, au nord-est du pays, des militants hindous accompagnés de la police locale ont perturbé une réunion de prière chrétienne, confisquant des objets religieux, dont des bibles et d'autres ouvrages chrétiens. Un pasteur a également été arrêté.

    Trois jours plus tard, à Amethi, dans l'État de l'Uttar Pradesh, la police a effectué une descente au domicile d'une famille chrétienne après que des villageois se soient plaints de prétendues conversions religieuses qui auraient lieu sous couvert de réunions de prière. La descente du 20 octobre, fondée sur des allégations non vérifiées, a abouti à l'arrestation de trois membres de la famille.

    L'archevêque Peter Machado de Bangalore, qui est également président de la Conférence épiscopale catholique régionale du Karnataka (KRCBC), a déclaré à Crux : « Je suis conscient des attaques ouvertes et secrètes contre les chrétiens dans de nombreuses régions de notre pays, en particulier au Chattisgarh et dans l'Uttar Pradesh. »

    « Les attaques et les persécutions ne se limitent plus aux seuls facteurs religieux, mais s’étendent également aux institutions sociales et éducatives, ainsi qu’aux cimetières, etc. », a déclaré Machado. « L’intolérance, la discrimination et les discours de haine sont douloureux. Le silence et, parfois, la complicité de l’appareil gouvernemental sont déconcertants. »

    « D’un côté, l’Inde souhaite se présenter comme un pays tourné vers l’avenir et doté de la plus grande démocratie, mais d’un autre côté, avec les restrictions imposées aux citoyens en matière de liberté de croyance et de religion, nous régressons en tant que nation arriérée », a déclaré Machado.

    « Penser que douze États ont adopté des lois sur la liberté de religion, qui sont en fait des lois anti-conversion, en contradiction avec les dispositions constitutionnelles, témoigne d’une mentalité plus déplorable que la mentalité coloniale », a-t-il déclaré. « Le fait que même le Karnataka, l’un des États les plus développés de l’Inde, persiste à appliquer une loi anti-conversion votée par le régime précédent montre que le développement économique n’a rien à voir avec les libertés constitutionnelles. »

    « Que Dieu bénisse notre pays », a déclaré Machado. « Je prie avec les mots du poète national Rabindra Nath Tagore : « Au ciel de la liberté, mon Père, que mon pays s'élève. »

  • L'enlèvement d'un prêtre au Nigeria est considéré comme faisant partie d'une attaque contre des cibles chrétiennes faciles

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    De Ngala Killian Chimtom sur Crux Now :

    L'enlèvement d'un prêtre au Nigeria est considéré comme faisant partie d'une attaque contre des « cibles chrétiennes faciles »

    31 octobre 2024

    YAOUNDÉ, Cameroun – La police nigériane a arrêté deux personnes soupçonnées d'être impliquées dans l'enlèvement du père Thomas Oyode, recteur du petit séminaire de l'Immaculée Conception dans le diocèse d'Auchi, situé dans l'État d'Edo, dans la région assiégée du centre-sud du pays.

    Lors de la présentation des suspects aux médias le 30 octobre, le commissaire de police de l'État d'Edo, Umoru Ozigi, a déclaré que les suspects aidaient la police à retrouver leurs complices.

    Il a appelé la population à lui communiquer spontanément toute information pouvant conduire à l'arrestation de criminels dans une région où les hors-la-loi sont légion.

    Oyode a été enlevé dimanche soir au séminaire vers 19 heures, pendant les prières du soir et la bénédiction, selon un communiqué du directeur des communications du diocèse, le père Peter Egielewa.

    « Le recteur de l'institution, le révérend père Thomas Oyode, a été enlevé et emmené dans la brousse. Cependant, le vice-recteur et tous les séminaristes ont été retrouvés sains et saufs et ont été temporairement relogés dans une zone sûre jusqu'à ce que les mesures de sécurité autour du séminaire soient renforcées. Malheureusement, aucune communication n'a encore été établie avec les ravisseurs », a déclaré Egielewa dans un communiqué.

    Selon des informations non confirmées, les ravisseurs réclameraient une rançon de près de 122 000 dollars. Les tentatives de Crux pour obtenir confirmation du diocèse sont restées sans réponse.

    Selon un rapport de la Société internationale pour les libertés civiles et l’État de droit, connue sous le nom d’« Intersociety », plus de 150 000 décès de civils pour des raisons religieuses ont été enregistrés au Nigeria depuis 2009.

    Le rapport, publié le 14 février, révèle que quelque 14 millions de chrétiens ont été déracinés et contraints de fuir leurs foyers depuis 2009, et que plus de 800 communautés chrétiennes ont été attaquées.

    Le directeur d'Intersociety, Emeka Umeagbalassi, a déclaré à Crux que le ciblage du clergé catholique et des chrétiens fait partie d'un plan plus vaste visant à islamiser le pays.

    Il a accusé le gouvernement fédéral de partialité à l’égard des chrétiens et l’a décrit comme « une aile de tueurs peuls », une référence à un groupe ethnique majoritairement musulman largement dispersé à travers l’Afrique de l’Ouest, y compris le Nigeria.

    « Il y a beaucoup de boucheries, d’enlèvements et de disparitions dans le pays, et les agences de sécurité sont complices de ces crimes », a déclaré Emeka.

    L'archevêque Ignatius Kaigama d'Abuja a déclaré que les agences de sécurité « ont été honteuses » du fait des meurtres et des enlèvements continus de chrétiens.

    « Notre pays continue d’être en proie à une insécurité croissante. Les insurgés de Boko Haram, les milices pastorales, les bandits, les ravisseurs et les soi-disant « hommes armés inconnus » persistent à semer la terreur dans diverses régions », a déclaré Kaigama à Crux .

    Il a carrément reproché au gouvernement fédéral de ne pas avoir réussi à protéger la population, affirmant qu'il avait perdu la capacité de contrôler les auteurs de violences qui terrorisent désormais à volonté la population dans différentes régions du pays.

    L’Association des écrivains des droits de l’homme du Nigeria, « HURIWA », a exhorté le gouvernement fédéral à prendre des mesures plus fermes contre les attaques contre les prêtres, les pasteurs et les musulmans modérés, qui sont de plus en plus souvent la proie des ravisseurs, des terroristes, des bandits et des bergers peuls.

    L’année dernière, l’évêque du diocèse de Sokoto, Mathew Hassan Kukah, a déclaré que son diocèse avait dépensé plus de 37 200 dollars pour obtenir la libération d’agents pastoraux.

    « Il existe de réelles craintes que ces enlèvements constituent une persécution ciblée de la foi chrétienne, mais les motivations financières semblent éclipser ces inquiétudes », a déclaré HURIWA dans un rapport l’année dernière.

    Il a déclaré que l'incapacité du gouvernement à résoudre le problème des enlèvements et des meurtres de prêtres a encouragé d'autres criminels à commettre des actes similaires.

    Franklyne Ogbunwezeh, chercheuse principale pour l'Afrique subsaharienne à Christian Solidarity International, note que si les gangs criminels peuvent être motivés par l'argent pour kidnapper des membres du clergé, les éléments djihadistes ont un motif différent : établir un califat islamique en déracinant les chrétiens de leurs communautés, en particulier dans la ceinture centrale du Nigeria.

    « Ils kidnappent et assassinent des dirigeants chrétiens qui jouissent d’une grande réputation dans leurs communautés, parfois même après le paiement d’une rançon. Cette pratique vise à détacher la communauté de son noyau, ce qui facilite la destruction de ces communautés chrétiennes », a-t-il déclaré.

  • L'ECLJ agit pour sauver un pakistanais chrétien condamné à mort

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    Du site de l'ECLJ :

    Nous agissons en justice pour sauver Ahsan, un autre jeune pakistanais chrétien condamné à mort pour blasphème

    29 octobre 2024

    Un chrétien innocent a encore été mis derrière les barreaux et condamné à être exécuté par pendaison en vertu de la loi pakistanaise réprimant le blasphème. Nous avons immédiatement lancé une action en justice pour empêcher cette exécution, avant qu’il ne soit trop tard.

    Par Shaheryar Gill, Directeur de l’OLA au Pakistan.

    L’année dernière, une foule de musulmans pakistanais avait incendié plus de 20 églises et 80 maisons de chrétiens à Jaranwala après que deux frères chrétiens avaient été accusés d’avoir profané le Coran. La seule preuve présentée à la police était une page du Coran sur laquelle étaient griffonnés quelques mots. La police a alors arrêté les deux frères accusés d’avoir profané la page.

    Au cours de cette manifestation barbare, de nombreux assaillants ont pris des photos et réalisé des vidéos, les publiant et les partageant sur les réseaux sociaux. Une photo de la preuve présumée - la page du Coran profanée - a également circulé avec les photos et les vidéos de l’attaque et a été transmise ou repostée sur les réseaux sociaux par des milliers de personnes.

    Trois jours plus tard, à une centaine de kilomètres de Jaranwala, la police a arrêté notre client, Ahsan Masih, un chrétien de 26 ans, pour avoir soi-disant reposté la photo de la page profanée sur TikTok. Malgré les innombrables émeutiers violents qui ont publié l’image « blasphématoire » sur leurs réseaux sociaux ou transmis l’image à d’autres pour qu’ils la partagent et la repostent, ce jeune chrétien, qui n’était même pas présent lors de l’émeute, a été la seule personne arrêtée à la suite de l’événement.

    Notre organisation affiliée au Pakistan, l’Organization for Legal Aid (OLA), a pris en charge l’affaire d’Ahsan, qui a été confiée à la Cour antiterroriste du Pakistan parce que la police l’a accusé non seulement de blasphème, mais aussi de terrorisme. Son raisonnement est le suivant: en postant la photo sur TikTok, Ahsan a non seulement commis un blasphème, mais il a également commis un acte de terrorisme, car les musulmans risquaient d’être enragés par la photo et de s’en prendre à leur tour aux chrétiens. Nous sommes censés croire que les autorités pakistanaises ont ajouté cette accusation odieuse et incohérente à l’encontre de ce chrétien innocent dans le but de protéger les chrétiens?

    Le «crime» d’Ahsan, même s’il était juridiquement prouvé, serait d’avoir reposté une photo qui avait déjà été largement repostée sur internet par des musulmans et d’autres personnes. Pour cela, notre client a été qualifié de criminel et de terroriste méritant la mort. C’est absurde.

    Au cours du procès d’Ahsan, nos avocats sur le terrain ont croisé les témoignages de l’accusation (des officiers de police) et leur ont demandé s’ils disposaient d’éléments prouvant qu’Ahsan avait effectivement posté la photo. Aucune image de ce type n’a été retrouvée sur le téléphone d’Ashan ou sur son compte TikTok. En fait, les rapports d’enquête n’ont apporté aucune preuve contre Ahsan. En outre, nous avons cité un arrêt de la Haute Cour de Lahore faisant jurisprudence, selon lequel, pour condamner une personne, la partie qui l’accuse doit prouver que l’accusé est l’auteur du contenu blasphématoire présumé et qu’il l’a effectivement publié.

    Comme dans une affaire similaire que nous défendons actuellement au Pakistan pour Shahzad Masih, qui est également condamné à mort sur la base de fausses accusations de blasphème, aucune preuve n’a été présentée montrant qu’Ahsan avait effectivement reposté la photo.

    Néanmoins, sans donner de raison plausible, la Cour antiterroriste a déclaré que tous ces arguments étaient «dénués de force» et, comme dans le cas de Shahzad, a condamné Ahsan à la peine de mort par pendaison.

    Il s’agit d’une injustice flagrante fondée sur des lois archaïques condamnant le blasphème qui doivent être modifiées. En tant qu’État membre des Nations unies, le Pakistan a l’obligation de défendre les droits de l’homme et de protéger l’ensemble de sa population, y compris les chrétiens. Nous avons fait appel de la décision devant la Haute Cour et nous continuerons à nous battre pour ce jeune chrétien.

    Alors que nous travaillons avec notre équipe juridique au Pakistan, nous vous demandons de prier pour Ahsan, ainsi que pour les deux autres clients de l’OLA dans le couloir de la mort, Shahzad Masih et Amoon Ayub.

    aller sur la page de l'ECLJ pour signer la pétition pour la défense des chrétiens persécutés

  • Le rêve néo-ottoman d’Erdogan de rétablir l’Empire et le califat; les chrétiens en font les frais...

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    De Youssef Ayed sur le site de l'ECLJ :

    Erdogan: le néo-sultan ottoman contre les chrétiens de Turquie

    28 octobre 2024

    Sur la scène internationale, le président turc Recep Tayyip Erdogan impose sa vision impérialiste panturquiste et s’érige en leader du monde sunnite, pendant que l’Europe, infiltrée par les Frères musulmans, laisse faire. Le Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ) rappelle aussi la persécution systémique des chrétiens de Turquie, au nom du nationalisme turco-islamique, et la dénonce dans sa contribution à l’Examen périodique universel d'octobre 2024 pour la Turquie au Conseil des droits de l’homme des Nations unies.

    À l’étranger, les Turcs se soucient moins de la terrible inflation en Turquie que de la défense de leur identité nationale et religieuse. Le président turc Recep Tayyip Erdogan sait s’en faire le champion, critiquant régulièrement «l’islamophobie» qui serait répandue en Europe, avec des déclarations comme «l'Europe, où vivent aujourd'hui 35 millions de musulmans, dont 6 millions de Turcs, se transforme de plus en plus en une prison à ciel ouvert pour nos frères et sœurs». À l’étranger, Erdogan défend même, bien que cyniquement, les chrétiens, réagissant avant le pape François pour faire savoir son indignation à la suite de l’obscène cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques à Paris.

    Le rêve néo-ottoman d’Erdogan de rétablir l’Empire et le califat

    La totalité des expatriés turcs dépasse les 6,7 millions, et 5,7 millions d’entre eux vivent dans les pays d'Europe occidentale. L’Allemagne en particulier,  regroupe 2,9 millions de personnes d’origine turque, dont 1,5 million possèdent la nationalité turque. C’est la diaspora qui fournit les électeurs d’Erdogan. À l’élection présidentielle turque de mai 2023, sur les plus de 700 000 votes exprimés en Allemagne, les deux-tiers sont allés au leader du Parti de la justice et du développement (AKP). Les Turcs sont maintenant partout chez eux: à partir de cette rentrée 2024, les écoliers turcs ne disent plus «Asie centrale» mais «Turkistan», c’est-à-dire le «pays des Turcs».

    Erdogan concrétise toujours un peu plus son rêve néo-ottoman de rétablir l’Empire et le califat, s’assumant en chef aussi bien politique que religieux. Dans la course au leadership du monde sunnite, il soutient les Frères musulmans, considérés comme une organisation terroriste par l’Arabie saoudite, l’Égypte, la Syrie, la Russie, et les Émirats arabes unis, mais bienvenus en Europe. Le 12 octobre 2024 à Hambourg, plus de 2 000 musulmans ont manifesté pour prôner l’instauration d’un califat et l’imposition de la charia, répondant à l’appel de l’organisation islamiste allemande Muslim Interaktiv, proche des Frères musulmans. L’Arménie, qui empêche la continuité territoriale entre la Turquie et l’Azerbaïdjan, est menacée de disparition après le nettoyage ethnique des 120 000 Arméniens du Haut-Karabakh en septembre 2023.

    Les chrétiens de Turquie victimes du nationalisme turco-islamique

    En Turquie, le fort sentiment de nationalisme religieux, associé à l'accent mis par le gouvernement sur les valeurs islamiques, exerce une pression considérable sur les minorités religieuses. Les chrétiens, en particulier, sont perçus négativement et sont considérés comme porteurs de l'influence occidentale. En 2023, les chrétiens étaient le groupe minoritaire religieux le plus persécuté, avec un total de vingt-deux attaques violentes contre les chrétiens documentées. Le Centre européen pour le droit et la justice a dénoncé cette persécution des chrétiens dans sa dernière contribution à l’Examen périodique universel de la Turquie au Conseil des droits de l’homme des Nations unies.

    La persécution de l’Église grecque-orthodoxe est la plus emblématique. Elle varie en fonction de l’état des relations entre la Turquie et la Grèce. Les fondations grecques-orthodoxes sont régulièrement expropriées, sous le prétexte fallacieux qu’elles sont «désaffectées» et doivent donc être gérées par la Direction générale des fondations, qui dépend directement du ministère de la Culture et du Tourisme turc. Le séminaire de Halki, fermé en 1971, n’a toujours pas été réouvert. Ni la personnalité juridique ni le caractère œcuménique du patriarcat œcuménique de Constantinople ne sont reconnus. L’ECLJ fera part de ses observations dans l’affaire Mavrakis, en cours à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Cette affaire concerne des ecclésiastiques auxquels la Turquie interdit de devenir membres du conseil d’administration de fondations grecques-orthodoxes.

    Par ailleurs, le gouvernement turc utilise le Code pénal pour cibler le clergé religieux et les accuser faussement de travailler à saper sa souveraineté. Cela se vérifie particulièrement dans la région du sud-est de la Turquie, où les communautés chrétiennes arméniennes et syriaques sont prises dans les combats entre l'armée turque et les groupes de résistance kurde. Par exemple, le 9 janvier 2020, la branche antiterroriste a arrêté trois chrétiens syriaques dont un prêtre, qui n'ont pu être contactées par personne et ont été privées d'accès à un avocat. Le Père Sefer Bileçen a été accusé d'avoir fourni de la nourriture et de l'eau à des membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), que la Turquie considère comme une organisation terroriste. Malgré son explication, selon laquelle, conformément à sa foi chrétienne, il aide toute personne dans le besoin sans discrimination, il a été condamné le 7 avril 2021 à deux ans et un mois de prison.

    L’expulsion des chrétiens étrangers pour «menace pour la sécurité nationale»

    Une autre forme de persécution des chrétiens en Turquie se manifeste par l'expulsion des missionnaires chrétiens, par l'application du code N-82, sous prétexte qu'ils constitueraient une menace pour la sécurité nationale de la Turquie. Les protestants turcs souffrent également de cette mesure puisqu’ils se retrouvent privés de formateurs et de professeurs. Selon l'Association des Églises Protestantes, 115 chrétiens étrangers ont été interdits d’accès ou de rester sur le territoire turc entre 2019 et 2023, mais en incluant les conjoints et les enfants qui ont dû suivre pour ne pas séparer la famille, le total des chrétiens affectés est porté à 250. À ceux-là, s’ajoutent dorénavant neuf autres chrétiens étrangers, dont l’expulsion a été validée conjointement par la Cour constitutionnelle turque le 7 juin 2024, alors qu’ils résidaient légalement en Turquie.

    Le fait de juger conjointement et non individuellement ces neuf cas indique que les faits et le droit en question sont très similaires dans chaque affaire. Cela suggère la mise en place d’un système gouvernemental visant à interdire les religieux étrangers dans le pays. Ces chrétiens peuvent maintenant porter l’affaire à la CEDH, à l’instar de Kenneth Wiest, un Américain protestant résidant légalement depuis plus de trente ans en Turquie, et soudainement privé d’y retourner après un voyage en juin 2019. Dans l’affaire Wiest, l’ECLJ fera également part de ses observations à la CEDH. L’expulsion de chrétiens étrangers concerne aussi des dizaines de convertis iraniens réfugiés, qui, quant à eux, risquent la mort dans leur pays à cause de leur apostasie de l’islam.

    Les chrétiens en Turquie, qu'ils soient citoyens turcs ou étrangers, qu’ils soient catholiques, orthodoxes, ou protestants évangéliques, font face à diverses formes de persécution et de discrimination, dans un climat de montée du nationalisme turc et de l'islam politique portés par les médias pro-gouvernementaux et les discours d’Erdogan. Leur situation est marquée par un mélange de restrictions administratives, de pression sociale, de harcèlement ou de violence directe. Les Turcs convertis au christianisme sont particulièrement vulnérables, car ils sont perçus comme ayant «trahi» l'identité musulmane turque. Les autorités surveillent étroitement les activités des églises, lorsqu’elles ne les ferment pas tout simplement, et privent de formation les leaders des communautés. Dans ce contexte dramatique, le Centre européen pour le droit et la justice continue de soutenir les chrétiens turcs et les chrétiens étrangers en Turquie, auprès des instances onusiennes mais également au Conseil de l’Europe et à la Cour européenne des droits de l’homme.

  • Les élections du 5 novembre et la métamorphose des catholiques américains

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (en français sur diakonos.be) :

    Les élections du 5 novembre et la métamorphose des catholiques américains

    On vote dans quelques jours aux États-Unis et les résultats sont plus que jamais incertains, à tel point que même l’exubérant Pape François a préféré taire ses sympathies et rester au balcon. Interpellé par Anna Matranga pour CBS News dans l’avion de retour de Singapour à Rome le 13 septembre, il a donné la consigne aux électeurs de « choisir le moindre mal » entre Donald Trump et Kamala Harris, c’est-à-dire entre « chasser les migrants » et « tuer les enfants ».

    Et même ce dilemme n’est ni évident ni bien clair, étant donné que Trump aussi a épousé les thèses « pro choice » sur l’avortement, en laissant les différents États libres de légiférer comme bon leur semble et les électeurs libres de « suivre leur propre cœur ». En novembre 2023, l’assemblée d’automne des évêques catholiques réunie à Baltimore avait encore déclaré que l’avortement constituait la « priorité essentielle » pour orienter le vote des fidèles. Mais l’union historique entre le mouvement pro-vie et l’ancien Parti républicain touchait alors à sa fin et on ignore dans quelle mesure le choix du catholique converti J.D. Vance comme vice-président pourra convaincre les catholiques anti-avortement de voter pour Trump, sauf justement à choisir un « moindre mal » par rapport aux politiques d’avortement les plus débridées de Kamala Harris.

    Les sondages donnent les catholiques divisés pratiquement à part égale, avec une légère prévalence en faveur de Trump. Mais la véritable nouveauté de ces élections, c’est que le facteur religieux joue désormais un rôle bien moins important que par le passé.

    Dans le camp démocrate, on assiste à une véritable fin de règne. Après son retrait de la course, surtout sous la pression de la présidente de la Chambre Nancy Pelosi, le catholique Joe Biden ne laisse derrière lui ni héritier ni prétendant. Biden était déjà en délicatesse depuis longtemps avec la Conférence épiscopale américaine et les guerres en Ukraine et en Terre Sainte avaient jeté un froid sur ses relations avec le Pape. Si beaucoup de ses partisans étaient nés et avaient grandi dans la foi catholique, bon nombre d’entre eux l’avaient bien vite abandonnée au profit de la justice sociale qui tenait lieu chez eux aussi bien de doctrine que de sacrements.

    En 1970, plus de la moitié des catholiques américaines allait à la messe le dimanche. Ils ne sont plus que 17% aujourd’hui, selon un sondage du CARA, un centre de recherche affilié à l’université de Georgetown. Et à peine 9% chez ceux qui sont nés dans les années 1990. Dans le même laps de temps, les baptêmes sont passés de 1,2 millions par an à un peu plus de 400 000. Et ce en dépit du fait que le nombre de catholiques soit en augmentation, allant jusqu’à frôler les 70 millions, surtout grâce à l’immigration latino-américaine.

    Les États-Unis ont longtemps été le pays le plus religieux d’Occident, avec le sentiment diffus d’être un « peuple élu » avec une mission unique confiée par Dieu. Mais cette exception américaine est en train de disparaître rapidement, quoiqu’à un rythme et selon des modalités différentes de celles qui ont désertifié l’Europe.

    Il s’agit d’un déclin qui affecte toutes les confessions chrétiennes confondues. Les grandes figures religieuses qui exerçaient une grande influence sur le monde politique, de Martin Luther King à Billy Graham, ont toutes disparu. L’Association of Statisticians of American Religious Bodies révèle que les baptistes de la Southern Baptist Convention ont chuté de 11%, les épiscopaliens et les méthodistes de 19% chacun, les luthériens de 25% et les presbytériens de 40%. Les seules à être encore en croissance sont les Églises protestantes « non-denominational », c’est-à-dire indépendantes, il s’agit surtout de petites réalités locales davantage actives sur les réseaux sociaux que sur le territoire. Dans leur ensemble, 64% des Américains se déclarent chrétiens aujourd’hui, alors qu’ils étaient encore 90% il y a cinquante ans. Et un tiers d’entre eux est âgé de plus de 65 ans, tandis qu’un trentenaire sur trois a abandonné le christianisme dans lequel il a été élevé.

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  • Les signes des temps du professeur Richard Rex : une occasion manquée pour le synode

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    De George Weigel sur First Things :

    Les signes des temps du professeur Rex : une occasion manquée pour le synode

    Richard Rex est professeur d’histoire de la Réforme à la faculté de théologie et Polkinghorne Fellow en théologie et études religieuses au Queens’ College de l’université de Cambridge. Dans un brillant article de synthèse publié en 2018, le professeur Rex a soutenu que le catholicisme est aujourd’hui en proie à la troisième grande crise de son histoire bimillénaire. Si Richard Rex avait prononcé le discours d’ouverture des synodes de 2023 et 2024 – si son analyse des signes de ces temps telle qu’exposée dans cet article avait servi de cadre à l’ Instrumentum Laboris de chaque synode – les deux derniers synodes auraient pu être consacrés à une conversation sérieuse sur l’environnement culturel du XXIe siècle et ses implications pour la mission contemporaine de l’Église, plutôt que dans les sables mouvants de l’autoréférentialité ecclésiastique.

    Alors, qu'est-ce que le Synode a raté en omettant le professeur Rex ? Quelles ont été ces deux premières grandes crises et quelle est la troisième, celle que nous traversons actuellement ?  

    Trois crises

    La première crise fut le long débat, souvent féroce, qui divisa l’Église sur la question « Qu’est-ce que Dieu ? » 

    Le débat sur « Qu'est-ce que Dieu ? » a été déclenché au début du IVe siècle par le théologien alexandrin Arius, qui enseignait que ce que le christianisme connaissait sous le nom de « Fils » était une sorte de démiurge, par lequel le monde avait été créé, mais qui n'était pas coéternel avec le Père ; selon la formulation d'Arius, il y eut un temps où « le Fils n'était pas ». Le débat sur « Qu'est-ce que Dieu ? » a ensuite été étendu et amplifié par l'hérésie du monophysisme, selon laquelle l'humanité de Jésus n'était pas tout à fait réelle, mais plutôt une sorte de costume de surhomme masquant sa divinité. La question « Qu'est-ce que Dieu ? » a été définitivement résolue par le premier concile de Nicée I (325 après J.-C.), qui a condamné Arius et nous a donné le Credo que nous récitons aujourd'hui, et par le concile de Chalcédoine (451 après J.-C.), qui, influencé par le pape Léon le Grand et son célèbre « Tome », a mis un terme au monophysisme. Nicée I a affirmé que Jésus est vraiment Dieu, la deuxième personne de la Trinité éternelle ; Chalcédoine affirme que, par l'Incarnation de la seconde personne de la Trinité, la divinité et l'humanité sont unies dans l'unique personne de Jésus-Christ. Nicée I et Chalcédoine ont ainsi assuré pour toujours les fondements trinitaires et incarnationnels de l'orthodoxie chrétienne.

    La deuxième crise, qui a conduit à la fracture de la chrétienté occidentale dans les diverses réformes protestantes du XVIe siècle, tournait autour de la question : « Qu'est-ce que l'Église ? » L'Église avait-elle une forme ou une constitution définitive donnée par le Christ, une forme qui incluait le système sacramentel en sept parties ? Au cours des trois périodes de son œuvre (1545-1547, 1551-1552 et 1562-1563), le concile de Trente a donné la réponse orthodoxe à cette question : oui. L'ecclésiologie de Trente a ensuite été affinée au cours des siècles suivants par le renouvellement de la conception de l'Église par le pape Pie XII dans l'encyclique Mystici Corporis Christi (Le Corps mystique du Christ) de 1943, par le christocentrisme de Lumen Gentium (Lumière des nations), la Constitution dogmatique sur l'Église du concile Vatican II, et par la doctrine de la foi chrétienne. par le Synode extraordinaire des évêques de 1985, qui a synthétisé l'enseignement de Vatican II en décrivant l'Église comme une communion de disciples en mission ; et par Jean-Paul II dans l' encyclique Redemptoris Missio (La Mission du Rédempteur) de 1990, qui a vigoureusement défendu la permanence du mandat missionnaire de l'Église en tout temps et en tout lieu, tout en appelant chaque catholique à vivre le sens du baptême dans une vie de disciple missionnaire. 

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  • Athée depuis 35 ans, elle a retrouvé Dieu sur la tombe de Saint Jean-Paul II

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    De Diego López Marina sur CNA :

    Athée depuis 35 ans, elle a retrouvé Dieu sur la tombe de Saint Jean-Paul IIbouton de partage de courrier électroniquebouton de partage sharethis

    Belén Perales
    Belén Perales est aujourd’hui l’animatrice de la chaîne YouTube « El Rosario de las 11 » (« Le Rosaire à 23 heures »), où elle diffuse chaque soir la prière du Saint Rosaire et partage des histoires de conversion. | Crédit photo : avec l’aimable autorisation de Belén Perales

    Belén Perales, une Espagnole de 60 ans, a vécu 35 ans en tant qu'athée, s'éloignant de la foi catholique à l'adolescence après une série d'expériences traumatisantes.

    Mais sa vie a changé radicalement lors d'une visite au tombeau de saint Jean-Paul II au Vatican, où, selon elle, elle a eu une profonde révélation qui l'a ramenée chez elle.

    Une vie marquée par la douleur et la rébellion

    Née dans une famille catholique, Perales est l'aînée d'une fratrie de quatre enfants. Mais dès son plus jeune âge, elle a éprouvé un profond sentiment d'abandon. « J'ai toujours eu le sentiment que personne ne m'aimait », a-t-elle confié dans une interview à ACI Prensa, le partenaire d'information en langue espagnole de CNA.

    Les déplacements constants d'une ville à l'autre en raison du travail de son père ont alimenté son insécurité, créant une profonde blessure émotionnelle. « J'ai développé une sorte de blessure d'abandon », se souvient-elle, et bien que les déplacements l'aient rendue plus adaptable, ils ont également alimenté son ressentiment.

    Sa foi a commencé à faiblir à l’adolescence après avoir été victime d’abus lors d’un séjour dans un pensionnat. Cet épisode a marqué un point de rupture dans sa relation avec Dieu et sa mère. « J’ai quitté l’école très en colère contre le monde… cet été-là, j’ai arrêté de croire en Dieu », raconte Perales. À partir de ce moment, elle a commencé à s’éloigner de l’Église et de la foi qu’elle avait connue étant enfant.

    Trajectoire tumultueuse

    Pendant les 35 années qui ont suivi, Perales a vécu dans la confusion, cherchant la paix dans des relations ratées et un succès professionnel qu'elle n'a jamais pu trouver. Elle s'est mariée plusieurs fois et a subi des tromperies et des abus dans ses relations.

    « Mon premier mari m'a escroquée... quand j'ai demandé le divorce, il s'est avéré que je n'étais même pas mariée ; c'était un escroc professionnel qui m'avait trompée », se souvient-elle avec résignation.

    « Après ce qui est arrivé avec cet homme, mon premier mari, je suis allée de mal en pis. J’ai rencontré le père de ma fille aînée, bref, c’était une relation très tortueuse. Ce furent sept années très dures. J’ai vécu des moments terribles. J’ai réussi à sortir de cette maison avec ma fille et nous avons recommencé à zéro. J’étais à nouveau ruinée », se souvient-elle.

    En 1996, alors qu’Internet commençait à prendre son envol, elle acheta un kit et décida de créer sa propre entreprise en ligne. Elle commença à vendre via cette plateforme et, à sa grande surprise, le projet fut un énorme succès. À partir de ce moment, elle commença à générer des revenus importants grâce à son initiative entrepreneuriale dans le monde numérique. 

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  • Le renouveau du christianisme en Occident sera mystique ou ne sera pas du tout (Rod Dreher)

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    De Solène Tadié sur le NCR :

    Rod Dreher : Le renouveau du christianisme en Occident sera mystique ou ne sera pas du tout

    Le célèbre journaliste et écrivain américain a publié un nouveau livre appelant au réenchantement de la foi chrétienne à travers l’exaltation de la beauté et du mystère qui la caractérisent, comme dans l’Église primitive.

    Couverture de « Vivre dans l'émerveillement »
    Couverture de « Living in Wonder »

    Fournir aux chrétiens les armes intellectuelles pour survivre au déclin de la civilisation post-chrétienne est une mission que Rod Dreher a poursuivie tout au long de sa carrière de journaliste. Son travail a pris une nouvelle dimension avec la publication, en 2017, de The Benedict Option : A Strategy for Christians in a Post-Christian Nation , suivi de Live Not by Lies : A Manual for Christian Dissidents en 2020, deux ouvrages de renommée internationale traduits dans plus d’une douzaine de langues.

    Son dernier livre, Living in Wonder: Finding Mystery and Meaning in a Secular Age, disponible le 22 octobre, complète cette sorte de trilogie, qui aborde tous les grands enjeux de notre époque d'un point de vue politique, philosophique et spirituel. 

    Dans Living in Wonder, Dreher explore les moyens de raviver la flamme de la foi, en s’appuyant sur l’histoire de l’Église primitive – qui, par son mysticisme et les nombreux miracles qu’elle a engendrés, a massivement détourné les âmes du paganisme – et en passant au crible les diverses ruptures historiques de la fin du Moyen Âge à nos jours qui ont conduit au désenchantement du monde occidental.

    Ce livre, que l’auteur conçoit comme un manuel, a pour objectif d’apprendre au lecteur « comment chercher et comment trouver » le véritable enchantement : autrement dit, « à voir le divin avec un cœur purifié ».

    Revenu à la foi après une visite transfigurante à la cathédrale de Chartres à l’âge de 17 ans, suivie d’une rencontre décisive avec le prêtre-artiste Carlos Sanchez en 1993, ce chrétien orthodoxe de 57 ans est convaincu que « la beauté et la bonté ouvrent la porte à la vérité », comme il l’affirme dans cet entretien au Register. Il évoque également la montée de l’occultisme et du néopaganisme et l’impréparation du clergé face à ce fléau sans précédent, ainsi que ses réflexions sur les ovnis.

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  • Vatican-Chine, la prolongation de l'accord nuit à l'Église

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    De Riccardo Cascioli sur la NBQ :

    Vatican-Chine, la prolongation de l'accord nuit à l'Église

    Pékin et le Saint-Siège ont annoncé la prolongation de quatre ans de l'accord secret sur la nomination des évêques et l'administration de l'Église chinoise, signé pour la première fois en 2018. Malgré les terribles résultats obtenus, le Vatican insiste sur un semblant de dialogue qui provoque une plus grande persécution contre les catholiques chinois.

    23_10_2024

    Le Saint-Siège implore une certaine reconnaissance, le gouvernement chinois poursuit son chemin. C'est l'impression que l'on ressent au-delà des propos circonstanciels qui ont accompagné hier l'annonce du renouvellement pour quatre ans de l'accord secret entre la Chine et le Vatican sur la nomination des évêques et l'administration de l'Église catholique en Chine.

    Le renouvellement de l'accord - signé pour la première fois en 2018 puis renouvelé pour deux ans en deux ans - était une évidence après les déclarations des derniers mois, notamment du secrétaire d'État Pietro Parolin, dans lesquelles le Saint-Siège a montré toutes les occasions possibles détermination à poursuivre la collaboration avec le régime communiste, même si le résultat est tout sauf positif. Et c'était évident après les occasions créées par le pape François de faire l'éloge de la Chine - « une promesse et une espérance pour l'Église » - et l'attitude du gouvernement de Pékin envers l'Église (« Je suis content des dialogues avec la Chine, le résultat est bon») : déclarations faites lors du  voyage de retour depuis l'Asie du Sud-Est en septembre ,

    Ce qui n’était cependant pas évident, c’était la durée de l’accord. Il y a quelques mois encore, on tenait pour acquis que le troisième renouvellement serait définitif, mais la fermeture de Pékin à toute concession a provoqué un ralentissement du Saint-Siège, qui a donc proposé un nouveau renouvellement de deux ans. Le gouvernement chinois s'est ensuite relancé pour quatre ans, il semblait qu'un accord final avait été trouvé depuis trois ans mais Pékin a gagné.

    On se souvient que le cardinal Parolin, le 22 mai dernier, en marge d'une conférence tenue à Rome pour commémorer le centième anniversaire du Concile de Shanghai, avait déclaré espérer que l'accord "serait amélioré sur certains points", sans toutefois préciser lesquels. Et il a également fixé l'objectif du Vatican comme étant "de pouvoir avoir une présence stable en Chine même si elle ne prend pas initialement la forme d'une représentation pontificale, d'une nonciature apostolique...". Pékin a répondu avec parcimonie à ces deux demandes.

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